samedi 29 janvier 2011

The green hornet


Fiche du film :
Réalisateur : Michel Gondry
Scénaristes : Evan Goldberg, Seth Rogen
Année : 2011
Genre : Action / Comédie
Acteurs principaux : Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Christoph Waltz
Résumé : Fils du milliardaire et homme d'affaire James Reid, Britt préfère aux finances les fêtes où l'argent lui permet tous les excès. Cependant à la mort de son père, il se rend compte n'avoir rien fait de sa vie. Découvrant qu'un de ses employés, Kato, est expert en arts martiaux et concepteur de gadgets incroyables, Britt a l'idée de se rattrapper en formant avec lui un duo de justiciers chargés d'enrayer le crime en ville.

Avis sur le film :
Héros d'un programme de radio dans les années 30, le Frelon vert connut plus tard une carrière sur le petit écran avec des téléfilms et une série devenue populaire par la présence de Bruce Lee dans le rôle de Kato, et poursuit de nos jours ses aventures par le biais de la bande-dessinée. Kevin Smith, geek lecteur et lui-même auteur d'un comic book sur le personnage en question, était d'ailleurs prévu comme réalisateur par ses amis les frères Weinstein, mais refusa car considérait que le budget et l'importance du projet même pour les fans le dépasseraient.
Michel Gondry fut de nouveau considéré pour la réalisation en 2009, lui qui avait déjà été embauché en 1997 alors qu'il n'avait encore dirigé que des clips vidéos. Sa filmographie depuis crée un curieux mélange avec le sujet de son nouveau long-métrage, et avec les scénaristes finaux que sont Seth Rogen et son acolyte de Supergrave, Evan Goldberg.


Pour sa première production dédiée au cinéma, les autres films sortis ayant été des montages d'épisodes de la série télévisée, le Frelon vert voit son nom emblématique devenir un prétexte servant à mettre plus facilement sur le devant de la scène le principe choisi par les scénaristes : celui d'un super-héros immature, un anti-Bruce Wayne qui n'a comme point commun avec ce dernier que l'argent et qui profite des soirées arrosées pour avoir des filles faciles, jusqu'à ce qu'il décide d'aider les gens car l'idée l'amuse.
Une réinvention totale du personnage risquée, dont le ton de la comédie saugrenue aurait pu ne pas plaire aux puristes. Seth Rogen, aussi interprète du principal protagoniste, n'en fait néanmoins pas trop, ne se lâche plus dans ses improvisations habituelles, et son personnage est drôle quoique suffisamment sobre. En revanche, Reid commence en étant immature et le reste, conformé au rôle comique si commun de la personne égocentrique et bornée qui se croit le meilleur et ne voit pas qu'il serait mort sans son ami, dans la même branche que l'inspecteur Clouseau dans le remake de La panthère rose, et qui finit par aller trop loin pour avoir sa place dans un film de super-héros. Un schéma plus classique mais évolutif où la prise de conscience de la part de Reid de l'infantilité de ses actes aurait, dans le cas présent, été plus adapté que de voir le héros traiter son sidekick de bébé et se moquer de son rédacteur en chef plus expérimenté.
L'histoire n'est quoiqu'il en soit pas ce qui importe le plus, les personnages suivant une ascension prévisible jusqu'à l'affrontement avec le grand méchant.



Michel Gondry, dont le nom surprend par sa place au générique de ce film d'action sur le papier très loin de La science des rêves ou Eternal sunshine of the spotless mind, justifie pourtant sa présence par une mise en scène qui est le plus gros atout du métrage.
Si les transitions qui font qu'un élément de la fin d'une scène se raccorde avec celui du début d'une autre sont devenu courantes de nos jours, à travers Wanted, Kick-ass ou encore Futurama, The Green hornet peut rester en mémoire par sa représentation des combats qui, après tout ce qui a été fait depuis l'existence du cinéma, trouve encore de quoi innover. Ces scènes interloquent au premier abord, puisque Kato a une vision qui lui permet d'analyser chaque ennemi et chaque arme en les cernant d'un éclairage rouge et ce, contrairement à ce que l'on peut penser, sans aucun gadget mais seulement par une représentation stylisée de la poussée d'adrénaline qui donne des ailes au personnage. Une fois ce principe inexpliqué accepté, les ralentis et les éléments du décors se démultipliant sans raison, font plaisir à voir.
Seth Rogen a perdu du poids pour obtenir le rôle titre, bien qu'il se batte peu contrairement à son camarade Jay Chou, qui fait pâle figure à côté de son prédécesseur Bruce Lee, mais qui se voit doté d'une force surhumaine par les effets spéciaux. Si les coups bas à mains nues sont nombreux, ça tire et explose aussi largement, et sans jamais ressembler à tout autre film d'action, ce grâce à des idées apportant une once de surprise dans ce qui a déjà été fait, notamment avec un pistolet à double canon ou des mitrailleuses dans des portières de voiture, et autres excentricités.
L'esthétique particulière apportée par Gondry donne aussi lieu à une séquence de résolution à tendance surréaliste, mais la plus grande prouesse, qui justifierait à elle seule la vision du film, réside en un split-screen incroyable à rendre jaloux Brian de Palma.


Parce qu'elle s'éloigne de la personnalité traditionnelle du personnage qu'elle reprend, sans oublier de faire plaisir en ressortant la fabuleuse musique de générique de la série TV originale, la version cinéma du Green hornet se place dans les bonnes adaptations de super-héros grâce au style spécifique qu'elle se crée. Le film est assimilable au couteau Suisse évoqué par Seth Rogen : alors que l'on croit avoir tout vu, quelque chose d'encore plus cool apparaît ; sans oublier un humour déjà vu mais qui fonctionne encore, servant une oeuvre faite par et pour ceux qui jouaient à être Batman dans la cour de récré durant leur enfance.

Bande-annonce VOST :

mercredi 26 janvier 2011

Ghost rider


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Mark Steven Johnson
Année : 2007
Genre : Action / Fantastique
Acteurs principaux : Nicolas Cage, Eva Mendes
Résumé : Il y a des années, le cascadeur Johnny Blaze a vendu son âme au diable pour guérir son père du cancer. Aujourd'hui adulte, il est temps pour lui de devenir le Ghost rider au service de Satan et d'empêcher son fils, Blackheart, de s'emparer de la Terre.

Avis sur le film :
Depuis 2000 était annoncé par Marvel l'adaptation au cinéma du célèbre comic book avec Johnny Depp dans le rôle titre, mais la mise en route traîna, notamment faute d'avoir un script sur lequel travailler.
L'adepte de bandes dessinées David Goyer, à l'origine des films Blade et des Batman de Christopher Nolan, s'était au départ chargé d'un script, finalement jugé comme devant être retravaillé.
Avec le passage du studio Crystal sky à Columbia pictures, intéressé par le projet après le succès de Spider-man, c'est Mark Steven Johnson qui reprend les commandes aussi bien en tant que réalisateur que scénariste, lui qui s'était déjà occupé de Daredevil en 2003.


Autant dire que le travail de Johnson sur Ghost rider n'est pas mieux que pour son précédent film, bien que ce soit pour des raisons légèrement différentes. Les effets spéciaux sont gratuits, mais plus aussi abusivement. Des démons se transforment à partir de liquide ou d'un tas de poussière pour liquéfier des humains sans raison apparente qui influe sur le récit, mais au moins les raccords entre les plans ne se font plus par des images de synthèse superflues. Ceci n'empêche pas d'avoir des CGI très primaires, surprenants pour une grosse production datant de 2007 puisqu'ils paraissent presque faits par des amateurs. La fameuse transformation du Rider au crâne s'enflammant en devient ridicule, d'autant plus que Nicolas Cage cabotine de trop. L'acteur, fan du comic book au point d'avoir un tatouage du héros qu'il joue désormais, n'y voit que du feu et, dans ses crises de démence où il écarquille les yeux et hurle, n'arrive plus à situer les limites du bon goût, décrédibilisant un personnage qui lui est cher sans que le réalisateur ait eu la décence de le réfréner.


Mark Steven Johson semble en effet ne pas trop s'engager, ne reprenant que des clichés, qui plus est pour les faire virer dans la démesure : les policiers venus arrêter un seul homme sont une dizaine à sortir les armes à feu, tous les méchants destroy se tiennent étrangement, et les violons dans les moments dramatiques sont trop lancinants pour être acceptables. Cela sans qu'il y ait quoique ce soit de cohérent derrière pour justifier ces séquences émotions totalement dédramatisées car expédiées, faisant de la mort du père de Johnny Blaze une broutille par le peu d'importance qui y est porté. L'histoire d'amour, motif de tragédie récurrent, n'a quant à elle pas plus de consistance, avec un Eva Mendes qui n'est là que pour apporter sa présence physique synthétique.
Quoi qu'il en soit, le reste de l'intrigue délaisse le spectateur sans expliquer ce qu'est le Ghost rider, pourquoi collecter mille âmes maléfiques est bénéfique, ou comment il est possible d'échapper au diable tout simplement en le laissant tomber, au milieu du désert. Un diable joué par un Peter Fonda qui se retrouve ici certainement à cause de la popularité de Easy rider, et qui devient un protagoniste bien trop gentil et caricatural, faisant éclater les ampoules sur son passage et portant une ombre inquiétante, sans que le héros ne le remarque pour autant.


Ghost rider est un film qui essaye d'être cool à tous prix à travers un héros éponyme au look de rebelle ardent, mais qui n'arrive pas à construire des dialogues en dehors des répliques qui claquent, qui ne parvient pas à rythmer ses scènes d'actions à cause des gags qui les interrompent, et qui ne reproduit pas même correctement le réel quand il le faut, ou qui tourne à la parodie honteuse par la représentation ridicule d'une gothique en surpoids.
Sans surprise, le premier long-métrage où Nicolas Cage a le plaisir de jouer un personnage Marvel est un échec. Ce qui étonne par contre, c'est qu'une suite par les scénaristes d'Hyper tension soit en préparation.

Bande-annonce VF :

samedi 22 janvier 2011

The other guys


Fiche du film :
Réalisateur : Adam McKay
Scénaristes : Adam McKay et Chris Henchy
Année : 2010
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Will Ferrell, Mark Wahlberg, Samuel L. Jackson, Dwayne Johnson, Eva Mendes
Résumé : Highsmith et Danson sont les meilleurs flics de New York, ils tuent les méchants, obtiennent toutes les femmes qu'ils veulent, et sont admirés par leurs collègues. Parmi eux, il y a Hoitz et Gamble. L'un veut être dans le feu de l'action, mais malheureusement pour lui l'autre préfère remplir la paperasse dans son bureau. Mais un jour, l'occasion de vraiment agir sur les lieux des crimes se présente à eux.

Avis sur le film :
The other guys, horriblement renommé Very bad cops pour une exploitation française du succès de Very bad trip, est la dernière collaboration entre l'acteur Will Ferrell et le réalisateur Adam McKay, qui commencèrent tous deux leur carrière audiovisuelle dans l'émission Saturday night live.
Cette fois, les scénaristes ne choisissent pas pour leurs personnages des rôles aussi peu communs que ceux de présentateur de journal télévisé ou pilote de course automobile, et le milieu selectionné n'est plus uniquement un prétexte aux gags lancés sur le tas puisque le film s'attaque à un genre bien précis : celui du film d'action policier.


Pour initier sa parodie, McKay prend en premier lieu Samuel L. Jackson et The Rock, parfaits pour jouer les archétypes de super flics badass qui exposent sans détour à l'écran leurs caractéristiques outrancières pour montrer le ridicule inhérent aux personnages comme eux. Les références aux poncifs du film d'action sont nombreuses mais pas adressées à un titre particulier ni trop directe, les répliques font simplement allusions à des clichés indéniables, et ne sont pas prononcées sur un ton parodique mais au contraire tout à fait sérieux, ce qui est d'autant plus efficace. Habitué aux réparties assassines, Jackson ne déçoit pas et le script s'adapte à sa réputation créée par des rôles comme ceux qu'il tient dans Pulp fiction ou Die hard 3, puisque si son apparition dans tout le long-métrage est brève, cela ne l'empêche pas d'avoir l'une des lignes les plus sévèrement marquantes de The other guys.
Le réalisateur d'Anchorman en profite aussi pour prouver qu'il sait diriger une scène d'action qui repousse les limites sans non plus trop grossir le trait à l'extrême à la façon de Last action hero qui ne faisait pas dans la finesse. Certaines scènes n'auraient pas été de refus dans Wanted, puisqu'elles se placent dans la démesure des courses-poursuites et fusillades modernes, mais la fine limite entre comique et probable premier degré sur laquelle surfent les héros stéréotypés que sont Highsmith et Danson fait que l'on admire l'excès des effets spéciaux sans avoir à être gêné par une prise au sérieux.


Les premières minutes sont bien sûr les plus intenses, chargées à bloc en humour et en spectaculaire, mais la prise de relais par Mark Wahlberg et Will Ferrell ne fait pas tellement perdre au change.
La présence du premier dans une comédie est curieuse, il se retrouve certainement ici pour s'excuser de son autre rôle de policier dans le très décrié Max Payne, mais n'est pas réellement drôle en lui-même. C'est le film qui le rend risible, son personnage colérique acollé à un partenaire maladroit renouvelant le binôme typique du buddy movie pour en faire  un duo comique purement classique par son contraste mais qui fonctionne toujours de par les pics qu'ils se lancent en permanence.
Quant à Ferrell, il n'est plus le même qu'auparavant. Ses fans en sont généralement déçus, mais pour ceux ne le supportant pas jusque là, c'est un bonheur que de le voir trouver un nouvel équilibre humoristique. Une part de ses blagues habituelles reste, mais mêmes ses improvisations à rallonge ne paraissent plus si abracadabrantes, et le scénario semble avoir mieux structuré les dialogues, quitte à laisser moins de liberté à l'acteur. Si il y a encore des plaisanteries hors-contexte qui virent au n'importe quoi excessif, comme avec l'apparition de cet homme imitant un chien, elles sont moins nombreuses et certaines idées qui ne sont pas forcément liées à l'intrigue principale sont, cette fois, mieux intégrées à l'histoire par leur recurrence qui fait qu'elles s'intègrent finalement à l'ensemble. C'est le cas du running gag qui fait de Ferrell un homme à femmes irrésistible, et qui donne enfin un rôle approprié à Eva Mendes qui assume ici pleinement sa place de potiche au cours de ces dernières années.


Seule la fin du film est en décalage total avec le reste, s'attaquant tout d'un coup aux grandes corporations par le biais d'un message s'appuyant sur de nombreux chiffres et statistiques et qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
Du reste, à part quelques bétises trop puériles, The other guys dans son ensemble marque par ses très nombreux passages hystériquement hilarants, immenses et/ou stupides, mais qui parviennent à fonctionner, même quand ça en vient à de la grivoiserie gratuite.

Bande-annonce VOST :

mercredi 19 janvier 2011

The walking dead : saison 1


Fiche de la série :
Créateur : Frank Darabont
Année de création : 2010
Genres : Horreur / Suspense
Acteurs principaux : Andrew Lincoln, Sarah Wayne Callies, John Bernthal
Résumé : Touché par balle, le policier Rick Grimes est transporté à l'hôpital. A son réveil, les jours ont passé sans qu'il s'en soit aperçu, et il se retrouve dans un bâtiment désert où, apparemment, un massacre a eu lieu. Peu à peu, il découvre un monde où les morts attaquent les vivants.

Avis sur la série :
Au cinéma, Frank Darabont s'est essentiellement fait connaître grâce à ses adaptations de romans de Stephen King, depuis Les évadés et La ligne verte tous deux nominés pour les Oscars, jusqu'à The mist plus récemment. Pour son passage à la série télévisé, le réalisateur ne fait pas exception, puisqu'il adapte pour la chaîne AMC le comic book The walking dead, en collaboration avec l'auteur Robert Kirkman qui écrit les scripts en se basant sur le premier arc de son oeuvre originale.


Que ce soit pour un film ou une série, avec un tel projet qui nécessite beaucoup de temps pour se concrétiser, il y a de quoi s'imaginer que les personnes qui s'y investissent ont réellement quelque chose à raconter. Ce sentiment est toutefois renforcé pour une série, celle dont il est question ici étant de plus composée d'épisodes de 45mn chacun. Or, le sujet de l'invasion de morts-vivants n'est pas nouvelle, le public serait donc en droit d'attendre l'apport d'une innovation dans le traitement. Ce n'est pourtant pas le cas, car tout ce qui différencie The walking dead de ce qui a pu être fait dans d'innombrables films de Romero et ses comparses, c'est le fait d'apporter ce sujet au grand public.
"Les zombies pour les nuls", tel aurait pu être le titre. Dotée d'une promotion simultanée mondiale, commandée et diffusée sur une chaîne Américaine du câble, la nouvelle création de Darabont s'adresse à une tranche de la population plus large qui ne se limite plus aux amateurs de cinéma d'horreur.
Certains se réjouissent de la liberté de la série à montrer du sang et des tripes ainsi que la possibilité d'avoir des décors immenses où de nombreux figurants couverts d'hémoglobine traînent des pieds ; cela fait partie des avancées des séries télévisées de ces dernières années, mais si The walking dead fait un pas en avant, c'est pour se retrouver sur un territoire déjà exploré en long et en large par le cinéma depuis longtemps.


Se retrouvent les mêmes histoires de proches devenus morts-vivants, de personnes cherchant à cacher qu'ils ont été mordus, ou d'amis à laisser sur le bord de la route avant qu'ils ne se transforment en zombies. Des scènes sans originalité, qui ne sont pas mauvaises mais qui finissent par lasser, surtout que ces moments d'apitoiement qui sont des passages obligatoires à cause des sentiments humains des personnages s'étendent en longueur, puisque la série en a besoin pour remplir ses épisodes hebdomadaires. Seuls les néophytes dans le domaine du survival peuvent avoir l'impression de découvrir ce que d'autres ont déjà beaucoup trop vu et revu.
Le plus intéressant se situe à côté de l'intrigue principale incluant les "walkers", il s'agit de la représentation des différents échantillons humains de notre société actuelle, qui révèlent leur vraie nature une fois la fin du monde venue. Les gens normaux présentent peu d'intérêt, contrairement au mari qui bat sa femme et qui expose dès lors ses actes violents en communauté. Cet aspect là est malheureusement peu développé et vite abandonné. Dans la même veine, la série en fait par contre trop quand elle ressort les clichés du redneck raciste obligé de cohabiter avec un afro-américain.


The walking dead fait du sur-place par rapport à ce qui a déjà été fait ailleurs, et le fait avec une lenteur digne des zombies présentés et qui, au bout de 6 épisodes, finit par peser.
La série risque malheureusement de ne pas avancer davantage, ayant trouvé sa place parmi un public qui peut se contenter du peu présenté, car ignorant de ce qui a été fait ailleurs. La saison 2 n'aura pas à chercher plus loin pour le scénario, qui peut se permettre de rester basique, ou pour la représentation des morts-vivants, gore mais pas trop pour éviter de choquer les spectateurs nouveaux venus à zombieland.

Bande-annonce VO :

dimanche 16 janvier 2011

Les guerriers de la nuit


Fiche du film :
Réalisateur : Walter Hill
Scénaristes : David Shaber et Walter Hill
Année : 1979
Genre : Action
Acteurs principaux : Michael Beck, James Remar, Dorsey Wright
Résumé : Cyrus, le chef du plus gros gang de New York, réunit toutes les bandes de la ville pour qu'ils s'unissent. Seulement, si la plupart se réjouissent à cette idée, d'autres préfèrent le chaos et tuent celui venu apporter la paix. Les Warriors sont accusés arbitrairement du meurtre, et débute pour eux une nuit pleine de dangers, la police et les gangs étant à leurs trousses.

Avis sur le film :
Jusqu'alors réalisateur que de deux films, Walter Hill voulait déjà en 1979 réaliser un western avec le producteur Lawrence Gordon mais, par manque de budget, ce dernier proposa finalement un script tiré du roman de Sol Yurick, The Warriors.
La qualité et simplicité du script plut à Hill, qui voyait aussi l'occasion de faire un long-métrage avec une esthétique proche du comic book. Cependant, par manque de moyens et un passage en post-production limité par le temps afin de pouvoir sortir Les guerriers de la nuit avant Les Seigneurs, autre film qui touche également au sujet des gangs, le réalisateur ne put respecter la vision qu'il avait pour son oeuvre, en tout cas pas avant la sortie d'un director's cut en 2005.


Même en dehors de ses problèmes de budget et des voisins mécontents du tapage nocturne créé par cette production qui, pour une fois, eut l'autorisation de filmer pendant des nuits entières, le tournage ne fut pas de tout repos. Bien qu'elle ait embauché un gang pour surveiller ses camionnettes, l'équipe du film reçut la visite d'autres vandales, saccageant le matériel car mécontents de ne pas pouvoir être présents à l'écran.
The Warriors conserve l'image d'un New York miséreux couvert de tags, tel que le cinéma aime nous présenter la Grosse Pomme, mais aux gangs réels sont préférés des loubards aux looks plus carnavalesques les uns que les autres, nous situant au seuil d'un univers parallèle où il faut être habillé kitsch pour avoir l'air d'un bad guy. Avec leurs blousons de cuir sur torse nu, les Warriors paraissent normaux à côté de skinheads, de joueurs de baseball grimés en clowns, ou autres vauriens habillés en fermiers. Les gangs créés uniquement pour le film sont costumés et maquillés avec grand soin, même si la plupart n'apparaissent que quelques secondes et sont essentiellement un prétexte à la grande poursuite qui constitue la majorité du film.


Dès le début, une certaine énergie est imprimée au film par un montage rapide mais compréhensible qui alterne entre le trajet dans le métro avec aperçus des bandes et les bouts de discussions entre Warriors quant à la grande réunion, nous apportant succinctement les informations nécessaires et résumant les inquiétudes des personnages sans avoir le temps de s'ennuyer. L'action se fait remarquer dès le début, et s'il y a tout de même des baisses de rythme plus tard, le but de The Warriors est de présenter une longue traque nocturne avec quelques moments seulement de répit.
Pour cela, la mise en scène sait se renouveler, puisqu'elle présente plusieurs échantillons de tout ce qui peut se faire en matière de poursuite. Le dynamisme, cependant, manque dans les scènes de combats. La musique rétro n'a pas assez de peps, le montage n'est pas assez réactif, et la façon de filmer est volontairement brouillonne pour dissimuler l'envers de la chorégraphie ; ce qui n'empêche pourtant pas de voir que les coups mettent du temps à être portés et que certains ennemis en arrière-plan ne savent pas que faire si ce n'est avancer en claudiquant comme un canard pour laisser le temps aux personnages principaux de gagner.


Sorti à l'aube des 80's, The Warriors est très marqué par son temps à travers sa bande-son, sa photographie, et ses thèmes. Il a inévitablement pris un coup de vieux, mais ce qui n'a pas changé est le fait qu'il est porté par une ambiance dont le suspense fonctionne, qu'il comporte de bons acteurs, et détient son lot de bonnes idées. Certaines d'entre elles sont justement liées à l'époque de sortie du film, notamment par la place emblématique de la présentatrice radio dans la vie des jeunes et qui devient ici narratrice du long-métrage ; ainsi bien qu'il n'ait plus le même impact, aujourd'hui encore nous pouvons remarquer ce qui en 1979 a pu toucher une génération qui a fait de Les guerriers de la nuit un de ses films cultes.

Bande-annonce VO :

mercredi 12 janvier 2011

Smoking / No smoking


Fiche des films :
Réalisateur : Alain Resnais
Scénaristes : Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui
Année : 1993
Genre : Comédie
Acteurs : Pierre Arditi, Sabine Azéma
Résumé : Un matin, Celia Teasdale sort de chez elle le temps de respirer au milieu de son grand ménage de printemps. Sur la table du jardin, elle aperçoit un paquet de cigarettes et est tentée d'en prendre une. Dans Smoking elle cède, dans No smoking elle résiste. Premier choix anodin mais décisif qui, suivi par d'autres, changera de diverses façons sa vie et celle de ses proches.

Avis sur les films :
Passionné de cinéma comme de littérature, après avoir collaboré avec Marguerite Duras ou David Mercer, Resnais se lance dans une adaptation de la pièce "Intimate exchanges" d'Alan Ayckbourn. L'influence du théâtre est flagrante par la facticité des décors et l'emploi de seulement deux acteurs filmés majoritairement en longs plans fixes, et en dehors de la suppression de deux morceaux de l'oeuvre originale, la version cinéma se veut fidèle. Adepte des expérimentations, Resnais se lance ici un nouveau défi et prend le risque de faire un diptyque dont chaque partie sortirait le même jour en salles, les deux ayant le même point de départ d'où naissent des embranchements distincts que sont Smoking et No smoking.


Entre les deux long-métrages de 2h20 chacun, aucun ordre n'est donné, le spectateur doit choisir lequel voir en premier. Or, dans tout "film à sketchs", il est inévitable de dégager des parties moins bonnes que d'autres, et puisque l'ensemble est ici lui même divisé en deux long-métrages, selon l'ordre de visionnage, l'un peu décevoir par rapport à l'autre tout commme il peut surprendre. Avec une vision d'ensemble, il semblerait que ce soit Smoking qui ait hérité des passages les moins forts de la pièce, et cela peut jouer en sa défaveur lorsque No smoking a été vu auparavant.
Ce diptyque part d'un effet papillon prenant des proportions énormes, du moins c'est ce que l'on croit, et qui peut dévaloriser celui des deux films vu en second, puisque nous remarquons avec le passage de l'un à l'autre que Resnais gâche un potentiel colossal en ne tenant pas sa promesse initiale d'un unique changement qui modifie tout. Cela se remarque surtout dans Smoking où, en dehors d'une action qui diffère, la personne qui doit apparaître quelques secondes après dans la scène n'est pas la même, ce qui, en un si petit laps de temps, ne peut aucunement avoir un lien de cause à effet avec par exemple la cigarette fumée.
Le tabac responsable des titres de ces deux oeuvres n'a donc pas même la moindre importance, tout le concept de base de Smoking / No smoking s'effondre, le cinéaste ne s'étant probablement pas vraiment rendu compte du pouvoir en sa possession. Resnais change arbitrairement une part de sa fiction au point même où il aurait fallu la dévier pour observer ensuite des changements qui seraient, dans ce cas, justifiés et intéressants par le cheminement qui aura mené à eux.


Si l'idée de départ n'est pas proprement exploitée, cela n'en retire pas son audace, et encore moins l'intérêt créé par la vision des possibilités parallèles. Cependant, encore une fois, No smoking détient l'avantage grâce à un respect des règles de la théorie du chaos (ou effet papillon), mais aussi grâce à des personnages passionnants. Smoking se consacre à Celia et Lionel, duo qui se recroise pour quelques passages comiques, alors que le second film se penche sur le cas de Celia et Miles qui, par leur union impossible, apportent au film une interrogation récurrente quant à l'avenir de leur relation. Ces deux êtres maladroits, victimes chacun de leur conjoint, donnent envie de les voir finir ensemble, bien que cette trame de comédie romantique ne semble trop classique. Seulement ce n'est que ce que l'introduction laisse penser, puisque plutôt que de choisir de conter une énième histoire sur un amour inébranlable qui lutte contre l'adversité, la décision peu commune est prise de nous montrer l'autre camp, celui de l'époux alcoolique et de la femme adultère. Bien loin des clichés qui n'auraient dressé de ces personnages qu'une image qui correspondrait aux dires de Miles et Celia, nous pouvons constater qu'ils ne sont pas si antipathiques que cela. Cette vision anti-manichéenne ajoute à la fiction la complexité des rapports humains, et fait s'interroger sur l'identité de la "mauvaise" personne dans chacun des deux ménages. De quoi également se demander si le nouveau couple qui pourrait se constituer ne finirait pas comme l'un des deux anciens qui se décomposent.


Parcourus par des dialogues particulièrement savoureux qui surgissent lors de scènes anodines pour mieux faire éclater de rire, Smoking et No smoking sont aussi dotés de passages indirectement dramatiques. Quelle que soit la réalité alternative parcourue, chacune est découpée en parties séparées par 5 jours, 5 semaines, puis 5 ans. Ces ellipses temporelles de plus en plus longues mènent à des scènes qui n'ont l'air d'être qu'un bilan de ce que le public n'a pas pu voir, dans un passé sur lequel il a d'autant plus l'impression de ne pouvoir agir mais seulement contempler les conséquences, jamais totalement positives ni négatives.
Ces deux films d'Alain Resnais nous confrontent à ce sur quoi nous n'avons plus aucun pouvoir, et qui ne nous satisfait jamais pleinement au moment présent. Bien que nous soient montrées plusieurs alternatives, la question "Aurait-ce été mieux autrement ?" ne trouve pas de réponse car un personnage se retrouve immanquablement délaissé au profit d'autres, à regret pour nous puisque chaque histoire parallèle poursuit le développement des personnages qui, en fin de compte, ont tous un bon fond.
Smoking et No smoking attirent par l'originalité de leur concept, mais celui-ci ne se révèle être qu'une sophistication presque inutile, pour une intrigue qui se montre bien plus captivante et qui finit par créer le principal intérêt de ces deux oeuvres drôles et tragiques à la fois.

Bande-annonce :

dimanche 9 janvier 2011

Freddy - Les griffes de la nuit


Fiche du film :
Réalisateur : Samuel Bayer
Scénaristes : Wesley Strick et Eric Heisserer
Année : 2010
Genres : Horreur / Fantastique
Acteurs principaux : Jackie Earle Haley, Rooney Mara, Kyle Gallner
Résumé : Certains adolescents d'une petite ville font depuis quelques temps le même rêve, dans lequel un homme avec des lames au bout des doigts essayent de les tuer. Suite à la mort de plusieurs d'entre eux, Nancy et Quentin cherchent à trouver le lien qui les lie tous à l'homme de leurs rêves, avant qu'il ne soit trop tard.

Avis sur le film :
Depuis 2003, la société Platinum dunes créée par Michael Bay s'est chargée de la production de remakes de film d'horreur emblématiques. Ainsi, le passage par l'instigateur d'une des sagas d'épouvante les plus populaires des années 80, Les griffes de la nuit, était inévitable.
Wes Craven ayant exprimé son désaccord concernant ce projet, cela se fit sans lui, et c'est un réalisateur jusque là uniquement de clips vidéos qui prit les commandes, comme cela avait été le cas pour Marcus Nispel sur la mise à jour de Massacre à la tronçonneuse. Ce film, le premier estampillé "Platinum dunes", est l'exemple parfait du remake d'horreur réussi, fidèle à l'original mais se plaçant suffisamment à distance pour apporter d'agréables surprises.
Depuis lors, les nouvelles versions d'Amityville et de Vendredi 13 ont cherché à imiter cette même formule, sans succès.
C'est toutefois ce que le studio continua d'essayer de faire avec Freddy - Les griffes de la nuit, reprenant l'idée de base qui consiste à tuer dans les rêves, pour à partir de là s'orienter vers un film plus sérieux et plus effrayant.

Orange et bleu
Le fameux film avec le légendaire Freddy Krueger est modernisé par une transposition au 21ème siècle, et donc bien entendu nous avons droit à la vision Hollywoodienne de la jeunesse d'aujourd'hui : des adolescents casse-pieds, vulgaires, et tous joués par des acteurs trop âgés pour leur rôle et d'une beauté normée comme on n'en voit qu'au cinéma. Le vrai charme d'interprètes aux visages naturels tel qu'on osait encore en choisir dans les 80's n'est plus là. Il en est de même pour la nouvelle héroïne qui n'a de Nancy que le nom ; nous ne pouvons plus nous identifier à ces jeunes à problèmes qui, en plus de former un ensemble physiquement irréel, n'a rien de sympathique. Cela participe à ne plus s'inquiéter de leur sort, tout comme le fait que le spectateur soit lancé directement en plein milieu des troubles des protagonistes, sans nous les avoir présenté auparavant pour pouvoir s'y attacher un minimum. De plus, pour être immédiatement au coeur de l'action, s'enchaînent les cauchemars entre lesquels se trouve un quasi-vide narratif, exception faite de quelques moments clés piqués au film original.
Il y a tout de même une idée sortant de l'ordinaire qui, étonnamment, n'a jamais été utlisée dans le reste de la saga : faire croire à la réalité durant ce qui se révèle être un cauchemar ; malheureusement, le concept lui-même est plus intéressant que sa mise en application à l'écran.

Bleu
Le reste reprend essentiellement ce qui a déjà été vu, le scénario piochant dans divers épisodes de la saga pour refilmer des scènes qui perdent tout leur intérêt, surtout que leurs effets spéciaux traditionnels admirables sont convertis en CGI laids qui font dans la démesure grotesque. Desormais Freddy se fait gigantesque pour carrément sortir du mur, au lieu de simplement planer comme un ombre menaçante au dessus du lit de Nancy, tel que c'était le cas en 1984.
L'ambiance digne d'un songe disparaît et, à la place, la version 2010 baigne dans une atmosphère bichromatique où l'orange et le bleu, à la mode chez Michael Bay et dans tous les blockbusters récents, ont envahi chaque plan de ce film-ci comme un virus plus dévastateur que les griffes de la nuit.
Il n'y a plus le mérite des effets traditionnels, ni l'onirisme latent ; à croire que les cinéastes n'ont, ici encore, pas compris ce qui rendait le long-métrage de Wes Craven si bon.
Les moments censés faire sursauter sont encore trop prévisibles et jouent, à grand regret, sur les bruitages de tonnerre qui se font entendre tout d'un coup après un long silence. La réalisation choisit, pour faire sursauter, des astuces simplistes et lassantes car vues beaucoup trop de fois ces dernières années, et n'arrive pas à mettre en scène correctement les apparitions de Freddy afin d'instaurer la peur.

Orange
Le croque-mitaine au gant griffu est l'emblême de toute une lignée de 9 films et leur principal attrait. Robert Englund, jusque là le seul interprète de Fred Krueger, même dans la série télévisée dérivée, se trouve trop vieux pour apporter l'énergie suffisante au personnage, et laisse la place à Jackie Earle Haley.
Si ce n'est que le tueur d'enfants est devenu un pédophile, Freddy n'a pas tellement changé, et heureusement son pull rouge et vert n'a pas été troqué contre un orange et bleu. Malgré un bon choix de casting, l'ancien interprète de Rorschach dans Watchmen n'est pas à la hauteur d'Englund, n'ayant pas le même charisme et n'étant pas doté, à cause de la réalisation notamment, de la même force comique et effrayante à la fois. Bien qu'il ait été voulu par Platinum dunes de lui retirer toutes blagues, Freddy reste tout de même celui qui détient les meilleurs répliques, hilarantes par leur méchanceté décalée.
Le maquillage au fil du temps et des suites n'a cessé de changer, finissant par ne plus ressembler qu'à un masque de latex, quelle que soit la qualité des films. Pour Freddy - Les griffes de la nuit, l'équipe a évidemment, et malheureusement, eu recours aux images de synthèse appliquées sur un masque vert que l'acteur portait. A base de posters et de bandes-annonces très sombres ne laissant pas correctement voir le visage du boogeyman, la promotion du film jouait énormément sur l'attente, sur l'envie de voir à quoi ressemblait le nouveau lifting de Freddy ; et pour cause : il y a de quoi être déçu. Il n'y a plus l'aspect organique du visage fraîchement brûlé et prêt à s'affaisser, seulement l'impression d'une pâte trop cuite constituant le visage du tueur, de la part de graphistes qui ont évité de donner un aspect trop réaliste à la peau brûlée pour ne pas faire se détourner de l'écran les spectateurs, alors que c'est justement ce qu'il fallait rechercher.

Bleu
Les griffes de la nuit de 2010 s'adresse à ceux qui n'ont pas vu le premier film, et pourtant s'appuye sur le fait que l'on connaisse Freddy, du moins de nom, car ne nous explique même pas comment les personnages ont découvert son identité. Il ne nous fait pas même passer par une période où ils doivent se faire à l'idée d'affronter un homme qui vit dans les rêves, ce qui était pourtant encore fait, même récemment, dans Freddy contre Jason, et dont l'absence ici renforce l'illogisme du scénario.
Cela prouve du moins la popularité du personnage dans l'imaginaire collectif, mais ce remake nécessite d'être vu par des néophytes, ayant tout au plus vu l'affrontement avec Jason Voorhees, pour être apprécié par méconnaissance de la saga.
Pour les fans, le Freddy nouvelle génération est loin du rêve qu'il aurait dû être, mais heureusement n'est pas non plus le cauchemar qu'il aurait pu être. En dehors de la présence du personnage éponyme qui surprend toujours par le plaisir qu'il continue de procurer après tant d'années, l'histoire légèrement différente et l'enquète qui y est menée, ainsi que quelques trouvailles basées sur des informations concernant la privation de sommeil ou le fonctionnement du cerveau humain, font que l'on préfère après tout ne pas somnoler durant le visionnage.

Réplique culte :
"Why are you screaming? I haven't even cut you yet." - Freddy Krueger

Bande-annonce VOST :

vendredi 7 janvier 2011

Faites le mur


Fiche du film :
Réalisateur : Banksy
Année : 2010
Genre : Documentaire
Acteurs principaux : Banksy, Thierry Guetta, Rhys Ifans, Space invader
Résumé : Tout a commencé lorsque le Français Thierry Guetta, son caméscope en permanence fixé à la main, s'est intéressé au street art et a décidé d'en faire un documentaire. Il suivit de nombreux graffeurs, mais son but était de rencontrer le plus connu d'entre eux, son idole : Banksy. Une fois cela fait, c'est vers Thierry que la caméra se tourne, celui-ci jugé par l'artiste comme étant un sujet beaucoup plus intéressant.

Avis sur le film :
Vers le début des années 90 sont apparus sur les murs de Bristol des tags signés Banksy, un artiste urbain qui se démarque par son style particulier mêlant originalité graphique et pertinence du propos représenté seulement visuellement. Ses oeuvres exposées temporairement aux yeux de tous dépassent les limites fixées par la loi, tout comme son audace vient s'afficher au delà des frontières, et depuis le graffeur Britannique a fait parler de lui sur les télévisions du monde entier.
Resté anonyme durant tout ce temps, cela ne l'a pas empêché de participer à un épisode des Simpson, de publier des ouvrages compilant ses oeuvres, ou plus récemment de sortir le film Faites le mur qu'il signe en tant que réalisateur.


Bien qu'il soit le nom qui fasse vendre ce film, Banksy n'en est pas le sujet principal. Lui-même nous renvoie dès le début vers "Thierry Guetta", soit-disant le vrai sujet, alternant néanmoins avec ce que les deux cinéastes amateurs souhaitaient faire au départ, à savoir filmer le street art.
Tel que le dit Banksy, nous n'assistons pas à Autant en emporte le vent, puisque le long-métrage s'assimile à une feuille portée par le vent, avançant sans destination précise. Il ne progresse qu'au gré de ce qu'il se passe dans la vie nocturnes de ces graffeurs, dont nous obtenons des témoignages et dont nous voyons les tags au fil du temps, en tombant de temps à autres sur certains passages amusants.
Les rencontres sont dès lors intéressantes, notamment celle avec une figure emblématique qu'est le créateur du poster "Obey" ; mais "document" serait un terme plus adéquat que "documentaire" pour désigner Faites le mur, qui ne fait que montrer ce qu'a capté l'objectif sans réelle construction si ce n'est celle chronologique, et sans nous en apprendre tellement sur l'art de la rue.


Il ne reste qu'à admirer l'originalité des oeuvres présentées, comme s'il s'agissait d'un reportage projeté au cinéma, ce qui se laisse faire agréablement ; et pourtant ensuite le film prend un nouveau tournant une fois que l'on s'intéresse réellement à Thierry Guetta, renommé "Mr Brainwash" du jour au lendemain. En ne s'appuyant que sur ses contacts et son culot pour se faire connaître, il monte une exposition et se prend pour le nouveau Warhol alors qu'il ne fait que donner des ordres à des employés ou rajouter un coup de peinture sur la Joconde pour la vendre à 12000$.
Ce personnage créé de toutes pièces intrigue, car est en totale opposition à ce que Banksy disait faire et ce qu'il voulait faire savoir concernant les motivations des street artists. Et c'est cela qui, après quelques sourires au cours du visionnage du film, continue de faire vivre ce dernier au delà de la sortie de la salle de cinéma.
Mr Brainwash éclaire sur tout le reste du long-métrage, qui n'était en réalité jusqu'alors qu'une présentation des plus simples du monde des graffeurs, pour ensuite se diriger vers une parodie du commerce de l'art de nos jours par le biais d'un énorme canular.


Banksy nie que son film est un coup monté, mais ne fait par cela que réagir de la même façon que comme lorsqu'il a par le passé ironisé sur les spéculations concernant son identité. Encore une fois Banksy se moque de ceux qui n'ont toujours pas compris ses motivations, et ce peu importe que l'on ait saisi ou non la raillerie. Avec Faites le mur il fait d'une pierre trois coups : dire de quoi il est vraiment question dans le street art, se mettre en avant sans en avoir l'air, et se moquer de l'avilissement contemporain de tout ce qu'on peut désigner comme étant de l' "art" uniquement pour les profits que l'on peut en tirer.
Si au moment du visionnage le film n'est que moyennement divertissant, l'essentiel se trouve dans la réflexion après-coup ; cette oeuvre fait partie de celles utiles où le spectateur fait la moitié, afin d'être plus en profondeur marqué par le message.

Bande-annonce :

mardi 4 janvier 2011

Dead meat


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Conor McMahon
Année : 2004
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Marian Araujo, David Muyllaert
Résumé : En Irlande, la maladie de la vache folle a donné des envies meurtrières aux bovins, qui ont contaminé des humains devenus zombies. Helena et son ami, de passage dans la région, ne se doutent de rien jusqu'à ce qu'ils soient attaqués.

Avis sur le film :
Disposant d'un faible budget, l'équipe de Dead meat dut faire appel à quelques astuces pour économiser le plus possible, comme prendre le chanteur de la bande-son pour jouer un des personnages principaux, utiliser des véhicules personnels ou recruter des figurants dans des pubs. A croire que les fonds fournis par le Irish Film Board dans le cadre du programme de financement des films indépendants n'étaient pas suffisants pour ce premier long-métrage de Conor McMahon. Heureusement, sa distribution en DVD aux Etats-Unis sous la bannière du magazine Fangoria permit de lui donner un coup de pouce supplémentaire.


Le manque de moyens saute aux yeux, et pour cause la qualité d'image médiocre perdure tout au long du film, cet inconvénient visuel permanent inconvenant le spectateur même lors des bons moments. Car en effet, Dead meat a de quoi être sauvé par quelques idées, aussi bien pour les façons de tuer un zombie puisqu'on en vient à l'usage du clou ou de l'aspirateur, que pour la réalisation qui tente de sortir de la banalité à certains instants.
Les maquillages brouillons et les effets spéciaux basiques restent acceptables, et on peut saluer certains efforts, mais plus l'histoire avance, plus les défaut du film nous apparaissent.
Les paysages sont bien choisis mais le scénario qui nous les fait parcourir se résume aux déplacements des protagonistes, qui vont d'un lieu envahi de zombies à un autre. Au rythme lent s'ajoute la répétition des évènements et celle de la musique, encore une fois certainement à cause du budget ; et au minimum d'originalité du début se substitue d'innombrables références à Evil dead, qui s'accumulent tellement qu'elles ne paraissent plus relever que de la copie.


La bonne volonté et les vaches mortes-vivantes ne suffisent pas, Dead meat aurait gagné à être un court-métrage, mais dans ce cas-là n'aurait pu avoir la même reconnaissance qu'un long, ce que recherchait assurément son réalisateur. Seulement, plus nous avançons dans le film, moins l'accès à la cour des grands ne semble pouvoir être accordé à Conor McMahon, en dépit d'une once de talent de sa part et de sa motivation.

Bande-annonce VO :

dimanche 2 janvier 2011

The descent


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Neil Marshall
Année : 2005
Genre : Horreur
Actrices principales : Shauna MacDonald, Natalie Jackson Mendoza, Alex Reid
Résumé : Pour changer les idées de Sarah après le décès de son mari et de son fils, ses amies l'emmènent faire de la spéléologie. Seulement ce que certaines n'ont pas dit, c'est que la grotte qu'elles explorent est encore nouvelle. Elles se perdent, mais tel est le cadet de leur souci dès lors que des monstres tapis dans le noir les attaquent.

Avis sur le film :
Son second long-métrage, Dog soldiers, avait fait connaître le cinéaste Anglais Neil Marshall, dès lors poussé à faire d'autres films d'horreur. Refusant d'abord le projet The descent pour ne pas être catégorisé comme réalisateur d'un seul genre, il accepta finalement, jugeant que ce film-ci serait différent de son précédent. C'est même à l'opposé qu'il se situe de par la troupe de militaires Anglais cédant la place à un casting aux nationalités hétéroclites, pour ne pas uniquement toucher le public britannique, et entièrement consituté de femmes ; ce qui différencie également The descent de la plupart des films d'épouvante.


Bien que nous nous retrouvions au milieu d'un groupe d'amies, aucun attachement ne se crée auprès des personnages. Au contraire, l'héroïne a de quoi nous arracher du mépris après avoir été responsable par sa négligence de la mort de sa famille ; et par la suite nous ne nous intéressons pas d'avantage à ses amies, présentées en plus de cela que brièvement. Certes, tel est un des choix du réalisateur que de créer des protagonistes neutres ou désagréables, et pourtant plus tard interviennent tout de même des séquences émotion qui traînent en longueur à la mort de quelques unes des spéléologues. L'attardement des autres personnages, qui en oublient même le danger alentour, et la musique lancinante n'y font rien : le manque d'empathie crée l'ennui pendant plusieurs minutes au lieu de l'accablement.
Pour ces mêmes raisons, qui nous empêchent même de distinguer les personnages entre eux, et parce que le peu d'éclairage dans ces cavernes étroites obscurcissent grandement l'écran, la première partie du film durant le parcours souterrain n'est pas aisée à suivre. Les difficultés à progresser au coeur des roches créent un peu d'inquiétude en attente de l'arrivée des monstres, mais encore une fois plus à cause du risque encourru qu'à cause de l'anxiété concernant ce qui pourrait arriver aux protagonistes.


Neil Marshall déclarait vouloir se démarquer des films Américains qui misent tout dès le début, en choisissant plutôt de faire monter la tension. Cependant, il tombe dans d'autres pièges comme tant d'autres avant lui : pour faire patienter le public qui n'attend que de trembler, des chauve-souris surgissent, des spéléologues apparaissent dans le cadre sans prévenir, comme un avant-goût de la peur à venir qui ne surprennent aucunement et qui ne sont que des artifices déjà vus beaucoup trop souvent.
Cependant, le festival de clichés ne démarre vraiment qu'à l'apparition des créatures vers la moitié du film. Décharnées, arcées, chaînon manquant entre l'homme et l'animal, elles ne font que correspondre à un archétype qui date de Vendredi 13, repris également par Creep, Je suis une légende et Constantine après avoir été relancé par Gollum dans Le seigneur des anneaux. Les monstres ont ici tout de même la particularité de ne se guider que par leur ouïe, mais cela aussi n'a rien de bien original.
The descent ne se prive bien sûr pas de scènes de rêve censées rajouter de l'horreur supplémentaire sans avoir à la justifier. Du reste tout ce qui est destiné à nous faire sursauter se place en des moments on ne peut plus prévisibles, par exemple lorsqu'une fillette, de dos, se retrouve présente dans la grotte sans raison, avant de se retourner pour dévoiler un visage horrible. Même la musique d'angoisse est stéréotypée au possible.


L'affiche a la pertinence de faire la distinction entre films d'horreur, qui sont légion sans forcément tous faire peur, et les films qui, justement, ont de quoi pétrifier le spectateur. The descent toutefois se placerait plutôt dans la première catégorie. Son succès est probablement du au fait que, encouragés par les critiques, le public néophyte s'est dirigé vers ce film, et a découvert ce que les habitués ont déjà vu trop de fois pour ne pas en être lassé. Toutefois, contrairement à un Paranormal activity qui exploite la crédulité de ceux qui se cramponnent à leur siège pour une porte qui claque, le film de Neil Marshall est doté d'une réalisation correcte, et ne semble pas tant se moquer du public qu'il vise.

Bande-annonce VF :