mardi 18 octobre 2011

Red state


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Kevin Smith
Année : 2011
Genre : Thriller / Horreur
Acteurs principaux : Michael Parks, John Goodman, Kyle Gallner, Kerry Bishé
Résumé : Trois jeunes pensent avoir trouvé un bon coup sur internet, et ils se rendent à un lieu de rendez-vous où il s'imaginent avoir droit à une partie à quatre avec une femme, sans se douter qu'ils tombent dans le piège d'un groupe de fanatiques réligieux.

Avis sur le film :
J’aurais pu voir ce film à Cannes.
Evidemment à l’entrée de la salle, ils se préoccupaient plus de contrôler si vous aviez un badge d’acheteur, plutôt que du nombre de fois que vous aviez vu Clerks.
Certes en arrivant au festival, je n’avais aucune idée que le dernier film de mon réalisateur fétiche y serait projeté, et pourtant j’avais dans ma valise son livre "My boring-ass life" que l'on m'avait offert, et je pense que c’est assez significatif.
J’étais allé à Cannes sans trop me soucier de la programmation, je ne savais même pas si je pourrais aller au Marché du film, et avec le nombre de projections supplémentaires que cela comprend, je n’aurais de toute façon pas pu tout vérifier. J’y étais allé en me disant que je déciderai sur place quels films j’irai voir. Mais le premier jour, en patientant dans la file d’attente pour Porfirio, quand pour passer le temps j’ai lu le programme du Marché du film et y ai vu qu’il y avait Red state, c’est devenu LE film à voir.
Heureusement, m’étais-je dit plus tard, qu'à ce moment là je n’avais rien eu d’autre à faire que de consulter ce programme. Et heureusement que, le lendemain, j’ai pu constater qu’il fallait des invitations pour se rendre à une séance du Marché.
J’avais donc essayé d’en obtenir une pour Red state le matin de la projection, seulement bizarrement on en obtenait moins facilement que pour Yakuza weapon ou Birthday (ne cherchez pas ce dernier sur google, on n’en trouve aucune image, et ça me surprendrait si un jour un éditeur ose sortir ce truc en DVD).
Je n’ai plus eu qu’à souhaiter que je puisse accéder à la salle une fois en face, peu avant la séance. Pour ne pas m’ennuyer en attendant, j’étais allé voir Birthday. Ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’à mon retour il y avait plus de gens qui voulaient entrer que la petite salle d’une quarantaine de places passant Red state ne pouvait en contenir, sachant en plus que des acheteurs étaient déjà entrés.
Et il fallait ce fichu badge bleu pour accéder à la projection. Même la presse n’avait pas la priorité pour rentrer.
J’ai patienté, mais bien sûr, contrairement à l’abominable Birthday, qui n’avait pas non plus attiré une telle foule, personne n’est sorti au bout de cinq minutes. J’ai eu beau attendre 30mn après que la projection ait commencé, même là, alors qu’il ne restait plus que moi et un homme qui avait demandé en blaguant lorsqu’il était arrivé « donc si les 5 personnes devant moi meurent, je peux entrer ? », et que deux personnes dans la salle sont sorties, je n’ai pu voir les deux tiers restants de Red state car c’est à ce moment là que l’ouvreuse m’apprit que, même là, il me fallait un badge ou une invitation. Et la femme représentant la société qui organisait la projection du film, et que j’avais vue tenir des invitations lorsqu’elle était encore là, était désormais partie.
Donc deux acheteurs sont passés devant moi et sont entrés à ma place.

 
J’étais bien entendu dégoûté, mais finalement pas tant à cause du film lui-même, mais parce que je m’étais fait avoir ainsi.
Je voulais vraiment voir Red state, mais surtout parce qu’il s’agit d’une œuvre de Kevin Smith, car le film en lui-même ne se présentait pas si bien. Le réalisateur du mythique Clerks a pas mal déconné ces temps-ci, il a cassé du sucre sur le dos de Bruce Willis qu’il avait fait jouer dans Cop out, et s’était mis en tête que si ce dernier film avait été autant démoli par la presse, c’était parce que les critiques peuvent assister à des projections sans avoir à payer et, ainsi, n’ont aucune considération pour ce qu’ils vont voir. Il n’est pas venu à l’esprit de Smith, un peu comme Eli Roth avec son Hostel, que son film était simplement mauvais, et même au point qu’il s’agisse du seul qui fasse une grosse tache bien sale sur sa filmographie.
Donc Smith a annoncé qu’il arrêtait sa carrière de réalisateur, mais qu’avant il allait distribuer Red state lui-même, ce qui explique que le film n’ait été présenté que de façon éparse à travers les Etats-Unis, lors de projections spéciales ou dans des festivals.
Il a donc fallu que j’attende qu’il soit disponible en vidéo à la demande pour voir ce film dont les avis qui ont suivi les premières projections m’ont encore plus inquiété, déjà que l’idée que Kevin Smith se mette au film d’horreur me semblait une mauvaise chose.

 
La nouvelle affiche précise "An unlikely film from that Kevin Smith", comme pour nous dire que, non, on ne s'est pas trompé, c'est bien du même Kevin Smith qu'on parle.
C'est sûr que ça change de ce qu'il fait d'habitude, c'est recherché, on voit que Kevin Smith a voulu se détacher autant que possible de ce qui peut être mis en lien avec sa notoriété. Il donne l'impression de vouloir repartir de zéro, et faire comme s'il était un amateur.
On retrouve pourtant de nombreuses têtes connues, même si ce n'est pas dans les rôles principaux dans tous les cas : Michael Parks (le sheriff McGraw des films de Tarantino et Rodriguez et qui, ironiquement, a joué Adam dans La Bible de John Huston), Stephen Root (Milton dans Office space, film culte aux USA), Patrick Fischler (Mulholland drive), Damian Young (Californication), Kyle Gallner (remake de Les griffes de la nuit), et pour les habitués de Smith, Betty Aberlin (une nonne dans Dogma, déjà), et Jennifer Schwalbach Smith, même si le réalisateur s'est détaché de ses acteurs habituels les plus connus. Pas de Jay & Silent Bob, bien entendu.
L'intention de Kevin Smith n'en est pas moins claire, dès les titres du début qui auraient pu être faits sur Windows movie maker, ensuite dans le film la caméra tremble, l'image est grisâtre, tout fait amateur. Le chaos du montage qui rend certaines images difficiles à discerner, et la cohue des paroles qui s'accumulent trop vite participent aussi à donner un air de cinéma pris sur le vif comme le ferait quiconque avec une caméra DV à la main qui filmerait le réel.
C'est cette impression que cherche à donner Smith, même si on sait que c'est de la fiction, et on n'arrive pas non plus à nous donner l'illusion du contraire.
La scène de classe me fait penser à celle de Scream 2, dans le sens où j'ai ressenti exactement la même facticité. La prof se montre familière et se permet de blaguer plusieurs fois avec les élèves, ces derniers prennent des libertés durant le cours et leurs réflexions personnelles du genre "they're assholes" sont prononcées à haute voix de façon à devenir le sujet sur lequel l'enseignante dérive. On ressent trop fortement que tout est écrit, avec pour intention précise d'amener à un but unique : expliquer aux spectateurs qui est ce fameux "Abin Cooper".
Et il faut savoir que tout cela s'enchaîne très rapidement, en moins de deux minutes peut-être, ce qui rend encore moins crédible ce qu'on voit.
Evidemment, dans la scène d'après, quand les trois jeunes s'imaginent aller se taper un coup qui, comme par hasard, se trouve justement près du lieu où Abin Cooper habite, il n'y a aucune surprise.

 
Alors que jusque là, Kevin Smith avait toujours fait le plus simple possible dans sa mise en scène, dans Red state il y a des partis pris pour certains plans, ce qui est complètement inédit avec ce réalisateur. Il essaye de nouvelles choses, des caméras fixées face à un comédien, des plans un peu plus construit, etc...
Mais à vouloir donner plus de style à sa réalisation, des fois il s'égare ; je prends pour exemple ce flashback inutile quand le sheriff parle de son accident, qui ne nous montre que les images qu'on a déjà vu juste quelques scènes auparavant. Ca fait croire que Kevin Smith est revenu en arrière non pas seulement en donnant l'air de faire un film un peu fauché, mais aussi par rapport à sa mise en scène, qui fait des erreurs qu'on ne trouverait pas dans une réalisation qui se trouverait dans la moyenne.
Enfin, ce flashback est inutile mais relève surtout du cliché, et il y a bien pire que cela, je pense à cet irrespect de la règle des 30° vers la fin du film, où l'on voit John Goodman en gros plan et soudain on a l'impression que l'image saute, et que le décor derrière lui n'est plus le même, alors que la caméra a juste légèrement changé de position. Kevin Smith n'ayant jamais vraiment suivi de formation pour être réalisateur, peut-être qu'une fois qu'il veut perfectionner son travail il en oublie des choses, comme de bouger suffisamment la caméra sur le tournage pour le bien du montage après. J'allais dire "La faute est peut-être aussi celle du monteur", mais c'est Kevin Smith aussi. Je me demande pourquoi il n'a pas inséré un contre-champ entre les deux plans, pour que le raccord passe.
Au moins, durant la séquence du monologue, Smith sait comment monter et varier les plans pour éviter la lassitude.

 
J'ai tendance à favoriser des œuvres dès qu'il y a un message fort, et subversif. Parfois il en suffit d'un seul suffisamment puissant pour me faire carrément adorer.
Dans Red state, ce message arrive avec le monologue de Michael Parks.
Seul Kevin Smith pouvait faire ça, à ma connaissance c'est le seul cinéaste qui croit en dieu, qui connaît bien la Bible, mais qui a un regard sérieusement critique envers la religion et qui ose placer ses reproches envers cette institution dans ses films.
Des gens ont manifesté pour cette comédie qu'est Dogma, et si Red state avait été diffusé de façon courante, je me demande à quel point certains en auraient été retournés.
Le personnage d'Abin Cooper est quelqu'un qui lui aussi connaît par cœur les textes saints, mais en a une vision pervertie. Et en même temps, même si ce qu'il prône va à l'encontre de ce qui est politiquement correct ou sain, il y a une logique dans la vision qu'il a de Dieu, il a les preuves pour soutenir ce qu'il pense, et il justifie ce qu'il fait par des passages qui sont tout simplement dans la Bible, ce qu'aucun chrétien ne peut contester.
Et évidemment ça requiert une bonne connaissance des textes religieux pour faire ça, donc heureusement que Kevin Smith est là.
Je m'étais dit que l'explication de Cooper sur son droit à tuer les homosexuels, s'appuyant sur le fait qu'il les voit comme des "insectes", était facile, mais finalement là aussi il s'appuie sur la Bible.
Sa justification pour le piège sur internet est plus faible, mais elle est soutenue par cette idée géniale : "sheeps among wolves".
On croit qu'il y a une faille dans leur système de pensée quand l'un des leurs meurt, mais là encore le culte a dans ce cas-là une justification. Elle fait d'ailleurs penser à celles que peut trouver un prêtre normal quand il doit expliquer pourquoi quelqu'un de bon a été emporté prématurément, et faire en sorte que ça n'entre pas en contradiction avec l'idée qu'un comportement en adéquation avec la religion protège de la colère de Dieu.


J'aime les films d'horreur. J'aime Kevin Smith. C'est pour ça que le mélange des deux m'effrayait.
Je m'inquiétais pour la partie "épouvante", Smith n'étant pas connu comme un amateur de ce genre. On connaît tous des gens qui y sont extérieurs et qui en ont une vision corrompue, croyant assister à quelque chose de fabuleux là où ça a en réalité été déjà fait des centaines de fois. Je craignais que Smith fasse pareil en réalisant son film. En fait pas du tout, il échappe à tout ça, à part peut-être quelques effets en CGI ; mais aussi après tout Red state est plus un thriller qu'un film d'horreur.
Et par la suite, le réalisateur de Clerks offre un spectacle intense et très pessimiste.
Face aux fanatiques religieux, il place des agents du gouvernement, qui eux sont également montrés sous un jour peu favorable.
Ils ne sont pas là pour incarner le bien face à des fous de Dieu qui tuent les pécheurs. Smith ne place dans son film aucun jugement qui soit supérieur aux deux groupes.
Vers la fin, quand on croit venir voir l'Apocalypse, j'aurais aimé voir Dieu sortir des cieux et foudroyer Cooper et sa famille, ça aurait été un WTF hilarant, mais on n'y a pas droit. Il n'y a aucune intervention divine ou venant tout simplement d'une force supérieure pour dire qui a raison et qui fait ce qu'il faut, si jamais c'est le cas d'un des deux groupes. En tant que personne "censée" du 21ème siècle, on se dit que Cooper et compagnie se trompent, mais par rapport à qui et à quoi ? Par rapport à la Bible par exemple, ils ne sont pas tant dans l'erreur.
Je pense que la confrontation entre les fanatiques et les représentants du gouvernement cherche simplement à ne donner raison à personne, ce qui ne veut pas dire non plus que la raison ne se trouve nulle part ; et c'est bien plus fort que si Kevin Smith avait pris position de façon manichéenne.

Red state n'est pas exempt de défauts, mais je l'ai trouvé puissant.

Teaser VO :
C'est la première vidéo parue, autant dire qu'on ne comprenait rien à ce qu'on voyait. En ayant vu le film, ça aide un peu.


Bande-annonce VO :

mercredi 12 octobre 2011

The human centipede (First sequence)


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Tom Six
Année : 2009
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Ashley C. Williams, Ashlynn Yennie, Akihiro Kitamura, Dieter Laser
Résumé : Deux jeunes femmes en voyage en Allemagne se rendent à une fête, mais leur projet se voit gâché par un pneu crevé. Au milieu de nulle part, elles cherchent à contacter un dépanneur, et trouvent une maison isolée depuis laquelle elles comptent téléphoner. Mais la demeure n'est pas située en pleine forêt pour rien, son propriétaire est un ancien chirurgien qui préfère garder secrète son expérience. Il compte créer une chenille humaine, et vient de se trouver deux nouveaux cobayes.

Avis sur le film :
Alors qu'on pourrait croire le contraire, lorsque j'ai vu le trailer pour The human centipede, ça ne m'avait pas intéressé de regarder ça, car j'y voyais un de ces films qui misent tout sur une idée-choc très forte pour attirer le public, et se reposent en quelque sorte sur leurs lauriers, en n'apportant rien de plus une fois posé le concept de base.
Le buzz a pris de l'ampleur ensuite, mais je n'étais toujours pas intéressé.
A la même époque, il y avait A Serbian film, et j'avais l'impression que les deux étaient présentés en duo comme les nouveaux films complètements malades à voir. A ce que j'ai lu sur le forum Nanarland (section cinéma non nanar), ils avaient même été présentés ensemble pour une projection presse. Je me demande encore si à une époque, quelqu'un a eu la folle idée de les sortir en salle chez nous, à moins que ça se soit passé dans un autre pays.
J'ai choisi de voir A Serbian film, qui avait l'air plus intense ; The human centipede me semblait plus cheap, et visant surtout les âmes sensibles qui n'y connaissent pas grand chose au cinéma d'horreur et s'excitent dès qu'il y a un truc qui sort de l'ordinaire.
Des phrases amusantes sur IMDB du genre "Who's eating more poo, the audience or the actors?" me confortaient dans mon avis.
Plus récemment, j'ai été lassé de voir toutes ces news sur The human centipede 2, et la nouvelle affiche a été le déclencheur qui m'a poussé à voir le 1.


On peut voir une certaine symbolique dans la scène d'introduction : nous avons d'abord un traveling sur l'autoroute, mais la caméra s'en détache pour filmer une petite route à part, représentation de ce film qui veut sortir du lot mainstream ? Et ce rai de lumière passant à travers les arbres pour atteindre la voiture du chirurgien, est-ce un hasard ?
Je cherche peut-être un peu pour rien, le film ne semblait pas de prime abord bien malin : le type qui fait défiler les photos de son "doggy centipede" de sorte à ce que le spectateur voie une évolution, par exemple. Et puis il y a ces redondances du cinéma d'horreur, comme le vieux étranger qui passe par là et qui, comme par hasard, est un pervers, ou la classique maison perdue en pleine forêt.
Plus tard, une des femmes m'a semblé sotte, car plutôt que de courir chercher les secours, elle traîne le corps de sa copine très lentement et en expirant fortement sous l'effort, alors que le docteur Heiter est encore quelque part dans les parages.
Le plus inapproprié est le plan où le médecin lèche le sang par terre, vers la fin du film, ce qui m'a déçu car jusque là tout était si bien.
Dans le même genre, il y a la jouissance du médecin quand il injecte l'anesthésiant à sa victime, comme si c'était une domination devenue sexuelle, mais j'ai apprécié ce détail.
Et dans les petites attentions plaisantes, il y a les deux amies qui se serrent la main une fois qu'elles font partie du mille-pattes, trouvant là une façon de se soutenir sans ne pouvoir rien dire.


Effectivement, malgré des débuts un peu trop stéréotypés et les mauvaises préconceptions que j'avais sur le film, celui-ci a été une surprise.
Tout ne se résume pas à l'élaboration du mille-pattes humain, il y a suffisamment d'éléments d'intérêt avant et après.
La présentation de la transformation était pourtant un moment fort : quand le docteur Heiter expose son plan à ses sujets à l'aide d'images projetées sur un écran, on voit que tout est parfaitement prévu, il a pensé à tout ; c'est génial. En plus de cela, à l'hilarité que peut provoquer ce projet de malade, s'ajoute la terreur, avec la torture qu'est la présentation, sous forme d'exposé qu'on pourrait faire à l'école, de cette transformation, à ceux qui vont en faire les frais. Ils crient, ils se débattent, alors qu'ils ont chaque membre lié à un lit d'hôpital. Rien que cette position est désagréable et affreuse vu la situation.
C'est ce mélange d'horreur et de plaisir que j'ai déjà trouvé délectable.

 
Plus d'une fois, le film m'a fait frémir, par dégoût et/ou amusement.
Moi qui n'aime pas les piqûres et qui me souviens encore des perfusions qu'on m'a fait, dont je détestais rien que l'idée d'avoir un truc planté dans le bras comme une extension qu'on devait trimballer partout avec précaution, j'ai été bien ébranlé par la scène où une des filles arrache sauvagement sa perfusion, s'entaillant au passage.
C'est fou, mais j'ai stressé pour elle lors de la poursuite dans la maison. En plus son sang coulait. Une fois dans la piscine, j'avais carrément peur car je m'attendais à ce qu'elle se prenne l'aiguille de tranquillisant dans l'œil. C'est ce qui pouvait arriver avec le caractère imprévisible de ce fou furieux de chirurgien, mais aussi le risque qu'il vise mal. La fille se retrouve piégée dans l'eau, sa seule façon de s'échapper, un bref instant seulement, c'est de plonger. Et elle le fait, elle saisit cette occasion d'avoir l'illusion pendant un moment de pouvoir fuir l'inévitable. Mais là encore, sous l'eau, on voit toujours le docteur avec son fusil ; il pouvait encore tirer, et la flèche aller on ne sait où. Je m'attendais à voir une munition arriver soudainement pour crever l'oeil de cette pauvre femme.
Et ce vicieux de chirurgien, il actionne le volet qui vient recouvrir la piscine. Et il raconte qu'il va faire à cette inconnue la même chose qu'avec un de ses chiens qui, sait-on pourquoi, a voulu échapper à l'opération au dernier moment, à savoir qu'il va la placer au milieu du mille-pattes.

Le docteur Heiter dit "I hate human beings", ainsi on se demande pourquoi il passe avec douceur ses doigts dans les cheveux d'une des captives pour la réveiller. Ce que je m'imaginais est confirmé plus tard, c'est-à-dire qu'il commence à voir les trois êtres humains choisis pour son expérience comme des animaux, enfin, plutôt "un" animal.
"My sweet centipede", dit-il avec tendresse plus tard, caressant son nouvel animal de compagnie.
Il le dresse comme un chien, et les trois membres du centipede se voient obligés de se soumettre, car ils sont en position d'infériorité, et ne peuvent pas s'échapper ou se défendre. La punition est rude également, par exemple, mécontent de ne pas pouvoir dormir à cause des gémissements, le docteur a l'idée de faire subir une nouvelle opération au mille-pattes pour lui retirer les cordes vocales.
Le maître ne connaît pas le nom de chaque personne qui constitue son centipede, et en fait il s'en fout, la dernière il la nomme "end section", et après tout autrement ce serait comme si on donnait un nom à la patte arrière gauche de son chien, non ?


The human centipede est dérangeant par son sujet, mais bien plus horrible que je l'imaginais, car c'est viscéralement qu'il s'attaque au spectateur, faisant ressentir la souffrance de la chair de chacune des victimes.
C'est déjà douloureux de s'imaginer trois personnes se mouvoir en étant reliées "ass-to-mouth" (nouvelle définition du terme), mais le film nous montre aussi comment faire monter un escalier à un human centipede.
Normalement, il y a un truc qui cloche dans le plan du docteur, et c'est le fait que sa créature est polycéphale, chaque corps relié ayant sa volonté propre et dirigeant chacun deux paires de membres. Malgré tout, il faut qu'ils trouvent une solution pour faire passer des indications de mouvements et de directions. C'est compliqué pour deux des personnes parce qu'elles ont un cul dans leur bouche, et pour la troisième parce qu'il est un japonais qui ne parle pas la même langue que les deux américaines qui lui collent au cul.


Je me suis fait la réflexion vers le milieu du film, mais The human centipede est un film d'horreur moderne efficace avec une musique très effacée (je le voyais comme un défaut au départ), pas de jump-scares merdiques, et relativement peu de sang. Je n'attendais pas du tout cela de ce film, mais il marque vraiment la différence avec tout ce qui m'exaspère dans la plupart des long-métrages d'horreur de nos jours, qui croient qu'il faut toujours en faire des tonnes pour surpasser les autres, mais en utilisant les mêmes vieux procédés.
The human centipede va plus loin, mais sans nous balancer de gros trucs en pleine face ou nous briser les tympans ; il va plus loin en s'en prenant au spectateur à un autre niveau, et j'ai aimé la façon dont il m'a fait me sentir mal.
J'ai plutôt hâte de voir le 2 maintenant.

PS : Comme je m'en doutais, il n'y a rien à voir avec A Serbian film. Les deux films n'ont pas le même but.

Bande-annonce VO :

dimanche 9 octobre 2011

Night of the demon


Fiche du film :
Réalisateur : James C. Wasson
Scénaristes : Jim L. Ball, Mike Williams
Année : 1980
Genre : Horreur
Acteurs principaux : William F. Nugent, et euh... on sait même pas, il y a des rôles non attribués sur IMDB, et les acteurs principaux au générique du début du film ont juste leur nom et non celui de leur personnage.
Résumé : Un professeur et quelques uns de ses élèves se rendent dans une région où plusieurs personnes ont été portées disparues ou ont été retrouvées massacrées. Des empreintes de pas et une vidéo laissent à penser qu'il y a un Bigfoot dans les environs, mais les autorités ne font rien.
Accompagnés de la fille de la dernière victime en date, ils vont essayer de tirer les choses au clair.

Avis sur le film :
Pour moi Night of the demons (avec un "s" à la fin), c'était une trilogie où une bande de jeunes allaient dans un lieu hanté et se faisaient attaquer par une sorcière, quelque chose comme ça. J'étais tenté de regarder le premier de la série, et en voyant sur IMDB que le Angry video game nerd avait fait une vidéo à ce sujet, je suis allé voir ça. En réalité il se concentrait sur un film presque homonyme qui était sorti en 1980 : Night of the demon, au singulier. Les autres films, il ne faisait que les citer, tout comme pour le Night of the demon de 1957 réalisé par Jacques Tourneur.
C'est avec plaisir que j'ai découvert la version de 1980, où il est question d'un bigfoot meurtrier. Ca avait l'air complètement dingue, j'ai immédiatement eu envie de le voir.


J'ai vu peu de vrais films Grindhouse, mais il suffit de voir le début de celui-ci pour savoir que c'est un de ces bons vieux films d'exploitation.
Il suffit même d'écouter cette musique d'ambiance issue des tréfonds des 80's que l'on entend dans les moments tranquilles sans Bigfoot, une sorte de musique qu'on achète en cassette pour quelques dollars dans un bac de supermarché. Elle creuse un peu plus l'écart entre ce film et ceux plus sérieux et mainstream de la même époque, qui bénéficient de vraies compositions musicales.
Les scénaristes ont tout de même voulu donner à leur film plus de classe en ayant l'air d'avoir une structure quelque peu complexe, ainsi nous commençons par la fin, et pratiquement tout le reste est un énorme flashback concernant les péripéties du professeur et ses élèves.
Mais comme ils ne sont pas nombreux, ça réduit le nombre de victimes. Les solutions pour en tirer un peu plus de Bigfoot, c'est d'abord une vidéo amateure retrouvée dans les bois où l'on voit un type en costume poilu passer rapidement devant la caméra, ce qui suffit quand même aux élèves pour qu'ils s'écrient tous "ooooooh", et ensuite ce sont les flashbacks dans les flashbacks (un peu comme Le grand détournement ; "tu veux que je te raconte un souvenir ?").
Le professeur raconte aux élèves ce qu'il est arrivé à telle ou telle personne, ce qui permet au film de prendre le relais en montrant aux spectateurs ce qu'il s'est passé.
Autant en profiter au maximum : tant qu'à se servir de flashbacks pour nous montrer de la tuerie, mettons-y une scène de sexe aussi.
Les premières victimes présentées sont donc un couple qui fait l'amour dans un van. Déjà que le procédé est gratuit, on s'attarde sur l'activité à laquelle ils s'adonnent avant de faire arriver Bigfoot.


Pour les passages sanglants aussi, le réalisateur James C. Wasson souhaite tirer le maximum de ce qu'il a. Tout comme la scène de sexe, le décès d'un personnage se prolonge, le jeune homme massacré par la créature se retrouvant sur la vitre du van où il glisse aussi lentement et longuement que le sang coule autour de lui. Et plusieurs fois, nous alternons avec un contrechamp de la copine du personnage, qui crie mollement et par intermittences, sans ne rien faire d'autre, comme fuir par exemple.
Il faut garder en tête qu'ajouté à cela, il y a la musique d'angoisse vue par l'équipe de Night of the demon, à savoir une sorte de test d'orthophoniste. Vous savez, le genre où se succèdent des sons plus ou moins aigus pour tester notre ouïe.
C'est pire encore plus tard dans le film, quand la bande-son ne ressemble plus qu'à une sirène de pompier. Et pourtant, parmi les compositeurs, il y a l'inconnu Stuart Hardy mais aussi Dennis McCarthy, qui a travaillé sur la musique de plusieurs Star trek.
Concernant ces flashbacks, il y a la même formule plus tard, avec cette fois un type qui passait près de la forêt en moto. Lui aussi, même mourant, est assez patient pour arranger le caméraman, puisqu'il reste debout, immobile, devant son deux-roues, le temps que la caméra puisse effectuer un panoramique vertical sur le sang qui coule.
Il faut croire que James C. Wasson, tout content des effets et maquillages dont il a pu disposer, a voulu en profiter autant que possible, n'osant pas trop couper.
Et à chaque fois, c'est toujours le professeur qui, une fois que le groupe est arrivé en un lieu nouveau, dit quelque chose comme "oui, ça doit être ici qu'il y a quelques temps on a retrouvé un corps...", après quoi le film se sert d'un flashback pour donner à voir un meurtre supplémentaire.
Cela doit arriver au moins 4 ou 5 fois dans le film.


Heureusement, pratiquement chaque meurtre est très fun. Le moins amusant doit être une gorge tout simplement arrachée, mais en dehors de cela le film se montre très imaginatif : Bigfoot qui arrache un pénis, qui met la tête d'un homme dans un poêle, ou qui fait tournoyer quelqu'un tandis qu'il est dans son sac de couchage. Ce dernier cas fait penser à Vendredi 13 chapitre 7, à la différence près que ce dernier avait subi les restrictions de Paramount, alors que Night of the demon, fait en dehors des grands studios peu audacieux, se permet plus de violence. Et voir la créature faire tourner au dessus de sa tête ce pauvre infortuné est ridicule et à pleurer de rire.
Et pour ce qui est du meurtre le plus bizarre, c'est sans aucun doute celui où l'homme-singe oblige deux girls-scouts à se poignarder entre elles. On se demande déjà ce qu'elles font avec des couteaux à la main depuis leur apparition.
Night of the demon, c'est un peu tout ce que personne n'avait osé montrer sur Bigfoot. Le monstre n'a d'ailleurs pas eu tant de films que ça le mettant à l'honneur, il faut dire qu'il n'a pas grand chose de plus qu'un autre monstre, mais c'est en lui attribuant des capacités nouvelles que les scénaristes du film en question le rendent intéressant.
Ils se fichent de ce que peut faire ou non une créature primitive, et c'est justement l'incongruité et l'impossibilité que la bêtise de l'animal coïncide avec ce qu'elle effectue qui rend amusant le fait que Bigfoot se serve d'une hache, d'une fourche, et soit capable d'attacher un cadavre la tête en bas en ayant fait un nœud complexe.
Et toujours dans les curiosités concernant le monstre : il viole quelqu'un, et des hommes lui vouent un culte pour ne pas subir sa colère.


On ne voit pas bien Bigfoot avant la fin du film ; en fait il semblerait que les scénaristes, en plus du récit non chronologique, aient aussi voulu donner plus de style à leur oeuvre en faisant attendre la toute fin pour présenter fièrement le "démon" du titre.
La preuve en est aussi que le maquillage de la créature telle qu'elle nous apparaît à la fin n'est pas le même que celui très sommaire qu'on pouvait apercevoir brièvement auparavant.
Même si la caméra et le montage faisaient tout pour éviter qu'on voie son visage, dans la scène avec les scouts il était possible de le voir rapidement. En guise de visage, le monstre avait un masque inexpressif, ce qui explique qu'on ait voulu nous le cacher.
Enfin ça n'explique pas tellement la différence entre les deux maquillages.
Il y a aussi un bébé Bigfoot mort, et lui, ses ossements, dont en réalité on ne voit qu'un crâne plus proche de l'animal que de l'humain, n'ont rien à voir avec le bébé qu'on avait vu avant.
Evidemment, c'est les apparitions du démon qui sont les plus amusantes, et en réalité entre chacune d'elles il n'y a que des passages à vide et des discussions peu intéressantes, bien qu'on ne s'ennuie pas tellement non plus.
J'y vois surtout un remplissage.
La fin fait payer aux personnages leurs conversations trop anodines : ils se retrouvent tous coincés dans une pièce, à la merci de Bigfoot ; c'est le massacre.
Toute la séquence est au ralenti, et la musique, comme le monstre, se lâche complètement, elle n'est plus qu'une cacophonie qui fait penser que les compositeurs ont enregistré quelqu'un jouant n'importe quoi à la trompette, et ont ensuite fait encore plus n'importe quoi sur la table de mixage.
A part ça, il faut reconnaître que le film n'est tout de même pas trop mal filmé, il y a juste quelques maladresses. Je pense à ce gros plan des doigts de deux personnages qui touchent une même pièce d'échecs durant une partie ; on voit là une tentative d'imiter un cliché de la scène romantique, mais mal reproduit. Et pourquoi ne se toucher que du bout des doigts et, une fois que c'est fait, les immobiliser totalement ?
Il y a aussi les plans de nuit, où l'on ne voit pas grand chose, à se demander comment certains personnages peuvent arriver tout d'un coup et remarquer immédiatement qu'un de leurs compagnons a été blessé au dos.
Les acteurs quant à eux, même si pour la plupart Night of the demon est le seul film dans lequel ils aient joué, se débrouillent bien. Il doit n'y en avoir que deux qui ont eu une carrière dans le cinéma à côté : Michael Cutt, qui a eu des petits rôles dans Volcano ou Le collectionneur, et Jennifer West, qui a fait du porno.


Les scénaristes paraissent aussi avoir voulu faire quelques efforts en donnant une histoire et des intentions précises à Bigfoot : il voulait une progéniture pour ne pas que sa race disparaisse, et quand le groupe arrive sur son territoire l'un des personnages fait remarquer que la créature a tenté de les effrayer, sans quoi elle les aurait tués. L'un d'eux laisse à penser que le monstre a un plan qui leur est inconnu, mais cette éventualité est effacée quand ils se font tous lapider ; c'est dommage.
A la fin, le seul survivant prévient qu'il faut arrêter Bigfoot sans quoi il recommencera, mais personne ne veut le croire. Le démon est donc encore en liberté, et en plus de ça via ce personnage on nous dit clairement qu'il y aura d'autres victimes. Si ce n'est pas une conclusion malsaine, ça...
Il aurait fallu une suite à Night of the demon, en fait. Peut-être une trilogie à la Romero, avec "Dawn of the demon" et "Day of the demon".
J'espère un jour pouvoir faire la suite de ce film.

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