samedi 5 novembre 2011

Cast a deadly spell


Fiche du film :
Réalisateur : Martin Campbell
Scénariste : Joseph Dougherty
Année : 1991
Genre : Fantastique / Policier / Comédie
Acteurs principaux : Fred Ward, Julianne Moore, Clancy Brown
Résumé : Dans un monde fictif où, dans les années 40, tous se servent de la magie, le détective H. Philip Lovecraft résiste et s'en tient aux méthodes à l'ancienne pour mener ses enquètes. Et ce même si il va devoir affronter des démons, des magiciens, et des zombies. Mais un danger peut-être plus grand pèse sur lui lorsqu'il retrouve Connie Stone, une femme fatale qui ressurgit de son passé.

Avis sur le film :
Durant mes recherches sur le maccarthysme pour un dossier sur les années 49-54, je suis tombé sur un site qui correspondait vraiment à ce qu'il me fallait, puisqu'il présentait des films de toutes les époques traitant de la question. Parmi ceux-ci, il y avait Witch hunt, et alors que je croyais que le titre n'était qu'en rapport avec la comparaison faite entre la chasse aux sorcières à Salem et la traque des communistes, il semble qu'il ait une toute autre dimension puisque le film se déroule dans des années 50 fictives où opère la magie. J'étais déjà surpris de voir que Dennis Hopper tenait le rôle principal là-dedans, surtout que c'est un téléfilm, mais j'ai été d'autant plus étonné en voyant que c'était la suite d'un autre téléfilm avec Fred Ward, Julianne Moore, et Clancy Brown dans les rôles principaux.
En plus de ça, le héros est un détective nommé H.P. Lovecraft, ce qui a d'ailleurs donné le titre VF du film "Détective Philippe Lovecraft", tout simplement. Inutile de dire qu'il me le fallait, ce film.
Il n'est sorti nulle part en DVD, il n'est disponible qu'en Laserdisc et en VHS, et pourtant il a une certaine popularité il semblerait ; encore il y a quelques jours (alors que j'ai connu le film il y a des semaines de cela), j'ai vu qu'il y avait un nouveau t-shirt sur le site de Rotten cotton.
Voilà ce qu'ils disent : "This movie is only on VHS and Laserdisc, but its a personal favorite, so we made the shirt and you should buy it!"
C'était prometteur, si une société aime un film au point d'en faire un shirt même si la plupart des gens ne l'ont pas vu.

Je n'ai pas vu ça avant, mais à la réalisation il y a Martin Campbell. Qui ça ? C'est le type qui a dirigé Goldeneye, le nouveau Casino royale, les deux Zorro avec Banderas, ... Ah ouais.
A rajouter dans les noms à remarquer au générique : celui de Gale Anne Hurd, en tant que productrice ; c'est ce qui vaut le "From the producer of Terminator, Terminator 2, ..." sur l'affiche. J'avais vu cette dame au dernier Comic con, je l'avais surprise avec mon DVD de Tremors (tiens, maintenant que j'y pense, ça doit expliquer la présence de Ward au casting de Cast a deadly spell), mais j'aurais voulu connaître et avoir vu Cast a deadly spell à l'époque, là ça aurait vraiment été la classe. J'aurais pu demander pourquoi ce n'est toujours pas disponible en DVD, par exemple.


C'est l'incongruité de ce mélange de film noir, de fantastique, de noms connus, et de références très directes à Lovecraft, qui m'a donné envie de voir le film. Et encore, une fois dedans on remarque encore un policier nommé Bradbury, un bar qui s'appelle "The Dunwich room", et ce n'est encore rien car plus tard on voit qu'il y a le Necronomicon et que l'univers du créateur de Cthulhu occupe réellement une grande part du scénario, puisque finissent par être invoqués les Grands Anciens.
Dès les premières scènes, le fantastique est introduit dans ce téléfilm. Et pourtant, en reprenant des codes, avec le personnage vu en plongée qui s'éloigne dans une allée sombre, la voix-off qui démarre, et qui commence à raconter comment tout a débuté, on parvient très bien à faire que le spectateur se mette à penser au film noir.
J'aime bien la façon dont est fait le pont entre ce genre-ci et le fantastique. A peu près au même moment dans le film, un personnage dit à propos d'une poupée vaudou qu'avant, il fallait au moins pouvoir voir quelqu'un dans les yeux pour le tuer. C'est comme si ce passé auquel il fait référence était celui des vrais films noirs, qui a depuis muté pour inclure la magie.
Et comment les ennuis du héros sont apparus ? "It started with a woman. It always starts with a woman", ce qui est bien vrai concernant le film noir.
La femme, c'est Julianne Moore, parfaite en femme fatale. Elle a le look dévastateur qu'il faut, et une voix incroyable (ou alors sa doubleuse a une voix incroyable), j'ai été conquis par la scène dédiée à son chant dans la boîte de nuit.
Et dans ce film, l'aspect démoniaque de la femme fatale jouée par Moore prend des proportions bibliques.


Concernant la partie "fantastique", il y a des créatures un peu kitschs mais acceptables, des effets spéciaux assez bien foutus (les billets tueurs, le miroir qui se brise tout seul), d'autres où on comprend le trucage (le feu qui apparaît dans la main du policier), des modifications visuelles apparentes comme ce ciel rouge en mode "Cape fear" de Scorsese, sorti la même année. Mais il y a aussi des effets beaucoup moins bons, comme cette gargouille, qui paraît fake même avant que la pluie de sang ne fasse bouger ses ailes en plastique. Même si elle s'avère plus tard être vivante, ce n'est pas une explication ; et par ailleurs, une fois qu'elle prend vie et attaque des personnages, elle est particulièrement ridicule, à courir en petites foulées et à poser devant la caméra en tendant ses griffes vers l'avant.
Ce téléfilm se montre quand même étonnamment ambitieux, à placer des licornes et des gremlins même si ce n'est que pour une scène. Il y a des plans très courts sur des évènements paranormaux, et le fait que ce ne soient que des détails qu'on aperçoit sert justement à donner l'impression de former un univers plus grand. Je n'ai pas tellement eu ce ressenti, contrairement à d'autres films, mais l'intention est là.
Il y a des éléments marrants dans ces aperçus du monde de Cast a deadly spell, c'est le cas avec les zombies bâtisseurs, mais des fois ça ne marche pas tant que ça. Ces gremlins par exemple, on dirait simplement le même type de petite créature grouillante qui se faufile partout et échappe aux assaillants en ricanant, et qu'on a déjà vu pleins de fois ailleurs, et en mieux. La dimension gag-esque avec l'idiot qui essaye de leur tirer dessus m'a un peu laissé de marbre, c'est le type de scène cartoonesque qui ne m'amuse plus à force.
Bon par contre, si il y a une créature réussie, c'est celle finale, immense, "énorme" dans tous les sens du terme. Le trucage est apparent, mais c'est impressionnant quand même.


Le héros, Philip Lovecraft, contrairement à tous ses contemporains, refuse d'utiliser la magie. En guise d'explication, on nous ressort l'histoire du trauma ; on peut deviner qu'à cause de la magie un de ses coéquipiers est mort, quoique le film ne nous dit pas clairement si c'est ça et ce qui s'est vraiment passé.
Le détective côtoie des gens qui se servent des sortilèges tout le temps, des sorcières, des démons, des gangsters qui jettent des sorts, ... et pourtant il arrive à survivre sans même une patte de lapin sur lui. Ce n'est pas très crédible, mais quand on repense aux films policiers, les méchants ont la possibilité de tuer de nombreuses fois, mais ne le font pas, et je suppose que dans Cast a deadly spell ils agissent aussi selon un code. Normalement, la crainte de la loi peut aussi entrer en jeu, mais ici il y a une scène où le méchant jette un sort sur un homme en présence de Lovecraft ; c'est un peu l'équivalent du meurtre gratuit, juste pour l'exemple, dans d'autres films. Ce n'est pas tellement logique du coup, mais le fait que le personnage du méchant fasse ça (cf le film, c'est assez drôle le sort qu'il jette) est classe, quand même.


Visiblement, le scénariste connaît plutôt bien les mythologies auxquelles il se réfère, il n'a pas fait que lire Lovecraft, il évoque aussi les licornes et le fait que seule une vierge peut les chasser, information qui est utilisée de façon amusante ; et les zombies du film sont tous noirs et, selon un personnage, ils ont comme avantage par rapport à un employé normal le fait qu'ils ne mangent pas. La plupart des spectateurs peuvent se poser des questions, et peut-être imaginer aussi que le film est raciste, mais le scénariste Joseph Dougherty fait implicitement référence aux zombies de la culture vaudou, à savoir les seuls qui ne soient pas anachroniques dans les années 40.
Il y a des moments où l'on se dit que la part de fantastique s'inclut très bien dans l'autre, comme lorsque le commissaire dit "I hate full moons" après avoir interrogé un loup-garou. On voit là une réplique-type d'un chef de police coléreux et lassé comme on en a tant vus, mais avec l'inclusion de l'élément surnaturel.
Mais d'autres fois, la rencontre entre les deux mondes se fait encore mieux.
Dans une autre scène, Lovecraft reçoit un billet avec un sort en runes dessus, il se met en colère contre la personne qui le lui a adressé, et le menace dans les cuisines d'un restaurant. On a une impression de voir là une scène de film policier (avec un zeste de fantastique) mais sans vraiment pouvoir la rattacher à quelque chose de précis que l'on connaît.
Je trouve qu'au bout d'un moment, Cast a deadly spell mélange parfaitement le film noir et le fantastique, de sorte qu'on ne puisse plus discerner de limites entre les deux, et qu'on n'ait pas l'impression d'un assemblage entre deux choses mais un tout unique. La scène existe en elle-même, et non plus comme un mix de ce qu'on a pu voir ici et là.


Cast a deadly spell est une curiosité, et c'est une oeuvre qui est très appliquée comme on peut le voir par exemple avec son éclairage, venant très certainement de l'influence du film noir, et qui traite très bien son idée de départ de croisement des genres.
Malheureusement, malgré le sang, les monstres, et un peu de vulgarité, on ressent tout de même les contraintes liées à son statut de téléfilm, le budget étant sûrement responsable ce ces quelques éléments bâclés et trop kitschs qui m'ont dérangé.
Je suis quand même satisfait, et je regarderai certainement la suite, Witch hunt, avec Dennis Hopper qui reprend le rôle de Fred Ward. Si comme je le pense, le maccarthysme est figuré par une vraie chasse aux sorcières, ça risque de donner quelque chose de bon.

Bande-annonce VO :

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