jeudi 29 avril 2010

American history X


Fiche du film :
Réalisateur : Tony Kaye
Scénariste : David McKenna
Genre : Drame
Acteurs principaux : Edward Norton, Edward Furlong, Stacey Keach, Avery Brooks
Résumé : Heurté par le meurtre de son père par des hommes noirs, Derek a rejoint un groupuscule prônant des thèses racistes qui se manifestent par la violence. Le jeune homme finit en prison pour homicide, et en ressort changé ; mais c'est pour apprendre que son jeune frère s'apprête à suivre le même chemin que lui.

Avis sur le film :
Comme souvent, American history X a été catalogué d'après son thème originel, nous présentant des skinheads néo-nazis qui proclament la supérorité de l'homme blanc ; mais derrière cette histoire de racisme et de nazis sur fond de brutalité, le sujet est plus complexe qu'il n'y paraît.


L'histoire tourne autour de l'évènement qui a causé l'incarcération de Derek, ses causes et ses conséquences présentées alternativement au cours du film, et s'étend pour couvrir des problèmes dont sont victimes les jeunes influençables de notre société contemporaine au danger bien présent mais insoupçonné.
Le choix des épisodes de la vie du personnage principal illustrent ce tableau, et l'idée de leur importance déterminante est accentuée par le jeu d'Edward Norton, la musique et le montage. C'est aussi ce qui fait que le passé est mis en opposition avec le nouveau Derek que l'on découvre au fur et à mesure, en même temps que la lumière est faite sur ses sombres antécédents.
Un problème d'actualité bien réel est exposé à partir d'un constat, dans cette Amérique qui ne peut plus contrôler son flux d'immigration, et est exacerbé à l'extrême par des incidents regrettables qui poussent Derek à se tourner vers un leader qui l'aiguille vers les actes de violence motivés à l'origine par le désespoir.


Mais en dehors des actes aggressifs qui choquent, les personnages sont dépeints à travers leurs discours de façon trop catégorique et trop simpliste, tout comme l'usage du noir et blanc lors des flash-backs montrent une cession à la facilité.
Le message est néanmoins bon et bien mis en place puis transmis durant le passage en prison, placé en fin de film pour nous expliquer en définitive ce revirement de mentalité chez Derek. Et avec la communication du message à son frère Danny par le récit de son histoire en prison, le film se conclut avec les personnages changés, purifiés, et le spectateur est réconforté par ce message de tolérance qui s'est construit devant ses yeux.


Mais American history X ne s'arrête en réalité pas là, car d'une certaine façon ce beau message s'évapore dans la fumée du coup de feu qui brise ce qu'a appris Danny. Cette fin cherche à signifier que la violence ne s'arrête jamais, que Danny était piégé par son passé de pertubateur et que, même en ayant eu une révélation, ce n'est pas de même pour le camp opposé qui n'en a nullement été informé ; mais tout ce que le film a réussi à construire en 1h50 éclate en morceaux, nous laissant avec un sentiment de haine plutôt que d'apaisement, et dans l'incertitude quant à savoir si Derek a lui-même appris quelque chose ou non avec ce nouveau malheur qui le frappe pouvant l'orienter vers ses anciennes mauvaises habitudes.

Bande-annonce VOST :

samedi 24 avril 2010

Evil dead III : L'armée des ténèbres


Fiche du film :
Réalisateur : Sam Raimi
Scénaristes : Sam et Ivan Raimi
Année : 1992
Genre : Comédie / Fantastique
Acteurs principaux : Bruce Campbell, Embeth Davidtz, Marcus Gilbert, Ian Abercrombie
Résumé : Aspiré par un vortex, Ash se retrouve transporté en 1300 où il est d'abord condamné à mort, puis reconnu comme étant Celui venu du ciel, qui sauvera le château du seigneur Arthur de l'emprise du mal.

Avis sur le film :
Une deuxième suite à Evil dead était déjà envisagée après la première, mais dans l'incapacité de se décider quant à l'histoire, une période de pause fut instaurée pour Sam Raimi avec la réalisation de Darkman en 1990. Une fois le moment venu, il fut décidé de sortir Ash de sa bicoque pour le mener en l'an 1300, déjà évoqué dans Evil dead 2.
Raimi ayant gagné une certaine notoriété, ce troisième épisode est marqué par un changement de studio pour passer à Universal, et par conséquence le budget qui va avec. Mais, comme l'indique la rupture du titre qui en reste à Army of darkness, il y a également un changement de ton, accompagné de restrictions, en cette fin de trilogie.


Les remaniements se font nombreux : les décors, le genre, le style, et le personnage principal. L'humour est devenu primordial avec un second degré perpétuel malgré les évènements contés, même lorsqu'il s'agit de nous placer au milieu des deadites.
La réalisation bien spéciale de Sam Raimi apporte cette fois un ridicule voulu parmi des situations médiévales qui auraient pu relever du déjà-vu, mais qui provoquent des éclats de rire dénués de moquerie, le but recherché étant clairement humoristique.
L'ambiance presque clownesque est accentuée dans la VF par des ajouts qui se révèlent être hilarants sans aucunement gâcher les scènes, et qui correspondent à l'aspect de cartoon et au kitsch du cadre ambiant, avec ses effets spéciaux grotesques aux ficelles apparrentes.


Ash était déjà le personnage central mais il se retrouve vraiment au devant de la scène dorénavant ; Bruce Campbell déploie l'artillerie lourde pour faire rire aux éclats, ses répliques font rire à gorge déployée mais le rendent à la fois encore plus badass. Il tue des deadites de sang froid, reste de marbre en toutes situations et parfois même afin de prendre sa revanche sur une femme, et monte pendant ce temps au sommet de la hiérarchie de la petite communauté au sein du château. Campbell adopte cette image qui lui colle désormais à la peau de misogyne comique, résultat de cette attitude de dur à cuire imbu qui le fait pourtant triompher à tous les niveaux.
Le combat final déterminant reste toujours dans le domaine humoristique mais avec de grands moyens mis en place pour ce choc des cultures entre le 14ème et fin 20ème siècle, la technologie permettant à Ash d'être en position de supériorité au volant de sa voiture et armé de dynamite, et d'être porté au rang d'héros épique en ce lieu et époque qui s'y prêtent.


Mais la toute dernière séquence, où un démon du passé ressurgit dans le présent pour être renvoyé dans la tombe à coups de fusil sur fond de lumière clignotante par un Ash qui est définitivement le Roi, est la plus anthologique de toutes en dépit de sa courte durée.
Il est étonnant de voir que les trois composants d'un même triptyque soient si différents l'un de l'autre, mais sont tous très bons dans leur genre. Cet Armée des ténèbres cherche à faire rire et y parvient totalement, au delà de ce à quoi l'on pouvait s'attendre. L'horreur fait pourtant quelque peu défaut, alors que les précédents épisodes en regorgaient, mais la trilogie se clot tout de même de façon grandiose.

Réplique culte :
"This is my... boomstick !" - Ash

Bande-annonce VO :

jeudi 22 avril 2010

Evil dead 2


Fiche du film :
Réalisateur : Sam Raimi
Scénaristes : Sam Raimi et Scott Spiegel
Année : 1987
Genres : Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Bruce Campbell, Denise Bixler, Sarah Berry, Dan Hicks
Résumé : Ash et Linda partent passer du temps en couple dans une vieille bicoque abandonnée en pleine forêt, mais dès leur arrivée la remise en marche d'un enregistrement audio libère des démons issus des bois alentours.

Avis sur le film :
Avec le succès inespéré du premier Evil dead et le flop commercial de Mort sur le gril, Sam Raimi qui avait tout de même prévu une suite à son premier long-métrage s'est vu obligé de se mettre à sa réalisation, avec un budget beaucoup plus important mais encore très restreint et l'obligeant à renoncer à certaines des idées qu'il avait en tête.


Cette fois on va droit au but dans le récit, encore moins de temps est accordé au développement de l'histoire sentimentale entre les deux premiers personnages, ce qui fait de Ash un être moins "humain" pour en faire un vrai dur qui n'hésite pas à décapiter sa petite-amie devenue démon depuis peu seulement ; cela pour installer plus rapidement le fantastique sans nous laisser aucun répit.
Certaines scènes du premier opus sont refaites en meilleure qualité, mais Sam Raimi a toujours recours à ses astuces pour impressionner par des effets impensables, étant perpétuellement prêt à maltraiter ses acteurs au prix de quelques secondes présentant un élément nouveau dans la réalisation, et à se sacrifier avec l'argent disponible pour réussir un plan rapide mais qui marque les esprits par son côté innovant.


Le film se joue des spectateurs en même temps que les démons se jouent de Ash, et Bruce Campbell est formidable dans cette partie de manipulation, donnant encore plus de sa personne qu'auparavant lorsqu'il joue le pantin, se casse des plats sur la tête, s'étrangle de ses propres mains ; pour exprimer sa descente dans la folie.
Le génie comique de Campbell à disposition est plus mis en avant, son personnage restant pendant un moment le seul à se trouver dans la cabane, alors que les êtres maléfiques le cernent. Evil dead 2 devient alors plus une comédie sanglante qui va jusqu'à s'inspirer des Three Stooges à la sauge gore, plutôt qu'un film d'horreur qui prend au tripes comme le premier épisode de la trilogie. Les scènes basées sur des idées démentielles abondent pour le prouver, lorsque Ash se bat contre sa propre main, se débat contre un arbre qui l'aggripe, ou lorsqu'il est trempé du sang craché par le mur.


Les cadrages qui adjoignaient de la bizarrerie à Evil dead sont conservés, mais désormais même les transitions surprennent, et tous deux mettent Ash en valeur. Le seul survivant du premier film, qui était pourtant le moins brave, devient désormais un héros armé d'une tronçonneuse et d'un fusil à canon scié qui explose les têtes en décochant des répliques assassines. Sa transformation en l' "homme venu du ciel" du troisième épisode s'amorce déjà.
Evil dead 2 reprend l'histoire du 1 mais est pourtant bien différent par son développement, mais reste très bon dans un domaine différent, nous faisant passer du rire à l'horreur et parfois les deux emmêlés avec adresse.

Bande-annonce VOST :

mardi 20 avril 2010

Evil dead


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Sam Raimi
Année : 1981
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Bruce Campbell, Ellen Sadnweiss, Richard DeManincor, Betsy Baker
Résumé : Un groupe d'amis se rend en week-end dans un cabanon perdu en pleine forêt. Une fois arrivés, des évènements étranges surviennent et mènent à la découverte d'un vieux grimoire ainsi qu'une cassette audio enregistrée par l'ancien habitant qui, une fois écoutée, fait ressurgir des démons qui sommeillaient jusqu'à maintenant.

Avis sur le film :
En 1978, Sam Raimi réalisait Within the woods dans l'intention de financer Evil dead, parti de l'idée de réaliser en six mois un film d'horreur avec quelques uns de ses amis. Raimi a néanmoins eu la chance de tomber sur les bonnes personnes pour mener son projet à bien, Robert Tapert l'a produit et Tom Sullivan s'est occupé des effets spéciaux, en plus des aptitudes du réalisateur qui recherche en permanence à innover et faire dans l'original.


Les moyens sont faibles et ça se voit, mais le film se rattrape sur d'autres points. La spécifiticité de la réalisation à la Sam Raimi dont les caractéristiques majeures sont instaurées ici est un atout majeur, réunissant autaut que possible ce qu'il y a de nouveau et de jamais vu. Cela contribue à l'ambiance du film et sa cabane dans les bois qui devient inquiétante avec les différentes caméras inventées par l'équipe pour des mouvements spéciaux, les bruitages sinistres et le montage intriguant qui retranscrivent l'étrange qui occupe le lieu.
Evil dead s'aventure sur des terrains inexplorés sur lesquels personne n'avait encore osé ou même pensé à s'hasarder, en témoigne la scène du viol surnaturel non pas dans mais par la forêt, qui est toujours surprenante de nos jours et qui a du l'être encore plus et de façon impensable au début des années 80. Même si la censure a poussé à des restrictions concernant la couleur du sang, c'est certainement le fait que le film soit amateur et donc sans studio pour le diriger qui fait que de telles prises de liberté ont été possibles.


Il n'y a pas non plus de dépeçage sauvage de zombies comme par la suite dans Evil dead 2, Ash n'est pas le héros que nous laissent présager les affiches ; la terreur est avant tout psychologique de par les bruitages, le suspense, l'appel aux sentiments des personnages et aux sens du spectateur, avant que ce ne soit une horreur visuelle.
Bien sûr au bout d'un moment les maquillages et effets spéciaux occupent une place majeure, car en effet le film ne brille pas par son scénario simpliste et ne serait autrement qu'une succession de mauvaises blagues entre jeunes gens. Mais la connaissance en anatomie de Sullivan efface les joyeux instants pour viser là où ça fait mal, et faire que les visages se déforment et les corps se démembrent après une agonie rendue insupportable par le doublage trafiqué des corps possédés et des maquillages qui rendent les acteurs singulièrement monstrueux et terribles à voir.
L'abomination graphique accenture la souffrance physique et insiste de nouveau sur celle psychologique, Bruce Campbell en particulier dans le rôle principal y donne de sa sueur et de son sang pour imager la torture subie par son personnage.


Evil dead n'est pas avare sur les flots de liquide rouge bien gluant et le gore qui dégouline, mais la dernière séquence marquante met fin en beauté à ce cauchemar gorgé d'hémoglobine multicolore par un feu d'artifice de corps putréfiés qui se décomposent à toute vitesse en exhibant leurs langues de serpents pour mieux rebuter le spectateur qui se sent sali de décalitres de plasma.
En partant d'un projet qui aurait pu sombrer dans l'oubli, Sam Raimi et son équipe ont su apporter les éléments cruciaux qui ont conduit leur film à des sommets de l'épouvante, grâces à des efforts majeurs qui se sont révélés payants par leur ajout de petites touches qui font toutefois toute la différence.

Réplique culte :
"Switch it off !" - Cheryl

Bande-annonce VF :

dimanche 18 avril 2010

L'effet papillon


Fiche du film :
Réalisateurs et scénaristes : Eric Bress, J. Mackye Gruber
Année : 2004
Genres : Fantastique / Drame
Acteurs principaux : Ashton Kutcher, Amy Smart, Elden Henson, William Lee Scott
Résumé : Lorsqu'il était enfant, Evan avait fréquemment des trous de mémoires, ce qui le mena à rédiger quotidiennement un carnet pour se souvenir de chaque jour qui passe. Devenu adulte, il relit un jour l'un de ses cahiers, et découvre qu'il est doté du pouvoir de remonter le temps, et qu'il peut modifier ses actions passées.

Avis sur le film :
L'effet papillon est le premier film à placer la théorie éponyme au centre de son intrigue ; elle est pourtant riche en possibilités de scénarios, mais parmi les films traitant du voyage dans le temps, quand elle n'est pas ommise, elle n'est traitée que sous forme de détail. Une plus grande implication nécessitant une plus grande place attribuée à la théorie du chaos pour respecter entièrement ses conséquences, cela aurait complexifié encore plus le scénario déjà existant et aurait détourné l'attention de ce qui est le vrai centre d'intérêt du film, dans Retour vers le futur ou Bill & Ted's excellent adventure par exemple.


Aussi, ce film-ci ne s'attarde pas sur l'origine du pouvoir d'Evan, pour se concentrer sur les évènements jusqu'auxquels il remonte, et auxquels nous assistons en premier. Ils ont d'abord l'air d'être des instants de vie normaux mais finissent tous par être marqués d'un drame qui scelle l'avenir des personnage. Les évènements pivots sont posés, ce qui est utile pour connaître déjà quelques peu les personnages que nous allons suivre, et parce que nous y revennons ensuite. L'importance de ces évènements funestes réside aussi dans leur place dans l'intrigue, le moins grave d'entre eux étant le premier qui soit sujet à un voyage dans le temps, pour servir à la présentation du pouvoir.
Le choix de l'ordre des évènements est très bon, leur emplacement est calibré pour correspondre à la charge dramatique de l'histoire. Le premier grand bouleversement pousse Evan à se livrer à ses expériences temporelles de son plein gré, et les autres retours dans les temps sont disposés de façon à aller de plus en plus vers le tragique alors que les choses sont censées s'arranger.


La musique et le jeu d'Ashton Kutcher, qui prouve qu'il peut jouer autre chose que l'idiot de That 70's show, rendent les scènes bien tristes et tragiques à souhait. Les petites touches d'humour restent sinistres et ne sont que des actes désespérés jetés au milieu de ce malheur continu.
L'effet papillon s'efforce de s'éloigner d'une atténuation du caractère malsain de ce qu'il traite et va directement en plein dans le sujet. L'usage de couleurs vives lors d'un flashback d'une journée ensoleillée n'est là que pour contraster avec l'obscurité de la cave dans la scène d'après, et avec la question de la pédophilie. Le film nous place en face d'une réalité crue et sans détours ; le vulgaire ne nous est pas épargné si ce n'est dans la VF, sans que cela soit non plus trop trash ou gratuit.


Alors que l'on croit depuis le début que les choses vont s'arranger, le film reste pessimiste tout du long et nous met dans un état d'affliction mais qu'on ne peut regretter, grâce à un scénario original et surprenant qui arrive à exploiter jusqu'au bout son sujet sans céder à la facilité.

Bande-annonce VF :

vendredi 16 avril 2010

Elephant


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Gus Van Sant
Année : 2003
Genre : Drame
Acteurs principaux : John Robinson, Alex Frost, Eric Deulen

Avis sur le film :
Gus Van Sant s'inspire du massacre de Columbine, un drame que tout le monde connaît, mais l'approche du réalisateur s'éloigne de l'idée de l'évènement que l'on peut avoir en tête pour poser une atmosphère tranquille lorsque l'on suit en même temps que la caméra des élèves variés mais tous banals, sans qu'il ne se passe de spécial, improvisant dans le calme ce que l'on s'imagine être leur quotidien.


La paisibilité de ce qui passe devant nos yeux nous place dans une certaine confiance sur fond de Sonate au clair de lune, quand bien même nous sommes conscients du drame flottant dans l'air sans savoir quand il surviendra. Nous suivons sereinement ces étudiants même lors des scènes de marche dans un profond silence, car on ne sait pas si nous assistons ou non à leurs derniers instants ; la mort rôdant sans que l'on sache encore qui sont les tueurs en puissance.
Les deux meurtriers nous sont d'abord présentés durant un court instant, le danger est bien présent sans qu'il se soit encore installé et sans que l'on sache quand il va frapper.
Le mal est déjà injecté dans le film parmi quelques scènes qui sont remplacées de nouveau par la contemplation de portraits authentiques et de destins croisés comme si de rien n'était. Seul le spectateur est au courant, mais les adolescents que l'on voit ne s'en soucient pas, dans la même indifférence à laquelle ils sont habitués et qui a poussé deux souffre-douleurs à se venger.


Au fil du temps qui s'écoule avant le drame, ces séquences alternent plus souvent avec le duo dont la présence se fait de plus en plus imposante. Gus Van Sant ne cherche pas réellement à expliquer leur acte, s'inspirant que très légèrement des faits, tout comme son film est inspiré des évènements survenus à Columbine mais sans complètement les transposer à l'écran ; mais le fait d'en avoir fait des victimes poussées à se pencher vers l'homosexualité avant leur mort et de les avoir montré jouer à un "shoot'em up" nous questionne sur le choix du réalisateur sur ces éléments qui ne peuvent qu'apporter des conclusions hâtives.
Mais toute raison nous échappe une fois que le moment tant redouté arrive, précédé par une impuissance de la part des élèves ou du simple spectateur qui ne peuvent rien faire face à l'incrédulité des personnes en danger.
On ne peut pas savoir qui va mourir ou non, la surprise nous attend à chaque tournant des couloirs de l'établissement. Et même en étant habitué à la violence et en sachant ce qui se prépare, le calme instauré avec tant de patience et soudain brisé par les détonations nous surprend.


Il est compréhensible que pour certains Elephant soit ennuyeux et dénué d'intérêt, mais il faut pour l'apprécier entrer dans l'histoire comme si nous étions aux côtés de ces étudiants que l'on croise et recroise dans les corridors. L'exploit de Gus Van Sant est d'avoir raconté une histoire connue par chacun de nous mais de façon à nous choquer et nous surprendre, pour mieux comprendre l'ampleur des conséquences de la tragédie.

Bande-annonce VOST :

mercredi 14 avril 2010

Kick-Ass

Critique en avant-première.


Fiche du film :
Réalisateur : Matthew Vaughn
Scénaristes : Jane Goldman, Matthew Vaughn
Année : 2010
Genre : Comédie / Action
Acteurs principaux : Aaron Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Nicolas Cage, Chloë Grace Moretz, Lyndsy Fonseca
Résumé : Dave Lizewski n'était qu'un ado fan de comic books qui ne se différenciait en rien des autres jusqu'à ce qu'il décide, à partir d'une simple idée lancée au détour d'une conversation, de devenir lui-même un super-héros. Il enfile un costume et s'arme de matraques, et alors qu'il s'attarde à de basses besognes comme la recherche d'un chat disparu, il est mêlé à une affaire concernant la mafia New-yorkaise.

Avis sur le film :
Le comic book écrit par Mark Millar avait déjà eu une belle promotion, mais l'attente créée pour son adaptation cinématographique était d'autant plus grande, la sortie au fur et à mesure des comics étant aussi accompagnée de très nombreuses bande-annonces et extraits vidéos publiés sur le net.
Le réalisateur Matthew Vaughn et le créateur du comic Mark Millar s'étaient rencontrés à la sortie de Stardust, et c'est là que le projet de création du film et de la bande-dessinée en partenariat est né.
L'écriture simultanée des deux fait qu'il y a des ressemblances parfois trait pour trait, et d'autres fois des différences notables. Tant mieux d'un côté, car les deux histoires se complètent, chacun ayant apporté ses idées concernant le même sujet, ce qui empêche une trop grande impression de déjà vu en passant d'un support à un autre et permet de surprendre de nouveau ; mais d'un autre côté ce qui est dommageable c'est que ceux ayant été habitués à l'ouvrage de Mark Millar ne retrouvent pas les mêmes propos qui sont au coeur de sa version.


Les grandes lignes restent néanmoins les mêmes, mais le film développe plus certains aspects d'une histoire qui paraissait trop courte dans les 200 pages dessinées par John Romita Jr. C'est le même Dave Lizewski que l'on retrouve, ses traits de caractère et la façon dont il nous est présenté sont similaires mais ses actes et paroles qui modèlent sa personne sont différents. Le misérabilisme est tout de même accentué, ce qui donne chez le spectateur une réaction mêlée d'apitoiement, de répulsion et d'amusement.
Surgit alors l'idée de devenir un super-héros, réellement lancée par le personnage comme une idée saugrenue qui vient d'émerger dans son esprit, donnant vraiment l'impression que c'est l'ennui qui l'a poussé à mettre ses paroles en application. Car Dave n'a rien d'un héros, bien au contraire, et l'idée sotte qu'il a eu n'est qu'un délire qui l'a mené dans une situation dont il ne pouvait s'échapper. C'est seulement alors que ce justicier de pacotille va jusqu'au bout de son plan, bien malgré lui en réalité.


La violence démesurée des combats du bien contre le mal se retrouve tout de même, mais on voit bien que Kick-ass n'a rien d'un héros ou même d'un bon combattant. L'explication de sa résistance à la douleur est plus détaillée, se rapprochant de Darkman de Sam Raimi, et même avec ce "pouvoir", Kick-ass se fait "ass-kicked". On voit bien cette fois que seul la chance lui permet de survivre, mais la détermination de Dave à protéger non pas forcément les innocents mais les inconnus, ou bien mourir, fait que sa cause est marquée d'une justice aveugle (mais discutable).
Mais il ne suffit pas des quelques coups décochés au hasard par Dave, même avec en fond une musique énergique qui retranscrit très bien l'intensité de sa résolution, pour faire que Kick-ass impressionne par sa violence graphique.
Apparaissent par la suite Hit-girl et Big Daddy qui ajoutent une sérieuse touche de démence et de brutalité crue.
Nicolas Cage joue un papa maniéré et protecteur envers sa fille même s'il l'entraîne à dézinguer des méchants. Le rire est créé par le contraste entre son intonation à la Adam West suivie de ses blagues ringardes rappellant tout papa dépassé par son temps, et la barbarie dont ses ennemis sont victimes. De plus, Cage fait transparraître à l'écran sa passion pour les comic books qui se transforme en une force d'interprétation bluffante marquée par son investissement total, et la prononciation de chacune de ses répliques est d'une justesse éclatante qui nous fait ressentir que l'acteur ne joue pas Big Daddy mais le devient entièrement.
Quant à Chloe Moretz en Hit-girl, son rôle est sensationnel. Rares sont les petites filles qui marquent, mais Hit-girl a de quoi faire pâlir n'importe quel héros de film d'action.
Cette fillette vole la vedette par son humour piquant et irrévérencieux, quand elle n'est pas au milieu d'une des scènes de fusillades qui témoignent de la surpuissance de cette enfant, mise en valeur par le montage, la musique et les effets de lumières qui accompagnent ses coups de feu impitoyables qui se rapprochent parfois d'un style issu d'un jeu vidéo en first-person shooter.


Alors que Mark Millar nous montrait le anti-héros parfait rêvant de devenir un super-héros et qui se prenait une grosse claque en revenant sur terre, Matthew Vaughn fait presque le choix inverse en faisant de Kick-ass un piètre héros qui ne réussit qu'en étant lui-même. Mais s'il n'est qu'un couard armé de matraques, ce qui est tout de même plus tangible, comment expliquer sa victoire en dehors d'une chance qui a ses limites ?
C'est sur ce point que le film décide de s'affranchir des limites du réel dans lequel le comic book se basait, même dans ses égarements. Grâce à des gadgets sophistiqués, c'est celui qui a l'arme la plus grosse qui gagne, dans un bain de sang enjolivé d'explosions de gags et de tirs au bazooka.
Mais comme Millar l'a ironiquement fait remarqué à Vaughn et Jane Goldman, le duo a écrit un "film de filles", se concentrant également d'avantage sur les émotions. Le développement des personnages grâce aux deux heures de film ne nous montre pas qu'un déchaînement d'aggressivité même si c'est ce qui est attendu, car la relation entre Big Daddy et Hit-girl se construit pour en arriver presque au touchant lorsque le père calciné adresse ses dernières paroles à sa chère fille qu'il a éduqué pour la vengeance. L'insensibilité meurtrière de la Hit-girl sur le papier devient tiraillement à l'écran lorsqu'elle doit choisir entre sa propre vie ou celle de son paternel.
Mais une autre relation conflictuelle est celle entre Kick-ass et Red Mist, joué par Christopher Mintz-Plasse qui s'était fait remarqué pour son rôle de McLovin dans Supergrave. L'acteur joue de façon moins exagérée mais son intonation bien spécifique apporte une touche comique à n'importe laquelle de ses répliques.
Pour lui aussi, le personnage est devenu légèrement plus complexe car il est désormais partagé entre sa sincère admiration pour Kick-ass et son désir de suivre la voie de son père mafieux.


Kick-ass a plus de liberté que le comic book délimité par les lignes de ses cases, mais même si l'hémoglobine coule généreusement, le film donne l'impression de s'être restreint pour ne pas trop choquer le grand public, en substituant par exemple les testicules électrocutées par un supplice par le feu plus traditionnel, même si cela reste bien cruel. Ce qui est surtout à regretter c'est que la fin nous réserve un happy end alors que Mark Millar se plaisait et faisait plaisir en enfonçant encore plus ses personnages.
Malgré des changements qui peuvent sembler mineurs, le message passé est résolument différent, les auteurs ayant sûrement eu des points de vue divergents à ce sujet.
Mais dans ce cas là il ne faut plus voir Kick-ass le film comme une adaptation du comic book mais une version d'un sujet qui au départ était le même. Les deux oeuvres se complètent sans toujours se correspondre ; le comic book visait l'héroïque et le trash bien crade, le film plus grand public et donc sûrement plus limité, notamment pour éviter les contestations d'associations et les enfants voulant jouer chez eux à être Kick-ass, nous fait comprendre pourquoi les super-héros n'existent pas dans la vraie vie, mais reste cependant suffisamment en marge pour nous faire vibrer dans ses passages d'apothéoses et nous laisser ébahis dans un plaisir jubilatoire.

Réplique culte :
"Switch to kryptonite" - Big Daddy

Bande-annonce VOST :

mardi 13 avril 2010

Spider-man 3


Fiche du film :
Réalisateur : Sam Raimi
Année : 2007
Genre : Action / Fantastique
Acteurs principaux : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Thomas Haden Church, Bryce Dallas Howard, Topher Grace

Avis sur le film :
Avec un nouveau succès rencontré à la sortie de Spider-man 2, une suite est immédiatement prévue avec une date fixée, et cette fois les frères Ivan et Sam Raimi accompagnent Alvin Sargent dans le processus d'écriture, décidant eux-même des personnages et des thèmes qui seront traités.
Cette fois les choses ont l’air d’aller pour le mieux dans la vie de Peter, le second film s’étant cette fois terminé sur une note positive, ce troisième épisode n’efface pas les accomplissements réalisés. Mais il y a néanmoins un problème qui persiste et qui s’est même aggravé : celui d’Harry Osborne, le fil conducteur de la trilogie, instauré en même temps que son père le Bouffon vert, et qui revient sous une nouvelle forme comme pour boucler la boucle une fois pour toutes.



Alors qu’il n’y avait précédemment qu’un seul ennemi sur lequel le script se concentrait, bien que les premiers jets prévoyaient déjà Doc Ock dans Spider-man 1 ainsi que le Lézard dans le 2, ce nouveau segment de la saga choisit de placer trois ennemis au total.
C’est ainsi que l’on découvre l’Homme-sable, pour lequel les scénaristes se sont appliqué à montrer le côté humain avant qu’il ne mute. Il ne s’agit pas d’un méchant caricatural dont il est très facile de n’afficher que les défauts, mais on nous le montre en premier lieu auprès de sa fille malade avec autant de soin que lorsque l’on nous fait voir tante May donnant sa bague de fiançailles à Peter. C’est cela qui fait preuve d’un talent de la part des scénaristes, qui développent leurs personnages pour leur donner une dimension réelle même dans un univers pareil, et c’est ce qui fait par exemple que le public retient son souffle quand Spider-man, en plein milieu des gratte-ciels, perd la bague qu’il peut presque saisir du bout des doigts.


L’affrontement est néanmoins reporté -même si les combattants se croisent parfois le temps d'une scène spectaculaire- pour se concentrer sur un autre ennemi plus proche : Harry Osborne, qui se retrouve amnésique. L’adaptation cinématographique s’éloigne désormais encore plus du comic book, mais se crée finalement son propre univers en piochant parmi les créations du support d’origine. L’idée de l’accident d’Harry est d’ailleurs très bonne pour pouvoir également nous faire attendre avant le grand combat final, et crée une tension au milieu de ce bonheur trop parfait pour que le super-héros conserve son intérêt.
Le projet de mariage entre Peter et Mary-Jane ainsi que le trou de mémoire d’Harry qui fait qu’il est en permanence de bonne humeur sont le calme avant la tempête, mais sont favorables à l’insertion de scènes comiques plus nombreuses. Parmi les deux grandes figures comiques de la trilogie, Jameson prend une plus grande place à l’écran rien que pour faire son show ; et l’acteur Bruce Campbell est de retour dans le rôle surprenant et désopilant d’un restaurateur Français qui lui permet encore une fois d’étaler devant nos yeux tout son talent de comédie.


Encore une fois, il y a besoin de perturber la vie presque tranquille de Peter Parker par une remise en question du héros. Venom, à disposition parmi les méchants du comic book, est parfait pour remplir ce rôle. Cette fois, le problème n’est plus extérieur mais littéralement intérieur à Spider-man, dont c’est finalement le tour de dévoiler son côté obscur, après Norman Osborne et Otto Octavius contre qui il s’était battu.
Mais c’est là que la situation devient caricaturale. Avant même d’être contaminé, Peter se comporte de façon inexplicable et sème le trouble dans son couple ; mais une fois que le symbiote s’est accroché à son organisme, notre héros se comporte comme un emo en manque de rebellion et qui prouve que le mal est en lui en se coiffant de travers. Pourtant les possibilités d’actes de cruauté auxquels pourraient mener le symbiote sont infinies. C'est comme si l'envie de chambouler le quotidien de Parker était toujours présente, mais sans en en faire trop non plus pour éviter d'en arriver à des actes irréparables. Ce point là est vraiment raté, mais on peut à la limite rire en ne le prenant pas au premier degré lorsque l'on voit Peter Parker se déhancher en pleine rue.


Toutefois les combats sont toujours superbes, repoussant encore plus loin leurs limites. La scène de la formation de l'Homme-sable était déjà le produit d'un aboutissement technologique incroyable, mais l'affrontement final tant attendu mettant en scène les quatre personnages dotés de pouvoirs surhumains redéfinit les notions de titanesque et d'épique qui avaient accompagné la trilogie.
Le sang neuf parmi les opposants et leurs pouvoirs permettent de donner des coups beaucoup plus sévères et stupéfiants de brutalité ; et la grandeur phénoménale du spectacle nous fait comprendre pour quelle raison Spider-man 3 était le film le plus cher de l'histoire du cinéma à sa sortie.
La conclusion complète l'histoire de la mort de l'Oncle Ben, suivie d'une leçon de moral pour le héros qui découvre que le mal n'est pas forcément là où il le croit.
On pourrait croire que la boucle est définitivement bouclée, comme ce devait être le cas, mais la relation entre Spidey et Mary-Jane reste en suspens, alors que ce que le public attendait avant même la sortie du film était le mariage concluant leur relation tout comme ce fût le cas dans la série animée.
Malgré le grandiose du divertissement, cette déception entâche quelque peu cette super-production.

Bande-annonce VF :

samedi 10 avril 2010

Spider-man 2


Fiche du film :
Réalisateur : Sam Raimi
Scénaristes : Alvin Sargent, Alfred Gough, Miles Millar, Michael Chabon
Année : 2004
Genre : Action
Acteurs principaux : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, Alfred Molina

Avis sur le film :
Dès la fin du tournage de Spider-man, Sam Raimi voit déjà une suite, qui est clairement annoncée dans la scène finale du premier film. Ce dernier avait pourtant placé haut la barre et s'était terminé de façon à donner de la difficulté à raconter ce qui allait s'ensuivre, car les réponses aux nombreux problèmes de Peter restaient en suspens.
Et des problèmes, il en a désormais plus que l'on ne s'imaginait. Les premières minutes sont à la fois surprenantes et drôles, on assiste au malheur de Peter mais toujours entouré d'humour. Le scénario prend de nombreuses libertés, en nous montrant le héros en livreur de pizzas par exemple, mais ça colle toujours au personnage et est dans la continuation de ce qu'on nous avait déjà montré.


Cette fois encore, l'humour alterne avec un sérieux plus grave, Peter étant le seul super-héros qui doit gérer sa vie d'étudiant fauché et son rôle de justicier masqué. Il doit jongler entre ses devoirs et son passé qui le rattrappe : la mort de son oncle et l'abandon de la fille qu'il aime, qui sont justement dus à sa double identité. Il y a également son ami Harry dont le père a été tué par l'homme araignée ; les conséquences du premier film ne sont donc pas oubliées, elles sont bien ré-intégrées pour pratiquement structurer les intrigues de ce second épisode. Spider-man est un héros qui traverse une crise qui est compréhensible par le public, il est harassé, humilié et le mauvais sort s'acharne sur lui. On prend un plaisir malsain à le voir souffrir, car les concours de circonstances sont clairement poussés jusqu'à l'éxagération, mais c'est d'un dramatique qui pousse aussi à la compassion.
Les personnages que l'on suit au cours du film nous sont déjà connus, nous nous y sommes déjà attaché, c'est pourquoi leur tiraillement est partagé, et le départ de Spider-man placé à l'aboutissement d'un engrenages d'évènements tragiques est compris.


C'est le moment choisi par Dr. Octopus pour faire son apparition. Il a la particularité, par rapport aux ennemis habituels, d'être un homme gentil de nature, mais qui se tourne vers le crime à cause du contrôle exercé sur lui par ses bras mécaniques. Sa genèse est même accompagnée d'une sévère violence, presque effrayante, et pourtant sans la moindre goutte de sang cette fois.
Avant sa transformation, l'attachement d'Octavius exprimé à l'encontre de Peter Parker remplace Norman Osborne du premier opus. C'est une variation sur le même thème de la dualité des rapports entre les personnages selon qu'ils sont dans leur état normal ou leur statut de héros ; si ce n'est que le drame accompagne aussi la nouvelle vie de Doc Ock, rongé par le remord qui nourrit le côté obscur de son être, après la mort de sa femme et le ratage de l'expérience qui lui a pris toute sa vie.
Le côté sombre de sa personnalité est symbolisé par ses tentacules douées d'une grande intelligence artificielle, et dont la formidable animation donne vie de façon inattendue pour nous montrer qui détient vraiment le pouvoir.


Le retour du héros est bien entendu inévitable, il est accueilli chaleureusement par des New-Yorkais dont l'attitude fait chaud au coeur, et par un combat de titans entre ce Spider-man plus expérimenté et un Doc Ock plus habile grâce à ses huit membres, suivi d'une démonstration de pouvoirs aux proportions épiques.
Parker arrivera finalement à panser ses plaies issues du passé en les confrontant, et concilie enfin ses deux identités en ne les faisant plus qu'une aux yeux de Mary-Jane, le personnage s'assume alors et devient réellement "lui-même" en faisant une amalgame de ses deux personnes.


Spider-man 2 est une suite à la hauteur de son prédecesseur, voire même meilleure, en conservant les mêmes atouts tout en allant légèrement plus loin. Le héros est cette fois en pleine puissance et nous fait preuve de toute l'étendue de ses pouvoirs face à un ennemi coriace qui nécessite l'application non seulement de la force physique mais aussi intellectuelle de l'Araignée.
Les personnages sont mieux explorés encore, et même complétés grâce aux réponses apportées par rapport au premier épisode ; et ce toujours avec de prodigieuses scènes d'actions.

Bande-annonce VF :

vendredi 9 avril 2010

Spider-man


Fiche du film :
Réalisateur : Sam Raimi
Scénariste : David Koepp
Année : 2002
Genre : Action
Acteurs principaux : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, Willem Dafoe, James Franco
Résumé : Lors d'une visite dans un centre de recherche avec sa classe, Peter Parker se fait mordre par une araignée modifiée génétiquement. Il détient désormais les pouvoirs de plusieurs races d'arachnides et, lui qui était le bouc-émissaire de ses camarades, s'en sert pour devenir Spider-man.

Avis sur le film :
Avec la vague de super-héros déferlant sur les écrans au début des années 2000, Colombia Pictures redonne sa chance à l'un des personnages les plus populaires de Marvel en essayant d'effacer les trois nanars produits dans les années 70. Le scénariste David Koepp reprend ce qu'avait écrit James Cameron au début des années 90 pour Carolco pictures, mais en collant plus au comic book pour finalement conserver essentiellement l'idée de la toile fabriquée de façon organique par le héros.
Sam Raimi se charge de la réalisation, pour une fois sans qu'il ait été impliqué dans l'écriture, mais son intérêt est du à sa passion pour le comic book original.


Spider-man est un film qui rend honneur à son personnage et le comic book éponyme, partant de ses origines de loser typique, qui arrive à faire rire même avec un brin d'éxagération, jusqu'à ce qu'il devienne le super-héros que l'on connait. C'est une histoire qui semble familière à tous, mais sa revisite accompagnée d'une légère modernisation donne un air nouveau à l'image traditionnelle du zéro qui passe au héros. Tobey Maguire convient d'ailleurs bien à son rôle double, il passe de l'une de ses personnalités à une autre de façon crédible, en étant le nerd générique d'une part puis le super-héros qui garde dans sa voix une marque de son statut d'adolescent.
En même temps que le personnage acquiert ses pouvoirs, ils nous sont présentés et expliqués de façon astucieuse en associant la science-fiction à ce qui existe déjà dans la nature parmi les araignées. Généralement, les films du genre nous présente les pouvoirs en flash-back pour mieux nous montrer le héros dans toute sa puissance dans un temps présent, mais ici nous assistons à la découverte des pouvoirs tout comme leur contrôle progressif, avant qu'il ne devienne le vengeur masqué et ne vive des moments plus sombres.
Cette insistance de Columbia pictures pour que l'on suive l'évolution de Parker correspond bien au moment de sa vie dans lequel cela se déroule : son adolescence. Et le fait de placer l'histoire dans cette période précise implique la possibilité de dresser une parallèle avec sa crise d'adolescence, et la découverte sexuelle représentée au travers d'allusions par ses pouvoirs qui se développent.
Le scénario nous place même par la suite dans une situation de mal-être qu'est celle de ce jeune homme qui doit faire des choix à l'aube de sa vie d'adulte, la mort de son oncle se change en un tourment partagé avec le spectateur, qu'aurait-il fallu faire dans une telle situation ?


A tout bon héros, il se doit d'y avoir un méchant à la hauteur, et parmi la vaste cohorte d'ennemis issus du comic, c'est le Bouffon vert qui est choisi. Il introduit par la même occasion le personnage de son fils, Harry Osborn, un ami de Peter jouant un rôle très important dans sa vie. Se noue alors une intrigue triangulaire, entre Norman Osborn aka le Bouffon vert qui est comme un père de substitution pour Peter, délaissant son fils Harry et ami du héros. La métamorphose de deux d'entres eux en surhommes masqués envenime encore plus ces rapports relationnels qui construisent une intrigue bien ficelée dont les diverses histoires sous-jacentes se recroisent et s'entrechoquent.
Norman Osborn est joué par Willem Dafoe, qui convient au rôle de scientifique qui sait se montrer affectueux, mais sur son visage se dessine déjà ce mal qui est en lui et qui s'apprête à frapper, tout comme les couleurs de son environnement annoncent celles de son futur costume.
Avoir choisi le Bouffon vert permet d'exploiter plusieurs possibilités inclues en sa personne, et sert aussi d'équivalent au Joker dans Batman par son sens de l'humour qui s'avère tordu lors des quelques scènes où il en use. C'est le premier ennemi à affronter, il se montre démoniaque non seulement en tant que monstre derrière son masque grimaçant mais aussi en tant qu'être arrivant à tromper son entourage en maintenant ses pulsions le jour afin d'avoir l'air normal, et laissant libre cours à son sadisme derrière son costume.


Les effets spéciaux rendent la puissance des pouvoirs de Spider-man dans toute son intensité, et ils deviennent plus époustouflants encore par des mouvements de caméras originaux qui traduisent l'action dans laquelle nous sommes plongés, accentuée par la sublime musique de Danny Elfman.
C'est alors là que l'on retrouve la marque de Sam Raimi, qui a toujours essayé des effets nouveaux et audacieux à l'écran. Il y a aussi la présence de Bruce Campbell, l'acteur fétiche du réalisateur, et Ted Raimi qui donne la réplique à J. K. Simmons qui est hilarant en Jameson. Telle est la façon de s'exprimer de Sam Raimi, à travers un film qu'il n'a pas écrit mais auquel il donne un peu de lui-même.
Le style du film est épatant, nous sommes bien loins de L'armée des ténèbres réalisé 9 ans plus tôt par Raimi et dans lequel les fils transportant les démons étaient visibles ; et même si un large public est visé, la violence ne nous est pas épargnée. Il y a peu de sang, on pourrait presque compter les quelques gouttes versées, mais la violence graphique est plus stylisée et s'avère tout de même rude dans les combats les plus vifs.


Spider-man brise l'image du super-héros instaurée dans les années 80 pour se trouver fièrement à la tête d'une nouvelle ère dans ce genre-ci. C'est du grand spectacle qui respecte le comic book tout en apportant une dose de modernité qui ne lui fait pas de mal et sans essayer de l'édulcorer, avec de l'action et de la violence suffisantes pour divertir sans trop choquer ; et de part la maîtrise des artifices cinématographiques, le résultat est plus adulte qu'il n'y paraît.

Bande-annonce VF :

jeudi 8 avril 2010

Daredevil


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Mark Steven Johnson
Année : 2003
Genre : Action
Acteurs principaux : Ben Affleck, Jennifer Garner, Michael Clarke Duncan, Colin Farrell
Résumé : Matt Murdock est un avocat aveugle le jour, qui fait de son mieux pour rendre justice. Mais lorsqu'il faillit, son alter ego prend la relève la nuit. En tant que Daredevil, il punit les criminels.

Avis sur le film :
La Fox avait déjà posé une option sur Daredevil à la fin des années 90, mais c'est avec le succès des adaptations de comics Marvel dans les années 2000, et ce quelle que soit la qualité des films en question, qui a poussé le studio à accélérer le processus. En s'inspirant des comic books récents tout comme des classiques écrits par Frank Miller, Mark Steven Johnson s'occupe de la réalisation et du scénario, qui a d'ailleurs été apprécié par Harry Knowles du site Ain't it cool news. Pour ce qui est de l'interprère du rôle principal, il a été conseillé par le fan et scénariste de comic books Kevin Smith. Pour les fans du support original, Daredevil avait de quoi se présenter sous les meilleures auspices.


La première chose frappante dès les toutes premières images, c'est l'usage outrancier des images de synthèse pour lesquelles le film n'a sûrement pas manqué de budget. C'est d'ailleurs sûrement cet argent mis à disposition qui a motivé le choix de certains plans impossibles et nécessitant des retouches par ordinateur, mais justement il y en a trop et ils n'apportent rien aux scènes dans lesquelles ils sont placés. C'est un choix stylistique qui essaye de se développer au sein du scénario, mais est beaucoup trop artificiel, et malheureusement on découvre qu'il fait partie intégrante des pouvoirs du héros lorsqu'il est capable de voir son environnement grâce à son audition et son odorat surdéveloppés.
Les effets spéciaux et le montage ont un rendu parfois impressionnant mais qui n'est pas crédible la moindre seconde, notamment lorsque Matt a une force surhumaine ou fait des bonds titanesques sans se blesser, ce qui n'est pas expliqué par ses pouvoirs.


On peut alors décider d'apprécier le spectacle pour ses séquences d'action, mais encore une fois les choix artistiques entravent un quelconque plaisir à cause de la décision prise de montrer les choses telles qu'elles sont vues et senties par Daredevil. Le résultat est chaotique : la musique baisse ou monte de ton, les ralentissements sont suivis d'accélération et toute la panoplie de bruitages qui vont avec sont utilisés excessivement.
De plus, tout est prétexte au combat, que ce soit un règlement de compte avec un violeur ou la rencontre de Matt avec une femme, et même si les chorégraphies sont bonnes, le contexte est ridicule.
Les autres personnages n'ont pas, non plus, résisté au grotesque. Il n'est pas si important dérangeant que le Caïd ait changé de couleur de peau en passant du comic à l'écran, mais lui et le Tireur sont tombés sous la coupe de l'éxagération maladive. L'un casse des nuques d'une seule main tandis que l'autre tue avec une cacahuète et se pavane comme s'il était le roi du monde. Les deux personnages, en particulier le Tireur, auraient pu être intéressants s'il n'y avait pas tout ce cabotinage.


Mais les clichés nous assaillent de partout, dans l'histoire romantique avec Elektra ou dans la mise en scène, dans le montage et ses bruitages, dans le personnage du side-kick qui se veut drôle alors qu'il accumule les déjà-vus, ou dans le personnage joué par Coolio pour qui, décidément, le cinéma ne réussit pas (Dracula 3000, Leprechaun 5, Batman & Robin, Gangland 2010, ...)
Il y a quelques allusions agréables à John Romita, Jack Kirby, Stan Lee, ou encore Kevin Smith qui fait une apparition ; il y a aussi de bonnes idées tel que la remise en question de ce héros qui se costume en diable et dont la justice est discutable, mais rien de tout cela ne sauvent le film du trop grand nombre d'idées saugrenues qui l'anéantissent.

Bande-annonce VF :

mardi 6 avril 2010

The dark knight


Fiche du film :
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : David Goyer
Année : 2008
Genre : Action / Drame
Acteurs principaux : Christian Bale, Maggie Gyllenhaal, Heath Ledger, Aaron Eckhart
Résumé : Le nouveau procureur de Gotham, Harvey Dent, fait bouger les choses et grâce à lui la ville sera bientôt débarassée de ses plus grands criminels. C'est sans compter sur un nouvel arrivant, ne faisant partie d'aucune des mafias sévissant déjà. Lui aussi aime la mise en scène, jouer un rôle derrière son maquillage, et il se fait appeller le Joker.

Avis sur le film :
Batman begins n'était que le début du reboot organisé par Warner Bros ; tout comme la fin de ce dernier le laissait présager et grâce à un accueil chaleureux du public et des critiques, la suite se met en place dans la même lignée avec toujours Christopher Nolan et David Goyer aux commandes.
En continuant dans le même sillon tracé par Tim Burton, c'est à un gros morceau que l'on s'attaque avec l'apparition du Joker. Mais s'il semble que ce soit le même univers dont il est question, la façon dont il est traité est totalement différente entre les deux films, presque comme s'il était question de deux sujets antagonistes, alors qu'il s'agit de deux visions très différentes de Batman.


La scène d'intro nous expose ce contraste lorsque les deux némésis nous sont présentés de façon à surprendre le public. De bonnes idées innovantes sont introduites, comme la question des copycats concernant le justicier de Gotham, mais cela se fait beaucoup trop expéditivement : l'Epouvantail est arrêté sans difficultés, et dans l'ensemble les scènes en elles-mêmes ne ressemblent qu'à un avant-goût nous laissant sur une faim qui n'est pas comblée.
Le personnage du Joker n'a rien des versions vues par le passé, et cette intention de changement est soutenue par le fait que Jack Nicholson avait montré un grand intérêt à l'idée de reprendre le rôle, qui lui a été refusé. L'humour de ce criminel dans The dark knight n'est plus aussi extravagant mais plus fin, à l'image de l'humour général du film qui touche surtout à l'ironie et au sarcasme. Mais justement, le personnage perd son aspect clownesque marquant, qui était présent même dans les comics les plus sérieux comme Arkham asylum. L'accent est plutôt mis sur sa démence dans le sens dangereux du terme, et si ce psychopathe fait sourire c'est finalement par le sadisme de ses idées.


Cet épisode cinématographique, second d'une nouvelle série instaurée par Christopher Nolan, est marqué par le bouleversement pour ranimer l'attention du spectateur par rapport à l'épisode précédent qui posait les bases. Le trouble s'installe dans la vie sociale de Bruce Wayne, arborant autant de femmes qu'il veut avec lui lorsqu'il arrive à une fête mais n'arrivant pas à concilier sa doublie vie et ses sentiments pour Rachel Dawes ; et quant à Batman il est remis en question non seulement par la population mais aussi par l'arrivée du Joker. L'apparition d'Harvey Dent est par contre liée aux deux visages de Wayne, pour son bien comme pour son mal.
Gotham était proche de la salvation grâce à l'intervention de l'homme chauve-souris, mais le chaos est ramené par le Joker. L'histoire progresse en même temps que le scénario très élaboré brasse des actes criminels et magouilles de la mafia ainsi que des affaires judiciaires, à côté de celles financières de Wayne Enterprise.
Batman portait déjà ce pseudonyme avant, mais il est désormais le Chevalier noir plus que jamais grâce à des moments très sombres faits de morts, de déceptions et de révélations, alors même qu'une lueur d'espoir était proche.


Mais à vouloir trop insister sur le sérieux, Batman perd son essence même, qui avait pourtant été bien cernée dans Batman begins. Qu'il y ait des chamboulements n'est pas du tout dérangeant en soi, mais les personnages ne sont plus ce qu'ils devraient être. Les caractéristiques de l'univers se perdent même, la Batcave en premier lieu qui n'a plus le charme d'antan et est devenue une immense salle aseptisée semblable à une grande chambre d'hôpital.
Les diverses branches de l'histoire prennent une place trop vaste pour être suivie dans ses moindres détails et deviennent trop envahissantes pour ne pas affaiblir d'autres aspects du film. Les scènes d'actions par exemple se font plus rares, et bien qu'elles soient impressionnantes par leur démesure, elles le sont moins que dans Batman begins.
Néanmoins, les dispositifs mis en place préparent comme il faut le final d'une grande noirceur pleine de pessimisme, le mal l'emportant en partie sur le bien, jusqu'à l'ultime sacrifice qui nous fait retrouver l'héroïsme du Chevalier noir sous une forme nouvelle et donne une justification toute nouvelle pour ce surnom qui redéfinit complètement la perception du personnage.


Mais encore dans la dernière partie, il est dommage d'avoir mis fin trop tôt aux ennemis de Batman. Le film pose un rythme lent en son début et s'accélère quand les deux grandes figures du mal qui nous sont exposées prennent de l'importance et affichent leur potentiel qui est finalement trop peu exploité.
Il est tout de même impossible en 2h30 de rendre pleinement honneur à ces personnages capitaux du comic book, mais ils articulent tout de même une histoire qui est en définitive marquante, et dont le mot de la fin réconforte.

Bande-annonce VOST :