mercredi 30 mars 2011

Boxing gym


Fiche du film :
Réalisateur : Frederick Wiseman
Année : 2010
Genre : Documentaire

Avis sur le film :
A 81 ans, Frederick Wiseman poursuit son projet documentaire commencé au début des années soixante, profitant souvent depuis lors du droit de regard critique qu'ont les citoyens Américains envers leurs institutions pour filmer en toute liberté les établissements qu'il choisit. Le cinéaste avait pourtant fait un détour par la France en 2009 avec La danse, mais revient aux Etats-Unis par le lien qu'il imagine, comme Darren Aronofsky entre The wrestler et Black swan, entre la lutte physique de deux adversaires et les exigences du monde du ballet. Dans tous les cas, le réalisateur garde comme fil rouge l'idée d'observer une communauté.


Hormis les sujets évoqués par les clients du club d'entrainement, à l'image Boxing gym se restreint uniquement au monde de la boxe pour presque ne jamais s'en séparer durant toute sa durée. Le sujet peut être intéressant dès lors que le réalisateur fait en sorte qu'il le soit, mais ce n'est pas ce que fait Wiseman ici.
Le cinéaste filme généralement pendant quelques semaines, un temps assez cours par rapport aux nombreux mois de montage qui suivent ; il s'agit d'une technique qui fonctionne quand il se penche sur des établissements tels qu'un institut psychiatrique ou une caserne militaire, qui sont faciles à critiquer et dont on peut aisément se servir des images en post-production pour en faire ressortir une vision négative de ce qu'il s'y passe, mais que dire sur un club de boxe ?
Justement, que ce soit sur place ou dans la salle de montage, Wiseman n'a aucun message à faire ressortir et se place plus que jamais comme simple observateur. Pourtant une des premières scènes avec un homme qui emmène son bébé à la boxe et qui, entre deux frappes dans un sac de sable, va lui caresser les pieds avec ses gros gants, laissait présager un regard plus critique.
C'est dramatique mais du coup Boxing gym donne l'impression qu'on ne peut faire un documentaire intéressant s'il n'y a rien à dénoncer.


La caméra ne suit même pas l'un des clients du club de gym, et elle ne fait que saisir des bouts de conversation qui perdent tout intérêt car ne donnent pas suite, de par le manque total de continuité dans le montage. Wiseman ne nous apporte pas plus que ce que n'importe qui pourrait saisir en allant espionner des passants dans un lieu public, et se sépare de ses sujets avant de savoir où vont les mener les problèmes personnels qu'ils évoquent. Des clients dans Boxing gym parlent tout de même, sujet digne d'intérêt par son caractère particulier, d'une fusillade dans une école, mais le spectateur ne saura jamais le fin mot de l'histoire.
Le travail de Wiseman et de son collègue est tout de même remarquable. Son cadreur réussit à prendre des images sur le vif, improvisées, mais de telle sorte que l'on puisse croire à une chorégraphie qui permet d'avoir des cadres bien remplis.
Le montage paraît souvent enchaîner les images arbitrairement, mais les raccords entre elles sont soignés. Le travail de son, et pas seulement pour les raccords, est marquant. Le bruit abonde, comme si la salle d'entraînement débordait sans cesse de vie. Mais c'est bien de là que vient l'un des problèmes du film : le spectateur est oppressé par ce bruit incessant. Une heure et demie dans une même salle de gym, avec des bruits de coups, et d'appareils, et de cette machine à bips, sans cesse, ne donnent plus qu'une envie, celle de sortir de la salle, que ce soit celle de gym ou celle de cinéma.


L'inquiétude quant à savoir si tout le film va n'être qu'un enchaînement de frappes dans des sacs de sables et de bruit de coups est présente dès le début. Malheureusement elle se confirme plus tard, la majorité du documentaire ne présentant que ça et ne laisse le public respirer qu'un instant, le temps de quelques plans à l'extérieur du club, mais pour retourner à l'intérieur peu après.
Wiseman n'a probablement pas perdu son talent, mais ne trouve plus de lieux méritant d'être filmés. Boxing gym a donc pour seul mérite d'être bien réalisé, pour un sujet totalement vidé de son potentiel intérêt.

Bande-annonce VOST :

dimanche 27 mars 2011

Rango


Fiche du film :
Réalisateur : Gore Verbinski
Scénaristes : John Logan, Gore Verbinski, James Ward Byrkit
Année : 2011
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Johnny Depp, Isla Fisher, Ned Beatty
Résumé : Un caméléon bien seul dans sa cage de verre s'échappe, lors d'un bref incident sur la route, de la voiture de ses propriétaires. Il se retrouve dans le désert et erre jusqu'à trouver la ville de Poussière. Il se rend compte qu'il peut s'inventer une identité nouvelle, ainsi se nomme-t-il Rango et se façonne un passé de dur à cuire issu du Far West. Son mensonge se retourne de suite contre lui lorsqu'il est nommé sherif et doit se charger de tous les problèmes du patelin, à savoir les menaces comme les aigles ou Jack la Morsure, et la disparition de l'eau aux alentours.

Avis sur le film :
Le projet de Rango datait d'avant Pirates des Caraïbes mais Gore Verbinski, réalisateur du remake Américain de The ring, dut attendre de finir sa trilogie pour Disney avant de pouvoir développer son idée de western en film d'animation. Ce genre de long-métrage est une première pour le studio d'effets spéciaux Industrial light & magic tout comme pour le metteur en scène, qui pensait faire une coupure après avoir enchaîné les histoires de piraterie, sans prévoir le travail qu'allait exiger sa nouvelle réalisation. Au delà de la direction des équipes d'animation et du doublage, Verbinski a tout de même poussé la mise en situation jusqu'à la reproduction en studio du décor modélisé, pour enregistrer les voix mais également les expressions et déplacements des acteurs afin de les reproduire plus tard en images de synthèse pour rendre le film plus vivant.


Le cinéma d'animation a évolué ces dernières années, afin de correspondre à des enfants qui s'attendent à du grand spectacle, de l'animé qui relève du film d'action où tout bouge, tout  explose, et fait du bruit tout en étant drôle. La trilogie Toy story n'était déjà pas en manque de moments assez délicats en sachant qu'ils s'adressent à un jeune public ; un autre exemple serait la scène de Le monde de Nemo où les poissons échappent à un champ de mines sous-marin qui explosent les tympans des spectateurs, mais le plus significatif est certainement Ratatouille, chargé de tant de violence dès la séquence d'ouverture. Une vieille femme tirait sur le rat, détruisait l'aménagement de sa maison pour tuer ce rongeur, et ce dernier sautait de partout pour sauver sa vie ; il n'empêche que les enfants en rient, ne comprenant probablement pas le danger encouru par le personnage principal, qui aurait plutôt fait pleurer si le plomb lui avait troué la peau.
Il y dans Rango dès le départ des moments chocs, mais Rango n'est pas un film pour enfants. Dans le cas contraire, il faudrait s'inquiéter quant à ce que va devenir la jeunesse.
Ce film d'animation considéré par les distributeurs Français comme destiné aux bambins, à voir "Gulli" parmi les sponsors, il y a de quoi être surpris de voir assez rapidement des mariachis parler de "cojones", le personnage principal draguer un buste nu de poupée Barbie, avoir sa peau se craqueler au soleil, puis croiser un "roadkill" sur la route avec une trace de pneu en travers de son corps le maintenant au sol. Le film est d'ailleurs plein, malgré le ton enfantin conservé en toutes circonstances, d'images assez macabres tournées en dérision : des morts même s'il n'y a aucune goutte de sang, et des idées bien sinistres présentées sous un air innocent, comme pour ces mariachis apparaissant régulièrement et qui, à un moment, chantent et jouent alors qu'ils sont pendus, sans raison si ce n'est pour coller avec le thème de la condamnation à mort de la scène où ils apparaissent.
Il serait assez malsain de placer un enfant devant, qui va assimiler ces images sans y voir quelque chose de mal, mais contrairement aux distributeurs espérons que les créateurs de ce film ne l'ont pas conçu en premier lieu pour qu'il s'adresse aux mineurs. Aux Etats-Unis, Rango est classé PG-13, c'est à dire déconseillé aux moins de 13 ans, et pour une fois ce choix est justifié.



En dehors du déchaînement assez brutal d'énergie des premières minutes qui reviendra régulièrement, il y a surtout le scénario destiné avant tout à un public plus âgé qu'il n'y paraît. Les spectateurs qui ne peuvent pas encore comprendre des mots comme "métaphorique" pourront éclipser l'histoire pour ne retenir que les gags, mais à voir ce dont traite le film, il est définitivement fait pour les plus grands. Qui d'autre peut comprendre que l'esprit de l'Ouest est Clint Eastwood, que les deux hommes en voiture au début sortent tous droit d'un certain autre film de Johnny Depp, que la superbe BO est comme un grand mix Tarantinien de Morricone et de Zimmer ?
On le comprendra à la fin, le scénario amène à un but très classique où, après un voyage initiatique, le personnage principal qui s'est défilé comme le couard et l'imposteur qu'il est revient et devient un héros qui conquiert la jeune femme qu'il aime, alors même que leur relation est très peu développée. Cependant entretemps l'histoire paraît plus travaillée, et nous fait passer par plus d'un genre, partant du western pour donner l'impression de se retrouver dans un film d'action, de guerre ou de science-fiction par le biais de références réjouissantes. Et quel que soit le genre adopté, même lorsqu'il faut bouger la caméra en tous sens lors des moments intenses de poursuites, l'animation reste époustouflante et parfaitement maîtrisée. C'est d'autant plus surprenant lorsqu'on sait que Rango est le premier film d'animation de la société qui s'en charge. Non pas que les enfants n'aient pas droit à un divertissement de qualité, mais la perfection de certaines images, plus particulièrement quand le sable glisse sous les pieds du héros marchant dans le désert, prouvent que nous assistons à un spectacle de classe supérieure.
Les gags sont bien sûrs hilarants, les meilleurs sont complètement inattendus, et il y a une sorte de liberté nouvelle par quelques blagues qui sont à la lisière du grivois. Et pourtant, c'est du côté de la comédie que, étrangement, la qualité baisse pour se placer à hauteur des enfants. Dommage qu'il y ait ces gags trop simples, vus des centaines de fois, qui se basent sur une maladresse du personnage principal à qui il suffit de toucher un objet pour que tout s'effondre, ou encore plus bas de gamme : des pets.
C'est tout de même la bonne humeur durant la plupart du temps qui fait qu'à la fin les moments plus sombres fonctionnent encore mieux. La menace était déjà présente, comme un serpent vicieux qui s'était insinué au milieu du bonheur rien que par le fait que les personnages secondaires citaient le nom de "Jack la Morsure", mais elle ne se confirme qu'à la fin, et le contraste entre les deux phases du film est d'autant plus fort que des éclats de rire nous passons à un serpent des plus menaçants, une mitrailleuse à la place de sa cascabelle, doublé par un Bill Nighy à la voix sinistre.


Le plus surprenant est tout de même le fait que, devant ce spectacle magnifique, les spectateurs puissent se transformer en de grands enfants. Rango est un émerveillement qui se renouvelle sans cesse grâce à un rythme soutenu qui ne laisse aucun répit entre chaque scène, qu'elle aille à 100 à l'heure ou qu'elle soit plus narrative, et grâce à une densité des propos. Du western et autres types de films mélangés pour le délire nous passons aussi furtivement, avec surprise, à la dénonciation presque écologique de l'usage abusif de l'eau, puis une conclusion de conte initiatique, et finalement un message envers le vieilles légendes du western que le public n'oubliera pas de si tôt.

Bande-annonce VOST :

vendredi 25 mars 2011

Clerks : The lost scene [Court-métrage]


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Kevin Smith
Année : 2004
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Brian O'Halloran, Jeff Anderson, Joey Lauren Adams

Avis sur le film :
The lost scene fait référence à une scène qui devait se trouver vers le milieu de Clerks, lorsque Dante et Randal se rendent à l'enterrement de Julie Dwyer. Si l'ellipse dans le film entre l'entrée et la sortie du funérarium semble tout à fait naturelle, le script de départ contenait le récit de ce qu'il se passait à l'intérieur du bâtiment, mais la scène n'avait pas été filmée faute de moyens.
Elle avait été révélée en 1998 sous la forme d'un comic book, mais avec la sortie du DVD Clerks X pour les 10 ans du film, une version en dessin animé dans le même style visuel que celui de la série a été réalisée pour cette "scène perdue".


Randal est le même salaud qu'il était, Dante est toujours aussi précautionneux ; le film nous fait retrouver des personnages tant appréciés et nous ramène des années en arrière d'une des seules façons possibles maintenant que les acteurs ont vieilli, mais sans oublier tout ce que Kevin Smith a fait depuis sa première réalisation. Il n'y a certainement pas de cinéastes plus auto-référentiel que lui, Jay & Bob contre-attaquent étant le sommet des allusions au View Askewniverse, mais The lost scene ne fait pas exception à la pratique habituelle de Smith. Le réalisateur reste fidèle à son script originel mais rajoute quelques éclaircissements sur des évènements survenus dans Mallrats, une référence visuelle au Jesus de Dogma, et quant à l'apparition d'Alyssa, elle prend un sens nouveau dès lors que le spectateur a vu Chasing Amy.
L'animation permet d'aller plus vite tant que le doublage peut suivre et enchaîne plus rapidement les gags, mais certaines situations sont tirées par les cheveux, certainement modifiées et exagérées pour ce court-métrage, car il serait difficile d'imaginer comment une scène telle que celle où la clef se perd dans le cercueil aurait pu être crédible dans un film avec de vrais acteurs.


The lost scene est à voir en dehors de Clerks, bien que le DVD propose la vision de l'un intégré dans l'autre, car le rythme du film original en est brisé. La suppression de cette scène n'était pas un mal, mais le court-métrage reste à voir, malgré le fait qu'il retire toute part d'imagination sur ce qui a pu se passer à la veillée funéraire, comme un document inédit et important pour en savoir plus sur la première œuvre de Kevin Smith.

Le film en VO :

mardi 22 mars 2011

The flying car [Court-métrage]


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Kevin Smith
Année : 2002
Genre : Comédie
Acteurs : Brian O'Halloran, Jeff Anderson

Avis sur le film :
Premier film commandé pour le Tonight show with Jay Leno, le court-métrage The flying car est l'occasion pour Kevin Smith de consacrer une nouvelle histoire rien que pour ses personnages de Dante et Randall qui, depuis Clerks huit ans auparavant, étaient apparus dans des films du View Askewniverse mais seulement dans des rôles secondaires.


Même s'il manque la traditionnelle référence à Star Wars, les grivoiseries et références à la pop culture typiques chez Kevin Smith se retrouvent ici comme dans toutes ses créations. Le réalisateur n'a pourtant pas, visiblement, tellement recherché son sujet afin de répondre à la commande, puisqu'il recycle un passage qui se trouvait dans une ancienne version du script de Clerks II, et qui par ailleurs rappelle fortement une autre scène en voiture dans Clerks premier du nom. Smith fait tout de même ici encore preuve de son talent d'écriture et d'un sens de la mise en scène d'un gag qui, en dépit de la chute prévisible, font fonctionner ce court-métrage.
Les faciès de O'Halloran y sont aussi pour beaucoup, mais pas autant que la performance d'Anderson qui donne vie aux insistances et répétitions du script sans les rendre monotones. Randall est un personnage toujours ambigu, à l'origine d'expressions indicatrices d'une certaine bêtise mais capable par ses mots bien dosés de faire prendre de l'ampleur à son stratagème qui donne de l'importance au gag en même temps qu'il le fait fonctionner.
The flying car est un ajout à l'univers fictif de Kevin Smith sans surprises mais divertissant le temps de quelques minutes, bien que le principal attrait soit certainement le fait d'avoir pu retrouver des personnages chers aux fans du premier film quelques années avant le grand retour dans Clerks II.

Le film en VOST :

samedi 19 mars 2011

Terminator VS RoboCop [Court-métrages]


Fiche des films :
Monteur : AMDS
Année : 2006
Genre : Action

Avis sur les films :
L'affrontement entre les deux cyborgs légendaires avait été imaginé sous la forme d'une série de comic books en 1992, écrits par Frank Miller qui y incorpora ce qu'il n'avait pu utiliser dans les deux suites du film de Paul Verhoeven, puis suivit un an plus tard l'adaptation en jeux vidéos sur SNES et Megadrive.
Au cinéma, le policier de Detroit n'a jamais pu se mesurer au terminateur issu du futur, bien que cela aurait pu être possible puisque les deux ont tout d'abord appartenu à Orion, qui a d'ailleurs utilisée le thème musical du premier dans la bande-annonce du second. La société de production a depuis disparu mais la plupart de son catalogue a été racheté par MGM. Si RoboCop appartient encore à ce dernier, qui prévoit par ailleurs un remake, la Fox détient désormais les droits pour Terminator, rendant la rencontre entre les deux sagas peu probable.
Cependant, c'était sans compter sur les fans parmi lesquels se trouve un certain "AMDS", ayant publié sur le net à partir de 2006 son propre Terminator VS RoboCop.


Avec toutes les images à disposition, issues de chaque films des deux séries, l'assemblage de cet amateur combiné avec quelques trucages a pu rendre à l'image cette confrontation possible. Bien évidemment, faute de matériel vidéo sur lequel travailler, à savoir des images qui pourraient servir un scénario étant la combinaison de celui de plusieurs des films concernés, l'histoire est absente pour en arriver directement au combat.
La vidéo prend une teinte orangée comme pour suivre le nouvel exemple Hollywoodien adoré par Michael Bay, mais ici au moins cette correction colorimétrique a une fonction : celle de placer tous les extraits, quel que soit le long-métrage d'où ils sont issus, dans une même atmosphère visuelle. Il y a également quelques modifications numériques avec le placement d'un personnage en amorce avec l'autre en second plan afin de prouver la présence des deux dans le même espace, mais en dehors de cela tout se joue sur le montage.
L'enchaînement des prises est si fluide qu'il rend crédible ce combat à mort, plonge le spectateur en plein dans l'action, et parvient même à créer du suspense avec l'aide d'une musique en parfaite adéquation avec l'image.


Les quelques minutes de tête à tête entre Peter Weller et Arnold Schwarzenegger sont réussies essentiellement parce que tout y est concentré en peu de temps, mais ce succès appelle à une suite, qui est bien entendu plus difficile à effectuer.
Les stock-shots manquent, l'usage d'autres films d'action comme Die hard ou L'arme fatale 4 viennent combler les vides, mais malgré d'ingénieux efforts d'inversement d'images ou de zooms pour donner l'impression de nouveauté dans des passages déjà utilisées, ou au contraire opter pour un recyclage non dissimulé qui crée un running gag, l'épisode 2 ne peut être aussi bon que le premier. Un scénario propre à AMDS est créé afin de justifier la présence de trois T-1000, afin de placer la barre plus haut, mais du coup la gestion de l'espace devient approximative, ce qu'un usage abusif de la fumée envahissant l'écran essaye de dissimuler mais en vain.
L'épisode 3 se devait d'aller plus loin afin surpasser la séparation entre les deux êtres cybernetiques. C'est ainsi que l'environnement respectif est effacé, totalement remplacé par un New York post-apocalyptique flamboyant où les personnages ont été placés après avoir été détourés. L'usage prédominant d'effets spéciaux abolit plusieurs des contraintes précédentes, ce qui va de pair avec une démesure concernant le nombre d'adversaires à l'écran.


Le cinéaste amateur à l'origine de ce projet voit grand et ses aptitudes en informatique arrivent la plupart du temps à suivre, mais même dans lors des moments de faiblesse le travail de monteur-truquiste n'en est pas moins admirable. La rencontre des deux franchises étant bloquée par les studios, il fallait sortir du circuit classique pour confronter deux légendes ; AMDS a réalisé un rêve, et l'a fait avec talent.

Episode 1 :


Episode 2 :


Episode 3 :

mercredi 16 mars 2011

The Black Mamba [Court-métrage]


Fiche du film :
Réalisateur : Robert Rodriguez
Année : 2011
Genre : Action
Acteurs principaux : Kobe Bryant, Robert Rodriguez, Kanye West, Bruce Willis, Danny Trejo

Avis sur le film :
Peu de temps après la sortie en DVD de Machete apparaissaient déjà en ligne quelques courtes bandes-annonces présentant Kobe "Black Mamba" Bryant dans la prochaine création de Robert Rodriguez produite par Nike. Le projet restait mystérieux quant aux raisons de l'association entre le géniteur de El Mariachi et la marque de vêtements de sport, quant à l'arrivée si prématurée d'un nouveau film de ce réalisateur, et quant à sa réelle nature, à savoir s'il allait s'agir d'un long ou d'un court-métrage.


Sans aucune autre promotion entretemps, Nike dévoile The Black Mamba sur internet le 22 février 2011.
Le court-métrage de moins de six minutes se présente comme un film de Robert Rodriguez habituel bourré de combats et d'explosions, mais au format considérablement réduit. Le réalisateur Texan a trouvé un procédé pour condenser son récit et rajouter du recul comique encore plus fort au ridicule déjà inhérent à ses défoulements cinématographiques : une mise en abyme de l'artiste lui-même qui résume son futur film, et qui n'a pas peur de se tourner en dérision.
Sont éclipsés l'approfondissement des personnages et de l'histoire, celle-ci étant réduite aux grandes lignes qui, mises côte à côte, exposent plus clairement leur caractère grotesque déjà assumé dans toute la filmographie de Rodriguez.
Le sérieux est encore moins de mise que d'habitude, et cela se comprend par des situations exagérément saugrenues. Même le placement de produit, raison même de cette production Nike, est un sujet de moqueries.


La comédie n'empêche pas d'avoir des guests stars, certains parmi les amis de Rodriguez, et des scènes d'action à la hauteur de ce qu'il nous offre au cinéma, mais toujours avec une pointe d'humour.
The Black Mamba est un court mais intéressant ajout à la série "Grindhouse" dont il étend un peu plus l'univers, décidément facilement déclinable de nombreuses manières sans en venir à lasser, tant que la démence se renouvelle au sein même de règles générales qui définissent le style.

Film VOST :

dimanche 13 mars 2011

Cops


Fiche du film :
Réalisateur : Josef Fares
Scénaristes : Vasa, Josef Fares et Mikael Håfström
Année : 2003
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Fares Fares, Torkel Petersson, Eva Röse
Résumé : Les policiers d'une petite ville de Suède rêvent d'action, de braqueurs à mettre hors d'état de nuire, mais rien ne se passe depuis des années. C'est justement ce qui leur est reproché, d'ici trois mois leur commissariat sera fermé, et la seule solution serait de faire augmenter les taux de criminalité.

Avis sur le film :
Peu nombreux sont les cinéastes Suédois à réussir à se faire connaître hors de leur pays, mais Josef Fares avait déjà su se faire remarquer internationalement avec son premier long-métrage, Jalla ! Jalla !. Avec Mikael Håfström, depuis réalisateur Hollywoodien, il écrit quelques années plus tard Kops, une comédie pour laquelle le Fares fait toujours appel aux membres de sa famille et met en place des effets spéciaux à coûts réduits, mais avec un budget plus conséquent permettant quelques modifications numériques de l'image.


Cops présente la vie de personnes qui sont des gens comme les autres avant d'être policiers, la fonction qu'ils remplissent ne servant pas tellement dans leur petite bourgade où ils ne font que patrouiller et où les seules situations plus intenses que d'habitude consistent en des poursuites avec des vaches qui se sont échappées dans la rue. Dès lors la première forme d'humour du film se retrouve dans la description d'un quotidien trop ordinaire au goût de ces gardiens de la paix. Les discussions de chacun ou leurs soucis nous sont présentés ; ainsi est dépeint la recherche de l'âme soeur par Jacob, qui essuye les échecs au fil des annonces qu'il passe, ou les disputes de couple de deux des représentants des forces de l'ordre du groupe.
Comme dans Hot fuzz ou The other guys, plus connus et sortis plus récemment, plusieurs de ces agents de "Polis" Suédois sont confrontés à la dure réalité bien loin de ce que présentent les Die hard, et aspirent à plus, voulant être des "cops", ces surhommes de films d'action Américains.
C'est l'occasion de donner vie, à l'écran du moins, aux fantasmes de fusillades et de sauvetages héroïques de deux des hommes de l'équipe. Le ton est humoristique mais le montage est appliqué, il aurait même rendu certaines des scènes crédibles dans un autre contexte, et si les effets spéciaux ne sont pas totalement au point, peu importe vu l'imagination déployée.


Bien que l'action hors normes ne soit pas aussi fréquemment présente, l'équilibre entre les CGI et l'humour auquel ils servent rappelle des films tel que Shaolin soccer, où les modifications numériques sont visibles mais ne gâchent en rien le plaisir qui passe par la bonne volonté des cinéastes de rendre visuellement leurs folies qui leur passent par la tête.
Dans la vraie vie des personnages, ils sont sont loins de leur image rêvée de badass, puisqu'au lieu de remplir de plomb des membres de gangs ils enquêtent sur une poubelle renversée ou se tricotent des bandeaux-éponges comme pour affirmer leur appartenance à une équipe de choc.
Ils ne font pas illusion quand le Bureau Central de la Police Nationale jette un oeil aux statistiques des crimes commis dans la région, et à partir de là l'originalité du scénario est que ces flics du dimanche vont jouer aux apprentis vandales eux-mêmes afin de sauver leurs emplois. Là encore, lors des délits qu'ils organisent ou lors des interrogatoires et des investigations qui s'ensuivent, le comique de situation prime. Le ridicule est maîtrisé, même quand il s'agit d'un protagoniste qui perd simplement sa perruque.
Les scènes d'action parodiques se font plus rares mais sont excellentes, innovant avec quelques idées délirantes et désopilantes.


Cops est une parodie mais plutôt d'un genre que d'une ou plusieurs oeuvres en particulier : il y a quelques références à Morricone par la musique ou à Une journée en enfer dans les dialogues, mais le film ne se repose pas dessus, les allusions étant toujours correctement placées et/ou réalisées.
Josef Fares ne dispose pas de grands moyens mais se débrouille, et peut compter sur son scénario, original et également mieux pensé, notamment par un certain set-up/pay-off, que d'autres comédies pures et simples.
Pas étonnant que le jeune réalisateur Suédois ait été sollicité par Hollywood, bien que jusque là il ait préféré rester fidèle à son pays natal.

Bande-annonce VO :

jeudi 10 mars 2011

The Rage


Fiche du film :
Réalisateur : Robert Kurtzman
Scénaristes : John Bisson et Robert Kurtzman
Année : 2007
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Ryan Hooks, Misty Mundae, Andrew Divoff
Résumé : Un savant fou expérimente plusieurs versions de son produit qu'il a nommé la "Rage" en l'injectant dans le corps de cobayes humains. L'un deux, devenu fou furieux sous les effets du sérum, s'échappe et va semer la désolation hors du laboratoire qui l'a transformé en monstre.

Fiche du film :
Surtout connu pour avoir inventé l'histoire de Une nuit en enfer développée par Quentin Tarantino, Robert Kurtzman n'a pas cessé de travailler sur des maquillages et effets spéciaux depuis une trentaine d'années, mais est revenu récemment à la réalisation, 10 ans après Wishmaster, avec deux films qu'il sort en 2007. L'un est Buried alive, l'autre est The rage, un film de contaminés dont il a eu l'idée en voyant tout simplement un vautour exposé dans un musée de New York, d'où les volatiles mutants dans son film.


Le film s'ouvre directement sur une scène gore, sans qu'un prétexte ait réellement été recherché. Une astuce vieille comme le monde est utilisée, il s'agit de celle qui justifie les pires crimes par la présence d'un savant fou, qui se décrit lui-même comme tel et avoue souhaiter détruire le monde. Il ne ne se cherche pas d'excuses et ne se fait pas d'illusions sur la gratuité de ses actes et le spectacle qu'il donne à voir, et découpe sans problèmes des innocents devant sa caméra.
Bien que le réalisateur se soit chargé des maquillages de nombreux long-métrages, certains même prestigieux comme Pulp fiction ou La ligne verte, pour ce film-ci il laisse le travail à d'autre personnes visiblement moins douées. L'apparence des zombies ou celle des torturés à la peau arrachée rend de suite compte de l'aspect fauché de cette production, et il en est de même avec les effets numériques trop présents, avec ce générique désargenté, et avec ce sens du rythme manquant dans le montage effectué par Andrew Sagar, habituellement superviseur d'effets numériques, et qui est nouveau dans ce domaine de la post-production.
Tout indique l'amateurisme dans The Rage, les noms de famille récurrents au générique et les nombreux couples aux postes de producteurs poussant à se demander si Robert Kurtzman, dont de nombreux membres de la famille figurent parmi les acteurs, n'est pas allé chercher des financeurs et des participants n'importe où, partout où il pouvait en trouver.


L'argent ne manque pourtant pas pour dénuder les actrices et en employer une de films érotiques, ou pour le plus simplement possible badigeonner de sang les créatures. Car en effet, malgré la piteuse figure des morts-vivants, tout est misé sur l'horreur et le gore irraisonné. Il n'y a pas à douter du peu d'importance du scénario, tout de même encore trop présent lorsqu'il s'agit de nous présenter des dialogues et des situations d'une bêtise très conventionnelle par rapport à notre époque mais non pas moins ridicules, et qui tournent autour de chamailleries concernant des conquètes dérobées et un ménage à trois conflictuel.
Le saignant à l'excès assumé pourrait sauver le film par un potentiel purement divertissant, comme l'avait si bien fait dans le même genre Infantry of doom avec un budget encore plus faible, mais ici il est désolant de voir Kurtzman perdre tout mérite dans le travail des effets spéciaux et en plus de cela s'abaisser au niveau des innombrables illustres inconnus qui prennent leur caméra amateur et mobilisent leurs amis durant un week-end pour pondre un délire horrifique honteux corrigé tant bien que mal par l'incrustation de CGI navrants par la suite.
Le réalisateur de Wishmaster, qui lui-même brillait auparavant par ses trucages, ne surprend plus dans The Rage que par une seule astuce lors d'une scène, et qui est surtout relative au manque de moyens. Surtout, il en vient à ce qu'il y a de plus regrettable dans le cinéma d'horreur moderne : le recours automatique aux effets spéciaux digitaux, que ce soit pour le sang, les explosions, ou les vautours, bien que ces derniers ne soient pas pires que ceux de Birdemic, mais pourraient très bien faire penser à des images d'un hypotéthique remake de ce dernier.


Les bubons en mouvement sur le visage des zombies rappellent un Planet terror appauvri ; le serum, bleu dans à l'écran mais devenu vert sur l'affiche, transformant en créatures assoiffée de sangs rappelle inévitablement Re-Animator ; mais de Robert Kurtzman on ne trouve plus que le nom, loin de ce qu'il faisait auparavant, et il ne semble pas avoir fait tellement d'efforts pour proposer un spectacle un tant soit peu correct.

Bande-annonce VO :

dimanche 6 mars 2011

Autopsy


Fiche du film :
Réalisateur : Adam Gierasch
Scénaristes : Jace Anderson, E.L. Katz, Adam Gierasch
Année : 2008
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Michael Bowen, Jessica Lowndes, Robert Patrick
Résumé : Après avoir fait la fête, cinq jeunes gens sont victimes d'un accident de la route. Ils se rendent à l'hôpital le plus proche, sans savoir qu'au lieu d'être soignés ils risquent d'aller bien plus mal que lorsqu'ils sont arrivés.

Avis sur le film :
Scénariste sur quelques projets récents de grands réalisateurs du cinéma d'horreur tels que Mortuary de Tobe Hooper ou Mother of tears de Dario Argento, tous deux des flops décevants pour les fans, Adam Gierasch décide de passer lui-même à la réalisation.
Avec des collègues ayant déjà travaillé avec lui à l'écriture ou à la production, il donne naissance à Autopsy, présenté au "After dark horrorfest" de 2008.


Les festivités commencent à la Nouvelles Orléans durant Mardi gras, l'occasion parfaite pour la débauche comme l'avaient déjà compris Hatchet ou Murder of crows, sauf que les femmes d'Autopsy arborent bel et bien de nombreux colliers de perles, présents traditionnelement offerts aux femmes de petite vertu montrant leur poitrine, mais cette introduction ne présente aucune nudité. Ce choix du contexte qui n'est pas assumé totalement par le réalisateur pose un paradoxe, mais le lieu trouve surtout une double fonction une fois que, suite à la collision sur la route, les protagonistes se retrouvent dans un complexe hospitalier presque désert. Le manque d'acteurs et de figurants nous est alors expliqué dans le scénario par une insuffisance des effectifs depuis le passage de l'ouragan Katrina ; l'absence de patients est tout de même suspecte, mais ils ont probablement tous péri dans la catastrophe.
Les seuls malades rencontrés en fouinant dans les couloirs sont soit des éclopés couverts de sang qui surgissent de derrière une porte, soit des détraqués surjouant la folie.
Les jeunes victimes fraîchement arrivées quant à elles sont d'une naïveté effrayante. Aucun d'eux ne se doute de rien et ils ont d'ailleurs une confiance telle en le hasard, qu'ils doivent s'imaginer comme leur étant toujours favorable, qu'ils ont un potentiel d'inquiétude extrêmement bas. Fumer de la drogue devant le personnel de l'hôpital ou avoir un bout de verre de 10cm dans le corps ne les dérange pas tant que ça, mais une fois s'être rendu compte de la gravité de ce qui se passe, à l'exact opposé de ce que nous avions jusque là, l'hystérie est excessivement mal jouée.


L'établissement délabré pourtant, dès que l'on aperçoit ses employés, devrait paraître douteux. Les patients peuvent croiser un gardien/ambulancier à tête de skinhead tatoué qui se révèle être un drogué, et une réceptionniste/infirmière trop polie pour ne pas être inquiétante et à la fois discourtoise puisqu'elle répond aux questions en étant hors-sujet, feignant de ne pas avoir compris ou entendu ce qui lui était demandé. Mais ils ne se font pas tant remarquer, même dans les situations les plus flagrantes : après avoir vu un cadavre charcuté et avoir été endormi sans précautions et par surprise, un des personnages se réveille devant un chirurgien patibulaire auquel il demande s'il va aller mieux. Bien sûr le médecin lui répond que non ; à croire que lors de l'écriture les scénaristes ont cherché à placer ce gag quelque part, n'importe où, et qu'il s'est retrouvé dans une scène qui, selon toute logique, ne s'y prête pas.
Une fois que les proies ont compris qu'ils valait mieux fuir, et alors qu'il n'y a donc plus de doutes sur la dangerosité du corps médical dans ce coin de la Louisiane, les docteurs continuent pourtant d'être préocuppants par leurs agissement, bizarres même pour ceux sachant qu'ils dépecent des gens. Ils polissent des mains coupées, boivent du liquide prélevé suite à une ponction lombaire ; les actions des méchants virant au n'importe quoi faute de savoir vraiment comment signifier leur défaillance mentale.


Le film a un scénario plus que léger, alors que c'est généralement ce qui peut rattraper un petit budget. Celui-ci a du en grande partie miser sur la présence d'une star au casting, Robert Patrick, qui en fait tout de même très peu à l'écran.
Faible en tous points, Autopsy est embarassant jusqu'à sa fin abrupte et incompréhensible. Le seul intérêt est une scène gore originale, en réalité la seule vraiment généreuse en hémoglobine en 1h20, sûrement tout ce que le film était encore capable d'offrir, mais est loin de sauver ce slasher insignifiant.

Bande-annonce VO :

jeudi 3 mars 2011

Paul


Fiche du film :
Réalisateur : Greg Mottola
Scénaristes : Nick Frost et Simon Pegg
Année : 2011
Genres : Comédie / Science-fiction
Acteurs principaux : Simon Pegg, Nick Frost, Seth Rogen
Résumé : Deux nerds Anglais se rendent aux Etats-Unis afin d'assister au Comic Convention de San Diego, puis pour enchaîner avec la visite de tous les sites importants de supposées visites extra-terrestres. Leur pélerinage sera interrompu par l'arrivée de Paul, un alien, qui doit échapper à l'agence à ses trousses et retourner sur sa planète d'origine.

Avis sur le film :
Avec Shaun of the dead et Hot fuzz, le trio Frost, Pegg et Edgar Wright avaient débuté leur "blood and ice cream trilogy" où chacun des trois opus est censé détourner un genre cinématographique particulier. Après les films de zombies et ceux d'action, il doit être question de science-fiction, non pour Paul mais pour The world's end, qui reste à être réalisé. En effet, entretemps les trois Anglais ont suivi leur propre voie ; alors que Wright a réalisé Scott Pilgrim vs the world, les deux autres amis se sont lancé dans l'écriture de leur propre projet, cette fois mené par le réalisateur de Supergrave, Greg Mottola.


Par cette association, le film se montre comme la rencontre entre deux mondes qui ont occupé une place importante des comédies marquantes de ces dernières années. Le premier, le groupe de Judd Appatow dont l'émissaire est ici Mottola, apporte quelques uns de ses acteurs récurrents tels que Seth Rogen, Jason Bateman, Joe Lo Truglio et Bill Hader ; et le second s'adapte étonnament à l'humour de l'autre. Celui d'Appatow est généralement moins fin, or ici le duo d'Anglais semble s'être collé au style de comédie de leurs collègues Américains. Les premiers gags font rire mais sont trop faciles, ne sont visiblement pas le fruit d'un travail de recherche poussé, certains peuvent paraître déjà vus, et c'est ce qui est décevant malgré leur efficacité sur le moment même.
Il en est de même pour les références, qui consistent surtout à se contenter de montrer le Comic-Con reconstitué parmi lequel les acteurs jouent l'émerveillement. Il y a de quoi se questionner sur les propos de certains qui, depuis quelques années, avec la multiplication des films pour geeks, se plaignent de l'exploitation abusive de cette culture underground qui touche automatiquement le coeur de la niche du public visée.
Ce point de vue trouve de quoi prendre appui dans le début de Paul, avec ces références lancées dans la discussion gratuitement et cette introduction qui se déroule au cours de la plus grande réunion de fans de comics au monde et qui ne sert qu'à nous faire sourire sans trop de difficultés.
Le film se rattrappe ultérieurement, et il n'y a finalement pas de quoi remettre en question ce procédé qui s'adresse directement aux fanatiques, puisqu'une différence de qualité se voit par la suite de par des allusions placées logiquement dans le scénario, et auxquelles du sens est attribué. La plus subtile reste celle qui utilise le "Wilhelm scream", comme pour désigner son utilisation à l'excès chez Spielberg et Lucas.
Dès lors Frost et Pegg se font énormément plaisir, en tant que fans de SF, en visitant des lieux cultes et en invitant des acteurs emblématiques à participer, en même temps qu'ils font énormément plaisir au public.
Et, preuve que les scénaristes connaissent leur sujet et savent le rendre à l'écran de sorte à amuser, une des répliques est déstinée aux geeks uniquement, car sont seuls à pouvoir comprendre ce gag qui fait appel à l'importance à leurs yeux des t-shirts, produits dérivés censées représenter l'amour porté envers une oeuvre de fiction en particulier, et qui est tout à la fois juste et hilarant.
 

Dans cette collaboration, Frost et Pegg apportent finalement leur propre touche : les références, les clins d'oeil à leurs précédents films, et quelques plaisanteries qui peuvent rappeller ces derniers ; mais ils traitent aussi d'une question qui a pu jaillir dans l'esprit de certains et pour laquelle ils mettent les choses au clair : toujours en binôme, entre amis, ils ont raison dans ce road / buddy movie de préciser que leur relation n'a rien d'homosexuelle, et que les "best friends forever" existent. Cela revient plusieurs fois dans le film, comme un running gag, mais il est évident qu'il s'agit des deux acteurs et non des personnages, qui ont décidé qu'il fallait tirer les choses au clair. Même en dehors de cela, il est nettement visible à plusieurs reprises qu'au delà de ces personnages d'ados quarantenaies, ceux que nous voyons sont les personnes réelles avec leurs caractères propres qu'ils ont projetés sur leurs doubles fictifs à l'écran.
Ils réalisent eux-même un de leurs rêves : croiser la route d'un alien. Seth Rogen, lui aussi un habitué des productions Appatow, prête sa voix à Paul qui, par ailleurs, prend vie dans un corps en images de synthèses bluffantes de réalisme, interagissant parfaitement avec les acteurs, le décors et les lumières, à croire qu'une autre forme de vie peut vraiment exister.
Cet extra-terrestre a beau venir d'une autre planète, il correspond bien aux terriens, et plus précisément à certains des rôles habituels de Rogen ou tout autre loser qui s'amuse à fumer des joints ou montrer son postérieur. L'humour n'est pas subtil, mais ces passages qui visent bas font que nous sommes d'autant plus surpris par les vrais coups de génies, plus rares, et par une structure narrative plus construite que ce que le film pouvait laisser penser jusque là.
Situations cocasses, blagues entre amis, délires sous drogue, les motifs pour rire sont plus ou moins recherchés, mais le plus fort est certainement la façon dont de nombreux clichés sur les ET et leurs traqueurs issus d'une agence secrète sont repris pour être détournés sous une forme comique.


L'intrigue est des plus simples, il s'agit du récit typique de l'alien qui doit rentrer chez lui, et qui en route crée des liens d'amitié tellement forts avec des humains qu'ils sont tous prêts à risquer leurs vies pour le visiteur intergalactique qu'ils viennent de rencontrer. Mais l'important dans Paul n'est pas tellement l'intrigue vue dans son ensemble, mais les scènes prises séparément qui, elles, ont de quoi surprendre. Alors qu'au départ il n'y avait que de quoi être amusant, l'enchaînement quelque peu mécanique des gags et des références finit par s'assembler autour d'une intrigue, et la mise en scène fait oublier les lacunes une fois que les scènes d'action nous aient emportés dans l'histoire. Il n'y a que les séquences d'émotion, avec une musique stéréotypée au plus haut point, qui reviennent à la faiblesse de départ.
Autrement, cette comédie est un pur plaisir, à condition de ne pas s'attendre à un spectacle du même niveau que Shaun of the dead. Peut être est-ce du au remplacement de Wright par Frost pour qui c'est le premier scénario, puisque certains passages sont quelque peu expédiés, les sentiments humains normaux comme la joie de ne plus être borgne sont éclipsés pour laisser plus de place à des plaisanteries potaches. Ces dernières sont tout de même assez grandioses pour faire passer la pillule tandis que l'on rit à gorge déployée quand l'on n'est pas béats devant quelques très bonnes surprises.

Bande-annonce VOST :