mercredi 31 mars 2010

Batman & Robin


Fiche du film :
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Akiva Goldsman
Année : 1997
Genre : Action
Acteurs principaux : George Clooney, Chris O'Donnell, Arnold Schwarzenegger, Uma Thurman, Alicia Silverstone
Résumé : Tandis que Mr Freeze se manifeste, deux nouveaux ennemis voient le jour : Bane et Poison Ivy, qui n'hésite pas à utiliser les conflits entre Batman et Robin pour vaincre le duo de justiciers.

Avis sur le film :
Malgré les critiques mitigées à l'égard de Batman forever, la saga se perpétue et toujours sous la direction de Joel Schumacher, mais avec un scénariste et un acteur principal différents, Val Kilmer étant remplacé par un George Clooney qui se retrouve sans aucun charisme dans le rôle du justicier de Gotham city.
Les spectateurs sachant certainement à quoi s'attendre avec cette revisite de l'univers de Batman, la scène d'intro reprenant celle du précédent épisode ne cherche plus à cacher quoi que ce soit, puisqu'on nous offre directement des plans sur le fessier et l'entrejambe du héros sous son costume. Il n'y a alors plus aucune ambiguité quant au choix d'avoir modifié le costume pour le rendre moulant jusqu'à épouser la forme des tétons. Mais ce qui ne change pas, ce sont les premières paroles qui sont encore une fois tout simplement ahurissantes.


Ca ne s'arrange pas par la suite, loin de là, puisque pratiquement toutes les répliques ne sont que des blagues vaseuses, sans qu'il n'y ait de réelles conversations mais plutôt des renvois d'extraits d'une sélection des pires jeux de mots qui puissent exister, ce qui prouverait que le scénariste ne sait pas écrire de dialogues s'il n'avait pas adapté Da Vinci code et Un homme d'exception plus tard. Quand des joueurs de hockey attaquent les héros, ceux-ci sortent un "je crois qu'ils nous veulent des crosses", mais le pire est de loin Mr Freeze qui n'arrive pas à ouvrir la bouche sans faire référence au froid.
Pour les deux autres méchants, leur genèse est d'une stupidité sans limites tout comme l'est leur caractère. Poison Ivy n'y va pas de main morte sur les jeux de mots botaniques, et Bane ne sait que grogner et répéter ce qu'on lui dit. Il est également amusant de remarquer qu'en 1997, Poison Ivy pouvait se faire rire au nez quand elle proposait un projet écologique à Bruce Wayne, et ce dernier, étant le gentil de l'histoire, lui rétorque que l'on mourrait sans notre fioul et électricité.


C'en est ainsi tout du long, allant d'une mauvaise blague à une autre, avec quelques combats insipides par instants durant lesquels les ennemis visent toujours l'environnement qui est un danger en puissance au lieu de s'attaquer aux héros directement.
Tous les défauts de Batman forever sont de nouveau présents mais décuplés : le scénario idiot, les costumes, et les lumières aveuglants placées ici et là sans raison valide. On nage en pleine bêtise noyée dans des couleurs sauvages et des bruitages dignes de vidéo-gag, à en donner la migraine.
C'est toujours la même chose pendant deux heures, et même si on peut en rire à je ne sais quel degré tout d'abord, l'agacement finit par triompher dans cette lutte de mauvais goûts entremêlés.
Ce que Batman & Robin a réussi, c'est faire pire que Batman forever et anéantir complètement l'esprit du comic book.

Bande-annonce VF :

mardi 30 mars 2010

Batman forever


Fiche du film :
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénaristes : Lee Batchler et Janet Scott Batchler
Année : 1995
Genre : Action
Acteurs principaux : Val Kilmer, Chris O'Donnell, Jim Carrey, Tommy Lee Jones
Résumé : Deux des ennemis du chevalier noir s'allient pour mettre en place un plan de domination de la ville. Mais l'Homme chauve-souris n'est plus seul, rejoint par son co-équipier Robin, un jeune trapéziste dont les parents ont été tués par Double-Face.

Avis sur le film :
La fin de Batman le défi présageait une suite, or c'est 3 ans plus tard que celle-ci arrive sur les écrans, mais cette fois sous une toute nouvelle direction, les Batman de Tim Burton ayant été jugés trop sombres par le studio Warner bros. La saga repart à zéro, tout est changé en même temps que l'atmosphère du nouveau film, et en particulier le réalisateur, les scénaristes et les acteurs.
La scène d'ouverture conserve tout de même le grandiose intrinsèque à la figure emblématique de Batman, la scène où le héros se prépare pour arpenter les rues fait presque illusion sans que l'on ne s'aperçoive des modifications apportées notamment au costume, mais tout part en fumée à cause d'une blague maladroite et mal placée qui constitue les premières paroles du long-métrage : "Dois-je vous préparer un sandwich monsieur ?" demande Alfred toujours interprété par un Michael Gough qui essaye de garder son sérieux alors que le chaos se prépare.


Les deux premiers films de la saga (si on excepte celui adapté de la série TV des années 60) recréaient l'univers sombre et glacial des comic books à la perfection, avec la touche de Tim Burton qui ne faisait qu'améliorer le tableau. Schumacher a peut être pris le mot trop au pied de la lettre quant aux directives qu'on lui a donné, ou alors le studio a imposé sa propre vision, mais dans ce 3ème opus les effets de lumières flashent, les costumes sont bariolés, et même le visage nécrosé de Double-Face attaque les yeux par ses couleurs criardes.
Les acteurs, eux, sont pourtant loins d'être mauvais quand on regarde l'ensemble de leur carrière, le choix de Tommy Lee Jones était même très judicieux pour jouer Double-Face, lui qui jouait à merveille le personnage complètement azimuté de Dwight McClusky dans Tueurs nés un an plus tôt. Mais à vouloir trop insister là dessus et trop souvent, l'interprétation de son personnage dépasse le seuil de tolérance du bon goût. Du moins c'est ce que l'on se dit jusqu'à rencontrer l'Homme-mystère, insupportable, joué par un Jim Carrey qui cabotine comme jamais, démultipliant ses mimiques habituelles pour atteindre des pics de pénibilité.
Mais même les interprètes comme Val Kilmer ou Nicole Kidman, qui jouent avec plus de réserve, ne font que parachever le ridicule des dialogues. Dans le cas des méchants, leur aliénation n'excuse pas leurs jeux de mots lamentables ou autres répliques incongrues qui semblent placées totalement au hasard.


Le scénario est donc loin de briller, mais le point culminant est atteint lors de la découverte de l'identité de l'Homme-mystère : les chiffres indiqués dans chacun de ses indices correspondent à des lettres une fois qu'ils sont ajoutés l'un à l'autre d'un façon particulière, ces lettres donnent "M R E", ce qui en toute logique fait référence à Mr Edward Nigma, et de plus "mister" sonne comme "mystère" ; voilà le talent de Batman, le héros des premiers Detective comics, mis en application devant le spectateur abasourdi. Il s'agit là d'une tentative pour se raccrocher à l'humour de la série télévisée, sans qu'il n'y ait de second degré mis en évidence, ce qui trouble davantage un public de nouvelle génération qui n'a pas forcément connu l'époque où Adam West jouait le justicier de Gotham.
Mais rien sur les deux heures de ce trop long métrage ne veut fonctionner correctement, que ce soit les maquillages, les costumes criards, ou les décors dont la fausseté crève les yeux, digne du sado-masochisme mis en vitrine par l'accoutrement des sbires de Double-Face.


Les bonnes idées se font très rare dans ce Batman forever dont la seule prouesse est de démolir ce qui a été établi par ses deux prédécesseurs, un acte qui paraît presque volontaire lorsque Bruce Wayne efface d'une réplique son passé amoureux qui avait pourtant été abordé à deux reprises dans les films de Tim Burton.

Bande-annonce VO :

dimanche 28 mars 2010

Special


Fiche du film :
Réalisateurs et scénaristes : Hal Haberman et Jeremy Passmore
Année : 2006
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Michael Rapaport, Josh Peck, Robert Baker, Jack Kehler
Résumé : Les n'est qu'un homme banal mais, étant fan de comic books, l'idée d'être un super-héros germe dans son esprit lorsqu'il prend des pillules miracles, et il devient convaincu qu'il est doté de pouvoirs. Il commence par se confectionner un costume, avant de s'attaquer aux vols à l'étalage dans les super-marchés.

Avis sur le film :
Il y a souvent eu au cinéma des réflexions de lecteurs quant au mythe du super-héros amenant des éléments de l'intrigue, dans des productions aussi variées que Kill Bill volume 2 ou The ice storm ; et même avant Kick-ass, les scénaristes de Special, clairement fans de comics, ont poussé l'étendue de leurs questionnements un peu plus loin en en faisant l'origine de la trame de leur film.
Le duo s'incarne en la personne de Les, qui nous fait partager ses pensées quant aux comics qu'il lit. Qu'est ce que cela fait d'être invincible ?, se demande-t-il.


Le rythme se fait lent, le temps de rentrer dans la tête du héros, mais témoigne surtout d'un cruel manque de budget. Il ne faut bien entendu pas s'attendre à une floppée de scènes d'actions, mais la prise de son, les tremblements de la caméra ou encore la bande originale simpliste ne peuvent tromper un financement trop faible.
Néanmoins, même si l'idée d'un personnage croyant une chose en dépit des réactions ambigues de ses proches qui devraient le mettre sur la piste a été très souvent utilisée, il y a ici un traitement nouveau avec de bons apports imaginatifs. L'originalité vient de l'idée générale qui est bien exploitée dans le développement, Les ne joue pas simplement les super-héros, il se croit vraiment doté de super-pouvoirs, ce qui fait rire tout en amenant l'histoire principale. Un autre élément qui tire Special de la banalité, c'est sa réalisation et son montage comportant de bons effets de style, et des effets spéciaux simples mais crédibles.


Bien que ce soit envers toute raison et ce qui a été montré à l'écran, on en vient par moments à se demander si Les ne possède pas réellement les pouvoirs qu'il dit avoir, certaines scènes restant équivoques à ce sujet. Sans qu'il s'en rende compte, il a fait en sorte pour que son rêve devienne réalité, avec un petit coup de pouce de ses pillules.
Mais si le film a commencé dans les rires, il a aussi ses moments d'angoisses quand ces mêmes pillules montent à la tête de Les qui devient fou, et dont on ne sait pas de quoi il est capable. Tout aussi violent est son retour à la réalité dont il croyait s'être affranchi des règles.


La fin nous laisse dans une incertitude concernant le statut du personnage, super-héros ou non ?, et quant au message qui veut être diffusé. L'interprétation est difficile pour le spectateur, et le film nous laisse sur une note plus troublante qu'amusante.
Le film rejoint tout de même l'opinion de Mark Millar dans ses comics récents : Les le héros se construit tout un monde qui lui est propre afin d'être un super-héros, au point même de s'imposer des contraintes qu'il attribue aux super-méchants ; après tout Special parle aussi d'un homme qui fait tout pour vivre son rêve jusqu'au bout.

Bande-annonce VO :

mercredi 24 mars 2010

Mystery Men


Fiche du film :
Réalisateur : Kinka Usher
Scénariste : Neil Cuthbert
Année : 1999
Genre : Comédie
Acteurs principaux : William H. Macy, Hank Azaria, Ben Stiller, Paul Reubens, Janeane Garofalo, Kel Mitchell, Geoffrey Rush, Greg Kinnear
Résumé : A Champion city, le crime a presque été éradiqué grâce au Captain Admirable. Dans l'ombre de son succès, un trio d'incompétents se prenant pour des super-héros attendent le moment où ils pourront prouver de quoi ils sont capables. Ce moment arrive lorsqu'Admirable est fait prisonnier, mais le groupe de Mystery Men doit recruter et se préparer pour l'affrontement.

Avis sur le film :
Les Mystery Men existaient déjà depuis 1984 avec la parution des aventures de Flaming Carrot (la carotte enflammée). Ce groupe de bras cassés qui mouraient régulièrement et étaient facilement remplacés n'avaient jamais eu de comic book à leur nom, et ce sont pourtant eux qui ont réussi à se frayer un chemin jusqu'au grand écran au détriment du Flaming Carrot qui était jugé trop bizzare pour apparaître au cinéma.
Ce sont d'ailleurs les noms des personnages qui ont fait que certains ont été privilégiés par rapport à d'autres, comme le montre le choix du méchant se tournant vers Casanova Frankenstein. Quant aux anti-héros eux-même, seuls Mr Furious et le Shoveler ont été séléctionnés.


La scène d'intro nous place dans une fête, mais pour personnes du troisième âge, les éléments habituels du lieu festif sont détournés, et avec la musique accompagnatrice l'ambiance est on ne peut plus étrange. Cette infime partie de la ville nous donne un aperçu de l'univers bizzare de Champion city où les ethnies et éléments de science-fiction sont brassés ensemble pour nous rappeller vaguement les Mega-city de Judge Dredd.
Les Mystery Men nous sont présentés une fois que des criminels sont arrivés pour mettre fin à cette atmosphère fantasque, le combat qui en résulte affiche la nullité des personnages principaux en déjouant les éléments habituels du film d'action. Les répliques par exemple tombent volontairement à l'eau, le rire pour une fois est provoqué par une non-maîtrise du verbe, contrairement à un Schwarzenegger dans Predator ou Terminator dans lesquels il distribuait les blagues fatales comme ses balles.
Les personnages principaux ne sont que des gens normaux qui veulent une part de la gloire des vrais héros, mais ils se voilent la face sans se donner trop de mal pour atteindre leur but. A la violence des combats épiques se substitue la vie de famille et le travail, avec quelques frasques d'incompétence tout au plus.


L'univers de Mystery men est surréel, un mélange de cultures pour créer un monde singulier, le réalisateur Kinka Usher en profite d'ailleurs pour essayer quelques plans de caméra insolites. Mais l'univers est aussi édulcoré, les personnages ne sont jamais blessés sévèrement, et ce n'est pas du à une force surhumaine mais à un choix de la part du scénariste de reprendre les poncifs des super-héros en gommant la violence pour se concentrer sur l'humour, c'est une revendication claire lorsque l'on voit les héros refuser des armes mortelles contrairement à leurs ennemis.
Mais le monde "meilleur" dont Mega-city est un échantillon, avec ses prouesses technologiques de partout, ne résiste pas à l'introduction de problèmes plus terre-à-terre. En ce lieu, le super-héros est dominé par sa promotion et se pose à lui le problème de ne plus avoir de super-méchant à combattre. Ce genre d'ennui ne s'est jamais retrouvé dans les comics, mais Mystery Men l'utilise à des fins scénaristiques comiques, tout comme certaines des discussions et situations parodient les caractéristiques de super-héros connus.


Le casting des rôles principaux ne comporte que des comédiens connus formant un groupe varié et innatendu pour un tel film, et même si le choix est discutable notamment pour Kel Mitchell, c'est sur eux que repose le texte. Sur ce point là, les acteurs remplissent très bien leur part du contrat en mettant en application ce même pouvoir que celui consistant à rendre quelque chose de banal en une très bonne blague. On s'en aperçoit surtout lorsque l'on voit comment la version française du film gâche la plupart de ces scènes.
Mystery Men faiblit très légèrement en son milieu avec une baisse de rythme, ce qui était à prévoir en 2h de pellicule, mais ce n'est qu'une petite faiblesse du film qui dans son ensemble laisse un très bon souvenir du rire qu'il a provoqué, et qui ne méritait pas le lynchage infligé par les acteurs, ce qui ne serait pas arrivé s'il avait été reçu comme il le fallait lors de sa sortie au cinéma.

Bande-annonce VF :

samedi 20 mars 2010

Harvey


Fiche du film :
Réalisateur : Henry Koster
Année : 1950
Genre : Comédie
Acteurs principaux : James Stewart, Josephine Hull, Victoria Horne, Cecil Kellaway
Résumé : Elwood P. Dowd est un homme très apprécié car il est gentil envers tous ceux qu'il rencontre. Son seul défaut est qu'il vit dans son monde en dehors de toute responsabilités, et son meilleur ami est un lapin géant et invisible qu'il nomme "Harvey".

Avis sur le film :
Avant d'être un film, Harvey a été une pièce de théâtre à succès à Broadway, très appréciée des critiques. L'adaptation cinématographique avec James Stewart attira l'attention du public et fut, tout comme la pièce, encensée par la presse qui clamait que le film a réussi l'exploit d'être meilleur que l'oeuvre d'origine.


Le film a beau être en noir et blanc, cela n'empêche pas de sentir l'influence radieuse de l'innocent Elwood P. Dowd dès son apparition, s'enthousiasmant devant la belle journée qui s'annonce. C'est peut être son caractère un peu simple d'esprit en apparence qui crée chez lui une certaine bonhommie et une sympathie communicative auprès des autres personnages tout comme auprès des spectateurs. Stewart est en outre très bon dans son rôle, bien qu'étant habitué à des rôles plus sérieux comme dans du Hitchcock ou Mr Smith au sénat.
L'humour, tout comme le personnage principal, est emprunt d'une légèreté salvatrice qui change des comédies d'aujourd'hui, et qui fait toutefois rire abondamment par son burlesque. Les scènes avec Harvey provoquent les premiers sourires tout en rendant l'histoire attachante, et l'humour est renforcé ensuite par les quiproquos dont les conséquences n'arrêtent pas d'apporter de nouvelles doses de comédie.


Même si le jeu des comédiens est différent de celui d'aujourd'hui, collant aux normes de l'époque du tournage d'Harvey, on remarque que les acteurs secondaires eux aussi ont du talent pour ce qu'ils font. C'est surtout le cas de Josephine Hull qui sort du groupe grâce à son rôle d'hystérique qu'elle remplit à merveille, et qui lui valut un Oscar.
Pour ce qui est de Dowd, lui-même apporte sa participation comique grâce à un très bon sens de l'humour qui déconcerte quand on assiste d'abord à la naïveté trompeuse du personnage. C'est d'ailleurs son innocence qui lui est bénéfique et lui vaut d'être apprécié de tous. Derrière son attitude se cache une réflexion sur cette société qui va trop vite et où l'on ne prend plus le temps de rêver avec son âme d'enfant. Elwood P. Dowd assume le fait de vivre dans son propre monde, en marge des valeurs instituées, et cela lui est même bénéfique.


L'histoire d'Harvey peut se voir selon différents niveaux de points de vue ; grâce à l'interprétation touchante de James Stewart quand il nous parle de son ami le lapin géant, c'est un conte moderne attendrissant dont on apprécie l'humour tout comme le message qui est transmis.

Bande-annonce VO :

jeudi 18 mars 2010

Shutter island


Fiche du film :
Réalisateur : Martin Scorsese
Année : 2010
Genre : Thriller
Acteurs principaux : Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley
Résumé : En 1954, deux marshalls débarquent sur Shutter island pour enquêter sur la disparition d'une des patientes de l'hôpital psychiatrique de l'île. Teddy Daniels, l'un des deux enquêteurs, en profite pour récolter des informations sur le meurtrier de sa femme, qui aurait lui aussi été interné ici.

Avis sur le film :
Pour cette adaptation du best-seller de Dennis Lehane, déjà auteur de Mystic river, David Fincher fut d'abord choisi comme réalisateur et Brad Pitt en acteur principal avec qui il avait déjà travaillé sur Fight club. La réalisation fut ensuite confiée à Martin Scorsese qui apporte sa touche personnelle, et qui collabore avec la star Leonardo DiCaprio pour la quatrième fois d'affilée.


En adoptant une trame policière qui veut nous intriguer par le mystère sur lequel porte l'enquète, le fond reste classique en fin de compte et dès le début il est aisé de deviner où l'on veut nous mener : le personnage principal, Teddy, va mener son investigation sur l'île qui va se révéler être un piège se refermant sur lui et dont il ne pourra s'échapper. Nous sommes d'ailleurs rapidement gratifiés d'une réplique un peu trop facile : "La tempête arrive", prononcée à l'approche de l'île tandis que le temps se couvre.
En tout cas l'ambiance s'installe d'ores et déjà avec une sensation de malaise introduite par le mal de mer du personnage principal, et se poursuit lorsque les policiers arrivent sur place et sont désarmés, au sens propre comme au figuré, en ce lieu dont les portes se referment derrière eux. Le montage et l'ambiance rendent l'atmosphère oppressante ; et avec les fous dangereux autour, ainsi que les médecins sinistres et les policiers sur les nerfs, on s'attend à ce que la violence éclate à tout moment ce qui fait persister cette tension dans l'air.


Les acteurs sont très bons et parmi le casting d'illustres acteurs, Leonardo DiCaprio se trouve en tête et joue irréprochablement, il retransmet les émotions et le drame de la vie du personnage de façon à lui donner une dimension de vécu bien réel.
Parmi les autres têtes connues on peut compter Max von Sydow, Jackie Earle Haley ou encore Ted Levine (définitivement habitué aux films policiers) qui sont très bons dans chacun de leur rôle respectif; et d'autres moins connues mais pas pour autant moins bons, tous jouent avec professionnalisme et donnent de la crédibilité à leur personnage. Il faut dire que leurs rôles leur donnent l'occasion d'exposer leurs talents, car nombreux sont les personnages très élaborés tel le Dr Naehring dont on a du mal à percer la carapace jusqu'à pouvoir cerner sa personnalité, mais qui réussit à mettre en lumière la personnalité de Teddy Daniels, bâtissant un mur de discorde supplémentaire.


/!\ Spoiler éventuel /!\

Alors que l'on suit depuis le début Teddy se faire piéger de plus en plus tandis qu'il croit s'approcher de la solution, on le voit berné par tous, lui qui est le seul vrai représentant de la loi et le seul qui semble avoir gardé un esprit censé ; c'est finalement nous qui nous faisons piéger, alors qu'on a du mal à nous en rendre compte et à accepter ce fait.
Grâce à un scénario à double entente et qui ne laisse entendre et voir que ce qu'il faut, c'est nous qui avons été piégés par le film, en croyant voir la vérité tout comme Teddy. Avec le final, tout devient clair et le film prend une toute nouvelle signification.
Il y a tout de même des invraisemblances scénaristiques, qui ne sont là que pour servir la surprise finale destinée au spectateur, mais après tout le scénario dans son ensemble est tellement bien élaboré qu'on peut bien pardonner ces quelques fautes ainsi que les faux raccords pour les attribuer à l'illusion dans laquelle nous étions bercés depuis le début.


Shutter island laisse parfois derrière lui un air de déjà vu, avec des astuces déjà souvent utilisées par le passé, mais le nouveau tournant qu'il prend en fin de course change la donne pour nous surprendre là où on s'attendait à une approche trop famillière, là où on croyait avoir tout assimilé alors qu'il n'en est rien. Il fait toutefois partie de ces films tels que The game qui reposent sur la tromperie, et qui ne peuvent fonctionner une fois la première vision passée.

Bande-annonce VOST :

dimanche 14 mars 2010

Samurai princess


Fiche du film :
Réalisateur : Kengo Kaji
Année : 2009
Genres : Action / Science-fiction
Acteurs principaux : Yû Aiba, Takeshi Ayabe

Avis sur le film :
Telle une grande famille, le scénariste de Tokyo gore police collabore cette fois avec le réalisateur de ce dernier et créateur des effets spéciaux de Machine girl. Le fruit de leur nouvelle rencontre est Samurai princess qui a de quoi être aussi divertissant que ses prédécesseurs.
Le gore est toujours présent dès l'ouverture, accompagné d'un esprit bien azimuté représenté par le jeu des acteurs. L'équipe du film n'en est pas à son premier essai, celui-ci étant l'un des derniers nés d'une race hybride de long-métrages, mais pourtant le faible budget se fait sentir comme jamais.


Les effets spéciaux sont moins bons qu'auparavant, pour mettre en image des idées toujours plus dingues il y a eu recours à des images de synthèse, mais cela nuit au film au lieu de l'avantager.
Bizarrement, même les effets spéciaux traditionnels ont faibli, peut être à cause du temps de tournage limité qui a fait que l'équipe a du travailler à une cadence extrême avec peu de repos.
Cet inconvénient considérable est ressenti constamment dans la prise de son, les mouvements de caméra empressés, et même l'image dont la qualité est visiblement moins bonne.
Défaut supplémentaire, l'histoire que l'on essaye d'introduire reste confuse, prend trop de place comparé à l'action et amène inévitablement avec elle l'ennui. A défaut d'un meilleur budget permettant de se concentrer sur les scènes d'actions, les scénaristes ont essayé de meubler autant que possible avec des scènes sans intérêt.


Au lieu d'être une amélioration, Samurai princess est un retour en arrière, qui va même plus loin que ce qui avait été établi auparavant. Tous les effets spéciaux de cette vague de films gores et délurés étaient réels et non en CGI, et c'était tout à l'honneur de leurs créateurs, comme une valeur qui perdurait en tant que preuve de leurs efforts, et qui avait été conservée jusque maintenant. Les effets spéciaux du film en viennent même à gâcher des idées qui auraient pu avoir un bon rendu si elles avaient été réalisées à l'ancienne.
Certains de ces effets arrivent à percer à travers ce film, mais ce que l'on voit ce sont essentiellement des possibilités gâchées.

Bande-annonce VOST :

jeudi 11 mars 2010

Tokyo gore police


Fiche du film :
Réalisateurs : Yoshihiro Nishimura, Noboru Iguchi
Année : 2008
Genre : Action / Science-fiction
Acteurs principaux : Eihi Shiina, Yukihide Benny, Itsuji Itao
Résumé : Dans le futur, la police de Tokyo devenue privatisée doit lutter contre de nouveaux ennemis que sont les "ingénieurs", des êtres capables de transformer leurs membres manquants en armes mortelles. Ruka, devenue policière en ayant la motivation de retrouver le meurtrier de son père, est la meilleure parmi les chasseurs d'ingénieurs.

Avis sur le film :
Avec le réalisateur de Machine girl derrière la caméra en compagnie de l'un des scénaristes de Meatball machine, qui s'occupe également du scénario avec le second scénariste et concepteur des effets spéciaux de ce dernier film, Tokyo gore police était très prometteur.
Cela débute par une séquence d'apparence axée vers un cinéma plus grand public, avec même un aspect de film familial, mais c'est justement pour mieux saccager cette image trop classique en nous balançant soudainement un trop-plein de violence à la figure. Entre stupéfaction et soubresauts provoqués par le fou rire, il y a de quoi se dire que le film commence bien.


Une fois cette entrée en matière passée, nous ayant montré le rêve brisé de l'héroïne, s'ensuit un environnement correspondant à cette désintégration du bonheur trop parfait comme on le voit régulièrement au cinéma. La démence de l'introduction se poursuit, le décor d'un monde futuriste et pessimiste est posé, et cette société permet de donner libre cours aux fantasmes tordus des scénaristes.
Le premier combat nous présente l'un des ingénieurs dont les caractéristiques qui leur sont propres autorisent des débordements gores qui, comme toujours, visent la comédie créée par le ridicule de la débauche de sang et de démembrements en tous genres. Toujours dans un souci d'originalité, ce ne sont pas simplement les bras ou les jambes qui sont tronçonnés et séparés du corps, mais la bouche, les oreilles, les yeux, ou le nez. C'est impossible à concevoir réellement, mais c'est là que Tokyo gore police s'aventure sans honte.
Toujours dans le même but, la police de Tokyo est privatisée ce qui fait qu'ils concèdent à faire ce qu'ils veulent des criminels.


Depuis RoboCop, il est devenu courant d'utiliser l'insertion de coupures publicitaires durant le film pour faire le point sur une société futuriste décadente reflétant notre monde moderne. Sur ce point là, Tokyo gore police ne cherche pas à faire exception et réutilise ce procédé. Les spots sont ici essentiellement centrés sur les libertés prises par la police et sur le suicide, et au moins les résultats sont tous hilarants.
Mais côte à côte avec les divagations extrêmement sanglantes, sont apposés des passages contemplatifs par rapport à la beauté, par le biais figures féminines du film ; parfois les deux se retrouvent dans la même scène et sont du plus bel effet grâce à une esthétique typique des artistes japonais, à condition d'être tolérant face à ce genre de mélange expérimental.


Il est par contre fâcheux de voir que les élucubrations des scénaristes, même les meilleures d'entres elles qui atteignent des sommets, se perdent dans un récit trop long qui rend le rythme inégal. C'est réellement dommage, surtout avec le potentiel qu'il y avait comme le prouvent les noms de ceux qui ont participé.
Mais en dépit de ce défaut majeur, Tokyo gore police a le mérite d'avoir un esprit suffisamment malade et déjanté pour tamponner sur nos rétines des images d'une folie graphique sans limites.

Bande-annonce VOST :

jeudi 4 mars 2010

Machine girl


Fiche du film :
Réalisateur : Noboru Iguchi
Année : 2008
Genres : Action / Comédie
Acteurs principaux : Minase Yashiro, Asami Sugiura, Kentarô Shimazu
Résumé : Asami était une écolière normale, jusqu'à ce que son frère se fasse tuer par le fils d'un yakuza. Elle ne cherche désormais qu'à prendre sa revanche sur chaque personne impliquée dans le meurtre.

Avis sur le film :
Cette fois, le réalisateur Noboru Iguchi se lance vraiment dans le courant qui nous intéresse avec ce Machine girl grâce auquel il fait preuve de plus de professionnalisme et de sérieux, si on peut dire.
La scène d'introduction donne toujours le ton et est particulièrement réussie, il y a de quoi faire honte à des films d'actions à gros budget. La première scène d'action est très bien rythmée par la musique et par un montage dynamique, et l'étalage de violence et de créativité gore est immense. Les mâchoires en tombent tellement les astuces des effets spéciaux sont extraordinairement bonnes et l'orchestration des combats est remarquable, donnant un tout d'une grande puissance visuelle.
Si le concept de base fait penser à Planet terror, Machine girl va dix fois plus loin dès les cinq premières minutes qui sont à couper le souffle.
Mais un tel concentré d'énergie au début peut laisser à penser que la suite n'atteindra pas un tel sommet de fureur.


Pour une fois, le film prend le temps de nous faire connaître les personnages pour leur donner une vraie personnalité et une histoire à laquelle se raccrocher qui, pour ce qui est d'Ami, explique la soif insatiable de vengeance qui s'ensuivra. C'est ce qui fait que l'insertion de quelques éléments dramatiques fonctionne et donne l'occasion à Asami, l'actrice principale de Sukeban boy, de montrer qu'elle sait jouer comme il faut.
On suit également de temps à autres les ennemis, la famille de yakuzas ; leur environnement est bâti tandis que l'on suit leur quotidien peu ordinaire. Pour cela le scénariste-réalisateur s'est inspiré du Japon traditionnel avec son esthétique particulière, ses ninjas et ses yakuzas, mais en y ajoutant un gros grain de folie supplémentaire. Il est à remarquer que l'interprète du chef des yakuzas, Kentarô Shimazu, est formidable dans son rôle, on le croirait possédé par le démon qu'est son personnage. Sa femme et son fils sont aussi interprétés par des comédiens quelque peu délurés, qui donnent à leurs rôles un sadisme mesuré rehaussé par une touche d'arrogance et d'orgueil.


La démence initiale se réinstalle au fur et à mesure, et les sévices des personnages ne sont pas seulement dingues mais dégoûtants comme jamais, mais on prend bien sûr plaisir à y assister.
Le film réussit dans tous les domaines auxquels il touche : les scènes de combats sont impressionnantes par la coordination entre chorégraphie et mouvements de caméra, les effets spéciaux sont hallucinants, et il y a du gore plus qu'il n'en faut. Les idées sont novatrices tout en revisitant quelques classiques filmiques ou culturels dans un sens plus large : les ninjas et yakuzas (avec une allusion à Hattori Hanzo au passage), la guillotine volante redéfinie, la tronçonneuse façon Evil dead, la mitrailleuse ; ou encore des inventions stupéfiantes comme le "drill-bra".


Machine girl est le résultat maîtrisé de la mise en application des idées farfelues qui débordent de l'esprit tordu dans tous les sens de Noboru Iguchi. Avec un rythme qui ne faiblit pratiquement jamais, ce film est un tour en manège jusque dans les tréfonds d'une folie qui dépasse l'entendement commun. Machine girl est le produit d'un amalgame entre une culture cinématographique ingérée et réutilisée comme le ferait Tarantino, et la concentration du meilleur du pire d'une imagination détraquée ; mais cette œuvre va beaucoup plus loin qu'un Kill Bill qui reste relativement grand public et égale presque un Braindead quant à la quantité de sang versé.
De la scène d'introduction au final inouï, et avec seulement quelques moments de répit qui ne rompent pas pour autant la cadence, Machine girl est un feu d'artifice jubilatoire de sang, de démembrements et d'ignominie inventive qui partent dans tous les sens.

Bande-annonce :

mardi 2 mars 2010

Sukeban boy


Fiche du film :
Réalisateur : Noboru Iguchi
Année : 2006
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Asami Sugiura, Kaori, Kentaro Kishi
Résumé : Sukeban est un garçon qui, à son grand désespoir, a le visage d'une fille. Etant trop turbulent, son père a l'idée de le punir en l'inscrivant dans une école pour filles dans laquelle il doit porter un uniforme classique et passer inaperçu. Mais il apprend bien vite que les écolières sont menacées par un gang qui dirige l'établissement.

Avis sur le film :
Avant de réaliser Machine girl et après sa carrière dans le porno, Noboru Iguchi effectue la transition avec Sukeban boy, l'adaptation en live action d'un manga qui avait déjà été porté à l'écran en 1998. Le thème du garçon obligé de se faire passer pour une fille est déjà adéquat pour figurer dans la filmographie d'Iguchi, à qui l'on doit également Robo-Geisha.


Sans que l'on ait encore pu se préparer à ce à quoi nous allons nous attaquer, ça démarre déjà sur les chapeaux de roues puisqu'on nous fait foncer directement dans le vif du sujet dès lors qu'un pauvre bougre crache son sang face à la caméra. Après quoi tous les éléments majeurs du film sont réunis : le sang, les blagues grivoises (lorsque le héros tient à bien montrer à ses ennemis qu'il est un homme) et pour couronner le tout le classique arrêt sur image durant le générique de début nous montre cette fois les méchants qui se vomissent dessus. Les bases sont posées.
Après la scène d'introduction et une fois l'histoire lancée, il est à remarquer que le réalisateur n'a pas cherché à adapter ce qui marche sur papier et non à l'écran. Cela donne des scènes d'une exagération inimaginable, les situations et dialogues héritent du ridicule du manga, on en rirait presque si le visage n'était pas crispé par la consternation. Le jeu des actrices, dont le talent est déjà à mettre en doute, en pâtit d'autant plus vu la débilité de leurs répliques et expressions faciales.


La consternation cède ensuite à l'incompréhension face aux idées les plus bizzares, sorties d'on ne sait où. Ca commence par un club d'humiliation dans lequel les filles apprennent à avoir honte, et les scènes de ce genre ne cessent avant la fin du métrage, qui se lance même dans le fantastique dans les dernières minutes. La seule explication de ces idées défiant toute logique élémentaire serait l'envie de rabaisser la gente féminine en profitant de nudité gratuite.
Y sont ajoutées des scènes d'action dans un même temps, et un autre problème de la transposition directe du manga est le rythme de ces scènes. Les plans et les actions doivent s'enchaîner très rapidement, ce qui est permis dans les pages du manga où on ne se pose pas de questions concernant les actions mises bout à bout, mais dans le film le montage devient chaotique, d'autant plus que les combats encombrés du grotesque général sont très mal orchestrés, voire ne le sont pas du tout.


Des gags que le réalisateur a cru drôles s'étirent en longueur et ridiculise encore plus le montage, le film n'a beau durer qu'une heure, ça paraît alors beaucoup plus long.
Sukeban boy se voulait très fidèle au support d'origine pour apporter un grain de folie supplémentaire, mais c'est finalement le ridicule puis l'ennui qui l'emportent par manque de maîtrise de la part de toute l'équipe du film.