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vendredi 22 avril 2011

Hobo with a shotgun

Avant-première :


Fiche du film :
Réalisateur : Jason Eisener
Scénaristes : Jason Eisener, John Davies, Rob Cotterill
Année : 2011
Genres : Action / Comédie
Acteurs principaux : Rutger Hauer, Molly Dunsworth, Brian Downey
Résumé : Un vagabond débarque dans une ville où le crime est omniprésent, et en voulant aider des innocents il se rend compte qu'il ne peut rien faire, puisque même la police est corrompue par Drake, le gangster aux commandes de Hopetown. Le "Hobo" fraîchement arrivé va devoir s'armer d'un fusil à pompe s'il veut que justice soit faite.

Avis sur le film :
En 2007, en même temps que sortait Grindhouse, un concours fut lancé pour que des amateurs puissent proposer leurs propres fausses bandes-annonces de films d'exploitation, comme celles situées entre les deux parties du diptyque de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.
Parmi les trailers fictifs placés au milieu de ce double-programme, Machete est devenu un long-métrage grâce à son succès auprès du public, et Thanksgiving d'Eli Roth est déjà annoncé. De façon plus surprenante, Hobo with a shotgun, gagnant du concours, fut lui aussi prévu pour être développé, offrant au réalisateur jusque là totalement inconnu la chance inespérée d'être propulsé sur le devant de la scène en transformant son court-métrage sans prétention en un vrai film.


Nous pouvions déjà le constater avec les trois nomminés du concours, ces court-métrages s’éloignaient quelque peu de l’esprit du vrai grindhouse pour partir dans leur propre délire déviant. Le brillant Maiden of death n’avait pas grand chose du film d’exploitation si ce n’est une soif de démesure, quoique dans ce cas là celle-ci était alimentée par des effets spéciaux sublimes servant à des scènes hallucinées. Hobo with a shotgun correspondait plus au projet de Tarantino et de Rodriguez, à savoir reprendre des thèmes et la folie du cinéma bis des 80’s en lui donnant les moyens de concrétiser ses envies les plus démentes. Le court-métrage de Jason Eisener avait aussi pour lien l’image abîmée traversée de traits noirs, mais cet aspect vieillot disparaît totalement de la version longue.
Le réalisateur trouve un autre moyen plus original de rendre son image kitsch, grâce à des couleurs complètement saturées, de la surexposition, des éclairages aux tons exagérés et des flares recherchés. Cela donne un autre style au film, entre amateurisme ancien et contemporain, tout comme les looks purement modernes des protagonistes jeunes contrastent avec l’époque dans laquelle l’histoire est censée être ancrée, ce qui peut rappeler les réalisations de Lee Demarbre, un autre Canadien à avoir tenté de concilier environnement des années 2000 avec une esthétique grindhouse. Seule la musique de la bande-originale peut vraiment évoquer une autre époque, tout en étant compatible aux goûts d’aujourd’hui.
Quoiqu’il en soit, Hobo with a shotgun se distingue car il fait le pont entre le genre qui lui a permis d’exister et les productions de Troma, le résultat présenté pouvant très bien appartenir à cette société de production déjantée.


Nous pourrions bien croire que Lloyd Kaufman est au commandes tant par moments nous croirions voir Toxic avenger 4 : du gore à gogo, des filles en bikini ou topless bien sûr, et une ville sans foi ni loi où tous les excès sont permis, où tout le monde peut tuer n’importe qui aussi bien parmi les ordures que chez les innocents, et tous en prennent pour leur grade : la famille, les enfants, les SDF, les prostituées mineures, il ne manquerait plus que les handicapés pour que le tableau soit complet.
Bien entendu une telle liberté dans les actes de violence implique une absence totale de logique et de crédibilité, puisque tout peut arriver sans que personne ne vienne réprimander les malfaiteurs, n’importe qui pouvant décapiter quelqu’un ou enlever un enfant sans que personne ne réagisse. Et quand un clochard s’arme d’un fusil pour dégommer les criminels en tous genres, il ne gêne pas du tout, au contraire c’est tout naturellement qu’on l’acclame.
La trame n’est bien sûr pas tant développée, et si nous regardons la progression de l’histoire en dehors des scènes de glorification de la brutalité, elle se résume à un justicier arrivant dans une nouvelle ville et qui tue les petites frappes jusqu’à en arriver au grand méchant qu’il finit par abattre. Rien de plus classique, il y a toujours eu ça dans bien des genres différents, du western au vigilante movie. Il n’y a pas à se casser la tête non plus lorsqu'on veut se baigner dans une débauche de geysers de sang, et Jesse Eisener préfère évidemment se creuser la cervelle pour inventer de nouvelles façons de mettre en scène la mise à mort, comme avec cette pinata humaine que l'on frappe avec une batte incrustée de rasoirs, ou de nouvelles armes telles que ces géniaux harpons à pendaison.


Cependant, nous pouvons voir dans le choix de l’histoire trop simpliste un exemple de cette volonté de tout salir qui guide le film, y compris le schéma narratif basique et ses moments clés. Le monologue pseudo-attendrissant du Hobo est accompagné d’une musique romantique alors qu’il ne s’agit que de paroles d’un clochard assez timbré ; le projet de création d’une entreprise qui l’unit avec son amie autour d’un même avenir est clairement sot et minable ; la fausse remise en question du Hobo par « do you think you can solve all the problems in the world with a shotgun ? » ; et le discours de prise de conscience d’Abby qui parvient à toucher la foule en colère par sa comparaison entre la rue et le foyer est d’une stupidité bien pensée par le scénariste.
Les personnages principaux non plus ne correspondent pas à ce que l’on attendrait de héros classiques, en dehors même de leur statut de SDF et de prostituée. Ils sont plus proches du Toxic avenger que de John McClane, on oublie l’image du surhomme intouchable qui vainc tout le monde en s’en sortant avec quelques égratignures et une ou deux cicatrices tout au plus, les justiciers dans Hobo with a shotgun ne sont pas des idoles sacrées que l’on ne doit jamais abîmer, bien au contraire. Les protagonistes sont découpés, mutilés, marqués à vie, ils sacrifient leur corps pour une cause juste, et il arrive même de croire qu’ils devraient être morts, car le film ne fait aucun compromis, on y torture sévèrement et le son de viande tranchée décuplé participe à faire penser que le pire arrive aux pauvres bougres qui s’opposent au Mal.
Rutger Hauer, connue pour son rôle de Roy Batty dans Blade runner, a désormais un visage parcheminé parfait pour son rôle de rebut de la société abîmé par une vie de misère, mais par contre il est surprenant de le voir accepter un rôle pareil après avoir côtoyé de grands réalisateurs. C’est tout à son honneur d’accepter de tourner dans un délire pareil, d’accepter de jouer un Hobo qui doit se mettre à genou pour subir son sort, mais qui livre cependant des répliques percutantes à ses « shitlicker » d’ennemis, juste avant de les descendre pour « dormir dans leur carcasse ce soir ».
« A different kind of hero » clamait l’un des posters du premier Toxic avenger. C’est dans ce même état d’esprit que se place Hobo with a shotgun, avec l’idée d’un retour au concept d’anti-héros qui en prend plein la gueule et qui tire sa victoire de sa souffrance extrême.

 
C’est un film violent, fun, impitoyable, fou, inventif, et il est réjouissant de constater que de nos jours on puisse continuer à réaliser des oeuvres pareilles, surtout que celle-ci prend une certaine ampleur avec un budget conséquent dont on se rend compte avec la star en tête d’affiche et avec les lieux utilisés, car il est surprenant que l'équipe ait pu mobiliser des quartiers entiers pour les métamorphoser en gros dépotoirs où la vermine humaine grouille. Cependant, bien que Hobo with a shotgun se place dans la catégorie des films en marge ahurissants qui font abondamment couler l’hémoglobine, et alors même qu'il ne déçoit pas par rapport aux bandes-annonces survoltées, il aurait pu aller plus loin dans son trip, s'il faut le comparer à des long-métrages similaires. Espérons tout de même que Jason Eisener ou d'autres réalisateurs continuent sur la même voie à l'avenir.
 
Fausse bande-annonce :


Bande-annonce VO :


Un autre concours a été organisé avec la sortie de Hobo with a shotgun, les vidéos participantes sont visibles sur le site officiel :

mercredi 16 mars 2011

The Black Mamba [Court-métrage]


Fiche du film :
Réalisateur : Robert Rodriguez
Année : 2011
Genre : Action
Acteurs principaux : Kobe Bryant, Robert Rodriguez, Kanye West, Bruce Willis, Danny Trejo

Avis sur le film :
Peu de temps après la sortie en DVD de Machete apparaissaient déjà en ligne quelques courtes bandes-annonces présentant Kobe "Black Mamba" Bryant dans la prochaine création de Robert Rodriguez produite par Nike. Le projet restait mystérieux quant aux raisons de l'association entre le géniteur de El Mariachi et la marque de vêtements de sport, quant à l'arrivée si prématurée d'un nouveau film de ce réalisateur, et quant à sa réelle nature, à savoir s'il allait s'agir d'un long ou d'un court-métrage.


Sans aucune autre promotion entretemps, Nike dévoile The Black Mamba sur internet le 22 février 2011.
Le court-métrage de moins de six minutes se présente comme un film de Robert Rodriguez habituel bourré de combats et d'explosions, mais au format considérablement réduit. Le réalisateur Texan a trouvé un procédé pour condenser son récit et rajouter du recul comique encore plus fort au ridicule déjà inhérent à ses défoulements cinématographiques : une mise en abyme de l'artiste lui-même qui résume son futur film, et qui n'a pas peur de se tourner en dérision.
Sont éclipsés l'approfondissement des personnages et de l'histoire, celle-ci étant réduite aux grandes lignes qui, mises côte à côte, exposent plus clairement leur caractère grotesque déjà assumé dans toute la filmographie de Rodriguez.
Le sérieux est encore moins de mise que d'habitude, et cela se comprend par des situations exagérément saugrenues. Même le placement de produit, raison même de cette production Nike, est un sujet de moqueries.


La comédie n'empêche pas d'avoir des guests stars, certains parmi les amis de Rodriguez, et des scènes d'action à la hauteur de ce qu'il nous offre au cinéma, mais toujours avec une pointe d'humour.
The Black Mamba est un court mais intéressant ajout à la série "Grindhouse" dont il étend un peu plus l'univers, décidément facilement déclinable de nombreuses manières sans en venir à lasser, tant que la démence se renouvelle au sein même de règles générales qui définissent le style.

Film VOST :

dimanche 31 octobre 2010

Machete [Grindhouse]

En avant-première :


Fiche du film :
Réalisateurs : Robert Rodriguez et Ethan Maniquis
Scénaristes : Robert Rodriguez et Alvaro Rodriguez
Année : 2010
Genre : Action
Acteurs principaux : Danny Trejo, Jessica Alba, Robert De Niro
Résumé : Le légendaire agent de police Machete perd tout quand il est trahi par un collègue et que sa famille se fait tuer devant ses yeux. Désormais à la rue, survivant comme il peut, il est obligé d'accepter un travail risqué qu'on lui propose : tuer le sénateur McLaughlin.

Introduction :
Ce qui devait devenir le projet Grindhouse trouva ses origines dans l'esprit de Robert Rodriguez avant qu'il ne réalise Sin city, à partir d'idées autour d'un film de zombies qui, une fois assemblées, ne pouvaient que constituer un moyen-métrage d'une heure, et éventuellement un double-programme où se succèderait une autre histoire. Cette idée laissée de côté refit surface lorsque, de visite chez son collègue et ami Quentin Tarantino, Rodriguez remarqua que tous deux possédaient le même poster pour la projection en duo de Dragstrip girl et Rock all night, ce qui fit réémerger en eux des souvenirs de cette époque où le cinéma d'exploitation envahissait les salles de quartiers par ses pellicules abîmées et ses bandes-annonces pour des productions aussi grotesques les unes que les autres.
C'est ainsi que naquit Grindhouse, bannière portant le nom de ces salles de cinéma disparues et sous laquelle se réunirent un groupe de compagnons cinéastes comprenant également Eli Roth, Edgar Wright et Rob Zombie qui participèrent aux bandes-annonces de l'entracte, pour livrer au public l'ambiance Grindhouse au delà des séances privées que Tarantino se fait avec ses amis, jusqu'aux grandes salles de cinéma qui, le temps d'une séance, régressent sciemment vers des temps plus modestes mais à l'ambiance unique. Si ce n'est que, pour l'occasion, Tarantino et Rodriguez cherchèrent à ce que la programmation soit à la hauteur de la folie des affiches et des bandes-annonces qui la promouvait.


Avis sur le film :
Machete ne devait être qu'une fausse bande-annonce parmi celles placées au milieu du programme Grindhouse, mais comme l'avait prédit Quentin Tarantino, le public exigerait qu'elles deviennent de vrais films. Après plusieurs années d'hésitation quant à savoir si "la Machette" se fraierait ou non un chemin vers les salles de cinéma qui réserveraient une heure et demie de projection rien que pour lui, la concrétisation du projet fut annoncée en même temps que le début du tournage en 2009.
Les origines du film remontent pourtant avant Grindhouse, qui n'a fait qu'annoncer le projet grâce à l'opportunité présentée par la réalisation d'une bande-annonce, puisque c'est lorsque Danny Trejo travailla avec Robert Rodriguez sur Desperado que ce dernier vit en l'acteur la possibilité de créer un héros d'une série de films latinos, comme un équivalent Mexicain de A toute épreuve et The killer.
Ce n'est qu'avec la révélation publique du scénario écrit depuis 1993 que le projet se met en marche, l'occasion pour Danny Trejo, "gueule" pourtant déjà connue du cinéma par ses rôles de méchants ou d'hommes de mains dans une centaine de films, d'avoir pour la première fois un rôle principal.


Le contexte de Machete s'appuye sur un problème toujours d'actualité et qui a connu des remous récemment : les immigrés clandestins de plus en plus nombreux qui outrepassent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Cependant Robert Rodriguez ne réalise pas un film engagé, malgré des piques destinées aux partisans d'une politique rude, et même avec ses recherches sur le travail illégal soutenu par des membres du gouvernement et sa représentation des activités clandestines connues de l'homme de la rue, tout n'est fait que pour servir de toile de fond à l'histoire et mettre en avant Machete comme le badass ultime. Que sa famille ou son coéquipier soient tués n'est pas tant dramatique, mais ne sert qu'à donner une raison au héros de vouloir se venger sauvagement et le valoriser de la même façon que Charles Bronson dans la saga Death wish.
Du reste, Danny Trejo a déjà de quoi s'imposer par sa seule présence, son visage marqué par des aléas violents de sa vie et les longs couteaux qu'il arbore à sa veste.
L'acteur est le représentant de l'aspect brutal et de la culture Mexicaine dont le réalisateur est adepte, plaçant des allusions à ce pays sans se faire d'illusions sur sa pauvreté, néanmoins sans réelle moquerie mais plutôt avec la fierté d'un peuple aux moyens modestes. C'est dans la même logique qu'est choisi le reste du casting, rassemblant des acteurs hispaniques d'hier et d'aujourd'hui face à des comédiens blancs dans des rôles de méchants, piochés parmi des personnalités cultes ou au contraire has-been, qui se prêtent au jeu pour abîmer ou détruire leurs images en incarnant des personnages qui leur vont pourtant si bien.


Robert Rodriguez sait choisir ses collaborateurs, selon qu'ils conviennent à leurs rôles comme Tom Savini en méchant et Lindsay Lohan en fille riche pourrie-gâtée qui se débauche, ou qu'ils soient en total décalage comme Cheech Marin en prètre et Steven Seagal en surpoids armé d'un katana, le principal est de faire rire d'une façon ou d'une autre. Quoi qu'il en soit, la combinaison effectuée avec chacun apporte des répliques hilarantes, des questionnements idiots, et une critique sévère de la société qui ne se prend à aucun moment au sérieux.
C'est par leur ridicule que les ennemis de la justice en deviennent méchants et, bien qu'au nombre de cinq, Machete vient les abattre un à un sans donner l'impression d'un scénario surchargé par ses promesses, arrivant aussi à placer de courtes mais superbes reprises d'éléments du cinéma Grindhouse comme les catcheurs masqués et la nunsploitation, le tout parfaitement imbriqué dans une histoire qui a l'air simple mais qui se démène pour tout ordonner sans avoir l'air de vouloir trop en faire. L'absurdité de ces films d'antan se retrouve même à coïncider avec des aberrations de la vie moderne devenues drôles et acceptables une fois Danny Trejo mis en scène, capable de faire approuver, en même temps que rire, l'utilisation des low-riders une fois qu'il y est placé au volant en brandissant sa machette. Cette arme favorite, préférée aux pistolets, est utilisée avec une diversité jamais lassante et toujours estomaquante, et est devenue une emblème d'un retour aux plaisirs simples, mais avec une abondance exorbitante de violence qui va toujours plus loin grâce à des coups supplémentaires inutiles mais admirables ; et en dehors de cela un usage létal d'objets se trouvant à chaque lieu visité qui, à la sauvagerie déjà prodigieuse, ajoutent des effets comiques qui achèvent de couper le souffle.


Avec cette tuerie dans tous les sens du terme, Robert Rodriguez a, jusqu'à sa prochaine réalisation du moins, atteint le sommet de ce qu'il savait déjà faire, car il y a encore la possibilité de faire mieux et surtout de créer un crescendo où actes démentiellement saugrenues et démembrements barbares mèneraient à un final qui cette fois surpasserait le reste par un réel coup d'éclat. Il a néanmoins bâti un nouveau personnage terriblement badass que méritait Danny Trejo pour couronner sa carrière cinématographique, et a étonnamment réussi à prolonger l'action et la frénésie sans temps morts qui aurait pu ne pas fonctionner au delà de la bande-annonce qu'il avait monté.

Réplique culte :
"You just fucked with the wrong Mexican" - Michael Booth

Fausse bande-annonce VO :


Bande-annonce VO :

vendredi 29 octobre 2010

Planète terreur [Grindhouse]


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Robert Rodriguez
Année : 2007
Genres : Horreur / Action
Acteurs principaux : Rose McGowan, Freddy Rodriguez, Marley Shelton, Josh Brolin
Résumé : Dans un patelin contaminé par un gaz transformant en zombies, la survie réside en l'action d'un groupe de survivants parmi lesquels se trouvent un criminel, une infirmière et une go-go danseuse unijambiste.

Introduction :
Ce qui devait devenir le projet Grindhouse trouva ses origines dans l'esprit de Robert Rodriguez avant qu'il ne réalise Sin city, à partir d'idées autour d'un film de zombies qui, une fois assemblées, ne pouvaient que constituer un moyen-métrage d'une heure, et éventuellement un double-programme où se succèderait une autre histoire. Cette idée laissée de côté refit surface lorsque, de visite chez son collègue et ami Quentin Tarantino, Rodriguez remarqua que tous deux possédaient le même poster pour la projection en duo de Dragstrip girl et Rock all night, ce qui fit réémerger en eux des souvenirs de cette époque où le cinéma d'exploitation envahissait les salles de quartiers par ses pellicules abîmées et ses bandes-annonces pour des productions aussi grotesques les unes que les autres.
C'est ainsi que naquit Grindhouse, bannière portant le nom de ces salles de cinéma disparues et sous laquelle se réunirent un groupe de compagnons cinéastes comprenant également Eli Roth, Edgar Wright et Rob Zombie qui participèrent aux bandes-annonces de l'entracte, pour livrer au public l'ambiance Grindhouse au delà des séances privées que Tarantino se fait avec ses amis, jusqu'aux grandes salles de cinéma qui, le temps d'une séance, régressent sciemment vers des temps plus modestes mais à l'ambiance unique. Si ce n'est que, pour l'occasion, Tarantino et Rodriguez cherchèrent à ce que la programmation soit à la hauteur de la folie des affiches et des bandes-annonces qui la promouvait.


Avis sur le film :
C'est à l'époque du tournage de The faculty, en discussion avec Elijah Wood et Josh Hartnett, que Robert Rodriguez leur présenta le début d'une trentaine de pages de son projet de film de zombies, un genre à l'époque inactif qu'il voyait revenir en force. Passant ensuite à d'autres réalisations, alors qu'entretemps les zombies envahirent de nouveau les écrans grâce à Shaun of the dead, Rodriguez remarqua son erreur de ne pas avoir poursuivi son ébauche. Même sans les jeunes acteurs sus-mentionnés, qu'il dirigea pourtant de nouveau dans Sin city, c'est avec le projet Grindhouse qu'a l'occasion de voir le jour son hommage aux films de morts-vivants.


S'il a grandi avec la même culture que Quentin Tarantino, et si à son comparse il emprunte une partie de son univers en faisant apparaître des cigarettes "Red apple" et en prolongeant l'histoire de personnages anciens tel qu'Earl McGraw existant depuis Une nuit en enfer ou récents tel que Dakota Block, faisant à la fois allusion au fait que se croisaient de même acteurs dans les deux films d'un double-feature grindhouse, Robert Rodriguez préfère aux longs discours un divertissement plus direct.
Il se sert lui aussi de l'altération de l'image, avec un montage aux transitions amusantes, mais s'axe par la suite vers d'autres aspects du cinéma d'exploitation à détourner.
Le scénario est d'une bêtise écrasante, prétexte simple pour des poussées de délires d'un mauvait goût prononcé et assumé, souligné par des dialogues scabreux ou à l'air volontairement idiot à hurler de rire, mais plus élaborés qu'il n'y paraît derrière une traduction Française impossible, parfois venant de personnages ridiculement pas crédibles comme celui de Fergie. La chanteuse paraît totalement irréelle par ses paroles, comme si le réalisateur cherchait à donner de la profondeur en décalage complet avec un personnage uniquement présent pour exposer ses attributs mammaires et se faire tuer.
Ce ne sont pas des idées plagiées mais un esprit, basé sur ce qu'on imaginerait qui aurait pu germer dans des esprits malades des 70's et serait tombé à plat faute de budget qui aurait rendu les choses encore plus grotesques, que Robert Rodriguez adopte et rend euphoriquement bon sans prise au sérieux mais sans non plus la nécessité d'un recours au 37ème degré. C'est cette réussite authentique avec usage appliqué de ce qui serait théoriquement incorrect et raté que le réalisateur peut s'autoriser de dépasser les limites.


Pour accomplir son délire cinématographique, Rodriguez a su s'entourer d'acteurs ouverts à cette sorte de bizarrerie et prêts à accepter la gratuité décomplexée des images, comme le concepteur légendaire d'effets spéciaux Tom Savini qui se voit attribuer plus de présence à l'écran que dans Une nuit en enfer, et Rose McGowan qui confirme après Scream et Phantoms qu'elle s'attache à l'épouvante.
Souvent oubliée dans le cinéma d'horreur où l'on nous habitue à des souffrances et des décès dépersonnalisés, la douleur réaliste et cruelle des pauvres personnages est ici mise en scène pour le malin plaisir du réalisateur, même s'il retient essentiellement l'action spectaculaire à laquelle il avait habitué son public dès Desperado.
La musique d'ambiance déjà contrôlée alterne avec une bande-son d'enfer qui rentre dans le crâne du spectateur et l'emporte dans des massacres aux effets spéciaux exagérés à l'extrême : un coup de feu provoque une surenchère de sang gluant qui éclate en ayant abandonné toute logique, mais Rodriguez peut se permettre de pareils traitements à ses zombies, devenus contaminés en suivant la voie de Danny Boyle, et de leur coller des têtes disproportionnées d'Elephant man ou des membres pendants de The Thing, en prolongement de la démesure de Desperado 2 devenue complètement acceptable dans ce contexte où les plus grandes divagations imaginables sont automatiquement justifiées.


En gardant le meilleur en réserve, l'explosion finale va encore un peu plus loin dans tout ce qui fait le caractère unique de Grindhouse, son apparente stupidité intelligemment constituée et sa violence excessive qui fait couler la chair et jaillir le sang comme une fontaine.
Ces dernières années ont vu naître de nombreux films de zombies, mais même en arrivant en retard Robert Rodriguez fait bien mieux que la plupart, car une fois les règles posées il trouve un point où le mauvais goût peut devenir pur plaisir sans complexes.

Bande-annonce Planet terror VOST :


Bande-annonce alternative Grindhouse VO :


Fausses bandes-annonces VO :

mercredi 27 octobre 2010

Boulevard de la mort [Grindhouse]


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Quentin Tarantino
Année : 2007
Genres : Action / Thriller
Acteurs principaux : Sydney Tamaiia Poitier, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Kurt Russell
Résumé : Dans une petite ville du Texas, des jeunes femmes s'amusant en soirée sont suivies par un tueur bien particulier : Stuntman Mike, le cascadeur usant de sa voiture comme d'une arme.

Introduction :
Ce qui devait devenir le projet Grindhouse trouva ses origines dans l'esprit de Robert Rodriguez avant qu'il ne réalise Sin city, à partir d'idées autour d'un film de zombies qui, une fois assemblées, ne pouvaient que constituer un moyen-métrage d'une heure, et éventuellement un double-programme où se succèderait une autre histoire. Cette idée laissée de côté refit surface lorsque, de visite chez son collègue et ami Quentin Tarantino, Rodriguez remarqua que tous deux possédaient le même poster pour la projection en duo de Dragstrip girl et Rock all night, ce qui fit réémerger en eux des souvenirs de cette époque où le cinéma d'exploitation envahissait les salles de quartiers par ses pellicules abîmées et ses bandes-annonces pour des productions aussi grotesques les unes que les autres.
C'est ainsi que naquit Grindhouse, bannière portant le nom de ces salles de cinéma disparues et sous laquelle se réunirent un groupe de compagnons cinéastes comprenant également Eli Roth, Edgar Wright et Rob Zombie qui participèrent aux bandes-annonces de l'entracte, pour livrer au public l'ambiance Grindhouse au delà des séances privées que Tarantino se fait avec ses amis, jusqu'aux grandes salles de cinéma qui, le temps d'une séance, régressent sciemment vers des temps plus modestes mais à l'ambiance unique. Si ce n'est que, pour l'occasion, Tarantino et Rodriguez cherchèrent à ce que la programmation soit à la hauteur de la folie des affiches et des bandes-annonces qui la promouvait.


Avis sur le film :
A la lumière de l'affection particulière que porte Tarantino pour le cinéma grindhouse nouvellement dévoilée, le reste de sa filmographie est éclairée sous un jour nouveau qui laisse apparaître au moins une référence aux films d'exploitations dans chacune de ses réalisations, comme la séance de trois films de kung-fu dans True romance, quand cela ne va pas jusqu'à l'hommage à la blaxploitation avec Jackie Brown.
Véritable cinéphage qui crée à partir de ce qu'il ingère, Tarantino parsème de clins d'oeil tous ses films, mais ici c'est l'occasion d'en consacrer un entièrement au grindhouse, mais en se penchant particulièrement sur le genre du slasher, avec des courses-poursuites parties de la fascination du scénariste pour ces cascadeurs aux véhicules death-proof, à l'épreuve de la mort.


Tarantino s'amuse d'abord à poser un décor où le rétro s'affiche en tapissant les murs de posters grindhouse et en déteignant les costumes décontractés et les "muscle cars" d'époque déjà tachetés par des imperfections rajoutées sur la pellicule. Plus qu'un traitement de l'image, sur les premières scènes dépourvues d'action c'est un outil comique en partenariat avec un montage qui, feignant une saute, offre des plans alternatifs et enfreint sans problèmes, par un assemblage incorrect de plans, des règles cinématographiques, mais sans trop en abuser non plus. Le n'importe quoi irresponsable d'autrefois, réservé à des salles "restricted", se retrouve dans des plans déplacés et impensables, presque kitschs par leur inesthétisme désormais voulu, qui manifestent par exemple l'envie pressante d'un personnage à l'aide d'un gros plan sur l'entrejambe. Cela reste étrange mais drôle et acceptable de nos jours, le réalisateur traçant des lignes passées et présentes qui se recroisent quand les filles sortent leurs portables, pour ne pas simplement reproduire une époque, bien qu'en dehors de cela l'illusion soit parfaite, mais créer un univers parallèle à la Tarantino dans lequel une machine à remonter le temps se serait enrayé en cours de route, et attribuer à Grindhouse son propre style.


Dans ce cadre déjà enchanteur s'immisce le slasher en disposant un groupe de victimes typiquement 80's composé de filles au langage cru des années 2000, et le loup qui a en après elles. Mais quel que soit le genre où il s'installe, Tarantino fait les choses à sa manière dans de longues scènes qui se font écho dans les deux parties du film. La musique, même en fond sonore, est soigneusement sélectionnée parmi les titres de son propre juke-box apporté sur le plateau, s'imposant à un moment grâce à une fameuse scène de lap-dance. Les dialogues toujours aussi copieux demeurent primordiaux, décrivant les filles branchées, les pervers autour d'elles, le cascadeur désabusé car dépassé, qui lui aussi parle de jours glorieux maintenant derrière lui ; ou tout simplement parce que les répliques se font mordantes, on ne s'ennuie pas tant que l'on se raccroche aux mots. En somme Death proof se regarde comme un Tarantino comme les autres, mais avec un tueur en série qui assassine en se servant de son bolide, et la quiétude des discussions alentour donne alors l'impression que la décharge de violence au montage coup-de-poing est plus forte.


Cette brutale interlude suffit pour être rassasié lors des autres dialogues qui suivent, en parallèle au mode opératoire du meurtrier qui s'apprête à se répéter. Le rythme retombe sans dommages, quelques rires ponctuent l'attente d'une nouvelle dose d'action dont la venue est signalée par des références à Point limite zéro ou La grande casse de la part de cascadeuses dont Zoë Bell qui prend place comme actrice avant de justifier sa présence en mettant ses talents à éxecution.
Tarantino jugeant qu'il n'y a plus de bonnes poursuites depuis des années, Terminator 2 et Destination finale 2 seulement sortant du lot, il ramène sur le devant de la scène des poursuites à l'ancienne, brutes, sans ces CGI contre lesquels Stuntman Mike s'oppose également.
Tout ce qui fait une bonne poursuite, sans la surenchère des effets numériques remplaçant les images réelles, est distillé en une longue séquence où le rythme est soutenu par une grande variété de plans qui se succèdent dans un montage prenant qui s'allie à l'envie viscérale des femmes de rattrapper leur assaillant et de l'attaquer à tout prix, du moins le heurter, et ce désir se ressent, se partage, le suspense se créant, provoqué par la volonté de savoir si elles vont réussir ou non à riposter coupant le souffle comme sous l'effet d'une ceinture trop serrée crispant les muscles, et canalisant la concentration sur le moindre rapprochement éventuel de pare-chocs ; sans toutefois oublier le spectaculaire.


Seule la fin peut paraître en décalage avec ce qui a été vu jusque là, mais poursuit en fait sur un thème continu du film où les femmes dominent sur les hommes, et même si le réalisateur replace Kurt Russell dans un rôle de badass, il reprend ses interrogations concernant la personnalité des cascadeurs en transformant celui qu'il dépeint un moins que rien sans son engin.
Faisant de ce qu'il sait faire de mieux concernant l'écriture, même sans autant de répliques cultes que dans Pulp fiction, Tarantino associe à son style unique un ton moins sérieux, entraîné qu'il est par son ami Robert Rodriguez et sa seconde partie dédiée aux zombies, se rapprochant légèrement du film d'horreur de l'époque de l'inimitable Une nuit en enfer. Et encore, quel que soit la nature du divertissement, Quentin Tarantino offre un plaisir audio et visuel à chaque niveau tout en ouvrant plus amplement au grand public les portes d'un cinéma oublié.

Bande-annonce Death proof VOST :


Bande-annonce Grindhouse VO :