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mercredi 29 juin 2011

Citizen Toxie : The Toxic Avenger IV


Fiche du film :
Réalisateur : Lloyd Kaufman
Scénaristes : Lloyd Kaufman, Trent Haaga, Gabriel Friedman, Patrick Cassidy
Année : 2000
Genres : Comédie / Action
Acteurs principaux : David Mattey, Clyde Lewis, Heidi Sjursen, Joe Fleishaker
Résumé : C'est une mauvaise journée pour Toxie, non seulement il n'a pas pu sauver une école pour enfants handicappés mentaux, mais en plus de cela l'explosion qui a causé leur mort a transporté le héros dans une dimension parallèle, tandis que son double maléfique a pris sa place à Tromaville.

Avis sur le film :
Cela faisait dix ans que le Toxic Avenger avait été absent, hormis quelques courtes apparitions dans d'autres productions de Troma, mais à l'aube du nouveau millénaire, après bien d'autres réalisations d'un tout aussi mauvais goût telles que Tromeo & Juliet ou Terror firmer, Lloyd Kaufman fait revenir pour de bon sur le grand écran le super-héros du New Jersey devenu le symbole de sa société de production, et qui avait donné un coup de pouce à sa carrière à ses débuts.
Le titre du précédent épisode, The last temptation of Toxie, faisait référence au film de Scorsese sur le Christ, sans qu'on puisse donner de réelle signification à ce détournement. Pour Citizen Toxie, puisque le scénario n'a aucun rapport avec la création la plus célèbre d'Orson Welles, à l'exception d'une courte référence au détour d'une scène, il est possible d'y voir une tentative non pas d'égaler ce chef d'oeuvre, mais de faire à Troma l'équivalent de ce que Citizen Kane est au cinéma.


Dans l'introduction, Lloyd Kaufman balaie d'un coup les deux précédents films, les qualifiant de "suites pourries" et dont il s'excuse. Il est surprenant qu'il dénigre soudainement ses oeuvres, lui qui habituellement se démène pour vendre tous ses films, mais quand bien même le créateur en viendrait à rejeter trop vite ce qu'il a réalisé et qui est loin d'être aussi mauvais qu'il le prétend, le public n'est pas obligé de partager son avis ; toutefois cela place la barre plus haut pour ce nouvel opus qui nous est donc présenté comme surpassant ce qui a été vu précédemment dans la saga.
Dans les années 2000, les spectateurs seraient en droit d'attendre de la part de Troma une amélioration dans la qualité vidéo, et c'est le premier élément qui frappe puisqu'il est visuel : l'image ne s'est que peu améliorée au fil des années, et malgré la réputation croissante de la société, leur budget reste visiblement très réduit. Le montage et le mixage du son, très chaotiques, participent aussi à rappeler un manque de moyens, du moins au début, puisqu'ils s'améliorent ensuite, et le monteur a su finalement jongler avec les plans sous différents angles de façon dynamique, et dans l'une des scènes de combat les plus marquantes il ose même des split-screens en pagaille mais à l'organisation maîtrisée.
Quoiqu'il en soit, peu importe la quantité d'argent à disposition, tant qu'est conservé ce qui a jusque là a fait oublier le faible budget dans les films du Toxic Avenger : l'esprit "Troma".
En 1998 sortait Terror firmer, dont le scénario incluait une grande mise en abyme de la société de production, avec Lloyd Kaufman jouant presque son propre rôle, en interprétant un réalisateur aveugle donnant naissance au nouveau chapitre des aventures de Toxie. Cette oeuvre décalée avait alors été considérée à l'époque comme le film Troma ultime, mais Citizen Toxie le détrône, imposant avec plus de puissance ce qu'est l'essence même de cette maison de production.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce nouvel ajout à la série accomplit l'exploit d'être encore plus fous que ses prédécesseurs, les surpassant en concentrant tout ce qu'ils ont toujours contenu de plus douteux, et en y ajoutant de nouveaux éléments qui vont bien plus loin que tout ce que les scénaristes avaient osé jusque là.


Le film s'attaque à des sujets sensibles récents, et notamment se moque sans ménagements du massacre de Columbine, mais derrière la légère dénonciation se trouve surtout un goût malsain pour la provocation violente et gratuite.
Le tournage a été effectué avant les attentats du 11 septembre, les tours jumelles sont d'ailleurs encore visibles dans un plan de New York, sans quoi le film aurait très certainement tourné en ridicule cet autre évènement d'actualité.
Sans raison, totalement arbitrairement, les nouvelles cibles de Kaufman et sa bande sont les attardés, les personnes âgées, les transsexuels, la chirurgie esthétique excessive, et la religion. Cette dernière se fait brutalement saccager, et il est incroyable de voir à quel point l'audace des scénaristes va loin, c'est à se demander à certains moments comment il leur a été possible de placer une insolence telle dans leur film.
Comme dans les épisodes précédents, il y a également cette volonté de se moquer du cinéma et de soi-même, avec un usage de stock-shots qui assume son ridicule, notamment avec le fameux plan de la voiture qui décolle puis explose inexplicablement, déjà utilisé dans Tromeo & Juliette, Sgt. Kabukiman NYPD et Terror firmer, qui est encore une fois repris ici. L'origine du placement de ces images dans ce nouveau film n'est pas si honnête que ça, puisque Kaufman est allé jusqu'à tourner de nouvelles images avec un clown pour justifier sa présence dans les plans de la poursuite et de la cascade en voiture et faire correspondre les images recyclées avec celles inédites, mais par chance il semblerait que l'équipe ait changé d'avis d'ici la post-production et le résultat final fonctionne sans que le spectateur pense que l'on ait voulu le berner, puisqu'il ressort surtout une impression d'auto-dérision de la part de l'équipe de Troma. Ils jouent encore une fois avec les principes du cinéma en faisant ce qu'il ne faut pas, mais sans chercher à dissimuler une tromperie, puisqu'ils laissent à comprendre qu'ils sont conscients de ce qu'ils font.
Avec Troma, l'usage du stock-shot perd sa caractéristique purement nanarde liée à son intention d'embobiner le spectateur, mais d'autres figures plus "nobles" sont aussi détournées, comme la traduction en langage des signes pour les sourds, et la transition en iris, qui voit sûrement ici son utilisation la plus détraquée qui existe, le procédé étant complètement avili. Lloyd Kaufman écrivait "Je suis l'herpès de l'industrie du cinéma... je ne vais pas m'en aller", ce qui s'applique aussi à ce qu'il fait au septième art : il le pervertit, et salit avec plaisir tout ce à quoi il touche.


Quand on croit que ce Citizen Toxie ne peut aller plus loin, il le fait, et pour une fois le grand nombre de scénaristes, quatre dans le cas présent, n'est pas un mal, car c'est certainement à cette polycéphalie que l'on doit une telle profusion d'idées déjantées.
Citons seulement parmi le grand fouillis de personnages hauts en couleurs les mafieux en couches-culottes, les bébés mutants, le scientifique qui se prostitue, et bien sûr les lesbiennes et autres seconds rôles en petites tenues toujours en plus grand nombre.
Des personnages déjà existants de l'univers de Troma font aussi une apparition, comme Sergent Kabukiman, auquel Lloyd Kaufman est peut être attaché puisqu'il est le personnage principal d'un de ses films, mais qui est bien moins attachant que le Toxic Avenger, et qui heureusement est ici montré comme un loser, ce qui évite qu'il fasse de l'ombre au véritable héros. D'autres personnages sont créés spécialement pour l'occasion, tels que Dolphin man ou The vibrator, et ce juste pour apporter quelques gags supplémentaires ; cela fait partie des éléments de surenchère, ces détails qui demandent toutefois de dépenser de l'argent pour les mettre en place, et qui sont d'autant plus honorables pour Troma en ayant connaissance de leur budget. Cela renforce leur image de société indépendante qui fait tout pour mettre en oeuvre ce qu'ils souhaitent, pour apporter un petit plaisir supplémentaire au public, et ce peu importe leurs moyens.


Attirés par la renommée de la société, du moins c'est le cas de Corey Feldman qui s'est proposé pour un rôle, des acteurs plus connus viennent apporter leur pierre à l'édifice. Entre célébrités internationales et grands noms de séries Z, le spectateur peut s'amuser à remarquer entre autres Eli Roth et Lemmy qui sont déjà des habitués, la star du porno Ron Jeremy, Debbie Rochon, Julie Strain et James Gunn toujours fidèles, et plus étonnament Stan Lee ; tous sont aussi un ravissement de plus, pour le spectateur qui les reconnaît.
Il y a également ces acteurs inconnus en dehors du cercle des oeuvres de Troma, qui ont interprété des personnages secondaires et qui reviennent, que ce soit Lauren Heather McMahon issue de Class of Nuke'em high ou Joe Fleishaker qui est de plus en plus apparent dans les films de Lloyd Kaufman, ils favorisent l'idée que Troma est une grande famille dont on aime revoir des membres de temps en temps.
Comme le montre le fascinant documentaire de près de deux heures Apocalypse soon sur le tournage de Citizen Toxie, qui par ailleurs ne cache rien des déboires sur le plateau, Troma est aussi un géant du cinéma indépendant qui pousse les fans à un élan de participation, et ainsi comment ne pas être touché par ce vieil homme qui spontanément décide d'interpréter le fou qui court nu au début d'une scène à l'hôpital, ou par cet autre individu qui a tout fait pour avoir le rôle du "reporter #3" ?
Il y a enfin ces inconnus complets mais marquants, qui se prêtent au jeu pour incarner un personnage dégénéré rien qu'un instant, ces acteurs survoltés qui cabotinent à l'extrême tout comme le font Heidi Sjursen qui joue la blonde complètement à côté de la plaque caricaturale ou Corey Feldman déchaîné, avec en sus sa moustache on ne peut plus factice en travers de son visage. Ayons ainsi une pensée pour cet afro-américain qui n'apparaît qu'une seconde, au milieu de la foule, hilare alors qu'en face de lui est censé se trouver le chef de la police se faisant arracher les bras, sorte de soldat inconnu du cinéma bis.


Citizen Toxie est sans nulle doute l'apogée de la série d'aventures du Toxic Avenger, mais aussi des réalisations de Lloyd Kaufman qui porte l'esprit Troma à des sommets. Le film est d'un irrespect affolant, d'une audace inimaginable et donc totalement jouissive. Plein de surprises, jamais à bout de souffle, The Toxic Avenger IV dépasse largement les limites mais parvient encore à ne pas aller trop loin dans son exploration du mauvais goût ; en tout cas il trouve le bon dosage pour continuer à plaire.

Réplique culte :
"Oh my god ! It's the Toxic Avenger, Tromaville's favourite hideously deformed creature of superhuman size and strength !" - Dex Diaper

Bande-annonce VO :

mercredi 22 juin 2011

The Toxic Avenger part III : The last temptation of Toxie

Lors de la rédaction du brouillon, un bug de Blogger a effacé une grande partie de ce qui a été écrit, d'où le fait que cet article n'ait pas donné suite à celui de The Toxic avenger part II publié le mois dernier.


Fiche du film :
Réalisateurs : Lloyd Kaufman et Michael Herz
Scénaristes : Lloyd Kaufman et Gay Partington Terry
Année : 1989
Genres : Comédie / Action
Acteurs principaux : Ron Fazio, John Altamura, Phoebe Legere, Rick Collins
Résumé : De retour à Tromaville, Toxie se remet à se débarasser des truands, qui ont précédemment profité de son départ pour faire ce qu'ils souhaitaient. Tout va alors pour le mieux concernant la criminalité, mais c'est ce qui pose problème au super-héros toxique, qui se retrouve sans travail.
Le leader de la société Apocalypse, qui s'était échappé par le passé, revient et profite de la situation pour se mettre Toxie dans sa poche, en sachant qu'il a besoin d'argent pour payer l'opération qui rendra la vue à sa petite amie.

Avis sur le film :
La même année que l'épisode 2 sort The Toxic Avenger part III, non pas parce que les deux ont été réalisés parallèlement, comme ça a été le cas avec Retour vers le futur II et III à la même époque, mais parce que le film prévu originellement était trop long, avec une durée d'environ quatre heures, et a dû être coupé en deux.
La scission de l'oeuvre peut expliquer quelques passages bâclés, comme la course-poursuite expédiée dans les dernières minutes du second film. Toutefois, la coupure ne se remarque pas tant en prenant les deux films séparément, les problèmes évoqués dans la première suite ayant trouvé leur solution d'ici le générique de fin, et c'est d'ailleurs probablement la raison pour laquelle les distributeurs français ne se sont pas gênés pour ne pas sortir dans l'hexagone le troisième opus.


Outre le retour de certains personnages dont "Cigare-face" de l'épisode un, le lien avec le film précédent s'effectue tout d'abord par un montage récapitulatif énergique et entraînant revenant sur les évènements récents, mais pour un résumé curieusement erroné et outrancier dans ses promesses d'exploits à venir.
La connexion se fait quoiqu'il en soit par une continuité dans le traitement de thèmes récurrents. Comme d'habitude, Troma ne fait pas dans la finesse, et ce n'est pas avec ce troisième épisode des aventures de leur mascotte que les choses changent. D'entrée de jeu, le film affiche un message assez clair, présentant un groupe de braqueurs, chacun nommé d'après une grande compagnie de production cinématographique, et se faisant appeller à eux tous les "Warner brothers". Ils privent les clients d'un videoclub de leur liberté à choisir ce qu'ils veulent voir, bien que curieusement ces derniers semblent tous adeptes des réalisations de Troma, par ailleurs largement promues par diverses affiches dans la boutique. Toxie ne peut tolérer les propos des malfrats tels que "Screw Troma movies", et en tant que garant du bon goût ainsi que défenseur d'un libre-arbitre assez questionnable, il s'amuse à mettre en morceaux les malfaiteurs.
Le gore est toujours aussi réjouissant, et fait encore une fois preuve d'une grande inventivité par rapport à ce que le héros peut trouver à portée de main : un magnétoscope, un effaceur de cassettes, des bandes magnétiques, ou des tripes avec lesquels jouer à la corde à sauter.
The Toxic Avenger part III poursuit également son entreprise de tourner en dérision le film classique, avec un développement de personnage dans le cas présent volontairement forcé et ridicule concernant Claire, dont on apprend les causes de sa cécité tout juste avant que ne soit évoqué un remède possible. Le film tourne simplement en ridicule cette sorte de passage obligatoire dans les suites, tout comme dans l'épisode précédent étaient présentés des hommes de mains caricaturaux en arrière-plan, qui poussaient plus loin le cabotinage habituel en exhibant leurs muscles sans raisons, comme si c'était naturel.


Il est toujours agréable d'en voir encore plus à propos de nos héros, dans des domaines probablement plus triviaux, mais rendus intéressants par les particularités du personnage de Toxic, que l'on voit en agent du Fisc, employé de vidéo-club, garagiste, chanteur de gospel ; il tente même de se suicider, avant de devenir un odieux yuppie. Concernant ce dernier point, il est dû au retour de la société Apocalypse, qui avait déserté Tromaville à la fin du second film et qui revient ici sans explications -ce qui expose un des problèmes causés par la coupure du montage originel en deux long-métrages distincts- et sans aucun problème non plus, à se demander comment il ait été possible que les criminels se tiennent à l'écart jusque là.
Avec l'intrigue de la manipulation de Toxie par Apocalypse, dont le boss aux méthodes radicales cache en fait le Diable en personne, tel que nous l'indique clairement un passage de la Bible récité un peu plus tôt, les scénaristes font preuve d'une naïveté cette fois totalement dépourvue de second degré et qui n'est qu'un ploiement vers la facilité, sans le recul comique nécessaire pour le faire accepter par le spectateur. De plus, ce qui arrive est ennuyeux ; la nouvelle situation est source de peu de gags dont on a vite fait le tour, puisque la plupart consistent surtout à simplement montrer un monstre toxique s'habiller et parler comme un yuppie, déjà qu'il était presque navrant de le voir trop longtemps dans son rôle de contrôleur fiscal. On en reste donc à la mise en situation qui ne va pas bien loin, et qui ne permet pas de partir dans des délires poussés comme lors du voyage au Japon peu de temps avant, avec ses combats à influence asiatique.
Même quand le héros se révolte contre le chef d'Apocalypse, le film reste trop lent, trop peu énergique. L'acteur jouant Toxie semble lui-même fatigué et montre peu d'entrain, et ce depuis le début de ce long-métrage.
Pour ce qui est de l'interprète de son double, Melvin, ce n'est plus le même que dans le premier épisode de la saga, et avec ce nouvel acteur est lié un problème peut être inverse, car son trop-plein d'énergie rend le personnage agaçant de par son cabotinage insupportable.


Le montage n'arrange rien, car il insiste sur des passages à effets spéciaux dont le cinéaste devait être fier, mais de ce fait dilate trop le temps, perdant totalement l'impact d'une scène lorsque les personnages crient durant des minutes qui semblent de plus en plus longues tandis que Satan s'extirpe difficilement d'un corps.
En fin de film, l'idée de mettre Toxie à l'épreuve dans des niveaux de jeux vidéos peut se montrer originale, mais cette partie comporte le même problème que précédemment, à savoir que les personnages secondaires hurlent comme s'il y avait de quoi s'inquiéter alors que nous assistons à un héros attaqué avec lenteur par une tondeuse à gazon.
De plus les effets spéciaux sont très faibles, certains se résumant à des retours en arrière de la pellicule pour donner vaguement l'impression que Toxie fait un salto arrière, ou qu'un bus remonte en haut d'une falaise d'où il est tombé. Il n'y a qu'un seul autre moment fort qui vient faire écho au début, et il faut pour cela attendre 1h30, il s'agit de la transformation du super-héros en Melvin, tout aussi peu rythmée mais constituée d'un effet gore digne d'un feu d'artifices de couleurs dégoulinantes issu de Street trash, mais en dehors de cela il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
Il est tout de même surprenant qu'à l'origine ce troisième film devait faire partie du deuxième, au vu de la différence de qualité entre eux. Heureusement que The Toxic Avenger part II a été séparé de cette seconde moitié particulièrement faible, sans quoi il aurait effectué une plongée phénoménale en plein milieu du recit, mais du coup Troma nous fournit un autre film très décevant, un épisode des aventures de Toxie à oublier.

Bande-annonce VO :

samedi 7 mai 2011

The Toxic Avenger part II


Fiche du film :
Réalisateurs : Lloyd Kaufman et Michael Herz
Scénaristes : Lloyd Kaufman et Gay Partington Terry
Année : 1989
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Ron Fazio, John Altamura, Phobe Legere
Résumé : Grâce au Toxic Avenger, Tromaville a été débarassée de tous ses criminels, mais c'est sans compter sur la société Apocalype, qui veut prendre le pouvoir. Ils envoient Toxie au Japon retrouver son père, et profitent de son absence pour faire régner la terreur.

Avis sur le film :
Avec un budget dérisoire de 500.000$, le premier essai de Lloyd Kaufman dans ce qu'il considère comme du cinéma horrifique rapporte, ayant un certain succès en salles. Il poursuit sur la même voie avec deux autres films que sont Troma's war et Class of nuke'em high, présentant eux aussi de la violence irraisonnée et un humour graveleux, mais il garde en tête l'idée de faire une suite à son Toxic avenger. Tel qu'on le sait depuis, Kaufman est un businessman hors pair capable de vendre n'importe quoi dans n'importe quel pays, et en 1989 c'est au Japon qu'il trouve des investisseurs pour son nouveau bébé. Contre quelques millions pour faire son film, le "premier monstre super-héros du New Jersey" continue ses aventures au pays du soleil levant.


Cela se voit que Kaufman et Herz ont eu à leur disposition plus d'argent, car en dehors du voyage à Tokyo qu'ils offrent à leur équipe de tournage, ils se permettent de voir plus grand concernant les décors et le nombre d'acteurs employés, ou de s'offrir le luxe d'articuler l'oeil droit de Toxie, à savoir celui mal placé sur son visage, et d'avoir plus de titres dans la BO que le premier film qui n'en comportait qu'environ trois, avec même désormais une superbe chanson au nom du Toxic Avenger.
Malgré cela, cette suite ne change pas l'esprit décalé propre à Troma, si ce n'est peut être qu'il y a un air de cartoon qui s'y ajoute, comme si le film avait rendu vie à un dessin-animé de Tex Avery, les effusions de sang en plus, même si le fait que la violence improbable des séries pour enfants soit transposée dans la réalité est déjà assez étrange dans l'idée.
A la fin du premier opus, la corruption et le crime avaient été anéantis, et c'est à partir de là que doit reprendre l'épisode 2. Cependant, nous retrouvons déjà l'esprit railleur de Kaufman et ses confrères dès le début, alors même que Tromaville est en paix, par le fait que le film tourne cette paisibilité en ridicule par une parodie du caractère niais d'une tranquilité utopique excessive. La voix du héros qui commente ces images est de nouveau semblable à celle d'un adolescent, celle de Marty McFly dans la version française, au lieu de celle de gros dur qu'il avait acquis lors de sa mutation, comme si le Vengeur s'était ramolli avec toute cette gentillesse insupportable autour de lui.


Pour ajouter à la moquerie de l'introduction le gore nécessaire pour compléter le tableau Troma-esque, le récit fait intervenir de nouveaux méchants faisant partie de la "société Apocalypse", qui débarquent sans problèmes, à se demander comment la criminalité a pu être totalement tenue à l'écart de la ville jusque là. Peu importe car les scénaristes sont loins d'être soucieux de la logique. Un membre du Ku Klux Klan, un homme-chien, un redneck, un travesti, un nain et autres sbires hauts en couleurs s'alignent pour affronter Toxie, sans qu'il n'y ait besoin de justifications autres que l'envie de mettre en scène un bain de sang insensé.
Par contre, malgré les efforts pour trouver une excuse, cette dernière étant placée à la fin d'un long discours censé faire qu'elle soit acceptée plus facilement du public, le périple forcé au Japon est amené de façon ridicule. Le film, toutefois, s'en accomode bien finalement, car n'en est pas à une invraisemblance ou excentricité près et se tourne lui-même en ridicule, comme en témoigne le déplacement au Japon effectué en planche à voile qui achève d'écarter toute prise au sérieux.
Les cinéastes profitent de ce séjour en Asie pour intégrer des références à des armes typiques du film de kung-fu ou des influences du manga, la présence de Gô Nagai en caméo n'étant sûrement pas un hasard, mais quoiqu'il en soit Toxic avenger part II est un grand melting-pot d'éléments divers unis par le goût du n'importe quoi hilarant : des blagues et jeux de mots que les réalisateurs n'ont pas eu honte d'avoir placé dans leur film, un mépris admirable de la cohérence au nom de l'humour trash rocambolesque, et une utilisation inventive et brutale de tout ce qui peut se trouver dans l'environnement, que ce soit des poissons ou un panier de basketball.


Ce second film est aussi l'occasion d'en savoir plus sur le Vengeur Toxique favori du New Jersey, puisque nous rencontrons son père, découvrons les "Tromatons", ce qui arrive quand il pleure et quand il défèque, après l'avoir vu uriner par le passé. Melvin a également une nouvelle copine, Claire, une autre blonde aveugle, qui nous donne un aperçu de ce qu'est la vie en couple avec le monstre-super-héros, et dont l'hystérie et le manque de pudeur sont bien représentatifs de tout le film.
Il n'y a que lors d'une des dernières séquences que l'on peut reprocher à cette production de Troma une narration bâclée, la course-poursuite motorisée ayant visiblement été placée au dernier moment, agencée par la voix-off qui explique précipitamment la situation, et elle sert surtout à écouler de l'argent supplémentaire avec ce passage rempli en action. Il s'agit du défaut le moins excusable de Toxic avenger part II, qui autrement est un spectacle jubilatoire hallucinant de bêtise assumée et maîtrisée, beaucoup plus poussé et délirant que son prédécesseur.
Et cette fois encore, le doublage français participe au caractère rétro grotesque et risible, avec quelques accents et intonations complètement exagérées et une traduction parfois approximative.

Bande-annonce VO :

jeudi 5 mai 2011

The Toxic Avenger


Fiche du film :
Réalisateurs : Lloyd Kaufman, Michael Herz
Scénaristes : Lloyd Kaufman, Stuart Strutin, Joe Ritter, Gay Partington Terry
Année : 1984
Genres : Comédie / Horreur
Acteurs principaux : Mitch Cohen, Mark Togl, Andree Maranda, Pat Ryan
Résumé : Freluquet travaillant comme balayeur dans un club de sports, Melvin Junko est le souffre-douleur des clients. Un jour quelques uns d'entre eux lui font une blague qui va beaucoup trop loin, et le pauvre employé finit dans un fût de déchets toxiques. Subissant d'horribles mutations, il est défiguré mais sa musculature s'est développée, et avec son nouveau physique il devient un justicier peu ordinaire, le "Toxic Avenger", qui va faire le ménage dans Tromaville.

Avis sur le film :
Lloyd Kaufman, créateur de la société "Troma entertainment", était alors superviseur de pré-production pour le tournage de Rocky quand il décida de réaliser un film d'épouvante à sa façon, ayant lu dans un magazine que le genre était mort. Il choisit de planter une partie du décor dans un club de gym pour son premier long-métrage horrifique, qui se révèle finalement être une comédie subversive avec pour personnage principal un super-héros n'hésitant pas à abuser de la violence.
Alors que Troma ne se chargeait jusque là de produire que des teen comedies osées, à l'exception du thriller Mother's day, la compagnie s'est spécialisée depuis dans les films déviants les plus fous, avec le Vengeur Toxique devenu son emblême.


Des traces des précédents films de Troma persistent, avec la présentation de jeunes idiots caricaturaux à l'extrême, préoccupés principalement par leur physique et un thème ayant alimenté le teen movie de toutes époques depuis sa création : le sexe. L'humour aux antipodes de la légèreté issu d'autres films de Kaufman comme The first turn-on est reporté dans un environnement propre à la violence, puisque le groupe de loubards régnant en maîtres sur la salle de gym s'adonnent à un jeu bien particulier qui consiste à écraser impunément des gens sur la route, quand ils ne martyrisent pas simplement les plus faibles au "Tromaville health club". Ces voyous annoncent déjà ceux de Class of nuke'em high sorti deux ans plus tard, par le mélange de la figure de la brute adolescente avec une exagération démesurée, aussi bien dans les actes de violence du gang que leur jeu tout en grimaces, veines du cou qui se gonflent et yeux exorbités, rictus sur lesquels la VF en rajoute une bonne couche.
Les situations de comédie classiques les plus bêtes se voient augmenter en vilenie en étant transposées dans un monde pernicieux au possible. Le fameux gag où il est question de glisser dans le dos d'un professeur de sport quelque chose qui le démangera tandis que ses élèves l'imiteront est repris ici mais avec l'utilisation d'un serpent ; et ainsi quand vient le moment de se moquer du loser de service, le film passe aussi au cran au dessus. Melvin est une figure hyperbolique du raté, et se fait avoir avec une mauvaise blague proportionnelement égale, par sa cruauté, ses répercussions et son exagération, à la bêtise invraisemblable du personnage concerné.


Transporté par des conducteurs drogués et peu soucieux de la sécurité, le baril de déchets toxique achève de faire passer le film d'un genre à un autre en métamorphosant son personnage principal. Malgré l'introduction du long-métrage par une voix-off évoquant la pollution excessive de New York, le thème des déchets et rejets nocifs, comme un parodie de films d'exploitation qui ont la prétention de porter un message, ne sert qu'à faire naître le Toxic Avenger. Super-héros crade et hyper-violent qui urine bleu, pur symbole de la justice personnelle aussi trash que possible, puisqu'il s'agit en somme d'un être qui fait le bien en punissant les méchants, même s'il le fait parfois avec la vengeance en tête et de manière inventive et malsaine, non sans passer un coup de serpillère après les meurtres les plus salissants.
En dehors de cela, cette oeuvre de Lloyd Kaufman suit la trame typique du minable qui devient un héros en dépit des quelques doutes émis sur ses intentions et qui trouve l'amour en route, en la personne d'une femme aveugle dans le cas présent, mais dans un contexte complètement décadent.
Lieu aux conditions de vie déplorables, Tromaville, littéralement "la ville de Troma", annonce l'esprit complètement dérangé que va adopter cette société de production pour devenir le porte-étendard du cinéma qui compense son faible budget par son côté dégénéré. Les scénaristes modèlent leur cité fictive qui présente une vision attardée des réalités politiques, avec un chef de la police agissant comme un nazi ou un maire si corrompu qu'il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas s'en rendre compte ; un monde traversé de sottises, de blagues douteuses, d'incohérences volontaires, d'un humour burlesque couplé avec des gags qui visent sous la ceinture, et un irrespect total, à travers les personnages des criminels, envers les enfants, les personnes âgées, les homosexuels, les obèses et les handicapés.


Drôle, insensé, et à l'air aussi benêt que son personnage principal, Toxic avenger est un film sur la notion de justice qui n'est pas toujours bien rendue par les institutions, mais avant tout sur la tolérance. Lloyd Kaufman présente au monde un héros auquel quiconque peut se fier, redresseur de tords issu des strates les plus basses de la société mais qui a su arriver au sommet grâce à sa bonté, et qui porte bien haut des valeurs justes avec une finesse assimilable à une voiture roulant sur la tête d'un enfant innocent.
Immoral derrière son air de défense des bonnes causes, le film détourne surtout les enjeux des grosses productions américaines des 80's avec ses vaillants héros. Cependant, entre description d'un monde défaillant et héros moralement discutable qui jaillit de cette saleté pour faire le ménage, ce film Troma ne se place finalement nulle part et, par une série de discordances par rapport à des modèles bien trop propres sur eux, ne cherche tout simplement qu'à faire rire.

Bande-annonce VO :


Bande-annonce VF :