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jeudi 28 janvier 2010

Watchmen, les gardiens


Fiche du film :
Réalisateur : Zack Snyder
Année : 2009
Genre : Fantastique / Thriller / Action
Acteurs principaux : Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Malin Akerman, Billy Crudup, Jeffrey Dean Morgan, Matthew Goode
Résumé : En 1985 dans un monde alternatif, alors que les tensions entre les USA et l'URSS sont à leur comble, le Comédien, célèbre justicier masqué américain, est assassiné. Son ancien collègue Rorscach, un Watchman, soupçonne un "tueur de masques".

Avis sur le film :
Depuis 1986 cette adaptation du comic-book de Moore et Gibbons avait été prévue, avec plusieurs scripts par Sam Hamm et des réécritures de Charles McKeown, mais le budget nécessaire était encore loin d'être obtenu pour réaliser une adaptation fidèle d'une histoire réclamant tant de moyens.
En 2006, Zack Snyder réalise 300, adaptation d'un comic de Frank Miller, et a impressionné le studio Warner Bros qui le choisit pour mettre en images Watchmen, avec un scénario ré-écrit par David Hayter et Alex Tse.


L'univers incroyablement riche des Watchmen a été dillué en 3h de pellicule, il y avait bien sûr des choses à modifier voire retirer, mais l'esprit du comic book est bien présent.
Le film s'avère être incroyablement fidèle, que ce soit concernant l'histoire, les décors, personnages et répliques. Une grande attention est portée aux moindres détails, ceux présents dans le comic comme les enseignes du Gunga Diner ou la publicité pour le parfum de Veidt, mais également quelques petites allusions comme la présence de l'ouvrage de Moore et Gibbons dans la maison du Hibou.
La fidélité a de quoi satisfaire les fans les plus acharnés du comic et impressionner ceux ne l'ayant pas lu, mais dans les deux cas l'adaptation comporte quelques touches d'originalités non négligeables grâce à quelques idées géniales qui apportent un plus à ce qui est repris du support d'origine.


Ce qui ne pouvait pas être retranscrit en image et qui se trouvait dans le comic se retrouve tout de même dans le film grâce à quelques astuces scénaristiques.
L'idée de l'horloge, séparant les chapitres et symbolisant l'arrivée du cataclysme, est introduite dans l'histoire du film où elle représente l'imminence de la guerre atomique telle que la considèrent les dirigeants.
Pour ce qui est des documents écrits qui explorent en profondeur l'univers et l'esprit des Watchmen, leurs informations essentielles sont conservées et replacées dans le film par bribes dans les conversations ou bien se trouvent dans le générique de début.
Le spectateur pour qui le comic est inconnu arrive tout de même à s'y retrouver, grâce à une situation temporelle clarifiée, le conflit USA/URSS étant évoqué et en quelque sorte résumé dans un discours politique diffusé au début du métrage. Quant aux évènements ayant chamboulé la vie des personnages, ils sont concentrés dans le magnifique générique de début, qui imprime sur nos rétines des images et de toute beauté sur fond de musique nostalgique, tout en insistant bien sur l'idée de l'univers parallèle au travers d'images d'évènements symboliques, modifiées pour y intégrer les héros masqués.


Ce qui diffère par contre dans le film, c'est sa visée. Le scénario reste structurellement le même, toujours aussi bon, tel qu'Alan Moore l'a fait, mais cette adaptation est destinée à un nouveau public et s'adapte donc aux attentes de notre époque.
La musique reste très ancrée dans les années 80, en reprenant des classiques qui, pour certains, étaient déjà référencés dans le comic. Les choix sont très judicieux, nous rappellant cette époque avec nostalgie tout en correspondant au ton de chaque scène.
Mais les costumes eux ont été modifiés pour mieux correspondre aux standards de notre époque, et à l'intrigue très intelligente s'ajoute un spectacle visuel inoubliable, on nous en met plein la vue.
Watchmen est graphiquement irréprochable, chaque image sublime nous subjugue.
La mise en scène moderne aussi fait tout pour nous impressionner, avec des combats très spectaculaire et d'une violence impressionnante. Zack Snyder innove en nous surprenant, même avec tout ce qui a déjà été fait en matière de combats. L'irréalisme de l'univers de ces super-héros va jusqu'au bout, avec des bras et jambes brisés d'un coup de poing, des membres éclatés, ... Le simple impact d'un coup de pistolet est même ré-inventé.


Les acteurs correspondent très bien à leurs rôles, donnant vie avec exactitude à leurs alter-ego de papier, et ce spectacle unique qu'est Watchmen est rythmé par la voix-off d'un Rorschach sombre à souhait.
Alors qu'elle était considérée comme "infilmable", cette adaptation par Zack Snyder et son équipe donne un nouveau souffle à ces héros masqués, en nous offrant un film qui a de quoi satisfaire pleinement, dans le plus grand respect du comic original.

Bande-annonce :

samedi 23 janvier 2010

Watchmen [Autour du cinéma]


Fiche du comic book :
Scénariste : Alan Moore
Illustrateur : Dave Gibbons
Années : 1986-1987
Résumé : Le Comédien, célèbre héros masqué, est assassiné. Rorschach, un de ses anciens collègues, enquête et soupçonne un complot contre l'ancien groupe de justiciers connu sous le nom de Watchmen.
Avis sur le comic :
Au milieu des années 80, alors que DC connaît déjà un fort succès grâce au boost effectué sur Batman, le scénariste Alan Moore, déjà responsable du phénomène The killing joke quelques années plus tôt, a l'idée d'un comic qui montrerait un aspect différent et beaucoup moins glorieux du monde des super-héros. Après quelques changements, comme l'obligation de créer des personnages originaux, l'histoire de Watchmen se met en place.


L'idée de départ était de montrer des héros désabusés et en dehors de l'image idéalisée que l'on s'en fait, en affichant leur vraie vie faite de vices. Watchmen arrive à traiter de ce sujet de façon sérieuse et dramatique.
Grâce aux changements de personnage principal selon les étapes de l'histoire, nous avons le temps de nous mettre dans la peau de chacun d'eux afin de les connaître et d'avoir leur point de vue sur chaque situation, accompagné de réflexions parfois très poussées qui nous font explorer leur personnalité en même temps.
Le problème de départ qui est que ces personnages sont inconnus du lecteur est vite dépassé grâce aux informations très nombreuses fournies sur les héros, grâce à des flashbacks ou des documents à leur sujet.
Les chapitres sont entrecoupés à chaque fois d'écrits qui vont de l'extrait autobiographique à l'article de presse en passant par le dossier médical, il y a une grande variété de domaines littéraires explorés. La plupart de ces textes, pourtant tous fictifs, sont écrits avec une telle précision que l'on croit vraiment aux propos que l'on lit, en oubliant que tout cela n'est qu'inventé. Le travail d'écriture de Moore est immense, et il ne s'arrête pas qu'à la trame principale, mais aussi aux articles plus secondaires dont la non-négligence donne une véritable histoire aux personnages.


Mais en plus de ça, Moore n'en reste pas qu'à l'histoire des super-héros, l'univers de Watchmen s'étend au delà des limites des héros éponymes pour s'intéresser à plusieurs intrigues secondaires, qui se recoupent aussi avec la principale concernant les super-héros. Nous suivons de temps à autre le psychologue s'occupant du héros bien dérangé Rorschach, ou bien le vendeur de journaux du coin ; tous sont confrontés à leurs problèmes à l'aube d'une probable 3ème guerre mondiale, Moore ne leur épargne donc pas une vie aussi pessimiste que les personnages principaux, et c'est le cataclysme final qui mettra un terme à leurs problèmes, dans un flot de lumière anéantissant leurs vies brisées.
Watchmen dispose comme toile de fond une réalité alternative dans laquelle la guerre froide est maintenue grâce au Docteur Manhattan, un surhomme insensible au service des USA. La vision de la guerre froide dans ce monde différent est déjà intéressante, et son implication dans l'intrigue déjà pleine de suspense et de mystères ajoute à la richesse du récit.


Mais le génie qui se cache derrière le comic ne s'arrête pas là, d'autres nombreux procédés d'illustration et de mise en page élèvent Watchmen encore plus haut au dessus des comics traditionnels.
La structure narrative avec ses mises en abîmes et alternances entre les intrigues s'allie à la disposition des vignettes qui relie les images entre la fin d'une scène et le début d'une autre, pour effectuer une transition cinématographique. Le comic dans son intégralité même est construit de façon à être symétrique du début à la fin, avec l'agencement de quelques détails qui se retrouvent régulièrement entre les pages, comme le fameux smiley tâché de sang.
Les illustrations de Dave Gibbons, avec les couleurs de John Higgins, sont d'une grande originalité et sont une révolution, le travail dans son ensemble, écriture et illustrations, est phénoménal surtout vu la longueur totale du récit, et Watchmen brise les limites du comic pour mériter plus que tout autre le terme de "roman graphique".
Encore aujourd'hui Watchmen a gardé le même impact, et l'admiration devant un travail aussi titanesque reste intacte. Cette oeuvre est considérée comme étant l'un des meilleurs comics de tous les temps, et il n'y a pas à remettre ces paroles en doute.

jeudi 14 janvier 2010

Batman : The killing joke [Autour du cinéma]


Fiche du comic-book :
Auteur : Alan Moore
Dessinateur : Brian Bolland
Année : 1988
Résumé : Alors que Batman se rend à l'asile d'Arkham afin de mettre les points sur les i avec le Joker, il se rend compte que ce dernier a réussi à s'échapper. A partir de ce moment là, le célèbre tueur tente de manipuler le comissaire Gordon, afin de prouver que tout ce qu'il suffit pour qu'un homme sombre dans la folie, c'est une mauvaise journée.

Avis sur le comic-book :
A la fin des années 80, la série des Batman a été renouvelée grâce à quelques romans graphiques qui ont connu un grand succès, en ayant exploré plus en profondeur cet univers : son passé avec Batman année un en 1986, son futur avec Dark knight returns la même année, et en 1988 c'est sur le Joker qu'on en apprend d'avantage, au travers de The killing joke.


C'est Alan Moore, auteur de Watchmen, qui décide de se lancer dans le projet audacieux de scénariser ce comic. Non seulement c'est le Joker qui est au centre de l'histoire, mais de plus on découvre enfin ses origines, ou en tout cas une version qui pourrait provenir de son esprit malade. Cela se fait au travers de flash-backs qui réapparaissent pour torturer ce fou en cavale, après qu'il se soit évadé de l'asile d'Arkham.
Ces retours en arrières sont interposés entre l'intrigue principale, et les deux histoires mêlées l'une à l'autre se confondent très bien, ajoutant du suspense à chaque fois lorsque l'on attend de voir ce qu'il va se passer avant que le récit ne soit coupé pour passer d'une histoire à une autre.
Le passé du Joker n'est pas tout rose, et c'est encore moins le cas pour ses actions dans le présen, son plan étant de faire passer Gordon de la raison à la folie, en lui faisant subir les pires atrocités. Le comic book s'avère alors beaucoup plus sévère et dérangeant que ce que l'on a vu sur tout autre support, c'en est presque trash au point que l'on ne pourrait jamais voir un récit pareil transposé à l'écran. Les destins de personnages comme Gordon et sa fille Barbara sont scellés à cause de la dépravation dans laquelle ils sont entraînés par un Joker au sourire machiavelique et crispé.


Les dessins de Brian Bolland et ses couleurs pour la ré-édition du comic rendent plus limpide cette descente en enfer, aussi bien pour le Joker que pour Gordon.
Les illustrations sont pleines de détails et accompagnent fluidement n'importe quelles scènes de l'album, mais insistent surtout sur les aspects dramatiques quand il le faut, avec le dessin du visage du Joker faisant transparaître sa folie et sa cruauté, et les visages de ses victimes figés par l'horreur de leur situation.
Les transitions entre passé et présent sont du plus bel effet et sont traitées de façon quasi cinématographique, on ne peut qu'admirer le travail fait à ce niveau là.
Quant aux couleurs, le talent se remarque surtout dans les flash-backs, où les éléments sont effacés et ternes, à l'exception de quelques détails de couleur rose tournant peu à peu au rouge, jusqu'à ce que cela devienne le rouge du sang, le rouge du costume de Red hood, déterminant la transformation du Joker.


Le comic débutait par un questionnement de la part de Batman, et il se termine par une blague de la part du Joker, en guise de réponse. Celle-ci résume sous forme de métaphore toute la situation de rapports entre les deux personnages, et la blague suivie de son fou rire nous fait comprendre que le conflit ne se terminera jamais, si ce n'est par la mort de l'un des deux.
Avec The killing joke, Moore et Bolland ont réussi le pari risqué de pouvoir nous rendre leur version des origines du Joker, et ils ont réussi à tel point que ce comic est considéré comme l'un des meilleurs, et a été la source d'inspiration de nombreux autres récits sur différents supports, comme Batman de Tim Burton ou The dark knight de Christopher Nolan.