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mercredi 29 juin 2011

Citizen Toxie : The Toxic Avenger IV


Fiche du film :
Réalisateur : Lloyd Kaufman
Scénaristes : Lloyd Kaufman, Trent Haaga, Gabriel Friedman, Patrick Cassidy
Année : 2000
Genres : Comédie / Action
Acteurs principaux : David Mattey, Clyde Lewis, Heidi Sjursen, Joe Fleishaker
Résumé : C'est une mauvaise journée pour Toxie, non seulement il n'a pas pu sauver une école pour enfants handicappés mentaux, mais en plus de cela l'explosion qui a causé leur mort a transporté le héros dans une dimension parallèle, tandis que son double maléfique a pris sa place à Tromaville.

Avis sur le film :
Cela faisait dix ans que le Toxic Avenger avait été absent, hormis quelques courtes apparitions dans d'autres productions de Troma, mais à l'aube du nouveau millénaire, après bien d'autres réalisations d'un tout aussi mauvais goût telles que Tromeo & Juliet ou Terror firmer, Lloyd Kaufman fait revenir pour de bon sur le grand écran le super-héros du New Jersey devenu le symbole de sa société de production, et qui avait donné un coup de pouce à sa carrière à ses débuts.
Le titre du précédent épisode, The last temptation of Toxie, faisait référence au film de Scorsese sur le Christ, sans qu'on puisse donner de réelle signification à ce détournement. Pour Citizen Toxie, puisque le scénario n'a aucun rapport avec la création la plus célèbre d'Orson Welles, à l'exception d'une courte référence au détour d'une scène, il est possible d'y voir une tentative non pas d'égaler ce chef d'oeuvre, mais de faire à Troma l'équivalent de ce que Citizen Kane est au cinéma.


Dans l'introduction, Lloyd Kaufman balaie d'un coup les deux précédents films, les qualifiant de "suites pourries" et dont il s'excuse. Il est surprenant qu'il dénigre soudainement ses oeuvres, lui qui habituellement se démène pour vendre tous ses films, mais quand bien même le créateur en viendrait à rejeter trop vite ce qu'il a réalisé et qui est loin d'être aussi mauvais qu'il le prétend, le public n'est pas obligé de partager son avis ; toutefois cela place la barre plus haut pour ce nouvel opus qui nous est donc présenté comme surpassant ce qui a été vu précédemment dans la saga.
Dans les années 2000, les spectateurs seraient en droit d'attendre de la part de Troma une amélioration dans la qualité vidéo, et c'est le premier élément qui frappe puisqu'il est visuel : l'image ne s'est que peu améliorée au fil des années, et malgré la réputation croissante de la société, leur budget reste visiblement très réduit. Le montage et le mixage du son, très chaotiques, participent aussi à rappeler un manque de moyens, du moins au début, puisqu'ils s'améliorent ensuite, et le monteur a su finalement jongler avec les plans sous différents angles de façon dynamique, et dans l'une des scènes de combat les plus marquantes il ose même des split-screens en pagaille mais à l'organisation maîtrisée.
Quoiqu'il en soit, peu importe la quantité d'argent à disposition, tant qu'est conservé ce qui a jusque là a fait oublier le faible budget dans les films du Toxic Avenger : l'esprit "Troma".
En 1998 sortait Terror firmer, dont le scénario incluait une grande mise en abyme de la société de production, avec Lloyd Kaufman jouant presque son propre rôle, en interprétant un réalisateur aveugle donnant naissance au nouveau chapitre des aventures de Toxie. Cette oeuvre décalée avait alors été considérée à l'époque comme le film Troma ultime, mais Citizen Toxie le détrône, imposant avec plus de puissance ce qu'est l'essence même de cette maison de production.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce nouvel ajout à la série accomplit l'exploit d'être encore plus fous que ses prédécesseurs, les surpassant en concentrant tout ce qu'ils ont toujours contenu de plus douteux, et en y ajoutant de nouveaux éléments qui vont bien plus loin que tout ce que les scénaristes avaient osé jusque là.


Le film s'attaque à des sujets sensibles récents, et notamment se moque sans ménagements du massacre de Columbine, mais derrière la légère dénonciation se trouve surtout un goût malsain pour la provocation violente et gratuite.
Le tournage a été effectué avant les attentats du 11 septembre, les tours jumelles sont d'ailleurs encore visibles dans un plan de New York, sans quoi le film aurait très certainement tourné en ridicule cet autre évènement d'actualité.
Sans raison, totalement arbitrairement, les nouvelles cibles de Kaufman et sa bande sont les attardés, les personnes âgées, les transsexuels, la chirurgie esthétique excessive, et la religion. Cette dernière se fait brutalement saccager, et il est incroyable de voir à quel point l'audace des scénaristes va loin, c'est à se demander à certains moments comment il leur a été possible de placer une insolence telle dans leur film.
Comme dans les épisodes précédents, il y a également cette volonté de se moquer du cinéma et de soi-même, avec un usage de stock-shots qui assume son ridicule, notamment avec le fameux plan de la voiture qui décolle puis explose inexplicablement, déjà utilisé dans Tromeo & Juliette, Sgt. Kabukiman NYPD et Terror firmer, qui est encore une fois repris ici. L'origine du placement de ces images dans ce nouveau film n'est pas si honnête que ça, puisque Kaufman est allé jusqu'à tourner de nouvelles images avec un clown pour justifier sa présence dans les plans de la poursuite et de la cascade en voiture et faire correspondre les images recyclées avec celles inédites, mais par chance il semblerait que l'équipe ait changé d'avis d'ici la post-production et le résultat final fonctionne sans que le spectateur pense que l'on ait voulu le berner, puisqu'il ressort surtout une impression d'auto-dérision de la part de l'équipe de Troma. Ils jouent encore une fois avec les principes du cinéma en faisant ce qu'il ne faut pas, mais sans chercher à dissimuler une tromperie, puisqu'ils laissent à comprendre qu'ils sont conscients de ce qu'ils font.
Avec Troma, l'usage du stock-shot perd sa caractéristique purement nanarde liée à son intention d'embobiner le spectateur, mais d'autres figures plus "nobles" sont aussi détournées, comme la traduction en langage des signes pour les sourds, et la transition en iris, qui voit sûrement ici son utilisation la plus détraquée qui existe, le procédé étant complètement avili. Lloyd Kaufman écrivait "Je suis l'herpès de l'industrie du cinéma... je ne vais pas m'en aller", ce qui s'applique aussi à ce qu'il fait au septième art : il le pervertit, et salit avec plaisir tout ce à quoi il touche.


Quand on croit que ce Citizen Toxie ne peut aller plus loin, il le fait, et pour une fois le grand nombre de scénaristes, quatre dans le cas présent, n'est pas un mal, car c'est certainement à cette polycéphalie que l'on doit une telle profusion d'idées déjantées.
Citons seulement parmi le grand fouillis de personnages hauts en couleurs les mafieux en couches-culottes, les bébés mutants, le scientifique qui se prostitue, et bien sûr les lesbiennes et autres seconds rôles en petites tenues toujours en plus grand nombre.
Des personnages déjà existants de l'univers de Troma font aussi une apparition, comme Sergent Kabukiman, auquel Lloyd Kaufman est peut être attaché puisqu'il est le personnage principal d'un de ses films, mais qui est bien moins attachant que le Toxic Avenger, et qui heureusement est ici montré comme un loser, ce qui évite qu'il fasse de l'ombre au véritable héros. D'autres personnages sont créés spécialement pour l'occasion, tels que Dolphin man ou The vibrator, et ce juste pour apporter quelques gags supplémentaires ; cela fait partie des éléments de surenchère, ces détails qui demandent toutefois de dépenser de l'argent pour les mettre en place, et qui sont d'autant plus honorables pour Troma en ayant connaissance de leur budget. Cela renforce leur image de société indépendante qui fait tout pour mettre en oeuvre ce qu'ils souhaitent, pour apporter un petit plaisir supplémentaire au public, et ce peu importe leurs moyens.


Attirés par la renommée de la société, du moins c'est le cas de Corey Feldman qui s'est proposé pour un rôle, des acteurs plus connus viennent apporter leur pierre à l'édifice. Entre célébrités internationales et grands noms de séries Z, le spectateur peut s'amuser à remarquer entre autres Eli Roth et Lemmy qui sont déjà des habitués, la star du porno Ron Jeremy, Debbie Rochon, Julie Strain et James Gunn toujours fidèles, et plus étonnament Stan Lee ; tous sont aussi un ravissement de plus, pour le spectateur qui les reconnaît.
Il y a également ces acteurs inconnus en dehors du cercle des oeuvres de Troma, qui ont interprété des personnages secondaires et qui reviennent, que ce soit Lauren Heather McMahon issue de Class of Nuke'em high ou Joe Fleishaker qui est de plus en plus apparent dans les films de Lloyd Kaufman, ils favorisent l'idée que Troma est une grande famille dont on aime revoir des membres de temps en temps.
Comme le montre le fascinant documentaire de près de deux heures Apocalypse soon sur le tournage de Citizen Toxie, qui par ailleurs ne cache rien des déboires sur le plateau, Troma est aussi un géant du cinéma indépendant qui pousse les fans à un élan de participation, et ainsi comment ne pas être touché par ce vieil homme qui spontanément décide d'interpréter le fou qui court nu au début d'une scène à l'hôpital, ou par cet autre individu qui a tout fait pour avoir le rôle du "reporter #3" ?
Il y a enfin ces inconnus complets mais marquants, qui se prêtent au jeu pour incarner un personnage dégénéré rien qu'un instant, ces acteurs survoltés qui cabotinent à l'extrême tout comme le font Heidi Sjursen qui joue la blonde complètement à côté de la plaque caricaturale ou Corey Feldman déchaîné, avec en sus sa moustache on ne peut plus factice en travers de son visage. Ayons ainsi une pensée pour cet afro-américain qui n'apparaît qu'une seconde, au milieu de la foule, hilare alors qu'en face de lui est censé se trouver le chef de la police se faisant arracher les bras, sorte de soldat inconnu du cinéma bis.


Citizen Toxie est sans nulle doute l'apogée de la série d'aventures du Toxic Avenger, mais aussi des réalisations de Lloyd Kaufman qui porte l'esprit Troma à des sommets. Le film est d'un irrespect affolant, d'une audace inimaginable et donc totalement jouissive. Plein de surprises, jamais à bout de souffle, The Toxic Avenger IV dépasse largement les limites mais parvient encore à ne pas aller trop loin dans son exploration du mauvais goût ; en tout cas il trouve le bon dosage pour continuer à plaire.

Réplique culte :
"Oh my god ! It's the Toxic Avenger, Tromaville's favourite hideously deformed creature of superhuman size and strength !" - Dex Diaper

Bande-annonce VO :

mercredi 27 octobre 2010

Boulevard de la mort [Grindhouse]


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Quentin Tarantino
Année : 2007
Genres : Action / Thriller
Acteurs principaux : Sydney Tamaiia Poitier, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Kurt Russell
Résumé : Dans une petite ville du Texas, des jeunes femmes s'amusant en soirée sont suivies par un tueur bien particulier : Stuntman Mike, le cascadeur usant de sa voiture comme d'une arme.

Introduction :
Ce qui devait devenir le projet Grindhouse trouva ses origines dans l'esprit de Robert Rodriguez avant qu'il ne réalise Sin city, à partir d'idées autour d'un film de zombies qui, une fois assemblées, ne pouvaient que constituer un moyen-métrage d'une heure, et éventuellement un double-programme où se succèderait une autre histoire. Cette idée laissée de côté refit surface lorsque, de visite chez son collègue et ami Quentin Tarantino, Rodriguez remarqua que tous deux possédaient le même poster pour la projection en duo de Dragstrip girl et Rock all night, ce qui fit réémerger en eux des souvenirs de cette époque où le cinéma d'exploitation envahissait les salles de quartiers par ses pellicules abîmées et ses bandes-annonces pour des productions aussi grotesques les unes que les autres.
C'est ainsi que naquit Grindhouse, bannière portant le nom de ces salles de cinéma disparues et sous laquelle se réunirent un groupe de compagnons cinéastes comprenant également Eli Roth, Edgar Wright et Rob Zombie qui participèrent aux bandes-annonces de l'entracte, pour livrer au public l'ambiance Grindhouse au delà des séances privées que Tarantino se fait avec ses amis, jusqu'aux grandes salles de cinéma qui, le temps d'une séance, régressent sciemment vers des temps plus modestes mais à l'ambiance unique. Si ce n'est que, pour l'occasion, Tarantino et Rodriguez cherchèrent à ce que la programmation soit à la hauteur de la folie des affiches et des bandes-annonces qui la promouvait.


Avis sur le film :
A la lumière de l'affection particulière que porte Tarantino pour le cinéma grindhouse nouvellement dévoilée, le reste de sa filmographie est éclairée sous un jour nouveau qui laisse apparaître au moins une référence aux films d'exploitations dans chacune de ses réalisations, comme la séance de trois films de kung-fu dans True romance, quand cela ne va pas jusqu'à l'hommage à la blaxploitation avec Jackie Brown.
Véritable cinéphage qui crée à partir de ce qu'il ingère, Tarantino parsème de clins d'oeil tous ses films, mais ici c'est l'occasion d'en consacrer un entièrement au grindhouse, mais en se penchant particulièrement sur le genre du slasher, avec des courses-poursuites parties de la fascination du scénariste pour ces cascadeurs aux véhicules death-proof, à l'épreuve de la mort.


Tarantino s'amuse d'abord à poser un décor où le rétro s'affiche en tapissant les murs de posters grindhouse et en déteignant les costumes décontractés et les "muscle cars" d'époque déjà tachetés par des imperfections rajoutées sur la pellicule. Plus qu'un traitement de l'image, sur les premières scènes dépourvues d'action c'est un outil comique en partenariat avec un montage qui, feignant une saute, offre des plans alternatifs et enfreint sans problèmes, par un assemblage incorrect de plans, des règles cinématographiques, mais sans trop en abuser non plus. Le n'importe quoi irresponsable d'autrefois, réservé à des salles "restricted", se retrouve dans des plans déplacés et impensables, presque kitschs par leur inesthétisme désormais voulu, qui manifestent par exemple l'envie pressante d'un personnage à l'aide d'un gros plan sur l'entrejambe. Cela reste étrange mais drôle et acceptable de nos jours, le réalisateur traçant des lignes passées et présentes qui se recroisent quand les filles sortent leurs portables, pour ne pas simplement reproduire une époque, bien qu'en dehors de cela l'illusion soit parfaite, mais créer un univers parallèle à la Tarantino dans lequel une machine à remonter le temps se serait enrayé en cours de route, et attribuer à Grindhouse son propre style.


Dans ce cadre déjà enchanteur s'immisce le slasher en disposant un groupe de victimes typiquement 80's composé de filles au langage cru des années 2000, et le loup qui a en après elles. Mais quel que soit le genre où il s'installe, Tarantino fait les choses à sa manière dans de longues scènes qui se font écho dans les deux parties du film. La musique, même en fond sonore, est soigneusement sélectionnée parmi les titres de son propre juke-box apporté sur le plateau, s'imposant à un moment grâce à une fameuse scène de lap-dance. Les dialogues toujours aussi copieux demeurent primordiaux, décrivant les filles branchées, les pervers autour d'elles, le cascadeur désabusé car dépassé, qui lui aussi parle de jours glorieux maintenant derrière lui ; ou tout simplement parce que les répliques se font mordantes, on ne s'ennuie pas tant que l'on se raccroche aux mots. En somme Death proof se regarde comme un Tarantino comme les autres, mais avec un tueur en série qui assassine en se servant de son bolide, et la quiétude des discussions alentour donne alors l'impression que la décharge de violence au montage coup-de-poing est plus forte.


Cette brutale interlude suffit pour être rassasié lors des autres dialogues qui suivent, en parallèle au mode opératoire du meurtrier qui s'apprête à se répéter. Le rythme retombe sans dommages, quelques rires ponctuent l'attente d'une nouvelle dose d'action dont la venue est signalée par des références à Point limite zéro ou La grande casse de la part de cascadeuses dont Zoë Bell qui prend place comme actrice avant de justifier sa présence en mettant ses talents à éxecution.
Tarantino jugeant qu'il n'y a plus de bonnes poursuites depuis des années, Terminator 2 et Destination finale 2 seulement sortant du lot, il ramène sur le devant de la scène des poursuites à l'ancienne, brutes, sans ces CGI contre lesquels Stuntman Mike s'oppose également.
Tout ce qui fait une bonne poursuite, sans la surenchère des effets numériques remplaçant les images réelles, est distillé en une longue séquence où le rythme est soutenu par une grande variété de plans qui se succèdent dans un montage prenant qui s'allie à l'envie viscérale des femmes de rattrapper leur assaillant et de l'attaquer à tout prix, du moins le heurter, et ce désir se ressent, se partage, le suspense se créant, provoqué par la volonté de savoir si elles vont réussir ou non à riposter coupant le souffle comme sous l'effet d'une ceinture trop serrée crispant les muscles, et canalisant la concentration sur le moindre rapprochement éventuel de pare-chocs ; sans toutefois oublier le spectaculaire.


Seule la fin peut paraître en décalage avec ce qui a été vu jusque là, mais poursuit en fait sur un thème continu du film où les femmes dominent sur les hommes, et même si le réalisateur replace Kurt Russell dans un rôle de badass, il reprend ses interrogations concernant la personnalité des cascadeurs en transformant celui qu'il dépeint un moins que rien sans son engin.
Faisant de ce qu'il sait faire de mieux concernant l'écriture, même sans autant de répliques cultes que dans Pulp fiction, Tarantino associe à son style unique un ton moins sérieux, entraîné qu'il est par son ami Robert Rodriguez et sa seconde partie dédiée aux zombies, se rapprochant légèrement du film d'horreur de l'époque de l'inimitable Une nuit en enfer. Et encore, quel que soit la nature du divertissement, Quentin Tarantino offre un plaisir audio et visuel à chaque niveau tout en ouvrant plus amplement au grand public les portes d'un cinéma oublié.

Bande-annonce Death proof VOST :


Bande-annonce Grindhouse VO :

mercredi 1 septembre 2010

Piranha 3D


Fiche du film :
Réalisateur : Alexandre Aja
Scénaristes : Pete Goldfinger et Josh Stolberg
Année : 2010
Genres : Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Steven R. McQueen, Jessica Szohr, Jerry O'Connell, Kelly Brook, Elisabeth Shue
Résumé : Au fond du lac Victoria, une faille s'ouvre pour libérer des bancs de piranhas qui attendaient de refaire surface depuis des milliers d'années. La date est parfaitement choisi pour que ces carnivores se servent à manger, puisque les vacances de printemps démarrent et des jeunes arrivent en grand nombre à la plage, tous prêts à se jeter à l'eau.

Avis sur le film :
Chuck Russell, dont le dernier film Le roi scorpion remonte à 2002, devait originellement réaliser cette suite de Piranhas pour laquelle il a apporté des modifications au script en y incluant l'histoire du premier film de Joe Dante. Malgré sa participation au projet, le réalisateur de The Mask fut remplacé par Alexandre Aja, jeune Français plus en vogue qui s'était déjà chargé du remake de La colline a des yeux de Wes Craven.


C'est devenu une habitude dans les films d'horreur récents, une mort avant le générique de début donne une idée de ce à quoi s'attendre et sert de mise en bouche pour patienter lors de la présentation des personnages jusqu'à l'arrivée du grand massacre. Seulement cette fois, la scène d'introduction comporte un guest-star de taille, qui est Richard Dreyfuss reprenant son rôle de Matt Hooper. En effet, ce Piranha nouvelle génération réconcilie finalement Les dents de la mer avec la saga qui en a dérivé, ne prenant pas réellement position mais s'emparant de quelques éléments de l'un et de l'autre pour offrir un bon condensé qui en réalité n'est ni plagiat, ni suite, ni remake. Une plage est le lieu des évènements comme dans Les tueurs volants, avec la reprise trente ans plus tard d'une recette en trois ingrédients, "sea, sex and blood" comme le cite l'affiche, poussée plus loin vers des excès qui correspondent au jeune public d'aujourd'hui. La nudité purement gratuite ne fait même plus intrus, puisque cela fait partie de la réalité des Spring breaks, comme le souligne la parodie des "Wild wild girls" qui prend d'ailleurs une place importante dans l'histoire du héros de Piranha 3D.


Les prédateurs que l'on attend tellement n'attaquent que de temps en temps, mais le spectateur s'amuse suffisamment pour que l'attente ne se fasse pas sentir, car les quelques touches d'humour font cette fois sincèrement rire. En dehors de Dreyfuss, le cinéphile averti peut aussi prendre plaisir à repérer les quelques caméos, tel que ceux d'Eli Roth, Gregory Nicotero, Christopher Lloyd toujours excellent dans un petit rôle qui rappelle Doc Brown, ou encore Ving Rhames qui meurt en beauté.
Le spectacle arrive à s'étendre en durée justement grâce à quelques attaques individuelles d'abord, qui sont de bonnes raisons pour ne pas encore alerter les innombrables vacanciers qui sont autant de victimes en devenir, et qui ne veulent de toute manière pas écouter les avertissements, jusqu'à ce que l'on en arrive au festival gore qu'est l'attaque de la plage.
Les piranhas pour la première fois en images de synthèse restent bien conçus, et surtout utilisent raisonnablement la 3D contrairement à ce qu'il arrivait dans les années 80 avec Les dents de la mer 3D ou Meurtres en trois dimensions. Les créatures marines font bien entendu une grande part du travail, mais les scénaristes ont compris l'importance de l'utilisation du décor, qui devient peut être même plus dangereux au milieu de cette panique où les gens ne pensent qu'à leur survie au détriment d'autrui. Tout ce qui se trouve à disposition sur ce bord de mer devient un outil du massacre aussi bien envers les humains que les poissons, et aussi irréaliste que soit le résultat, c'est toujours très spectaculaire.


Le tournage dans l'eau n'a pas du être de tout repos, mais le résultat à l'écran est bien plus récréatif que de traditionnelles vacances au soleil. Piranha 3D n'a pas la prétention de rafler quelques Oscars comme Les dents de la mer mais dévoile un potentiel insoupçonné qui résidait dans l'idée d'utiliser des piranhas comme ennemis, en faisant beaucoup mieux que les autres long-métrages ayant exploité ce sujet par le passé, pour offrir un spectacle audacieux, plein d'une imagination tordue et résolument fun, sans pour autant oublier un léger suspens quand il y en a besoin.

Bande-annonce VOST :