lundi 30 août 2010

Piranha 2 : Les tueurs volants


Fiche du film :
Réalisateurs : James Cameron et Ovidio G. Assonitis
Scénariste : H.A. Milton
Année : 1981
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Tricia O'Neil, Lance Henriksen, Steve Marachuk
Résumé : Un couple de plongeurs sont retrouvés morts, le corps recouvert de morsures. Une de leurs amies mène l'enquète, pour découvrir qu'ils ont été la proie de piranhas génétiquement modifiés pour devenir les prédateurs parfaits.

Avis sur le film :
Toujours tourné avec un très faible budget, au point qu'une grande partie de l'équipe de tournage ne parlait pas Anglais, cette suite du premier film de Joe Dante fut placée sous la direction d'un autre homme devenu célèbre depuis et pour qui il s'agit de son premier long-métrage : James Cameron. Ce dernier, qui devait originellement se charger des effets spéciaux, reprit le poste de réalisateur avant d'être lui-même remplacé par le producteur exécutif qui lui avait déjà imposé un bon nombre de contraintes.


La fin du premier épisode de la série laissait prévoir une suite, mais seul le cadre balnéaire qui était suggéré est retenu dans Piranha 2, qui ne se raccroche pas à l'histoire du 1 mais crée de nouvelles origines à ses monstres marins, ce qui est inutile car aucune réelle modification n'est apportée et l'intrigue aurait très bien pu marcher en suivant directement celle du précédent film.
En revanche, avec le changement de décor apparaissent également de nouveaux personnages qui sont soit des stéréotypes cinématographiques ambulants comme le couple divorcé qui se déteste mais se retrouve obligé de coopérer, soit tout droit sortis d'on ne sait quelle parodie, comme c'est le cas de la nymphomane âgée ou de la femme qui veut absolument une idylle avec un médecin. La dérision, si elle est recherchée, n'est pas assez apparente pour que le film ait l'air de ne pas se prendre au sérieux, éventuellement à causes de mauvais acteurs, et le surréalisme qui en résulte met mal à l'aise. Quand l'heure est à l'humour par contre, les scènes se font cruelles ou accablantes.


Tout cela est d'un grand ennui, et quand celui-ci est remplacé au bout d'une quarantaine de minutes, c'est par le grotesque des poissons ailés dont les publicitaires n'ont pourtant pas honte, à en croire l'affiche, alors qu'il y a de quoi, rien que dans le concept même.
Et pourtant, il ne se passe toujours rien puisque ces "tueurs volants", qui ne font que sauter hors de l'eau et le faisaient déjà auparavant, se contentent d'un bout de viande trois ou quatre fois en une heure et demie, et le reste du temps qui s'écoule n'est fait que de remplissage de la part des divers protagonistes qui n'arrivent toujours pas à provoquer autre chose que l'indifférence, au mieux.
La seule scène qui aurait pu être digne d'intérêt est l'attaque de la plage, mais finalement seule est amusante l'idée de poissons qui mangent les hommes en un jour de fête où l'inverse se déroule habituellement en masse, car les piranhas restent toujours aussi ridicules, sans l'être suffisamment pour en rire au second degré.


Dépossédé de son film qu'il n'a pas même eu le droit de monter, James Cameron se moque lui aussi de ce qu'il désigne de nos jours comme "la meilleure comédie sur des piranhas volants jamais réalisée".
Ce sous-Piranhas, qui était déjà un sous-Les dents de la mer, n'est qu'un coup d'épée dans l'eau qui ne sert qu'à nous rappeller comment s'épelle le nom des poissons évoqués dans le titre.

Bande-annonce VO Japonaise :

samedi 28 août 2010

Piranhas

Traduction du slogan : Piranhas est meilleur que Les dents de la mer !

Fiche du film :
Réalisateur : Joe Dante
Scénaristes : Richard Robinson et John Sayles
Année : 1978
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Bradford Dillman, Heather Menzies
Résumé : Avec l'aide d'un autochtone, une femme part à la recherche d'un jeune couple porté disparu. L'idée leur vient d'aller voir s'ils ne se sont pas perdu aux environs de l'ancienne base militaire qui se trouve à proximité. Sur place, ils cherchent à sonder un bassin, sans savoir qu'ils libèrent par la même occasion une horde de piranhas dans la rivière.

Avis sur le film :
En 1975, le succès des Dents de la mer fit des jaloux et engendra non seulement trois suites mais également quelques rip-offs qui voulaient eux aussi leur part du gâteau, parmi lesquels on peut compter La mort au large sorti en 1980, Shark attack plus récemment, ou encore le plus populaire Piranhas datant de 1978. Produit par Roger Corman, grand nom de la série B qui rapporte, ce film marque également les débuts de Joe Dante qui occupe pour la première fois la place réalisateur seul, le futur créateur des Gremlins l'ayant partagée pour Hollywood boulevard et ne s'étant autrement occupé que de quelques bandes-annonces.


Ici aussi les problèmes se profilent à cause de jeunes inconscients qui décident de prendre un bain de minuit, et il n'y a pas même de tentative de dissimuler la similitude avec le film de requin tueur, au contraire c'est clairement affiché puisque l'héroïne de Piranhas nous est présentée en train de s'amuser avec un jeu d'arcade "Jaws", dérivé du film éponyme. Malgré ces éléments du début qui tiennent plus du clin d'oeil que du plagiat, il est curieux de savoir qu'Universal ait voulu faire un procès à New World, puisque les ressemblances s'arrêtent là.
La menace est toujours de nature nautique, mais en dehors de cela l'histoire s'éloigne par la suite du film oscarisé de Steven Spielberg, et pas nécessairement en mal. L'environnement, les caractéristiques particulières et l'origine diffèrent dans ce scénario parfois bête, quelques fois drôle, mais qui fournit d'assez bonne justifications quant à la présence de piranhas dans une rivière, s'appuyant sur des expériences militaires qui se réfèrent à la guerre du Vietnam encore récente.


Ils sont évoqués et nous contemplons leurs ravages, mais les poissons mutants restent cachés sour la surface pendant un moment avant d'apparaître. Ce ne sont que des créatures en plastique, pas même animées, mais un bon montage rend ce défaut imperceptible afin de ne plus voir que des mangeurs d'hommes s'agiter dans de l'eau devenue pourpre. Seul le bruit qu'ils font en se déplaçant, ajouté pour faire comprendre que le danger arrive, devient ridicule à force de l'entendre.
La réalisation et les acteurs sont bons, une exception pour une production de Corman habitué à embaucher des débutants, mais même avec des vues sous-marines qui laissent présager une offensive imminente, le suspens n'est pas présent, à cause de personnages peu développés et de codes que le spectateur d'aujourd'hui comprend de sorte qu'il n'y ait plus de frayeur.
Il n'y a que le sang plus abondant qui change de l'ordinaire, sans compter que ces Piranhas osent une attaque innatendue pour l'époque en s'en prenant à des enfants, alors que même dix ans plus tard Jason Voorhees n'osait pas porter la machette sur des mineurs.


Contrairement aux vertébrés qui ont donné leur nom à ce film, le spectateur n'a pas tant à se mettre sous la dent. En voulant surfer sur la vague du succès des Dents de la mer, Piranhas n'a pas pour autant tellement de prétention, et suffit à divertir quiconque se laisse paisiblement porter par le flot.

Bande-annonce VO :

jeudi 26 août 2010

Fool moon


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Jérôme L'hotsky
Année : 2008
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Christophe Alévêque, Bruno Salomone, Armelle, Artus de Penguern
Résumé : Alors qu'il se sent au plus bas, Tom invite de vieux amis de Science-Po pour passer quelques jours ensemble en Bretagne. Tout ne se passe pas comme prévu en ce premier soir de pleine lune, les comportements se font inhabituels et les discussions s'enveniment.

Avis sur le film :
Déjà partenaires sur Grégoire Moulin contre l'humanité, Artus de Penguern et Jérôme L'hotsky inversent cette fois les rôles puisque le premier devient seulement acteur, tandis que le second s'inspire d'une idée de son comparse pour se lancer dans l'écriture de son premier long-métrage en tant que réalisateur. Autour de l'activité de la pleine lune, il façonne un script qui vise la "comédystérie" selon ses propres dires, avec une touche de fantastique.


Le décor est placé en Bretagne, une région où a grandi le réalisateur et d'où en ressort une ambiance conviviale pour des premières scènes de retrouvailles où deux amis d'enfance se réunissent et se lancent les habituelles boutades qui ne font rire qu'eux. Le souper qu'ils partagent tout en discutant de leurs vies respectives se change plus tard en dîner essentiellement composé de crêpes autour desquels une réunion d'anciens élèves tourne mal. Cependant, quelque soit le sujet de conversation, on assiste aux réjouissances de camarades de longue date qui forment un groupe dont nous sommes exclus, et le film commence à ressembler à un repas de famille qui s'éternise et durant lequel on ne peut sortir de table.
Un peu d'animation est apportée tant bien que mal, par l'évocation des plus grand moments de honte de chacun, avant que les disputes n'éclatent pour des questions de recette ou d'introduction d'un chat dans la maison.


Les propos virulents s'échangent aussi rapidement que les couples, avec des conséquences toujours aussi ravageuses, mais bien loin d'être aussi extravagantes que les opportunités que laissent concevoir l'idée de départ.
Le lendemain des évènements, les personnages se réveillent comme si rien ne s'était passé, et ç'aurait pu n'être qu'un mauvais rêve si le spectateur n'avait pas éprouvé ce qu'il avait vu. Les éléments fantastiques issus de la présence de dolmens restent inexpliqués, bien qu'on puisse y voir, à la façon de l'astre lunaire dans le film, la manifestation de la mauvaise influence des comédies Françaises de nos jours si banales qui ont retiré de ce Fool moon tout ce qui faisait la particularité de Grégoire Moulin contre l'humanité, qui reste finalement et malheureusement trop unique.

Bande-annonce VF :

mardi 24 août 2010

Grégoire Moulin contre l'humanité


Fiche du film :
Réalisateur : Artus de Penguern
Scénaristes : Artus de Penguern et Jérôme L'hotsky
Année : 2001
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Artus de Penguern, Pascale Arbillot
Résumé : Angoissé depuis toujours, le malchanceux Grégoire Moulin n'ose pas adresser la parole à celle qu'il aime secrètement. Il élabore donc un plan pour lui donner rendez-vous, qui consiste à lui dérober son porte-monnaie afin d'avoir un prétexte de la rencontrer en le lui rendant. Ce que Grégoire n'avait pas prévu, c'est qu'il donne rendez-vous à Odile dans le bar "Le pénalty" le soir de la finale de la Coupe de France, et il se retrouve de Charybde en Scylla dans une ville enfiévrée par le match.

Avis sur le film :
Jusque là seulement connu sur le grand écran en tant qu'acteur, notamment dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain en 2001, Artus de Penguern réalise, scénarise et joue la même année dans Grégoire Moulin contre l'humanité, film qui pioche dans les courts-métrages de son auteur et autres supports cinématographiques dont la frénésie d'un Albert Dupontel couplée à un sens de l'humour qui se rapproche des Monty Pythons sur une histoire qui fait penser à un After hours amélioré, et une réalisation inspirée de Jean-Pierre Jeunet, afin d'en tirer un résultat unique.


Pourtant à l'origine du script bourré de gags farfelus, et lui-même comédien, Artus de Penguern se garde le rôle le plus sage, celui du personnage principal : Grégoire Moulin, qui rêve d'un peu de poésie et de délicatesse dans ce monde de brutes, à l'instar de la tout aussi maladroite Odile Bonheur dont il est amoureux. Les deux interprètes sont bluffants de crédibilité dans leurs rôles de personnes timides qui sont visiblement faits l'un pour l'autre lorsqu'on les voit se bafouiller un dialogue gauche au téléphone, drôles et touchants à la fois.
C'est pour sa dulcinée que Grégoire s'oppose, dans tous les sens du terme, à une humanité bestialisée qui incarne toute la folie du film, contrairement au héros qui fait contrepoids pour maintenir un équilibre comique entre stabilité et instabilité mentale. Ce dernier va devoir se dépasser et surmonter des obstacles plus fantasques les uns que les autres dans ce qui est sa propre Odyssée de 2001.


Teinté d'une critique sociale qui n'est pas sans rappeler une réalité incongrue, le parcours n'est fait que de rebondissement qui mènent Grégoire bien loin à partir d'un problème tout simple, et quand il cherche à se rebeller légèrement ce n'est que pour récupérer plus de dégénérés à ses trousses. La loufoquerie passe par des dialogues insolites énoncés avec sérieux à la démence d'acteurs survoltés, mais quelle que soit la sorte d'humour cela reste drôle à sa propre façon grâce à des interprètes épatants même si peu payés faute de moyens, et grâce à une bonne direction des comédiens qui les pousse à un délire maximal sans dépasser les bornes. Le réalisateur ayant sollicité l'aide de ses compagnons de courts-métrages pour compléter le casting, le budget a été géré autrement, entres autres pour la superbe bande-son énergique et déjantée qui est particulièrement mise à l'honneur dans la scène de la fête costumée qui permet par la même occasion de déployer ses références avec originalité.


Un des seuls remparts restants, Grégoire Moulin reste ébahi devant tant de violence humaine avant de craquer lui aussi, toujours dans le but de faire rire le spectateur, et au regret de ceux à qui il finit par s'en prendre.
Pour ce qui est du cinéma Français, la surexcitation ne fait en général pas bon ménage avec la comédie qui se veut déjà délirante, mais Grégoire Moulin contre l'humanité n'est pas aussi bête que l'affiche peut le laisser penser, car de ce mélange souvent dangereux en ressort de l'humour qui fonctionne à tous les coups au point de provoquer des éclats de rire à chaque tournant.
Déchaîné, saugrenu, et néanmoins fabuleux, Artus de Penguern donne envie avec ce premier long-métrage de le voir persévérer dans l'industrie du cinéma.

Bande-annonce VF :

dimanche 22 août 2010

A Serbian film


Fiche du film :
Réalisateur : Srdjan Spasojevic
Scénaristes : Srdjan Spasojevic et Aleksandar Radivojevic
Année : 2010
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Srdjan Todorovic, Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic
Résumé : Milos, ancien acteur porno, se voit offrir un rôle dans un film dont il ne sait rien mais qui lui rapportera assez pour ne plus jamais s'inquiéter des problèmes financiers. C'est à contrecoeur qu'il accepte pour sa famille, sans savoir dans quel cauchemar il s'embarque.

Avis sur le film :
Essentiellement destiné aux salles obscures étrangères à son pays d'origine, Srpski film a fait le tour des festivals du monde entier précédé d'un avertissement pour les âmes sensibles, car cette production Serbe a déjà été considérée avec précipitation comme l'oeuvre la plus choquante qu'il existe après que des personnes se soient évanoui ou aient vomi durant des projections.
Le peuple Serbe, montré du doigt depuis les conflits avec la Croatie dans les années 90, ne cherche pas à redorer son blason à travers ce film financé par l'Etat, bien au contraire car, derrière ce titre qui enfonce le clou en donnant un air de banalité au produit qu'il désigne, se cachent un scénariste et un critique de films d'horreur qui se sont associé pour salir autant que possible la pellicule à leur disposition.


Mêlant les deux extrêmes du snuff movie, A Serbian film ne prend pas des gants et débute en fanfare dans l'immoralité, pour poursuivre dans la dépravation avec des scènes qui ne se détachent jamais d'un rapport quelconque avec le sexe, qui passe par les costumes, les décors, les dialogues, et même les échanges entre père et fils ; et cela avant-même que ne démarre le tournage de Milos. Le réalisateur Vukmir est certainement celui dont les répliques sont les plus ahurissantes, fournissant des anecdotes qui vont jusqu'à évoquer l'usage du sperme de bouc ; on peut dès lors choisir d'en rire, jusqu'à ce que le mystère qui entoure le personnage ne disparaisse et que Milos soit confronté aux sévices que le spectateur voyait venir.
Cela démarre par de la débauche traditionnelle où à peu près tout est exploité, et qui se tourne vers l'innovation ensuite, notamment avec de la pédophilie poussée à un point où l'on ne peut plus aller plus loin.
Dès son arrivée le premier jour de tournage, Milos est filmée, un homme se tenant au plus près avec une caméra amateur à la main. En même temps que le piège se referme sur l'acteur, il est de suite sondé en profondeur, ce qui forme le début du processus qui s'appliquera aussi au fur et à mesure au spectateur.


Bien évidemment, l'acteur Milos veut quitter la production, problème auquel les scénaristes ont trouvé la solution en le droguant pour qu'il arrive au bout des 104mn de dépravations qui vont crescendo.
La seconde partie du film n'apparaît que comme une succession de scénettes trash noyées dans le sang. Certes, c'est violent, mais il est facile de se distancer par rapport à ce film à l'histoire inexistante, ou du moins ensevelie sous un tas d'obscénités qui la dissimule. Les scènes, qui ne sont pas même révolutionnaires concernant la quantité d'hémoglobine déversée, ne font du trash que pour du trash, et restent sans signification ni importance car ne sont pas justifiées, et ne sont soutenue par aucune toile de fond qui créerait de la compassion pour les victimes. Les acteurs sont pourtant bons et impliqués dans ce qu'ils jouent, mais ce qui aurait du être un point culminant de la torture psychologique manque d'imprévisibilité, de crédibilité et d'humanité pour faire de ce long-métrage un film-choc.


La signification proposée par les scénaristes est que leur oeuvre est une métaphore sur ce que les gouvernements sont capables de faire pour contrôler les citoyens, et plus précisément l'Etat Serbe qui a restreint son industrie du cinéma de sorte que les réalisateurs se sentent comme des acteurs pornos obligés de faire ce qu'ils ne veulent pas. On ne retrouve pas cela dans A Serbian film qui ne cherche manifestement qu'à écoeurer avec gratuité, ce qui ne peut fonctionner que sur ceux inhabitués à ce genre de spectacle.
[Mise à jour du 2/04/2011 et 07/05/2011] Là où Serbian film se montre plus perturbant, de manière vicieuse, c'est qu'il fait appel à nos instincts les plus bas. Comme pour le snuff, il vise directement notre côté animal refoulé, là où, sous les traits de l'homme civilisé, se trouve le barbare qui se plaît à voir des images si crues. En intégrant un certain ridicule à côté de la scène la plus immorale, celle de pédophilie, le film retire de façon très vicieuse la prise au sérieux, et au lieu de lui nuire cela crée une de ses forces, puisque le spectateur peut se surprendre à s'en amuser, ou, lors d'autres passages moins poussés dans le scandaleux et alliant les thèmes plus classiques du sexe et du gore mais transposés dans des extrême, peut prendre un sale plaisir en même temps que la raison rappelle que tout cela est amené avec une gratuité malsaine.

Bande-annonce VOST :

vendredi 20 août 2010

Jack Ketchum's The girl next door


Fiche du film :
Réalisateur : Gregory Wilson
Scénaristes : Daniel Farrands et Philip Nutman
Année : 2007
Genre : Drame
Acteurs principaux : Daniel Manche, Blythe Auffarth, Blanche Baker
Résumé : David Moran se remémore ce qu'il s'est passé quand il n'était encore qu'un enfant, durant un été des années 50 où sa voisine Ruth eut la garde de ses deux nièces dont les parents sont morts dans un accident de la route. Leur rendant souvent visite, à elle et ses enfants avec qui il était ami, David fut témoin de mauvais traitements subis par les deux filles qui allèrent de plus en plus loin.

Avis sur le film :
A partir de 1965, Sylvia Likens et sa soeur furent confiés par leurs parents à Gertrude Baniszewski, qui tourmenta les deux soeurs et plus particulièrement l'aînée, qui finit par mourir de ses blessures.
Le drame et le procès qui s'ensuivit furent rapportés dans quelques ouvrages et inspirèrent des fictions, dont le roman de Jack Ketchum "The girl next door" publié en 1989, et qui eut lui-même droit à une adaptation cinématographique en 2007.


Ce second long-métrage de Gregory Wilson n'a rien à voir avec la teen comedy éponyme, si ce n'est qu'ils font tous deux allusion à cette expression Américaine qui désigne la voisine idéale dont l'on tombe amoureux, un exemple étant Mary-Jane Watson pour Peter Parker. Le titre est évidemment ironique par rapport à l'histoire en question, bien que le début soit empli d'une apparente innocence, personnifiée par Meg qui remplit parfaitement son rôle de girl next door grâce à une candeur dont l'on prend conscience rien qu'au doux son de sa voix.
L'intrigue se place durant l'été, où l'on suit une bande d'amis s'amuser lors de journées ensoleillées accompagnées d'une musique enjouée des fifties, mais il y a à chaque fois quelque chose qui cloche pour que le cadre soit idyllique, puisque dans chacun des jeux des enfants est perçue une part de sadisme latent, envers les animaux ou leurs amis. La même impression se ressent de façon accentuée lorsque l'on rencontre Ruth, mère divorcée et alcoolique de tout un groupe de rejetons, qui sait se montrer gentille avec David le narrateur, tout en déviant de la conformité de l'ordre parental puisqu'elle offre des bières aux mineurs invités chez elle.
Bientôt, ce qui peut être catalogué comme de la "dispute domestique" s'envenime, et l'angoisse commence à poindre tandis que Tante Ruth se contrôle pour demeurer à mi-parcours entre ses deux facettes, ce qui rend le personnage encore plus instable et imprévisible.


L'ajout de David dans l'histoire, qui ne correspond à aucune personne dans les faits réels, n'est que positive, puisqu'il partage avec le spectateur un point de vue extérieur à la souffrance de Meg, qui lui donne un aspect sordide qui n'aurait pu être retranscrit si nous avions suivi la victime tout du long. Au lieu de cela, nous voyons ce qu'il se passe à travers les yeux d'un enfant qui a la possibilité de sortir de la chambre des tortures pour être forcé d'y retourner ensuite par la pitié et l'écartelement émotionnel qu'il subit.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, si le film n'avait fait que poser la caméra à côté de la victime, l'ennui l'aurait emporté, et la torture psychologique n'aurait pas été aussi forte. Il fallait un personnage qui ne soit pas mauvais pour avoir d'épouvantables aperçus de ce qu'il se passe à la cave, ces scènes-là correspondant aux plus grands moments de trouble, et pour savoir ce qu'il pouvait bien se passer autour du drame. Le jeune garçon a beau être mature, il n'est qu'un enfant à un âge où on a du mal à juger de la moralité et normalité de ce à quoi on assiste, à une époque où une telle violence ne se faisait pas tellement connaître par les médias. De plus, n'osant qu'à moitié en parler, il ne reçoit pas l'aide escomptée, au contraire, et son jugement est corrompu par la gentillesse de Ruth envers lui.
Mais il arrive un point où la violence qui n'a fait que s'amplifier dépasse les bornes, mettant à l'épreuve le public en même temps que les personnages suivis d'un jeu d'acteur qui se révèle encore meilleur.


La torture va très loin, et c'est grâce à l'attachement aux protagonistes qui s'est créé durant la première partie du film que l'on grince des dents par la suite. Avec la mention "based on a true story" au générique, certaines scènes qui paraissent exagératives arrivent à passer, et c'est ainsi que The girl next door réussit à être un film-choc.
En réalité, il n'est qu'inspiré des faits réels et comporte plus de divergences que de similitudes. S'il faut tout de même trouver un message dans cette oeuvre cinématographique, autant oublier celui qu'elle fournit en conclusion puisque la morale "Le passé nous rattrape" semble sortie d'un tout autre film, mais The girl next door a au moins le mérite de montrer un exemple concret de l'horreur humaine sans tomber dans la gratuité ou l'opportunisme, en ramenant à la surface une tragédie qui se doit d'être connue.

Bande-annonce VO :

mercredi 18 août 2010

The Expendables


Fiche du film :
Réalisateur : Sylvester Stallone
Scénaristes : Sylvester Stallone et Dave Callaham
Année : 2010
Genre : Action
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Giselle Itié
Résumé : Habitué à être payé pour des missions spéciales, un groupe de mercenaires est chargé d'éliminer un dictateur en Amérique du Sud. Ils refusent d'abord ce travail qu'il jugent trop dangereux, mais y retournent suivant les remords de leur chef, pour secourir une femme en danger qu'ils ont laissée sur ce territoire sous l'emprise d'un dictateur.

Avis sur le film :
Après avoir ramené ses deux personnages les plus connus sur le devant de la scène en tant que réalisateur et acteur avec Rocky Balboa en 2006 et John Rambo en 2008, Stallone revient pour sa première réalisation ne concernant pas ces deux célèbres franchise depuis Staying alive en 1983. Il poursuit dans une catégorie à laquelle il est habitué, et apporte au public ce qui doit être le projet le plus prometteur et attendu dans le domaine du film d'action de ces dernières années, puisque le but était de réunir le plus grand nombre de stars du genre.
Certains n'ont pas pu ou n'ont pas voulu participer, mais étant "expendables" ils ont été remplacés, d'autres comme Schwarzenegger ne font qu'une courte mais amusante apparition, cependant la brochette de célébrités disponibles pour The Expendables suffit déjà à constituer son principal attrait.


Ce long-métrage des années 2000 cherche à se placer dans la même lignée que tous ces films devenus populaires issus des années 80, piochant dans Terminator, Die hard ou Predator, mais surtout Rambo, avec toutes les stars qu'ils ont vu naître et qui se retrouvent ici, autour d'un scénario qui utilise une recette similaire transposée à notre époque. Même s'il s'agit cette fois de tueurs d'élite venus tuer un dictateur, l'histoire n'a rien de nouveau et il est clair qu'elle n'est qu'un prétexte pour créer une "unité spéciale" composée de têtes connues qui sont là pour liquider tout ce qui bouge.
Stallone, désormais âgé de 64 ans, avait déjà été critiqué pour son retour dans John Rambo, mais prend le reproche à contrepied en se nommant chef des Expendables mais en favorisant toutefois des coéquipiers plus jeunes qui lui lancent quelques piques tournant autour du fait que ses capacités ne sont plus ce qu'elles étaient. C'est d'ailleurs le plus jeune de tous, Statham, le seul réel intrus du groupe, qui se voit attribuer un rôle plus développé, avec une légère intrigue amoureuse qui ne va finalement pas tellement loin dans l'histoire. Hormis cela, le spectateur en sait très peu sur les autres personnages, c'est à peine si l'on saisit leur nom, en particulier pour Jet Li qui semble caricaturalement être nommé "Ying Yang".
Mais aussi bien pour l'histoire que pour ses protagonistes, ils sont effacés pour laisser place à ce qui est attendu dans un tel film réunissant tant de héros musculeux : l'action.


Après un violent avant-goût dans la scène d'introduction, les scènes d'action arrivent après un aperçu des personnages, et se révèlent aussi variées et complètes que le casting. Stallone n'a pas seulement réuni de grands acteurs, il a aussi rassemblé tout ce que l'on désire voir dans un film de ce genre et les a placés dans The Expendables, où l'on a droit à des poursuites véhiculées, des explosions, un décollage d'avion difficile et des affrontements qui vont des tirs éloignés aux combats rapprochés où les plaisirs sont variés selon les armes à feu et les couteaux utilisés dans une même mêlée.
Il n'y avait pas à en attendre moins pour ceux ayant vu le dernier Rambo dans lequel le vétéran du Vietnam changeait d'arme en les utilisant toujours avec la même adresse. Puisqu'il y a dorénavant toute une troupe de guerriers, les compétences sont réparties avec un Jason Statham devenu spécialiste des armes blanches, et les atouts de chacun sont utilisés avec un Jet Li à qui est laissée une scène de combat avec Dolph Lundgren rien que pour exposer ses connaissances en arts martiaux.
Il y avait aussi de quoi s'attendre à de la boucherie, des corps charcutés par balles et des têtes explosées. La promesse est bien là, le public obtient effectivement ce qu'il attendait, mais tout cela avec des CGI et des coups qui, finalement, ne sont pas pleinement satisfaisants.


Stallone trouve toujours des façons originales de tuer ou de tout faire sauter, toutefois sa nouvelle production ressemble beaucoup à sa précédente, peut être même trop puisqu'il reste au même niveau sans aller plus loin vers la satisfaction des exigences d'un spectateur qui veut de la surenchère, et retire en plus de cela la consistance du scénario. Le réalisateur n'étant probablement pas à court d'idées, cela reste éventuellement la faute du producteur, qui jugeait d'ailleurs que le film aurait été mieux en étant moins sanglant afin d'être vu par un plus grand nombre de jeunes. The Expendables, quoique trop classique dans sa mise en scène, reste néanmoins un bon divertissement qui remplit son quota de morts brutales, à condition que l'on arrive à oublier que tout est dans les muscles et presque rien dans le scénario.


Bande-annonce VOST :

lundi 16 août 2010

Scott Pilgrim [Autour du cinéma]


Fiche du comic :
Auteur et dessinateur : Bryan Lee O'Malley
Année de création : 2004
Résumé : Scott Pilgrim est un tire-au-flanc de 23 ans qui se contente de sa "précieuse petite vie" avec son groupe de musique et sa petite-amie de 17 ans, jusqu'à ce que Ramona Flowers ne vienne bouleverser son quotidien. C'est le coup de foudre pour Scott, prêt à tout pour cette fille dont il doit battre les ex maléfiques avant de pouvoir sortir avec elle.

Avis sur le comic :
Auteur de comic books vivant à Toronto, Bryan Lee O'Malley avait déjà travaillé pour Oni Press en tant que dessinateur et lettreur, et bien que sa première création fut Lost at sea publié en 2003, ce n'est qu'avec Scott Pilgrim apparu un an plus tard qu'il connut le succès.
Le Canadien de 31 ans a vu ses efforts récompensés puisqu'il s'est dévoué à cette oeuvre nouvelle en incluant des parcelles de sa propre vie, allant des lieux qu'il a côtoyés et l'appartenance à un groupe de musique aux mêmes références geeks qu'il partage avec son personnage et qui ont fini par être incluses dans le récit.


Dans cette série de six ouvrages, l'originalité est recherchée avant tout, dans la forme déjà qui est un assemblage de manga et de comic book dont les codes sont détournés. L'auteur s'amuse à les déjouer et les tourner en dérision une fois exposés à des personnages qui prennent tout d'un coup une approche concrète alors qu'ils évoluent dans un environnement invraisemblable. Scott Pilgrim se veut déjanté, et l'introduction innatendue du fantastique surprend dans le tome 1 puisqu'elle se fait d'abord sans que l'on soit certain que la limite du réel soit franchie avant qu'elle n'éclate lors du combat final ; mais l'oeuvre reste dans son ensemble limitée, se contentant de quelques élans d'excentricité sans aller en plein dans la folie.
Les grands moments de plaisir de lecture se font attendre, aussi bien sur l'ensemble de la série dont le tome 4 est l'apogée, qu'au coeur d'un seul volume où l'on doit patienter avant le combat avec un ex maléfique, précédé d'instants d'une vie "normale" toutefois vue à travers les yeux de Scott pour qui tout est prétexte à entretenir son imagination colossale et égocentrique nourrie aux jeux vidéos rétros.


L'humour repose sur les trois inspirations de Bryan Lee O'Malley, pouvant être drôle en incluant des éléments du domaine vidéoludique avec de nombreuses allusions, de la bande-dessinée avec des bulles d'infos futiles qui n'ont pour but que de faire rire, ou simplement des blagues relatives au monde réel fournies par Scott.
Le personnage éponyme est un loser éternellement perdu, dont les réactions qu'il provoque chez les autres le rendent pourtant attachant pour le lecteur qu'il amuse. Il a de plus la chance de pouvoir façonner le monde à sa façon pour en faire un rêve modelé selon les jeux vidéos, sans quoi sa relation avec Ramona serait impossible, n'ayant autrement rien pour se mettre en valeur. "Scott Pilgrim vs the world" est le titre du troisième volume, et si Scott se met le monde à dos, c'est pour y substituer le sien où il peut continuer à paresser tout en transformant la moindre banalité en évènement qui devient épique à nos yeux, mais ordinaire pour lui. C'est pour cela que Scott est si nul, et pourtant tellement fabuleux.


Comme pour Lost at sea, Bryan Lee O'Malley s'occupe de l'écriture et du dessin, en créant un genre nouveau qui reprend plus les codes de la culture orientale qu'occidentale, mais qui rend difficile l'identification des personnages et la différenciation avec les autres. Il faut donc se fier à des détails pour certains, qui changent parfois comme pour les coiffures de Ramona, mais auxquels on s'habitue finalement. Le coup de crayon particulier d'O'Malley apporte par contre une touche splendide aux objets du décor, rend de simples déplacements d'ascenseur stylisés, et utilise au mieux l'epace de la page pour rendre compte de l'histoire et des sensations du moment.

Scott Pilgrim est agréable à lire, mais n'exploite pas suffisamment son potentiel. Il plaît tout de même à un grand nombre de lecteurs, certainement grâce à de la culture geek qui borde une histoire d'amour qui n'a rien de mièvre, le maintien d'un bon sens de l'humour, et des délires qui suffisent au lecteur moyen.

samedi 14 août 2010

The killer inside me


Fiche du film :
Réalisateur : Michael Winterbottom
Scénariste : John Curran
Année : 2010
Genres : Thriller / Drame
Acteurs principaux : Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson, Bill Pullman
Résumé : Officier de police d'une petite ville, Lou Ford met en place un plan pour se venger de l'assassin de son frère. Il est prêt à tout pour l'appliquer jusqu'au bout, même s'il doit pour cela sacrifier ceux qu'il aime.

Avis sur le film :
Fameux auteur de romans noirs, Jim Thompson vit son oeuvre la plus connue publiée en 1952 sous le nom de "The killer inside me", ou "Le démon dans ma peau" en Français. Depuis cette période, le projet d'une adaptation au cinéma passa entre de nombreuses mains, jusqu'à Marlon Brando et Marilyn Monroe qui furent considérés pour tenir les rôles principaux, avant qu'ils ne soient attribués à Stacy Keach et Susan Tyrell en 1976 avec Ordure de flic.
Une nouvelle version était tout de même prévue depuis les années 80, sans trouver de réalisateur, de scénariste ou d'acteur fixe, jusqu'à ce que Marc Rocco, envisagé il y a encore quelques années pour la réalisation, veuille Casey Affleck en haut de l'affiche.


Le film respecte l'époque d'écriture du livre en y posant le décor, appuyé par l'aspect rétro du générique et sa bande originale. Le contexte temporel permet en outre à Lou Ford d'extérioriser le tueur en lui, étant déjà un agent des forces de l'ordre, et n'ayant pas à se soucier des empreintes laissées ou d'études balistiques avancées comme de nos jours. Car en effet, s'il parle d'un patelin Américain où les hommes se doivent d'être des gentlemen, en un temps où voir une femme en soutien-gorge au cinéma était indécent, le film se veut "véneneux" et "brûlant" comme le clament les affiches Françaises.
Alors que les très nombreuses scènes de sexe questionnent la plupart du temps quant à leur utilité, la brutalité moins présente reste plus frappante. La violence n'est pas là pour divertir le spectateur mais le faire grincer face à la gravité de la situation. Même s'il se manifeste peu souvent, lorsque le tueur est libéré à la suite d'un rictus menaçant de Casey Affleck, le spectateur compatit avec les protagonistes, non pas en tant que personnages à qui l'on s'est attaché, mais en tant que victimes impuissantes qui ne peuvent rendre les coups qui leur sont portés dans un bruit fracassant asséné au public.


Le début du long-métrage ne nous donne pas l'occasion d'être présentés avec les personnages, qui se retrouvent déjà lancés dans l'intrigue sans que l'on s'en soit aperçu. Il faut alors tenter de se rattacher aux évènements qui s'enchaînent trop rapidement comme l'on essayerait de rattrapper un train en marche. C'est donc d'un oeil peu concerné que l'on suit le stratagème de Lou Ford, aussi intelligemment qu'il s'en sorte, car les meurtres à l'origine des problèmes qui s'ensuivirent ne donnaient déjà pas au spectateur l'impression d'être impliqué.
Ce n'est qu'ensuite, à l'occasion de quelques flashbacks fugaces, que l'on peut apercevoir des bribes du passé du meurtrier, mais sans que l'on n'ait suffisamment d'explication ou que l'on ne connaisse même le contexte des incidents, ne rendant pas plus compréhensibles ses motivations ou la source de ses pulsions assassines. Au lieu d'explorer ses antécédents pour en tirer un engrenage complexe dont le crime serait le point d'arrivée, le film ressort des procédés déjà vus tant de fois, à savoir par exemple placer de la musique douce lors d'une scène aggressive pour créer le contraste. D'autres fois, la bande-son en vient même à gâcher le ton de la scène, en y plaçant une musique comique lors d'un moment trop grave pour que le mélange ne semble pas déplacé.


Il n'y a pas à douter que l'écriture du livre de Jim Thompson n'ait pas été mauvaise, mais le scénariste de son adaptation n'a pas su reprendre les éléments qu'il fallait pour bien aménager 1h40 de film afin de rendre ce laps de temps aussi intéressant que possible, s'étendant sur certains passages qui deviennent ennuyeux, alors que d'autres auraient du être plus développés.

Bande-annonce VOST :

jeudi 12 août 2010

Le fils de Chucky

L'affiche française reprend une scène qui parodie le célèbre Shining.

Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Don Mancini
Année : 2004
Genres : Fantastique / Comédie / Horreur
Acteurs principaux : Brad Dourif, Jennifer Tilly, Billy Boyd, Redman
Résumé : Glen, le fils de Chucky et de Tiffany, part à la recherche de ses parents et les retrouve à Hollywood, où l'on tourne une fiction inspirée de leurs meurtres.

Avis sur le film :
Proposé en 1998 à Universal, le script du Fils de Chucky avait été rejeté, pour être récupéré six ans plus tard par une de ses filiales. L'horreur pure avait déjà quitté la saga depuis longtemps sans que le scénariste ne s'en rendre compte, puisque malgré ses efforts l'angoisse n'était plus présente dès Chucky 2 ; mais depuis La fiancée de Chucky, l'humour avait pris une place plus importante qui semble devenue majoritaire dans ce cinquième épisode. Continuant approximativement là où l'histoire s'était arrêtée, la progéniture des deux poupées tueuses reprend le flambeau pour toucher un nouveau public avec une parodie gore sur le thème des drames familiaux.


Si Chucky est toujours aussi charismatique et violent, tirant parti des prouesses d'animation d'aujourd'hui pour faire gicler plus facilement du sang en grande quantité, il se retrouve malheureusement embarqué dans ce scénario où son rejeton est impliqué. Indigne de ses aïeux, Le fils de Chucky se retrouve sous la mauvaise influence des ses congénères et s'abaisse à montrer de la nudité, ce qui n'avait jamais été fait jusque là dans la saga, et de la violence immotivée qui deviennent insatisfaisantes de par leur superfluité lorsqu'elles ne font partie que d'une scène de rêve sans importance dans l'histoire.
Non seulement ce nouvel héritier de Jeu d'enfant, tel un jeune homme traversant sa crise d'adolescence, n'a aucun respect pour ses géniteurs, se moquant plus que jamais de la continuité et des règles établies, mais il n'a pas plus de respect pour sa propre personne, ne sachant se comporter et se dirigeant vers les excès.
La présence de guest stars n'a aucun but et n'apporte rien à la parodie grossière d'Hollywood dont elle profite, où l'on ne trouve presque rien de drôle pour compenser des incohérences alarmantes. Comment explique entres autres que les vraies poupées tueuses soient utilisées sur le tournage d'un film, ou que Tiffany connaisse de tête le numéro d'une de ses victimes ?


Le spectateur peut dès lors choisir de se laisser aller à ces abus, du moins jusqu'à ce que Glen ne prenne trop de place et ne gâche le moindre plaisir restant. Façonné par David Kirschner tout comme son père, il a néanmoins été victime d'une terrible idée, qui est d'afficher son dilemne sur son visage, ce qui lui donne une tête triangulaire que seule une mère pourrait aimer.
Son nom, parti d'une allusion au nanar Glen or Glenda du "pire réalisateur de tous les temps" Ed Wood, est déjà un choix questionnable mais qui devient une sous-intrigue qui atteint des sommets d'horripilation lorsque la référence atteint son paroxysme et que Glenda sort du placard, encore plus laide et énervante que son alter ego, dont la voix s'avère insupportable une fois devenue "féminine".
Le pan de l'histoire qui s'ensuit, qui se veut être un point culminant du drame et de la tension, n'a plus aucune importance et demeure aux yeux passifs du spectateur abasourdi qu'une démonstration de la bêtise juvénile qui a déteint sur l'unité parentale en perte d'identité, Chucky ne voulant plus devenir humain alors que c'était son unique motivation et le fil conducteur de tous les films jusque là.


Devant un Charles Lee Ray démantelé, ayant perdu dans un bain de sang abêti les caractéristiques qui faisaient son charme, le parricide Fils de Chucky se voit comme la honte de la famille et fait regretter que Tiffany n'ait pas pris la pillule. Passé à la réalisation pour ce cinquième opus, Don Mancini a achevé la série qu'il a fondé, qui se retrouve cette fois réellement dans l'impasse à cause de Glen. Le scénariste souhaite tout de même continuer avec les aventures de la poupée meurtrières dont il n'a pu se séparer durant toute sa carrière, mais avec l'inévitable remake, prévu pour 2011.

Bande-annonce VF :

mardi 10 août 2010

La fiancée de Chucky

Un affiche pastichant celle de Scream 2.

Fiche du film :
Réalisateur : Ronny Yu
Scénariste : Don Mancini
Année : 1998
Genres : Fantastique / Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Braf Dourif, Jennifer Tilly, Nick Stabile, Katherin Heigl
Résumé : Le fameux tueur Charles Lee Ray n'est plus qu'une poupée en lambeaux rangée dans un casier des affaires irrésolues de la police. Heureusement pour lui, son ancienne petite amie Tiffany le récupère et recolle les morceaux pour ensuite le ramener à la vie par une incantation vaudou.

Avis sur le film :
Avec Chucky 3, qui avait été écrit par un Don Mancini sous l'influence du studio pour lequel il travaillait et qui se disait à court d'idées, la série aurait très bien pu s'arrêter là. Cependant, parmi les éléments qui participèrent à la relance de la saga, il y eut le regain d'intérêt pour les slashers auprès du jeune public créé par Scream, film de Wes Craven qui tournait en dérision les poncifs du genre.
Le déclencheur eut lieu lorsque David Kirschner, producteur et co-créateur de la série Jeu d'enfant, eut l'idée de créer une Fiancée de Chucky quand il revit le classique La fiancée de Frankenstein, appartenant également à Universal et très bien réutilisé dans le film en question ici.
La saga repart sur une base nouvelle, Andy Barclay appartient désormais au passé, le changement radical en arrive même au titre qui ne contient plus "Child's play" en Anglais ; le Chucky nouvelle génération fait table rase et se tourne vers la comédie horrifique.


Devenu une icône de l'horreur au fil des années, Charles Lee Ray devient désormais le personnage principal pour plus de présence à l'écran. Il change de visage pour l'occasion, sa tête d'angelot est troquée contre une face destructurée, rapiécée autant que possible : un look aussi cool que la BO comportant du Rob Zombie, et qui ne cherche plus à cacher la cruauté du personnage malgré sa salopette déchirée qui clame "Brave gars", pour s'accorder avec sa fiancée tout aussi meurtrière et tout de noir vêtue.
Pour remplacer la poursuite d'Andy, et momentanément la recherche d'un corps humain, le couple crée une nouvelle dynamique et doit se lancer dans un périple parcourant la majorité du film. Chucky était déjà plein de répliques aiguisées mais a désormais besoin d'un interlocuteur durable, d'où la présence de Tiffany qui amène l'intrigue et forme avec sa tendre moitié un duo comique que seul la mort pourrait séparer.


Au doublage de Brad Dourif, posté dans un corps à l'animation plus fluide, répond Jennifer Tilly de sa voix douce mais porteuse d'une hypocrisie assassine ; et la transformation de l'actrice en poupée se passe à merveille, grâce à une métamorphose renversante d'un simple jouet pour enfant en un tueuse gothique miniature, par la magie du maquillage et de l'habillage.
Voilà le couple paré pour partir à la recherche de l'amulette de Damballa, objet apparemment crucial qui n'a jamais été mentionné auparavant. Ce quatrième épisode déforme effectivement les règles des précédents films, se situant à mi-chemin entre reboot et suite, mais l'histoire n'a eu que moins en moins de cohérence tandis que la saga allait de l'avant, et les contradictions s'oublient vite dans ce qui doit être l'épisode le plus décomplexé et décontractant de la pentalogie. Amusant, par le couple défaillant qui fonctionne superbement à l'écran, qu'ils se disputent ou coopèrent, et par leurs meurtres motivés par un curieux sens moral, rendus plus innatendus et insensés pour arriver à contourner les règles et les attentes et aller droit à la surprise.


Ce nouvel ajout confirme l'inscription de Chucky au même rang que les boogeymen et serial killers cités ou auxquels des clins d'oeil sont adressés tout au long de la route, allant de Freddy Krueger et Leatherface aux tueurs nés Mickey et Mallory, rangeant par la même occasion Tiffany à leurs côtés. Et ce même si le mot d'ordre n'est plus l'angoisse, mais tout simplement le plein divertissement.

Réplique culte :
"Barbie can eat her heart out" - Tiffany

Bande-annonce VF :

dimanche 8 août 2010

Chucky 3


Fiche du film :
Réalisateur : Jack Bender
Scénariste : Don Mancini
Année : 1991
Genres : Fantastique / Horreur
Acteurs principaux : Justin Whalin, Brad Dourif, Perrey Reeves, Jeremy Sylvers
Résumé : Des années après la fermeture de l'usine de jouets "Brave gars", les machines se remettent en marche, la société considérant que l'affaire Andy Barclay est loin derrière eux. Mais Chucky, lui, n'a pas oublié le jeune garçon devenu grand, et le poursuit jusque dans l'école militaire où il se trouve désormais.

Avis sur le film :
Alors que Chucky 2 n'était pas encore sorti en salles, Universal fit pression sur le scénariste Don Mancini pour qu'il s'attele à une seconde suite, qui sortit neuf mois après la première.
Dans le but de faire un plus grand pas en avant dans la saga, Andy est devenu un adolescent désormais joué par Justin Whalin à la place d'Alex Vincent, ne conservant que Brad Dourif du casting initial pour ce troisième épisode considéré même comme le moins bon aux yeux de Mancini, qui se disait à court d'idées.


Auparavant calciné, et maintenant recouvert d'une masse informe de plastique, Chucky trouve tout de même le moyen de revenir par un procédé scénaristique qui privilégie la fin aux moyens, le sens n'étant plus à être recherché. Nous pouvions voir dans Jeu d'enfant une poupée se mouvoir d'elle-même, ce qui relève du fantastique, un genre qui n'est pas incompatible avec la logique de base, domaine auquel Chucky 3 fait pourtant quelques entorses, car même le vaudou ne peut expliquer pourquoi le sang de Charles Lee Ray ne se retrouve que dans une seule poupée dans la scène d'introduction, ni comment le tueur a pu s'envoyer lui-même par colis.
Les personnages évoluaient auparavant dans un espace urbain ou industriel ; désormais Andy est envoyé dans une école militaire, dont l'idée seule du lieu fermé évoque une restriction des libertés d'action menées lors du conflit entre les deux protagonistes principaux. Cela semble déjà se confirmer par l'obéissance stricte des règles qui nous font nous attarder sur des scènes d'application des us en un tel établissement, qui donnent l'impression de laisser moins de place au jeu d'enfant, sans que l'on ne s'attache non plus au nouvel Andy avec son histoire d'amour expédiée.


Heureusement, l'étendue des situations et des exercices martiaux déployés donne l'occasion à la poupée tueuse d'en profiter à chaque fois pour mettre ses idées sadiques à execution.
Charles fait peau neuve et se paye une nouvelle jeunesse, car s'il ne peut plus s'en prendre à Andy en tant qu'enfant, il se trouve une autre victime. Les mauvais coups qu'il prépare par la suite sont toujours aussi vicieux et font sourire rien qu'en imaginant leurs conséquences.
Brad Dourif fournit toujours un travail de doublage extraordinaire, et a droit dans ce film à une poignée de répliques qui sont sans doute les meilleurs de la saga et qui ajoutent du crédit à un personnage déjà excellent.

Ayant suffisamment exploité l'école militaire, la dernière partie change de décor pour un train fantôme dont les traquenards sont idéaux pour une partie de "cache-cache de l'âme" semée d'embûches. Les joueurs s'exposent au danger, bien que seul Chucky soit perdant, défiguré avant d'être charcuté.


La précipitation d'Universal qui mena à une sortie précoce du film lui nuisit, puisque le public n'a pas été au rendez-vous. Et pourtant, quoiqu'en dise Don Mancini, si cet ajout à la saga peut sembler banal, Chucky par contre est au meilleur de sa forme, et vaut à lui seul la vision de ce troisième opus.

Réplique culte :
"Don't fuck with the Chuck !" - Chucky

Bande-annonce VO :

vendredi 6 août 2010

Chucky, la poupée de sang

Une affiche qui traduit littéralemnt le slogan anglais "Sorry Jack,
Chucky's back", qui n'a aucun sens en français puisque la rime
se perd et qu'aucun des personnages ne s'appelle Jack.

Fiche du film :
Réalisateur : John Lafia
Scénariste : Don Mancini
Année : 1990
Genres : Horreur / Fantastique
Acteurs principaux : Alex Vincent, Brad Dourif, Christine Elise
Résumé : Tandis qu'Andy Barclay se remet de son traumatisme causé par sa lutte avec Charles Lee Ray, ce dernier revient à la vie lorsque les frabricants des jouets "Brave gars" veulent poursuivre leur production.

Avis sur le film :
Jeu d'enfant ayant rapporté plus de quatre fois son budget, le rachat des droits du film firent le bonheur d'Universal qui produisit une suite deux ans plus tard. Même si une partie du casting du premier épisode n'a pas pu faire acte de présence, c'est le cas de Catherine Hicks et Chris Sarandon déjà pris sur un autre tournage, nous retrouvons Alex Vincent et Brad Dourif pour les deux rôles les plus importants, respectivement Andy et Chucky. Et surtout, Don Mancini reste à la place de scénariste, tandis que son collègue John Lafia passe à la réalisation.


Difficile de se raccrocher à la fin de Jeu d'enfant, et il faut en plus expliquer ou taire la disparition de certains personnages à l'écran. La mère d'Andy est internée, alors qu'il y avait deux témoins occulaires avec elle à la fin du premier film, dont le policier Mike Norris qui n'est pas même évoqué dans cette suite. Dans tous les cas, l'illusion de continuité cohérente est brisée, la logique étant quoiqu'il en soit laissée de côté, puisque pour faire revenir Chucky à la vie, la poupée tueuse est réutilisée pour relancer une série de jouets, malgré l'affaire d'Andy Barclay qui fait encore parler d'elle.
Dès lors que l'histoire est réamorcée, un nouveau décor s'installe, avec une famille de substituion pour Andy, qui crée dans un même temps de nouveaux liens avec Kyle, qui deviendra son alliée.
Ces scènes mettent en attente le retour du "Brave gars" obligé de s'en prendre à son précédent propriétaire, le poursuivant même dans ses rêves ou lors de rencontres inopportunes.


Il n'y a plus de surprise, maintenant que l'on sait que Chucky est un objet bien vivant, d'ailleurs l'affiche originale du premier épisode ne montrait que ses yeux, alors que celle de cette suite ne cherche plus à le cacher, au contraire. Toutefois le scénariste prend cet apparent défaut à contrepied, maltraitant avec insistance la poupée, ce qui n'avait été que discrètement fait par le passé, ou la faisant élaborer des pièges destinés à ceux qui ne se doutent nullement de son identité, et ce pour le plaisir du spectateur à l'attente avivée, voyant venir la revanche du serial killer rancunier.
Une fois bel et bien de retour, le criminel fait vivre avec joie un véritable cauchemar au garçon en semant la désolation autour de lui. Toujours doublé avec entrain par Brad Dourif, Charles Lee Ray se montre plus vicieux encore en s'en prenant psychologiquement à sa cible âgée de 8 ans, et devient enragé dès lors qu'il doit s'en prendre physiquement à lui.


Tout se finit dans une usine de jouets, une aire de jeu aux possibilités sadiques une fois exploitées par un tueur. Chucky lui-même a des fonctionnalités nouvelles que l'on découvre au gré du scénario, couronnées par une mort toujours aussi douloureuse qui profite de la résistance du plastique dont est fait la poupée pour la faire souffrir comme aucun humain ne pourrait.
Les particularités de cet assassin peu banal y sont pour beaucoup dans l'amusent procuré au cours du film, et si Chucky la poupée de sang est un film d'horreur agréable, ce ne serait qu'un thriller ordinaire sans la présence prépondérante du personnage éponyme.

Bande-annonce VF :