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vendredi 5 novembre 2010

Dellamorte Dellamore


Fiche du film :
Réalisateur : Michele Soavi
Scénariste : Gianni Romoli
Année : 1994
Genres : Drame / Fantastique / Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Rupert Everett, Anna Falci
Résumé : Francesco Dellamorte est le gardien du cimetière de Buffalora, ville d'habitude tranquille mais qui lui apporte plus de travail depuis que les morts se relèvent de leur tombe.

Avis sur le film :
En tant que protégé de Dario Argento, son producteur sur La setta et Sanctuaire, Michele Soavi réalisait jusque là essentiellement des giallos, un genre de thriller typiquement Italien qui commençait déjà à s'essouffler à la fin des années 80. C'est aussi pour se séparer de l'influence du géniteur de Les frissons de l'angoisse que Soavi cherche d'autres projets, avant d'en arriver au roman de Tiziano Sclavi, Dellamorte dellamore, dont le héros a croisé la route de Dylan Dog dans les pages du fumetti éponyme.
Ce sont ces deux sources qui nourrirent le scénario écrit par Gianni Romoli, déjà collaborateur de Soavi sur La setta, de l'un conservant le poste de fossoyeur et de l'autre l'apparence de Rupert Everett, et gardant une atmosphère étrangement poétique, mais tournée au goût des créateurs de l'adaptation cinématographique.


Encore quelques années avant, l'Italie était loin d'être privée de zombies, notamment avec Lucio Fulci et la série des Zombi, et Dellamorte Dellamore peut apparaître dans son introduction comme faisant partie de la même lignée de par l'air sinistre appliqué au les acteurs par un maquillage médiocre, quoique concernant les morts-vivants le film se montre plus loufoque dans son choix des armes utilisées contre eux et de ses mises en situation. Il se différencie également par son personnage principal, au nom déjà atypique et significatif, qui évolue dans l'absurde sans s'en rendre compte, voulant se faire payer ses heures supplémentaires passées à ré-enterrer les morts. Même si le héros reste impassible, l'humour, auquel il répond avec une ironie lasse tout aussi comique, croise inévitablement sa route selon les disfonctionnements humains chez les personnes que peut attirer à lui un gardien de cimetière, de manière aussi drôle que dramatique, voire d'une morbidité désopilante.
Accompagné de Gnaghi, son assistant attardé mental peu bavard, c'est Francesco qui détient les meilleures répliques, pertinentes et pessimistes, issues du fond de son être blasé par la vie ; vie qu'il passe maintenant autant que possible à l'écart des vivants.
Avec des pensées sinistres si magnifiquement formulées, accompagnées à chaque fois d'un mot d'esprit pour les faire rentrer assurément dans la tête de l'auditeur, et ce de la part d'un fossoyeur solitaire, il ne suffit que d'ajouter une touche de fantastique pour constituer les aventures déjà captivantes d'un tueur de non-morts. Mais ce serait encore loin de toute la bizarrerie qui forme Dellamorte Dellamore.


Comme nous l'y fait penser la bande-originale par ce magnifique thème musical se diffusant dans tout le film, sorte de valse funèbre aux notes désarticulées comme dédiées à des cadavres qui voudraient danser, il a fallu que l' "amore" se mêle à "la morte", ce qui s'illustre par des scènettes se plaçant dans l'histoire et qui présentent dans des circonstances différentes que le désir propre à la faiblesse de l'homme de prolonger l'amour après la mort a des conséquences désastreuses. Ce ne sont néanmoins que des variations de l'intrigue principale entre Francesco et "Elle". Cette dernière signe son intrusion dans le monde morose du fossoyeur par sa beauté surréelle, retenue tout d'abord par des habits de deuil serrés autour de son corps avant qu'elle ne soit pleinement dévoilée et sublimée. C'est la présence céleste de cette femme qui chamboule tout dans la vie de Francesco, y introduit le drame, et devient la justification de montées d'attentions artistiques et de dépassements techniques au service d'une esthétique incroyable qui a recours à l'utilisation soignée de voiles, de reflets et de ralentis contemplatifs. Le résultat visuel est la preuve d'un assemblage de longues observations macabres de la part de l'homme derrière la caméra, qui a entre autres remarqué l'élégance que peuvent revêtir des gouttes d'eau tombant d'un crâne. Comme l'a fait Suspiria à un autre niveau, ce film rend l'horreur sublime au milieu d'une étreinte langoureuse entre plaisir et douleur devenus difficilement discernable, entre mort et amour inséparables par un érotisme puissant toujours aussi somptueux dans sa mise en scène. Et de cette union illégitime ressort un message qui en vient à dégoûter de la romance, le personnage étant trompé à chaque fois qu'il recherche en celles qu'il rencontre sa bien-aimée disparue.


Seule la fin peut rebuter à la première vision, encore plus étrange que le reste, difficilement compréhensible et qui remet en question tout ce qui a été vu jusque là. Même si le spectateur ne peut se baser que sur des théories à défaut d'une explication du réalisateur, ce désagrément n'est qu'une parcelle du film qui finalement ne gâche en rien le plaisir offert par le reste de cet OVNI cinématographique qui demeure tout aussi grandiose. Plus qu'un jeu de mot, le titre Dellamorte Dellamore correspond parfaitement à son contenu, plus splendide illustration qui soit du lien vénéneux entre amour et mort.
Le seul reproche que je puisse adresser à ce film correspond aussi à une de ses qualités : il est unique. Même Michele Soavi n'a rien fait de tel avant ou après dans sa carrière, et ainsi je suis condamné à jamais à chercher un égal à Dellamorte Dellamore, sans grande chance de lui en trouver un.

Bande-annonce VF :

mardi 2 novembre 2010

Dylan Dog [Autour du cinéma]


Fiche de la bande-dessinée :
Auteur : Tiziano Sclavi
Dessinateurs : Angelo Stano, Giampiero Casertano
Année de création : 1986
Résumé : Dylan Dog est un ancien policier Britannique devenu "Enquêteur en cauchemar". Avec son acolyte, le comique Groucho, il résoud des affaires plus bizarres les unes que les autres qui lui sont confiées.

Avis sur la bande-dessinée :
Continuant de paraître dans son pays d'origine et vendu chaque mois à des millions d'exemplaires si l'on inclut les ré-éditions, Dylan Dog est le plus gros succès mondial du "fumetti".
Né en Octobre 1986 sous la plume du romancier Tiziano Sclavi, le héros éponyme doit son physique proche de celui de Rupert Everett à l'illustrateur des premières couvertures Claudio Villa, et son nom au poète Dylan Thomas. Les inspirations plus ou moins explicites ne s'arrêtent pas là puisqu'un an plus tôt, dans les pages de Swamp thing de l'autre côté de l'Atlantique, un autre détective du paranormal Londonien faisait son apparition, celui-ci nommé John Constantine.


Au premier abord, c'est comme un John "Hellblazer" Constantine davantage dragueur que l'on peut décrire Dylan Dog, se retrouvant souvent au lit avec ses clientes sans avoir nécessairement besoin de chercher à ce que cela arrive. Pourtant la comparaison s'arrête là, puisque plutôt que des critiques sociales et des engagements politiques où interviennent des démons, Dylan Dog dès ses premières aventures préfère les situations drôles au premier degré. C'est principalement ce qui vaut la présence de son comparse Groucho, entres autres look-alikes de célébrités, qui ne laisse planer aucun doute sur la provenance de son nom et de son physique, distribuant à tout va des blagues gratuites mais tout de même risibles. Cela passe également par d'autres références, notamment à La famille Addams avec la sonnette poussant un cri qui, étonnamment, sur le papier surprend de nombreuses fois en faisant penser qu'un meurtre est en cours à proximité. C'est par de tels procédés que l'innatendu se produit, jouant sur les défauts narratifs d'un récit dessiné pour les tourner en qualités déroutant le lecteur, quand l'histoire ne se construit pas par des artifices frappants par leur ressemblance au montage trompeur d'un film rempli de suspense.
Il est certain que Sclavi soit lui-même fan de cinéma, ne cachant plus ses références quand on en vient aux films d'horreur, dont Zombie que les personnages vont voir en salles et d'où le premier tome, L'aube des morts-vivants, tire son titre.


Premièrement considéré comme une vulgaire publication aux dessins encore imparfaits, à la nullité des secrets de l'intrigue que tous, sauf les personnages, peuvent deviner en un instant dès lors que l'on connaît le principe d'un anagramme, c'est par la suite que l'écriture est traitée avec plus de sérieux. La série, à prendre à la légère dans ses débuts, devient bien différente par la complexité de réflexions existentielles admirables, ou par de fausses pistes qui obligent à procéder à une seconde lecture pour tout remettre en ordre quand ce que l'on vient de lire s'avère être faux ou le résultat de l'acte d'imagination de ce qui se serait passé en une hypothétique vie parallèle.
Ce sont des trésors d'écriture très pensée pour ce qui se révèle être un peu plus qu'une bande-dessinée qui se trouvent dans certains numéros de Dylan Dog, comme cet homme invisible qui fait partie de ce fantastique qui déjoue les règles de la narration et qui a toujours de quoi intriguer dès les premières cases.
Une atmosphère constamment étrange et troublante se crée, où des personnages ne peuvent se dépêtrer de leur détresse sans aller d'une misère à une autre, en perpétuel manque de repos, en passant par Dylan et ses amis ou d'autres inconnus dont des tranches de vie malsaines sont saisies, insolites à la limite du crédible, et qui n'en sont pas moins dramatiques.


Unique de pages en pages, la formule peu commune qui mélange zombies, femmes fatales et tueurs en séries avec un onirisme saupoudré d'humour intrusif a de quoi perdre certains lecteurs, avant de se révéler être envoûtant pour d'autres.












Tome 1 Français, paru aux éditions Glénat