lundi 12 septembre 2011

Bonnie & Clyde vs Dracula


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Timothy Friend
Année : 2008
Genre : Fantastique / Action
Acteurs principaux : Trent Haaga, Tiffany Shepis, Allen Lowman, Jennifer Friend, Russell Friend

Avis sur le film :
Tout comme Deadgirl, c'est dans ma période "Troma" que j'ai découvert ce film, en fouillant dans la carrière de Trent Haaga, acteur à l'air charismatique et scénariste notamment sur The Toxic avenger IV.
Evidemment dans sa filmographie, il y a un titre qui ne pouvait qu'attirer l'attention : Bonnie & Clyde vs Dracula.
Il interprète Clyde, et en plus de ça, sa compagne est jouée par Tiffany Shepis, nommée à une certaine époque "Super-Tromette", les Tromettes étant les pin-up promouvant la société de Lloyd Kaufman.
Tout cela m'était comme destiné. De plus, j'aimais bien l'idée de voir ces deux personnes jouer un couple. J'étais déjà impatient, mais si je me souviens bien il n'y avait aucun trailer, aucune sortie au cinéma ou en DVD annoncée, et le film n'était passé que dans des festivals. C'était peut être il y a deux ou trois ans de cela. Ce n'est que récemment que j'ai appris la sortie en DVD du film, qui s'est effectuée en mai dernier.
Heureusement en deux ans, j'ai pu voir le film original, Bonnie & Clyde avec Warren Beatty et Faye Dunaway. Je pouvais donc voir cette version nouvelle incluant le vampire de Bram Stoker en ayant fait les choses dans l'ordre.

 
Pour ceux qui ne connaitraient pas les deux interprètes principaux, le film fait croire que deux autres personnages sont Bonnie et Clyde, du coup c'est un peu gâché pour ceux qui se sont informé un minimum sur le film. Mais le réalisateur a aussi prévu le coup pour ceux dans ce cas-là, puisque l'apparition de Tiffany Shepis est aménagée de sorte à ce qu'elle crée la surprise.
Ce sont effectivement les acteurs dans les rôles de Bonnie et Clyde qui m'ont intéressé, mais qu'est ce qu'ils amènent en plus aux personnages ?
J'avais oublié que Shepis n'avait eu que des petits rôles dans Troma, de simples apparitions dans les films, et à côté de ça elle avait animé Troma's edge TV. Son jeu est correct, ni vraiment bon ni vraiment mauvais, et tout ce qu'elle fournit d'un peu particulier avec son partenaire, c'est un certain accent.
Plus que les comédiens, c'est la façon dont sont façonnés les personnages qui est intéressante. Clyde tue de sang-froid un homme issu de son passé et ordonne de ne pas demander pourquoi il a fait ça ; on voit nettement que c'est une façon de lui donner du caractère et un peu plus de profondeur.
Bonnie pour sa part a de la répartie et est parfois incontrôlable quand on lui parle de travers ; il y a une bonne scène où elle menace quelqu'un qui l'a appelée "girl", le problème c'est que c'est un peu gâché par l'acteur en face d'elle, qui ne joue pas si bien et, pour montrer qu'il est sous le choc, respire comme s'il venait de courir un marathon. Et pourtant il est censé être un hors-la-loi lui aussi...
Pour ce qui est du couple lui-même, le plus amusant doit être leurs disputes. En dehors de ça, leurs discussions concernent par exemple les robes de Bonnie mais, il fallait s'en douter, il est souvent question de sexe. Même quand ils fument un joint, Bonnie en revient à ce sujet, disant qu'elle a entendu que la drogue peut momentanément faire de quelqu'un un "demi-homme". Même avec d'autres personnages, on parle d'une bite à l'épreuve des balles, et d'un bandit qui aurait été puni en se faisant lécher les testicules par un bouc. C'est sûr, les dialogues sont plus efficaces que n'importe quoi d'autre pour rappeler que ce film, malgré l'époque où se déroule l'action, date du 21ème siècle.

 
Ce qu'on peut constater d'emblée dans ce film, c'est que les costumes et les véhicules correspondent à l'époque, la première arme aussi qui est un pistolet mitrailleur, même s'il est clairement factice puisque c'est l'actrice qui le secoue, et non l'arme qui la secoue quand elle tire. Par contre plus tard, on a des armes à feu contemporaines qui laissent penser que l'accessoiriste n'a pas trouvé ce qu'il fallait. De toute façon, dès les premiers instants, l'illusion ne fonctionne pas à cause de la qualité vidéo, qui premièrement nous ramène à notre époque, mais qui fait aussi penser qu'on a affaire à une production un peu fauchée. D'autres détails viennent le confirmer : les scènes de voiture où le décor en fond est clairement faux, et quand le véhicule doit éviter un camion on a juste droit à un bruitage de klaxon et un tour de volant. Le son est aussi à quelques moments mal calibré, à savoir que la musique couvre un peu les voix, ou alors ça sature quand quelqu'un hausse le ton. Cependant ces cas sont rares, voire uniques dans le film, et ce n'est pas trop grave. En réalité je m'attendais à une œuvre avec un peu plus de moyens, mais une fois que j'ai vu à quoi m'attendre, je peux dire que finalement ça aurait pu être pire.
A remarquer aussi au générique la récurrence du nom "Friend" parmi les acteurs, sûrement tous des proches du réalisateur/scénariste Timothy Friend. Et peut-être même qu’il y a certains de ses… amis.

 
Le scénario avait tout de même l'air de rattraper les défauts de mise en forme du film. Le début est surprenant, et comporte quelques retournements de situation originaux, mais ça devient bouffon dès qu'on passe à la partie de l'intrigue avec le docteur Loveless, dont l'assistante, qui est sa sœur Annabel, est une adulte à l'esprit de gamine qui joue avec une raquette quand il lui parle, ou enregistre une chanson enfantine par-dessus la bande où il faisait le compte-rendu d'une expérience.
Pendant un long moment, les deux parties du film ne se mélangent pas, aussi bien parce que les personnages restent chacun de leur côté, mais aussi parce que du côté de Loveless il semblait y avoir un humour plus appuyé et surtout assez immature qui marquait la séparation. C'est aussi là qu'il a toutes les idées les plus étranges : Loveless subit un processus régulièrement grâce à sa soeur, on ne sait pas en quoi ça consiste, sa sœur lui branche à sa demande des électrodes sur le torse, il s'évanouit, et sa merde tombe dans un récipient. C'est comme ça qu'ils vont aux toilettes, chez eux ? Et Annabel, qui veut s'échapper, désespère après avoir volé un trousseau de clés sans trouver la bonne parmi celles-ci... et ce n'est que plus tard qu'elle trouve la bonne. Elle ne les avait donc pas toutes essayées ? Pourquoi avoir laissé tomber, sans que rien ne l'en ait empêché ?
Aussi étonnant que ce soit, plus tard on ne retrouve pas l'humour débile du début, et j'ai même trouvé presque touchante l'histoire d'Annabel. C'est peut-être aussi parce que j'ai bien aimé l'actrice, Jennifer Friend.
Je me suis habitué à son personnage, j'ai fini par ne plus voir ça comme un élément comique, et ça a plutôt participé à avoir une sorte de compassion pour elle, en dépit de quelques situations qui sont grotesques au premier abord, comme quand elle joue avec des poupées représentant son frère et elle, et les fait parler. Cette scène fournit d'ailleurs un bon procédé pour faire passer des informations au spectateur, puisqu'en discutant avec ses jouets, Annabel parle du moyen de s'évader, et fait comme si l'idée ne venait pas d'elle mais de sa poupée. Le but de cette scène est clair mais j'ai accepté le procédé, puisqu'il colle aux caractéristiques de ce personnage, déjà introduit comme étant simplet depuis un moment.
Après tout, il y a de bonnes idées de mise en scène comme celle-là dans le film. Je pense aussi à l'allumette que tient un homme sur qui on braque une arme au moment où il voulait fumer une cigarette. Cet élément sert à créer le suspense par la suite, la flamme descendant jusqu'aux doigts du personnage, qui fait l'erreur de pousser un cri de douleur à cause de ça.


Bon, et Dracula dans tout ça ?
Il n'est jamais nommé ainsi, à part dans le titre et au générique de fin, à côté du nom de l'acteur. Et on apprend qu'il ne peut toucher des innocents, sinon ça le fait souffrir, sans que ça ait vraiment de fonction par la suite. A part pour dire qu'Annabelle est innocente, et qu'à la fin elle peut partir sans soucis, en compagnie d'un chien qu'elle trouve sur sa route, avec lequel elle s'en va vers le soleil levant comme dans la conclusion d'une comédie faite pour attendrir les enfants.
Dracula ne doit servir qu'à une seule bonne idée, dans une scène où l'absence de réflexion dans le miroir est utilisée de façon très maligne, ou du moins qui m'a surpris.
Mais sinon le vampire a une voix stéréotypée retouchée en post-prod, ce n'est que vers la fin qu'il rencontre Bonnie & Clyde, il meurt si vite que j'ai cru qu'il allait renaître de ses cendre juste après, les gunfights à la fin n'ont aucune puissance ni rythme, on a droit à un figurant qui joue la peur de façon bien peu naturelle, et apparemment les victimes de Dracula ne sont pas sensibles à la lumière du soleil. Certes, vu comme ça, ça a l'air d'un gros échec, mais c'est ailleurs que j'ai trouvé l'intérêt du film, surtout qu'après tout, cet affrontement ne pouvait être vraiment bon une fois passée la surprise de voir les noms de deux figures historiques associés à celui du vampire le plus connu de tous les temps.

 
Bonnie & Clyde vs Dracula est un cas spécial, les bonnes idées de mise en scène qui font penser que le réalisateur est un peu expérimenté, ou du moins clairvoyant, côtoient une direction d'acteurs et d'autres éléments maladroits qui font plutôt penser qu'il s'agit d'un amateur.
En tout cas malgré de nombreux défauts, j'ai bien aimé. Peut-être même qu'un jour je regarderai Cadaverella, du même réalisateur, et comportant également Jennifer Friend, aussi rebutant que soient le titre et l'affiche.

Bande-annonce VO :

dimanche 11 septembre 2011

Hitcher


Fiche du film :
Réalisateur : Robert Harmon
Scénariste : Eric Red
Année : 1986
Genre : Thriller / Action
Acteurs principaux : C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh
Résumé : Un jeune homme prend sur sa route un auto-stoppeur, et découvre qu'il s'agit d'un tueur. Il lui échappe une première fois, mais l'inconnu le rattrappe et le persécute où qu'il aille.

Avis sur le film :
Rutger Hauer était à L'étrange festival, et j'aurais préféré qu'il soit présent pour Hobo with a shotgun, mais celui-ci n'était présenté que pour la nuit Grindhouse et non la soirée avec l'acteur, donc il a fallu que je choisisse un autre film pour le voir. The cross and the mill ne m'intéressait pas, j'avais déjà vu La chair et le sang et au cas où j'aurais voulu voir Horny house of horror, ce que j'ai fait, les deux étaient à la même heure, donc j'ai opté pour The hitcher. En général je préfère voir des films nouveaux, en avant-première si possible, qui ne sont donc pas déjà trouvables en DVD, mais la présence de l'acteur principal compensait.
Et j'ai bien fait finalement de choisir cette séance, car nous avons eu droit à une séance de questions-réponses à la fin que les spectacteurs des autres projections n'ont certainement pas eu la chance d'avoir.


Nous découvrons un décor désertique nocturne, dans lequel un jeune homme commence à s'assoupir au volant de sa voiture. Il a failli se faire percuter par un camion, et pour moi ça fait préssentir dores et déjà le danger à venir.
Comme le personnage le dit plus tard, il a pris un auto-stoppeur en pensant que ça le tiendrait éveillé, c'est peut-être là-dedans notamment qu'on trouve l'ironie dont parlait Hauer dans sa présentation, quand il disait que c'était plus qu'un film qui fait peur. Ou dans la scène où le tueur est avec des enfants qui ont des armes en jouet et leur dit "shoot !".
Je m'étais déjà dit quoi qu'il en soit dès le début qu'il avait trouvé un bon moyen de rester éveillé, et effectivement à partir du moment où le jeune Jim Halsey se fait menacer au couteau par l'homme qu'il a pris dans son véhicule, et tout au long de la poursuite qui s'ensuit, il est resté bien en éveil.
L'affrontement m'a fait penser à Rutger Hauer vs Jesse Eisenberg, car l'acteur jouant le héros lui ressemble beaucoup, et ça vous donne une idée de l'innocence qui se lit sur son visage. J'ai même cru à un moment que c'était la personne qui interprêtait Jesse, l'ado dans La revanche de Freddy qui dit que quelqu'un veut rentrer dans son corps la nuit.

 
Toute le monde fait l'apologie de Hauer, c'est lui qui est présent sur chaque visuel du film plutôt que le héros, et apparemment hier il y avait pleins de fans de lui parce que j'imagine qu'il aurait été applaudi au moins cinq minutes avant et après le film s'il n'avait pas interrompu ce vacarme en parlant au micro. Certes il est bon en méchant dans ce film, il a les bonnes expressions faciales aux moments qu'il faut, mais il ne faut pas oublier le jeune acteur en face de lui, C. Thomas Howell, au moins aussi bon. Il fait preuve de son talent rien qu'avec la scène du début où il est menacé, la lame sous la gorge, et a du mal à sortir de sa bouche les mots que l'auto-stoppeur veut entendre de sa part.
Je suis vraiment désolé de voir dans sa filmographie American pie - Les sex commandements et carrément du The Asylum avec The day the earth stopped et War of the worlds 2, car je pense qu'il aurait mérité plus de succès et de reconnaissance.
De toute façon, avec le rôle de John Ryder (mais est-ce vraiment son nom ?) dans la peau duquel Hauer s'est glissé, on voit que c'est typiquement le genre de personnage façonné de sorte à ce qu'aux yeux des spectateurs il apparaisse comme immense, et qui est destiné à atteindre un statut de culte. Tout part déjà d'un nom cool. Ensuite le personnage semble doué d'un don de téléportation et d'omniscience, car il prévoit tout, il se retrouve en chaque lieu où finit le personnage principal, parfois il y est même présent avant lui, et s'est installé bien comme il faut pour le surprendre, par exemple en déboulant hors d'un garage dont il défonce la porte à bord d'un 4x4. Même quand on ne voit personne d'autre sur la route, John Ryder n'est pas loin, il guette, en préférant rouler dans le désert.
Au bout d'un moment, à chaque station service où arrivait Halsey, je me disais que c'était inutile qu'il y entre, car Ryder y serait. Et à chaque véhicule passant, même si ce ne sont que des voitures qui défilent en arrière-plan, je me suis dit que ça pouvait être cette vermine de Ryder.
Quand il entre dans le même restaurant que Halsey, tandis que personne ne regarde, il place un doigt dans un plat, sachant que celui-ci est destiné au héros avant même que lui ne le sache.
Bon sang, John Ryder est tellement fort que derrière une vitre teintée d'une salle d'interrogatoire dans un commissariat, il arrive à se tourner vers le héros juste au moment où ce dernier prononce son nom. Et il est capable de craquer une allumette sur un rétroviseur, tout de même.

 
D'accord, cela donne lieu à tout un tas de bonnes séquences pour un thriller, mais il faut arrêter d'exagérer à un moment. Et quand ce n'est pas Ryder (attention, je ne dis pas "quand Ryder n'est pas là", parce qu'il faut retenir qu'il est tout le temps là. Ne jamais oublier.), ce sont des flics devenus fous qui poursuivent et tirent sur Jim Halsey et son amie. Car effectivement, en cours de route, il est rejoint par Nash, jouée par Jennifer Jason Leigh, qui était déjà avec Hauer dans La chair et le sang. Sans tellement plus de logique, elle prend parti pour cet inconnu d'Halsey pris pour le tueur par la police, et prend l'initiative de le défendre face à un représentant des forces de l'ordre, et ce dès leur seconde rencontre, après qu'il l'ait emmenée dans les toilettes en lui couvrant la bouche pour ne pas qu'elle crie à l'aide. Pas même de bonjour ou de "ravi de vous rencontrer".
Pour expliquer en partie le film, j'ai pensé que le méchant n'était pas réellement quelqu'un mais une entité, et sur ce point-là je rejoins la femme qui demandait après la séance à Hauer si Ryder était réel dans le film, quoique je diffère en pensant qu'il est simplement l'incarnation du Mal. L'acteur par contre, même s'il parlait d'une histoire de fantômes sans que je comprenne pourquoi, attribuait à son personnage des intentions plus terre-à-terre et humaines : il pense qu'à la fin il se laisse tuer car il n'a pas les tripes de le faire lui-même. Mais après tout il n'est pas le scénariste, lui-même ne fait que donner son interprétation du film.

 
L'acteur aurait fait confiance au réalisateur en ayant vu son court-métrage, et puisqu'il n'a fait que mettre en scène le scénario et ne l'a pas écrit, c'est seulement visuellement qu'on peut constater son travail. Le film est tourné dans le désert, et je pense que Robert Harmon a bien compris ce que pouvait apporter l'environnement, en filmant parfois en plan large pour inclure entièrement un paysage avec au fond quelques sommets, et en bas de l'écran, en petit seulement, l'acteur. Il a aussi fait attention à offrir un beau lever de soleil à la fin. Et j'ai apprécié aussi les premiers plans de nuit, dans lesquels passe la voiture du héros uniquement, qui sont bons, en connaissant la difficulté de filmer de nuit.
Concernant la musique, disons que ce n'est pas ce que je mettrais sur mon lecteur mp3, mais elle correspond bien au caractère un peu mystique que peut fournir un tel décor.

 
J'ai finalement bien aimé Hitcher, je me suis laissé porter par l'action, même s'il ne m'a pas semblé y avoir une grande logique dans cette histoire où un homme peut tuer n'importe qui où qu'il aille, même un poste de police, et s'en sortir en faisant croire que quelqu'un d'autre a fait le coup. On ne sait d'ailleurs pas comment il est arrivé à faire porter le chapeau au jeune.
Il s'agit plus d'un divertissement qu'autre chose pour moi, et je ne comprends pas trop le culte autour de ce film.

Bande-annonce VO :


En supplément :
La bande-annonce du remake, qui annonce à elle seule que le film est bourré de clichés, se sent obligé de faire dans la surenchère par rapport à l'original, et qu'il y a des jump-scares lamentables :

mercredi 7 septembre 2011

Super


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : James Gunn
Année : 2010
Genre : Comédie / Action
Acteurs principaux : Rainn Wilson, Ellen Page, Kevin Bacon, Liv Tyler
Résumé : Frank D'Arbo est un homme normal, sans problèmes à part peut-être au sein de son couple, mais tout change quand sa femme, ancienne toxicomane, le quitte pour un riche dealer. Frank, complètement désespéré, se met en tête de combattre le crime habillé en super-héros, son but final étant de mettre en échec le baron de la drogue et récupérer sa femme.

Avis sur le film :
Il a fallu attendre bien longtemps pour que la première affiche et le trailer de ce film apparaissent, peu de temps seulement avant sa sortie aux Etats-Unis, car jusque là tout ce que l'on pouvait se mettre sous la dent n'était qu'un court extrait.
En France, il a fallu attendre encore plus longtemps pour voir Super, prévu pour une sortie au cinéma qui a finalement été annulée, le film étant visiblement trop violent. Ainsi, quel bonheur que d'avoir malgré tout la chance de le voir en salle grâce à L'étrange festival 2011.
Soit c'est une illusion créée par mon esprit pour me tromper, soit ça faisait des années que j'avais vu que c'était prévu, mais j'ai comme le souvenir d'avoir entendu parler d'un projet comme Super sur le site de James Gunn. A moins que je confonde encore avec PG-porn, ce qui n'a aucun rapport je sais, mais à moins que je fasse erreur j'avais lu à propos des deux à l'époque où je voulais en savoir plus sur ce scénariste issu de Troma. J'aurais alors des hallucinations, comme le personnage principal de ce long-métrage. Ce qui pourrait aussi dire que Super est un film que j'attendais avant même qu'il n'existe.
En tout cas la bande-annonce a (re?)lancé mon intérêt, abandonné que j'étais à l'époque après Kick-ass que j'avais tant attendu, comme le messie, et dont la suite au cinéma est d'ailleurs incertaine.
Evidemment je fais allusion au film de Matthew Vaughn, il faut croire que c'est inévitable car je l'ai lu dans toutes les critiques, mais je veux bien croire que James Gunn n'ait pas piqué l'idée et qu'il l'ait eu avant ou pendant que l'autre film se faisait.
De toute façon, Kick-ass ou non, je serais allé voir Super car je suis toujours friand de tout ce qui touche au super-héroïsme, surtout si en plus de cela il y a une dose d'immoralité, ce que j'adore peut être encore plus.


La bande-annonce était folle, dynamique, concentrant tant de délire en si peu de temps, ce qui fonctionne forcément. Je ne pouvais qu'être impatient.
Mais le film n'est pas comme ça.
Il prend des airs de film indépendant voire de cinéma du réel, avec sa musique, sa caméra à l'épaule qui tremblotte un peu, et sa surexposition, comme si les images avaient été prises sur le vif, voulant plus capter le naturel que faire du cinéma avec des artifices. C'est ce qu'indiquent aussi les plans serrés et la caméra toute proche des visages lors des scènes en voiture, comme si le cameraman n'avait pas trop la place de se positionner, et comme si dans les scènes plus agitées, par exemple celle du "viol", il avait du mal à saisir l'action.
Ce n'est pas si appuyé que ça, mais le décalage avec le sujet se remarque tout de même, et on voit que la photographie n'est pas celle d'un film de super-héros Hollywoodien classique.
L'histoire est avant tout celle d'une femme qui quitte son mari, laissant celui-ci complètement désespéré. Sauf que c'est traité avec humour et dérision, le personnage principal se montrant en voix-off aussi cruel et piquant avec lui-même que le scénario plein d'ironie qui a voulu que sa vie soit misérable.
Peut-être que c'est pour correspondre à la naïveté et banalité de sa vie que le film avait adopté cette esthétique particulière. Frank est un nul, il est ennuyeux, il se trouve pitoyable, et concernant ce qui pourrait rendre sa vie excitante, à savoir devenir un super-héros, ce n'est qu'étapes par étapes qu'il se décide à enfiler un costume.

 
Contrairement à la bande-annonce, le film n'est pas si énergique, en réalité il n'y a qu'une scène qui correspond à ce qu'on y voyait, et le trailer lui doit beaucoup. Comme le dit Frank, ce n'est pas si mal de s'ennuyer parfois, car l'ambition de Super n'est pas réellement de faire un film de super-héros épique, mais de baisser la barre pour la placer au niveau des gens normaux dont la vie n'a rien de bien trépidant. Même en costume, le héros doit passer des nuits à ne rien faire à part partienter, attendant qu'un crime survienne. C'est là que Super va chercher son humour.
En un sens il se veut plus réaliste que Kick-ass, et nous montre ce qui se passe "entre les cases", ce qu'on ne voit pas dans les comics, soit parce que c'est ennuyeux, soit parce que ce ne serait pas approprié.
Il n'y a pas tellement de références à des oeuvres existantes, à mon avis James Gunn n'est pas un spécialiste comme Mark Millar, il n'y a que quelques titres ou noms de personnages qui sont cités. Libby, le personnage d'Ellen Page, qui est censée s'y connaître, ne sait même pas d'où vient le nom de Robin. Le film parvient tout de même à s'en prendre aux comics, et surtout leur violence sans violence, celle où il n'y a aucun tache de sang ni blessure apparente, de par ses onomatopées qui s'affichent à l'écran, des "kapow" ou "bam" dans le style de la série TV Batman qui s'ajoutent à des coups de clé anglaise dans la gueule ou des corps qui explosent, et qui en plus de souiller le media dont le film s'inspire, ajoute une touche de fun à la brutalité représentée.


Toutefois ce qui brise radicalement avec l'apparent calme du début de Super, ce sont ces visions dingues qui sortent de nulle part, simplement expliquées par la voix-off de Frank qui raconte avoir des hallucinations depuis son enfance. C'est à partir de là, avant même qu'il agisse en tant que Crimson Bolt pour fendre le crâne des gens qui dépassent dans les files d'attente, qu'on se dit qu'il est sérieusement dérangé. On ne saura jamais vraiment d'où viennent de ses visions, bien qu'on puisse se douter qu'elles ne sont pas d'origine divine, surtout qu'il semblerait qu'elles ne surviennent que quand Frank est soumis à une tension émotionnelle forte, et qu'il voit ce qu'il a envie de voir, inconsciemment.
Libby est sûrement encore plus tarée, elle était déjà loufoque et hystérique avant d'être Boltie, mais après elle est encore plus excitée et prend un plaisir véritablement fou à massacrer des gens, vu son rire et son sourire de maniaque. Et plutôt que de s'ennuyer, elle préfère attaquer des personnes qui ne sont pas forcément coupables.
Ellen Page est très bonne dans ce rôle, et elle donne envie d'aller faire taire le crime avec elle.
En plus de cela, James Gunn a pensé à en faire quelqu'un qui transpose son trouble, son excitation d'être une super-héroïne, et son admiration pour Frank dans un autre contexte, lui donnant envie d'être bien plus qu'une "kid sidekick". C'est d'ailleurs excellent de voir comme la suggestion de Boltie d'aller "combattre le crime", face à un Crimson Bolt qui veut juste dormir, s'apparente à une proposition de coucher ensemble.
Le film se veut immoral et l'assume à fond et jusqu'au bout, c'est ça que j'admire. Le personnage principal n'a déjà aucune morale, et finalement ni lui ni sa coéquipière n'arrivent correctement à distinguer le bien du mal, à la fin la leçon n'est pas vraiment celle que certains auraient pu attendre, et il se passe des choses graves qui arrivent forcément quand on veut jouer aux super-héros - c'est d'ailleurs très fort que James Gunn ait fait ça dans son film, ce que d'autres n'auraient pas osé - sans que cela n'apprenne quoi que ce soit aux personnages ou que ce soit utilisé comme moralisateur.

 
Je ne sais vraiment si j'ai bien aimé, aimé, ou beaucoup aimé Super. Ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais, et j'aurais voulu que ce soit le type de film où l'on éclate de rire par sa profusion de fun et de violence. J'ai ri un peu pourtant.
James Gunn a beau continuer à faire référence à Troma avec un extrait de Troma's war et une apparition de Lloyd Kaufman, c'est surtout pour la forme ; il n'y a que les scènes de l'émission religieuse qui penchent vraiment pour l'exagération grotesque et rappellent le passé du cinéaste, mais sinon il n'écrit plus le même genre de films.
En tout cas je conseille celui-ci. C'est un film de malades, de psychopathes ; Super est "inappropriate", et c'est ça qui est bon.

Réplique mémorable :
"Shut up, crime !" - Crimson Bolt

Bande-annonce VO :

dimanche 4 septembre 2011

Tucker & Dale vs evil


Fiche du film :
Réalisateur : Eli Craig
Scénaristes : Eli Craig et Morgan Jurgenson
Année : 2010
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Tyler Labine, Alan Tudyk, Katrina Bowden
Résumé : Deux rednecks partent passer des vacances dans une maison qu'ils ont acheté, mais vont avoir affaire à des étudiants qui les prennent pour des tueurs dégénérés.

Avis sur le film :
Après Super, Tucker & Dale vs evil était le film que j'avais le plus envie de voir parmi ceux présentés à L'étrange festival, car son idée de base me paraissait très originale et ouvrait à de nombreuses possibilités.
Tout commence quand de jeunes étudiants tout ce qu'il y a de plus stéréotypés dans le cinéma d'horreur, c'est à dire qu'ils fument des joints et sont accompagnés de bimbos blondes à petites tenues, partent en vacances. Sur la route, ils croisent des rednecks qui leur jettent un regard bizarre.
Normalement, ce serait le début d'un slasher, d'ailleurs cela fait penser aux premières scènes en voiture de Massacre à la tronçonneuse 2.
Mais ce serait être aussi bourré de préjugés que ces jeunes pour qui chaque personne habitant à la campagne est un bouseux idiot, que de penser que Tucker et Dale sont des tueurs fous.

 
Les scénaristes ont très bien retenu leurs leçons en regardant Vendredi 13 ou Massacre à la tronçonneuse, on retrouve immédiatement tous les clichés de mise en scène qui habituellement sont censés nous annoncer que quelque chose de louche se passe, ou censés nous faire peur ou sursauter avec des prétextes absurdes. Aucune règle du slasher n'est énoncée directement, il n'y a que des éléments repris, mis en scène de la même façon, mais désamorcés.
Ce qui est excellent aussi, c'est de voir comment une situation anodine peut, par accident, donner des résultats qui s'apparentent à ce qui peut se passer avec un serial killer, alors même qu'ici personne ne veut faire de tort à quiconque, bien au contraire dans certains cas. Et puis ça tombe mal pour Tucker et Dale, mais est-ce de leur faute si leur maison de vacances fait penser à la cabane d'Evil dead, qui aurait été décorée par Leatherface ?
Le film fait de plus appel à des clichés que n'importe qui peut avoir à l'esprit, donc il n'est pas destiné qu'aux gros fans d'horreur, contrairement à un film comme Scream qui est plus ciblé.

 
Avec les blagues concernant la bière, ou le gag grivois qui se rapproche plus des Farrelly qu'autre chose quand le sheriff croit qu'il se passe un truc entre Tucker et Dale, j'ai cru que les scénaristes commençaient à manquer d'idées et à chercher de quoi faire rire ailleurs que dans la parodie de slasher. Cela restait drôle, mais heureusement tout de même, ces deux passages sont à part, dans un film qui sait très bien se renouveler en restant dans le même domaine parodique qu'il s'était fixé au départ.
Il y a toujours des situations nouvelles qui font dégénérer les choses pour les deux héros, de plus en plus embêtés en voyant que tout le monde meurt autour d'eux sans qu'ils n'aient rien voulu faire de mal.
Il faut remarquer qu'il y a deux acteurs noirs, et qu'ils ne meurent pas en premier. Ca aurait été très bien qu'ils soient les derniers survivants, mais le choix des scénaristes concernant la direction que prend le film est encore mieux, puisque le véritable tueur fou se révèle être un autre des ados. J'ai trouvé ça très bon de se servir d'un procédé qu'on trouve souvent dans les slashers pour faire peur inutilement, et le réutiliser pour instaurer la folie chez le méchant. Il y a souvent un ado abruti pour faire peur à une fille dans ce type de films, de sorte à faire croire aux spectateurs naïfs que c'est le tueur qui frappe. Les scénaristes ont dû se dire qu'il faut être un peu dérangé pour faire des farces d'aussi mauvais goût, ils ont raison, et c'est à partir de là qu'on commence à percevoir qu'il y a quelque chose qui cloche chez l'un des jeunes. Et d'habitude, après une blague aussi mauvaise, le farceur et la fille finissent pas s'embrasser, ou carrément faire l'amour. Ce n'est pas le cas ici, heureusement, et ça donne une raison au futur tueur d'être en colère.

 
Tucker & Dale vs evil c'est des gags, des références, du gore bien amusant, mais j'ai aussi apprécié l'attention portée aux personnages. L'amitié entre les deux personnages principaux éponymes n'a rien de spécial, mais j'ai apprécié qu'ils ne soient pas que des rednecks dont la seule fonction est d'amener des gags.
Dale est un peu plus approfondi, une des adolescentes découvre sa personnalité, et même si ça ne va pas tellement loin, j'apprécie la démarche.
Les acteurs sont aussi très bons, que ce soit simplement pour adopter un accent bien particulier, ou avoir l'intonation qu'il faut pour faire rire dans certaines situations.
La fin de l'histoire avec Dale n'est pas crédible, mais j'ai aimé tout de même car c'est l'aboutissement du projet de prendre à contre-sens les préjugés du cinéma d'horreur habituel.
Le seul vrai défaut auquel je puisse penser, c'est l'élément du pilier, placé dans l'image de telle sorte qu'on sait qu'il va forcément avoir une fonction, et malheureusement c'est ce qui se passe dans chaque scène où il apparait.

 
Tucker & Dale vs evil est une très bonne comédie, qui se montre peut-être encore mieux que ce qu'elle laissait espérer. Sans atteindre le génie d'un Shaun of the dead, elle offre de quoi passer un très bon moment.
 
Bande-annonce VO :

The Theatre Bizarre


Fiche du film :
Réalisateurs : Douglas Buck, Buddy Giovinazzo, David Gregory, Karim Hussain, Jeremy Kasten, Tom Savini, Richard Stanley
Scénaristes : Jeremy Kasten, Richard Stanley, Scarlett Amaris, Emiliano Ranzani, Buddy Giovinazzo, John Esposito, Douglas Buck, Karim Hussain, David Gregory
Année : 2011
Genres : Horreur / Drame / Fantastique

Avis sur le film :
C'est avec Severin films, sa compagnie, que le réalisateur David Gregory a eu l'idée de ce film à sketchs inspiré du grand-guignol. A la recherche de financements, il obtient la collaboration de Metaluna productions, société française à la tête de laquelle se trouve notamment Jean-Pierre Putters, le créateur du magazine Mad movies. Si avec son collègue Fabrice Lambot, ils n'ont pu obtenir de réalisateurs français pour ce premier opus du Theatre bizarre, la liste des cinéastes qui sont attachés au projet n'en est pas moins attrayante. David Gregory a visiblement pu attirer sur ce film quelques uns de ses amis et collaborateurs, notamment Richard Stanley, pour qui il a tout récemment conçu le documentaire No flesh shall be spared, à l'occasion de la ressortie en DVD de son film Hardware.
D'ailleurs parmi les films proposés à L'étrange festival édition 2011, The theatre bizarre était certainement le plus intéressant à aller voir rien que pour le nombre d'invités présents à la séance, parmi lesquels quatre des sept réalisateurs mais aussi l'actrice Catriona MacColl.
C'est en effet davantage la rencontre qui m'avait amené à voir ce film, plutôt que l'oeuvre elle-même. A en croire la salle comble, je ne devais pas être le seul.
Le film d'horreur à sketch, c'est toujours tentant, surtout quand plusieurs grands noms sont réunis, mais bien souvent ils sont inégaux, voire simplement mauvais.
Après avoir rencontré certains des réalisateurs, j'avais encore plus envie d'y croire, à ce film, mais les premières minutes me rendirent la tâche difficile.


Les fragments qui relient chacune des histoires sont réalisés par Jeremy Kasten, qui avait dirigé le remake de The wizard of gore de Herschell Gordon Lewis, je ne suis pas certain que ce soit un gage de qualité, mais je n'en ai pas tenu compte pour juger. Malheureusement dès le départ nous avons des effets propres au cinéma de genre récents et dores et déjà clichés : un montage frénétique, des zooms à gogo, des bruits bizarres, tandis qu'une peintre agite son pinceau sur des toiles, comme si on avait besoin de ces effets pour faire comprendre que son esprit est torturé, en plus de son air de psycho, ses cernes énormes, et ses mouvements agités lorsqu'elle peint.
L'actrice n'est pourtant pas mauvaise, quoiqu'elle ne parle pas, mais son expression m'a plu lorsqu'elle est intriguée par le cinéma en face de chez elle, dont les portes s'ouvrent toutes seules et se referment sur elle quand elle rentre.
Ces portes, voilà encore quelque chose qui m'a de suite fait penser que j'allais devoir supporter un film sans aucune finesse, avec uniquement des signes très lourds. Le bruitage d'une mouche dans le cinéma, à un volume trop élevé pour être crédible mais cherchant à bien montrer que ce n'est pas bien propre par ici, et donc que c'est louche, ne m'a pas rassuré, de même pour les mouvements d'Udo Kier en homme-pantin au jeu un peu trop exagéré.
J'avais envie de rester confiant tout de même, et de ne pas trop critiquer de suite, j'ai voulu repenser à l'introduction par les producteurs de Metaluna, disant qu'il s'agit d'un film indépendant et tout ce que cela comprend.

Le premier sketch est "Mother of toads", de Richard Stanley, et malheureusement ce qui m'avait déplu se retrouve de façon encore plus gênante dans cette partie.
Il y a des petits détails comme le faux objectif d'appareil photo à travers lequel on voit qui suffisent à donner une trop forte impression d'amateurisme. Nous avons droit à une histoire bancale, avec une sorte de monstre qui observe les personnages principaux avec une vision fluo très laide, et un cliché vraiment lassant d'une blonde idiote.
Il y a Catriona MacColl, ancienne héroïne de Fulci, et ma supposition que Richard Stanley l'ait fait jouer car il est fan de ce réalisateur est confirmée par le fait que le scénario inclue le Necronomicon et autres références à Lovecraft, comme dans la fameuse trilogie de Lucio Fulci.
Malheureusement, même l'ancienne actrice de Frayeurs m'a paru mauvaise, certainement à cause des instructions étranges qui lui ont été données. Elle joue une vieille gitane à l'accent trop appuyé pour ne pas être un gros stéréotype, et qui parle en franglais ; c'était affreux.
Il n'y a pratiquement aucune originalité, à part la scène du réveil du héros qui est amusante, mais en dehors de ça c'est vide, il y a du sexe totalement gratuit, une mort où tout le fun est retiré, et des personnages auxquels on ne croit pas une seconde. La blonde, qui est juste là pour être filmée en maillot de bain à la piscine en réalité, et qui confond le signe de l'infini avec un huit, est en couple avec l'anglais qui reconnaît le signe des Grands Anciens de Lovecraft en voyant une boucle d'oreille.
Catriona MacColl a dit lors de la présentation qu'elle n'avait pas encore vu le film, je me demande comment elle en est ressortie.


J'ai perçu Richard Stanley comme un réalisateur d'une autre époque, qui avait fait un bon film en son temps, Hardware, mais qui se retrouve perdu aujourd'hui. Il avait expérimenté les filtres rouge et bleu dans son long-métrage le plus connu, cela marchait bien, et d'après moi il a voulu faire la même chose avec la vision de la créature, mais cette fois le résultat était laid.
J'ai eu la même impression avec la première image de "I love you", la partie de Buddy Giovinazzo. On se retrouve dans une salle de bain d'un blanc pratiquement immaculé, alors que c'était l'exact inverse dans les 80's avec Combat shock, crasseux de partout.
Si on comprend bien que ce n'est plus du tout la même époque et qu'on ne pourra plus faire revenir l'ancienne, le réalisateur prouve en tout cas qu'il sait bien utiliser les outils modernes. Le plus simple est de souiller ce blanc de rouge sang, mais il y a également cette très belle scène au lit, où les draps remplissent l'écran et on s'y sent bien, même si le couple allongé dans la literie se déchire.
Il est ici question d'une séparation, un sujet bien classique, mais rendu très intéressant par les dialogues qui le composent. Le drame m'aurait largement suffi, j'ai été captivé, et qu'il n'y ait pas de conclusion horrifique ne m'aurait pas dérangé. Je n'irais pas voir un drame sur un couple qui se sépare, je préfère un film qui promet de l'horreur, mais là, comme l'histoire de Giovinazzo était partie, ça me plaisait beaucoup.
Les acteurs sont bons, surtout celui jouant le mari, qui sait capter l'attention du spectateur et rendre compte du sérieux de la situation quand il s'énerve.
La fin dévoile un procédé un peu factice de complexification du récit par une chronologie chamboulée, et l'issue est plutôt facile, comme si pour tenir sur vingt minutres de pellicule il avait fallu se presser, mais l'impact était très fort.
La réalisation était aussi très bonne, rien qu'à voir ce très léger mouvement de caméra qui s'éloigne de l'homme pour, en contre-champ, se rapprocher de la femme, ou ce plan tout simple sur le plafond qui fait voir le subjectif de la femme quand ils sont au lit, et donne l'idée qu'elle a l'esprit ailleurs.
Il s'agit peut-être de la partie que j'ai le plus apprécié.


Avec une conclusion de partie aussi coup-de-poing, les premiers applaudissements de la projection se sont fait entendre.
Il n'y en a eu aucun à la fin du troisième sketch par contre, "The accident", j'en suis totalement désolé pour Douglas Buck qui l'a réalisée et qui était dans la salle, ça doit faire mal ; pourtant ce n'était pas que sa partie était mauvaise, mais qu'elle était trop en décalage avec le reste. C'est uniquement un drame, une réflexion plutôt simple sur la vie et la mort à travers les interrogations d'une petite fille qui a assisté à un accident. On s'attendait à un rebondissement, à quelque chose d'horrible survenant tout d'un coup, mais rien. Car là n'était pas l'enjeu de cette partie, contrairement à ce que l'on pensait.
Le défunt ne revient pas en zombie, contrairement à ce que la fillette a imaginé, et le père ne devient pas un tueur fou.
Il faut dire aussi qu'à la fin de cette histoire, il y avait un plan étrange qu'on aurait pu lui attribuer, mais qui venait en fait de la transition dans le "Theatre bizarre". Du coup l'histoire était déjà finie qu'on ne le savait pas, et les applaudissements dans ce cas là aurait été retardés.
La partie de Douglas Buck n'était donc pas mauvaise, son seul vrai défaut était de traîner un peu trop en longueur, et par ailleurs je n'ai pas aimé la musique quoiqu'elle sonnait comme une longue plainte qui pouvait bien correspondre aux images. Si le réalisateur a ressenti le besoin de raconter une telle chose, je respecte cela, peut être qu'il voulait saisir l'occasion de ce film pour réaliser un court qu'il n'aurait su où placer autrement, mais c'est juste que dans The Theatre bizarre cette histoire n'a pas sa place.


Sûrement parce qu'il y avait déjà eu des applaudissements, mais aussi très certainement parce que c'était réalisé par la légende Tom Savini, lorsque son nom est apparu après le titre de sa partie, "Wet dream", les acclamations ont été plus fortes que jamais à cette séance.
Cette partie doit être celle qui se veut la plus humoristique de tous. Il y a quelques bonnes idées pour ce faire : la saucisse dans la poêle après le mauvais rêve du personnage principal, et l'identité de la femme mystérieuse qu'on découvre avec les photos du psy.
D'autres fois cela tombe à l'eau, comme quand Savini parle de violer sa mère en rêve, c'est beaucoup trop bizarre et inapproprié. Et j'ai du mal à savoir si la mutilation du héros, et son fou rire mal joué, avaient aussi pour but d'être drôles.
Il y a un peu de gore, mais rien de bien marquant, et ce n'est même pas le maître qui s'est chargée des effets spéciaux de sa partie.
La fin est étrange, j'ai eu une impression d'incomplétude avec cette histoire, et je ne sais pas où on voulait en venir.
A noter que Debbie Rochon joue dedans, c'est une habituée des séries Z et des Troma, mais comme d'habitude je ne l'ai pas reconnue, et même en regardant ses photos sur IMDB j'ai du mal à croire que ce soit la même personne sur chacune.


Vient ensuite "Vision stains", sûrement le court le plus éprouvant parmi ceux formant The Theatre Bizarre.
Il y est question d'une femme qui tue des junkies ou des clochardes et vole le liquide dans leurs yeux ! Et on les voit se vider en même temps ! Déjà que s'en prendre aux yeux dans un film, c'est affreux, il y avait en plus de quoi mettre mal à l'aise ceux n'aimant pas les piqûres.
L'idée que le personnage récupérait ainsi les souvenirs de ses victimes me plaisait, jusqu'à ce qu'au mystère soit substitué une explication qui était quelque chose comme "j'ai trouvé une façon de récupérer les souvenirs, il suffit d'une simple intervention chirurgicale, etc..." qui brise tout le charme. Heureusement l'idée que ce soit parce que toute la vie de quelqu'un défile devant ses yeux sauve le coup.
L'héroïne ne vit que pour écrire les mémoires de ces femmes, et le fait dans des conditions similaires aux leurs : elle a des habits vieux et dégoûtants, et est entourée par la saleté.
Je voulais voir où allait mener tout ça, on ne pouvait tout de même pas simplement voir quelqu'un voler les souvenirs d'autrui. Le changement qui survient reste inexpliqué et issu de nulle part ; à en croire ce qui nous est dit il n'est pas nouveau pour l'héroïne, alors même qu'il nous est resté inconnu jusque là. Et le mot de la fin n'a aucun sens dans ce contexte, à croire qu'elle a été piquée ailleurs juste afin d'avoir une conclusion, pour faire bien. "Je vois plus clairement que jamais", mais de quoi parle-t-elle ?
Et il y a le début d'une musique rock pour finir, complètement inutile.


La dernière partie, "Sweets", est réalisée par David Gregory, qui jusque là dans sa carrière ne s'était occupé pratiquement que d'écriture et de montage de documentaires et de bonus pour d'autres films. J'avais donc quelques doutes sur la qualité de sa partie. Et j'avais tort.
C'était le segment le plus délirant du film, dès le départ on comprend être dans une dimension autre avec tous ces bonbons pourris étalés dans une pièce, avec d'un côté cette femme immobile qui tient fermement sa glace qu'elle laisse fondre dans sa main, et de l'autre cet homme qui surjoue quand il supplie sa compagne de ne pas le quitter. Le moins que l'on puisse dire, c'est que David Gregory et Buddy Giovinazzo ont deux façons bien différentes et intéressantes de mettre en scène une rupture.
Le réalisateur du documentaire Ban the sadist videos et de No flesh shall be spared se crée un monde particulièrement inventif et amusant, aux couleurs aussi farfelues et flashy que celles d'une gamme de bonbons.
Bien que scénaristiquement ils n'apportent pas grand chose, les flashbacks qui entrecoupent la séparation, et qui présentent le couple passant des moments privilégiés où les scènes sensuelles habituelles sont détournées pour y inclure des friandises diverses, façonnent un univers loufoque tout à fait attachant.
Même si l'ambiance change après dans le club privé où des gens apparemment hypes et hautains se délectent de mets extravagants aux couleurs aussi artificielles que celles de produits de démonstration, l'idée est la même, et toujours aussi plaisante.
Il n'y a que le dénouement qui est trop classique.
J'avais demandé à David Gregory s'il comptait continuer dans la fiction, et finalement j'espère qu'il va vraiment le faire.


La conclusion des morceaux de transition Jeremy Kasten est trop attendue, mais pas dérangeante.
Je suis satisfait de ce The theatre bizarre finalement, il partait mal mais en réalité le plus mauvais se trouvait juste au début.
J'aurais voulu parler un peu aux réalisateurs après avoir vu le film, il y avait Buddy Giovinazzo à proximité quand je suis remonté, mais il y avait Douglas Buck à côté, et ça n'aurait pas été aimable de dire à l'un que son sketch était mon favori. Tant pis, je les ai laissés à leur discussion.
Je me souviens qu'il y a deux ans, à chaque séance avec Uwe Boll, il était là au début pour présenter le film et à la fin pour un échange de questions et de réponses. C'est bête que cette fois-ci, avec autant d'invités pour The Theatre Bizarre, ceux-ci n'aient servir qu'à introduire le film, certains ne sachant même pas quoi dire, et que la séance d'après ait débuté seulement quelques minutes après que celle-ci se soit terminée, ne laissant donc absolument pas le temps pour qu'il y ait un débat.


Metaluna productions souhaite en faire une suite, avec des réalisateurs français si possible. Pourquoi pas, je n'ai rien contre, mais je n'en suis pas excité non plus, ça peut toujours être mauvais cette fois-ci aussi ; les films à sketchs sont très hasardeux.

Bande-annonce VO :