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mercredi 1 décembre 2010

Scott Pilgrim vs. the world


Fiche du film :
Réalisateur : Edgar Wright
Scénaristes : Michael Bacall et Edgar Wright
Année : 2010
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Mark Webber
Résumé : Scott Pilgrim se contente de la simplicité de sa vie, accompagné de son groupe de musique et de sa petite-amie lycéenne, jusqu'à l'arrivée de Ramona Flowers. C'est le coup de foudre, mais Scott devra battre ses 7 ex maléfiques avant de pouvoir sortir avec elle.

Avis sur le film :
Alors que Bryan Lee O'Malley ne venait de finir que le premier tome de sa sexalogie de comic books, un producteur était déjà contacté par la maison d'édition Oni Press dans le but d'une adaptation au cinéma de Scott Pilgrim. Universal choisit Edgar Wright pour la réalisation, peu après qu'il ait terminé son premier film Shaun of the dead, et Michael Bacall en collaboration avec ce dernier pour l'écriture.
Si O'Malley était au départ réticent à une adaptation de son oeuvre, il participa pourtant à l'écriture en même temps que la parution de son comic continuait, des idées scénaristiques s'échangèrent entre les deux supports, jusqu'au tournage qui démarra avant la sortie du tome 6 et prit son propre envol à partir des bases déjà établies.


Scott Pilgrim est un loser, mais un loser chanceux qui obtient la fille de ses rêves dans un monde de jeu vidéo remanié par Edgar Wright. La franchise lors de sa transposition de la BD au film est passée des mains d'un joueur nostalgique à un autre, le réalisateur de Shaun of the dead ayant compris ce qui aurait pu réchauffer son coeur et celui de milliers de geeks nourris à Super Mario Bros. La cinéphilie de Wright et ses références filmiques sont mises de côté pour déchaîner l'âme de gamer qui apporte simplement les bienfaits de la cinématographie au support papier.
Dans la reprise de l'intrigue du matériel d'origine, tous les éléments importants sont concentrés, certains sont mélangés en une même scène, pour les faire défiler sans interruption dans une histoire dénuée de bouton "pause". Le rythme survolté est permis par un univers unique où l'espace et le temps sont compressés par des effets impressionnants, et stupéfiants par la soudaineté de l'hilarité provoquée, pour bouleverser à toute vitesse la narration classique.
L'effet est favorisé par rapport au fond, et de là viennent malheureusement les deux bémols du film : il ne laisse pas le temps de souffler pour une halte romantique sans qu'une blague ne cingle pour tout interrompre, et pour les mêmes raisons l'histoire passe à l'arrière-plan.


En délaissant les phases de tranquilité entre le milieu et la fin de chaque album de Bryan Lee O'Malley, c'est sur les combats qui arrivent presque tous d'affilée qu'est mis l'accent, avec également des occasions d'en voir plus sur les ex maléfiques, toujours dans la bonne humeur et le spectaculaire. Lors de ces affrontements orchestrés comme pour un film d'action, le fantastique prend la relève afin d'offrir un régal pour les yeux comme pour les oreilles, la prépondérance des concerts dans le scénario permettant de passer une bande-son pop-rock énergique sur des images pas moins pleins de vitalité. La musique et les bruitages issus de classiques sur consoles sont replacés judicieusement dans le montage, et les batailles qui se finissent par des gains de pièces après des scènes où du 8-bit et des jauges de vie sont ajoutés à l'image complètent une vision embellie d'un rêve de geek devenu réalité. Et encore, ce n'est pas un film qui ne s'adresse qu'à une seule génération, puisque d'innatendues clins d'oeil à la culture internet viennent se glisser dans des plans.


Des références sont rendues visuellement plus claires que sous la plume d'O'Malley par des mouvements d'image qui font tout de suite comprendre les allusions, mais même en dehors de l'apport graphique, le film amène quelques changements positifs et des déplacements de gags, quand ils ne sont pas créés pour l'occasion en s'intégrant parfaitement dans le récit comme s'ils en avaient toujours fait partie, avec le même potentiel comique.
Scott Pilgrim vs the world tente de tirer le meilleur de tous les univers de la culture geek qui s'entrecroisent, le comic, le manga, les jeux vidéos et le cinéma ; certains empiètent sur le territoire d'un autre en écrasant le scénario, mais une fois l'attention reportée sur le spectacle de sons et de lumières, le spectateur est ébloui.

Réplique culte :
"Scott, if your life had a face, I'd punch it." - Kim Pine

Scott Pilgrim vs Universal
Scott Pilgrim vs the world, un titre bien indiqué pour ce film distribué par la société dont le logo est un globe terrestre. A la sortie Américaine au cinéma le 13 août 2010, la projection en salles Françaises était encore incertaine, ce parce que la branche hexagonale d'Universal ne connaissait pas l'origine de ce qui lui était confié, ni l'attente autour de la part des fans d'Edgar Wright, de Bryan Lee O'Malley, et autres mordus de jeux vidéos.
La date de sortie dans nos contrées, quatre mois après celle des Etats-Unis, n'est pas le seul signe de désintérêt de la part d'Universal France envers son produit, puisque le "vs the world" disparaît de l'affiche, l'accroche contredit des éléments de l'intrigue soulignés dans les dialogues, et finalement la distribution ne se fait que dans 4 salles dans la capitale, 64 dans l'ensemble du pays. Avec des copies aux sous-titres approximatifs, qui plus est.

Bande-annonce VOST :

lundi 16 août 2010

Scott Pilgrim [Autour du cinéma]


Fiche du comic :
Auteur et dessinateur : Bryan Lee O'Malley
Année de création : 2004
Résumé : Scott Pilgrim est un tire-au-flanc de 23 ans qui se contente de sa "précieuse petite vie" avec son groupe de musique et sa petite-amie de 17 ans, jusqu'à ce que Ramona Flowers ne vienne bouleverser son quotidien. C'est le coup de foudre pour Scott, prêt à tout pour cette fille dont il doit battre les ex maléfiques avant de pouvoir sortir avec elle.

Avis sur le comic :
Auteur de comic books vivant à Toronto, Bryan Lee O'Malley avait déjà travaillé pour Oni Press en tant que dessinateur et lettreur, et bien que sa première création fut Lost at sea publié en 2003, ce n'est qu'avec Scott Pilgrim apparu un an plus tard qu'il connut le succès.
Le Canadien de 31 ans a vu ses efforts récompensés puisqu'il s'est dévoué à cette oeuvre nouvelle en incluant des parcelles de sa propre vie, allant des lieux qu'il a côtoyés et l'appartenance à un groupe de musique aux mêmes références geeks qu'il partage avec son personnage et qui ont fini par être incluses dans le récit.


Dans cette série de six ouvrages, l'originalité est recherchée avant tout, dans la forme déjà qui est un assemblage de manga et de comic book dont les codes sont détournés. L'auteur s'amuse à les déjouer et les tourner en dérision une fois exposés à des personnages qui prennent tout d'un coup une approche concrète alors qu'ils évoluent dans un environnement invraisemblable. Scott Pilgrim se veut déjanté, et l'introduction innatendue du fantastique surprend dans le tome 1 puisqu'elle se fait d'abord sans que l'on soit certain que la limite du réel soit franchie avant qu'elle n'éclate lors du combat final ; mais l'oeuvre reste dans son ensemble limitée, se contentant de quelques élans d'excentricité sans aller en plein dans la folie.
Les grands moments de plaisir de lecture se font attendre, aussi bien sur l'ensemble de la série dont le tome 4 est l'apogée, qu'au coeur d'un seul volume où l'on doit patienter avant le combat avec un ex maléfique, précédé d'instants d'une vie "normale" toutefois vue à travers les yeux de Scott pour qui tout est prétexte à entretenir son imagination colossale et égocentrique nourrie aux jeux vidéos rétros.


L'humour repose sur les trois inspirations de Bryan Lee O'Malley, pouvant être drôle en incluant des éléments du domaine vidéoludique avec de nombreuses allusions, de la bande-dessinée avec des bulles d'infos futiles qui n'ont pour but que de faire rire, ou simplement des blagues relatives au monde réel fournies par Scott.
Le personnage éponyme est un loser éternellement perdu, dont les réactions qu'il provoque chez les autres le rendent pourtant attachant pour le lecteur qu'il amuse. Il a de plus la chance de pouvoir façonner le monde à sa façon pour en faire un rêve modelé selon les jeux vidéos, sans quoi sa relation avec Ramona serait impossible, n'ayant autrement rien pour se mettre en valeur. "Scott Pilgrim vs the world" est le titre du troisième volume, et si Scott se met le monde à dos, c'est pour y substituer le sien où il peut continuer à paresser tout en transformant la moindre banalité en évènement qui devient épique à nos yeux, mais ordinaire pour lui. C'est pour cela que Scott est si nul, et pourtant tellement fabuleux.


Comme pour Lost at sea, Bryan Lee O'Malley s'occupe de l'écriture et du dessin, en créant un genre nouveau qui reprend plus les codes de la culture orientale qu'occidentale, mais qui rend difficile l'identification des personnages et la différenciation avec les autres. Il faut donc se fier à des détails pour certains, qui changent parfois comme pour les coiffures de Ramona, mais auxquels on s'habitue finalement. Le coup de crayon particulier d'O'Malley apporte par contre une touche splendide aux objets du décor, rend de simples déplacements d'ascenseur stylisés, et utilise au mieux l'epace de la page pour rendre compte de l'histoire et des sensations du moment.

Scott Pilgrim est agréable à lire, mais n'exploite pas suffisamment son potentiel. Il plaît tout de même à un grand nombre de lecteurs, certainement grâce à de la culture geek qui borde une histoire d'amour qui n'a rien de mièvre, le maintien d'un bon sens de l'humour, et des délires qui suffisent au lecteur moyen.