lundi 16 août 2010

Scott Pilgrim [Autour du cinéma]


Fiche du comic :
Auteur et dessinateur : Bryan Lee O'Malley
Année de création : 2004
Résumé : Scott Pilgrim est un tire-au-flanc de 23 ans qui se contente de sa "précieuse petite vie" avec son groupe de musique et sa petite-amie de 17 ans, jusqu'à ce que Ramona Flowers ne vienne bouleverser son quotidien. C'est le coup de foudre pour Scott, prêt à tout pour cette fille dont il doit battre les ex maléfiques avant de pouvoir sortir avec elle.

Avis sur le comic :
Auteur de comic books vivant à Toronto, Bryan Lee O'Malley avait déjà travaillé pour Oni Press en tant que dessinateur et lettreur, et bien que sa première création fut Lost at sea publié en 2003, ce n'est qu'avec Scott Pilgrim apparu un an plus tard qu'il connut le succès.
Le Canadien de 31 ans a vu ses efforts récompensés puisqu'il s'est dévoué à cette oeuvre nouvelle en incluant des parcelles de sa propre vie, allant des lieux qu'il a côtoyés et l'appartenance à un groupe de musique aux mêmes références geeks qu'il partage avec son personnage et qui ont fini par être incluses dans le récit.


Dans cette série de six ouvrages, l'originalité est recherchée avant tout, dans la forme déjà qui est un assemblage de manga et de comic book dont les codes sont détournés. L'auteur s'amuse à les déjouer et les tourner en dérision une fois exposés à des personnages qui prennent tout d'un coup une approche concrète alors qu'ils évoluent dans un environnement invraisemblable. Scott Pilgrim se veut déjanté, et l'introduction innatendue du fantastique surprend dans le tome 1 puisqu'elle se fait d'abord sans que l'on soit certain que la limite du réel soit franchie avant qu'elle n'éclate lors du combat final ; mais l'oeuvre reste dans son ensemble limitée, se contentant de quelques élans d'excentricité sans aller en plein dans la folie.
Les grands moments de plaisir de lecture se font attendre, aussi bien sur l'ensemble de la série dont le tome 4 est l'apogée, qu'au coeur d'un seul volume où l'on doit patienter avant le combat avec un ex maléfique, précédé d'instants d'une vie "normale" toutefois vue à travers les yeux de Scott pour qui tout est prétexte à entretenir son imagination colossale et égocentrique nourrie aux jeux vidéos rétros.


L'humour repose sur les trois inspirations de Bryan Lee O'Malley, pouvant être drôle en incluant des éléments du domaine vidéoludique avec de nombreuses allusions, de la bande-dessinée avec des bulles d'infos futiles qui n'ont pour but que de faire rire, ou simplement des blagues relatives au monde réel fournies par Scott.
Le personnage éponyme est un loser éternellement perdu, dont les réactions qu'il provoque chez les autres le rendent pourtant attachant pour le lecteur qu'il amuse. Il a de plus la chance de pouvoir façonner le monde à sa façon pour en faire un rêve modelé selon les jeux vidéos, sans quoi sa relation avec Ramona serait impossible, n'ayant autrement rien pour se mettre en valeur. "Scott Pilgrim vs the world" est le titre du troisième volume, et si Scott se met le monde à dos, c'est pour y substituer le sien où il peut continuer à paresser tout en transformant la moindre banalité en évènement qui devient épique à nos yeux, mais ordinaire pour lui. C'est pour cela que Scott est si nul, et pourtant tellement fabuleux.


Comme pour Lost at sea, Bryan Lee O'Malley s'occupe de l'écriture et du dessin, en créant un genre nouveau qui reprend plus les codes de la culture orientale qu'occidentale, mais qui rend difficile l'identification des personnages et la différenciation avec les autres. Il faut donc se fier à des détails pour certains, qui changent parfois comme pour les coiffures de Ramona, mais auxquels on s'habitue finalement. Le coup de crayon particulier d'O'Malley apporte par contre une touche splendide aux objets du décor, rend de simples déplacements d'ascenseur stylisés, et utilise au mieux l'epace de la page pour rendre compte de l'histoire et des sensations du moment.

Scott Pilgrim est agréable à lire, mais n'exploite pas suffisamment son potentiel. Il plaît tout de même à un grand nombre de lecteurs, certainement grâce à de la culture geek qui borde une histoire d'amour qui n'a rien de mièvre, le maintien d'un bon sens de l'humour, et des délires qui suffisent au lecteur moyen.

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