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jeudi 3 mars 2011

Paul


Fiche du film :
Réalisateur : Greg Mottola
Scénaristes : Nick Frost et Simon Pegg
Année : 2011
Genres : Comédie / Science-fiction
Acteurs principaux : Simon Pegg, Nick Frost, Seth Rogen
Résumé : Deux nerds Anglais se rendent aux Etats-Unis afin d'assister au Comic Convention de San Diego, puis pour enchaîner avec la visite de tous les sites importants de supposées visites extra-terrestres. Leur pélerinage sera interrompu par l'arrivée de Paul, un alien, qui doit échapper à l'agence à ses trousses et retourner sur sa planète d'origine.

Avis sur le film :
Avec Shaun of the dead et Hot fuzz, le trio Frost, Pegg et Edgar Wright avaient débuté leur "blood and ice cream trilogy" où chacun des trois opus est censé détourner un genre cinématographique particulier. Après les films de zombies et ceux d'action, il doit être question de science-fiction, non pour Paul mais pour The world's end, qui reste à être réalisé. En effet, entretemps les trois Anglais ont suivi leur propre voie ; alors que Wright a réalisé Scott Pilgrim vs the world, les deux autres amis se sont lancé dans l'écriture de leur propre projet, cette fois mené par le réalisateur de Supergrave, Greg Mottola.


Par cette association, le film se montre comme la rencontre entre deux mondes qui ont occupé une place importante des comédies marquantes de ces dernières années. Le premier, le groupe de Judd Appatow dont l'émissaire est ici Mottola, apporte quelques uns de ses acteurs récurrents tels que Seth Rogen, Jason Bateman, Joe Lo Truglio et Bill Hader ; et le second s'adapte étonnament à l'humour de l'autre. Celui d'Appatow est généralement moins fin, or ici le duo d'Anglais semble s'être collé au style de comédie de leurs collègues Américains. Les premiers gags font rire mais sont trop faciles, ne sont visiblement pas le fruit d'un travail de recherche poussé, certains peuvent paraître déjà vus, et c'est ce qui est décevant malgré leur efficacité sur le moment même.
Il en est de même pour les références, qui consistent surtout à se contenter de montrer le Comic-Con reconstitué parmi lequel les acteurs jouent l'émerveillement. Il y a de quoi se questionner sur les propos de certains qui, depuis quelques années, avec la multiplication des films pour geeks, se plaignent de l'exploitation abusive de cette culture underground qui touche automatiquement le coeur de la niche du public visée.
Ce point de vue trouve de quoi prendre appui dans le début de Paul, avec ces références lancées dans la discussion gratuitement et cette introduction qui se déroule au cours de la plus grande réunion de fans de comics au monde et qui ne sert qu'à nous faire sourire sans trop de difficultés.
Le film se rattrappe ultérieurement, et il n'y a finalement pas de quoi remettre en question ce procédé qui s'adresse directement aux fanatiques, puisqu'une différence de qualité se voit par la suite de par des allusions placées logiquement dans le scénario, et auxquelles du sens est attribué. La plus subtile reste celle qui utilise le "Wilhelm scream", comme pour désigner son utilisation à l'excès chez Spielberg et Lucas.
Dès lors Frost et Pegg se font énormément plaisir, en tant que fans de SF, en visitant des lieux cultes et en invitant des acteurs emblématiques à participer, en même temps qu'ils font énormément plaisir au public.
Et, preuve que les scénaristes connaissent leur sujet et savent le rendre à l'écran de sorte à amuser, une des répliques est déstinée aux geeks uniquement, car sont seuls à pouvoir comprendre ce gag qui fait appel à l'importance à leurs yeux des t-shirts, produits dérivés censées représenter l'amour porté envers une oeuvre de fiction en particulier, et qui est tout à la fois juste et hilarant.
 

Dans cette collaboration, Frost et Pegg apportent finalement leur propre touche : les références, les clins d'oeil à leurs précédents films, et quelques plaisanteries qui peuvent rappeller ces derniers ; mais ils traitent aussi d'une question qui a pu jaillir dans l'esprit de certains et pour laquelle ils mettent les choses au clair : toujours en binôme, entre amis, ils ont raison dans ce road / buddy movie de préciser que leur relation n'a rien d'homosexuelle, et que les "best friends forever" existent. Cela revient plusieurs fois dans le film, comme un running gag, mais il est évident qu'il s'agit des deux acteurs et non des personnages, qui ont décidé qu'il fallait tirer les choses au clair. Même en dehors de cela, il est nettement visible à plusieurs reprises qu'au delà de ces personnages d'ados quarantenaies, ceux que nous voyons sont les personnes réelles avec leurs caractères propres qu'ils ont projetés sur leurs doubles fictifs à l'écran.
Ils réalisent eux-même un de leurs rêves : croiser la route d'un alien. Seth Rogen, lui aussi un habitué des productions Appatow, prête sa voix à Paul qui, par ailleurs, prend vie dans un corps en images de synthèses bluffantes de réalisme, interagissant parfaitement avec les acteurs, le décors et les lumières, à croire qu'une autre forme de vie peut vraiment exister.
Cet extra-terrestre a beau venir d'une autre planète, il correspond bien aux terriens, et plus précisément à certains des rôles habituels de Rogen ou tout autre loser qui s'amuse à fumer des joints ou montrer son postérieur. L'humour n'est pas subtil, mais ces passages qui visent bas font que nous sommes d'autant plus surpris par les vrais coups de génies, plus rares, et par une structure narrative plus construite que ce que le film pouvait laisser penser jusque là.
Situations cocasses, blagues entre amis, délires sous drogue, les motifs pour rire sont plus ou moins recherchés, mais le plus fort est certainement la façon dont de nombreux clichés sur les ET et leurs traqueurs issus d'une agence secrète sont repris pour être détournés sous une forme comique.


L'intrigue est des plus simples, il s'agit du récit typique de l'alien qui doit rentrer chez lui, et qui en route crée des liens d'amitié tellement forts avec des humains qu'ils sont tous prêts à risquer leurs vies pour le visiteur intergalactique qu'ils viennent de rencontrer. Mais l'important dans Paul n'est pas tellement l'intrigue vue dans son ensemble, mais les scènes prises séparément qui, elles, ont de quoi surprendre. Alors qu'au départ il n'y avait que de quoi être amusant, l'enchaînement quelque peu mécanique des gags et des références finit par s'assembler autour d'une intrigue, et la mise en scène fait oublier les lacunes une fois que les scènes d'action nous aient emportés dans l'histoire. Il n'y a que les séquences d'émotion, avec une musique stéréotypée au plus haut point, qui reviennent à la faiblesse de départ.
Autrement, cette comédie est un pur plaisir, à condition de ne pas s'attendre à un spectacle du même niveau que Shaun of the dead. Peut être est-ce du au remplacement de Wright par Frost pour qui c'est le premier scénario, puisque certains passages sont quelque peu expédiés, les sentiments humains normaux comme la joie de ne plus être borgne sont éclipsés pour laisser plus de place à des plaisanteries potaches. Ces dernières sont tout de même assez grandioses pour faire passer la pillule tandis que l'on rit à gorge déployée quand l'on n'est pas béats devant quelques très bonnes surprises.

Bande-annonce VOST :

mardi 5 octobre 2010

Big nothing

Comme pour La nuit des loosers vivants, les distributeurs Français ne savent pas écrire "loser" correctement.

Fiche du film :
Réalisateur : Jean-Baptiste Andrea
Scénaristes : Billy Asher et Jean-Baptiste Andrea
Année : 2006
Genres : Comédie / Thriller
Acteurs principaux : Simon Pegg, David Schwimmer, Alice Eve
Résumé : Pour arrondir ses fins de mois, Charlie se trouve un job dans une société d'assistance téléphonique, mais se fait virer dès le premier jour. Compatissant, Gus Dickinson, son collègue depuis quelques heures, propose à Charlie de récolter 100 000 dollars facilement, en faisant du chantage à un prètre qui s'est connecté sur des sites pédophiles.

Avis sur le film :
Cinéaste d'origine française surtout connu dans nos contrées pour son dernier scénario qu'est Hellphone, Jean-Baptiste Andrea a grandi à Cannes où il tourna son premier court-métrage, mais réalisa son premier long, Dead end, aux Etats-Unis. Après ce film s'écoulèrent trois ans où il chercha différents projets auxquels participer mais sans succès, et c'est de là que vint l'inspiration pour le héros à la recherche d'un travail dans Big nothing. Ce dernier n'a pas non plus été tourné en France mais de l'autre côté de la Manche en compagnie des stars David Schwimmer et Simon Pegg, ainsi que Billy Asher venant se joindre à l'écriture pour apporter une touche British au scénario.


L'histoire part d'une combine banale où l'humour et le culot sont déjà présents, mais qui bien sûr dégénère à cause d'une culpabilité classique dont le besoin de tout raconter à son conjoint rappelle Un plan simple, puis à cause d'une succession de malchances.
A partir d'un travail ennuyeux façon Fight club qui se transforme en un défoulement de violence verbale gratuite s'engage la mécanique de la folie bouillonnante par un montage frénétique qui rappelle les tactiques de survie évoquées en image dans Shaun of the dead avec ici l'ajout de séquences animées qui partagent l'écran en compagnie de personnages qui, selon les situations dans lesquelles ils se retrouvent, sont dignes d'un film de Guy Ritchie mais enrichi grâce à un humour davantage maîtrisé, alimenté à partir de références présentées avec malice et des situations cocasses qui ne cessent de s'empiler au cours de l'intrigue.


Avancer dans ce film correspond à marcher sur des oeufs qui rasent la plante des pieds afin de provoquer une hilarité soulignée par une angoisse hystérique. Même quand on pense déjà être suffisamment surpris par la folle tournure des évènements, ce qui était naturellement considéré comme vrai s'avère faux pour apporter de nouvelles doses concentrées d'éclats de rires surpris par des situations qui viennent frapper les nerfs déjà à vif du spectateur aussi soudainement que surgissent quelques personnages barges qui assument leur singularité d'un air ordinaire mais qui en arrivent à se comporter avec une démence qui leurre en faisant croire que c'en est fini alors qu'il n'en est rien.
La fin se permet même de faux rebondissements, et d'autres que l'on croit vrais jusqu'à ce qu'il nous soit prouvé qu'ils soient faux avant qu'ils ne se révèlent plus tard être vrais.


Le scénario qui cherche à dérouter au maximum en devient légèrement poussif en n'étant presque qu'un enchaînement de situations inatendues, mais elles sont reliées par des éléments qui se recoupent et finissent par construire une intrigue massive qui tient la route en suivant ce qu'elle a instauré, pour un film qui ne faiblit pas et apparaît en lui-même du début à la fin comme une formidable surprise.

Bande-annonce VO :