jeudi 5 mai 2011

The Toxic Avenger


Fiche du film :
Réalisateurs : Lloyd Kaufman, Michael Herz
Scénaristes : Lloyd Kaufman, Stuart Strutin, Joe Ritter, Gay Partington Terry
Année : 1984
Genres : Comédie / Horreur
Acteurs principaux : Mitch Cohen, Mark Togl, Andree Maranda, Pat Ryan
Résumé : Freluquet travaillant comme balayeur dans un club de sports, Melvin Junko est le souffre-douleur des clients. Un jour quelques uns d'entre eux lui font une blague qui va beaucoup trop loin, et le pauvre employé finit dans un fût de déchets toxiques. Subissant d'horribles mutations, il est défiguré mais sa musculature s'est développée, et avec son nouveau physique il devient un justicier peu ordinaire, le "Toxic Avenger", qui va faire le ménage dans Tromaville.

Avis sur le film :
Lloyd Kaufman, créateur de la société "Troma entertainment", était alors superviseur de pré-production pour le tournage de Rocky quand il décida de réaliser un film d'épouvante à sa façon, ayant lu dans un magazine que le genre était mort. Il choisit de planter une partie du décor dans un club de gym pour son premier long-métrage horrifique, qui se révèle finalement être une comédie subversive avec pour personnage principal un super-héros n'hésitant pas à abuser de la violence.
Alors que Troma ne se chargeait jusque là de produire que des teen comedies osées, à l'exception du thriller Mother's day, la compagnie s'est spécialisée depuis dans les films déviants les plus fous, avec le Vengeur Toxique devenu son emblême.


Des traces des précédents films de Troma persistent, avec la présentation de jeunes idiots caricaturaux à l'extrême, préoccupés principalement par leur physique et un thème ayant alimenté le teen movie de toutes époques depuis sa création : le sexe. L'humour aux antipodes de la légèreté issu d'autres films de Kaufman comme The first turn-on est reporté dans un environnement propre à la violence, puisque le groupe de loubards régnant en maîtres sur la salle de gym s'adonnent à un jeu bien particulier qui consiste à écraser impunément des gens sur la route, quand ils ne martyrisent pas simplement les plus faibles au "Tromaville health club". Ces voyous annoncent déjà ceux de Class of nuke'em high sorti deux ans plus tard, par le mélange de la figure de la brute adolescente avec une exagération démesurée, aussi bien dans les actes de violence du gang que leur jeu tout en grimaces, veines du cou qui se gonflent et yeux exorbités, rictus sur lesquels la VF en rajoute une bonne couche.
Les situations de comédie classiques les plus bêtes se voient augmenter en vilenie en étant transposées dans un monde pernicieux au possible. Le fameux gag où il est question de glisser dans le dos d'un professeur de sport quelque chose qui le démangera tandis que ses élèves l'imiteront est repris ici mais avec l'utilisation d'un serpent ; et ainsi quand vient le moment de se moquer du loser de service, le film passe aussi au cran au dessus. Melvin est une figure hyperbolique du raté, et se fait avoir avec une mauvaise blague proportionnelement égale, par sa cruauté, ses répercussions et son exagération, à la bêtise invraisemblable du personnage concerné.


Transporté par des conducteurs drogués et peu soucieux de la sécurité, le baril de déchets toxique achève de faire passer le film d'un genre à un autre en métamorphosant son personnage principal. Malgré l'introduction du long-métrage par une voix-off évoquant la pollution excessive de New York, le thème des déchets et rejets nocifs, comme un parodie de films d'exploitation qui ont la prétention de porter un message, ne sert qu'à faire naître le Toxic Avenger. Super-héros crade et hyper-violent qui urine bleu, pur symbole de la justice personnelle aussi trash que possible, puisqu'il s'agit en somme d'un être qui fait le bien en punissant les méchants, même s'il le fait parfois avec la vengeance en tête et de manière inventive et malsaine, non sans passer un coup de serpillère après les meurtres les plus salissants.
En dehors de cela, cette oeuvre de Lloyd Kaufman suit la trame typique du minable qui devient un héros en dépit des quelques doutes émis sur ses intentions et qui trouve l'amour en route, en la personne d'une femme aveugle dans le cas présent, mais dans un contexte complètement décadent.
Lieu aux conditions de vie déplorables, Tromaville, littéralement "la ville de Troma", annonce l'esprit complètement dérangé que va adopter cette société de production pour devenir le porte-étendard du cinéma qui compense son faible budget par son côté dégénéré. Les scénaristes modèlent leur cité fictive qui présente une vision attardée des réalités politiques, avec un chef de la police agissant comme un nazi ou un maire si corrompu qu'il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas s'en rendre compte ; un monde traversé de sottises, de blagues douteuses, d'incohérences volontaires, d'un humour burlesque couplé avec des gags qui visent sous la ceinture, et un irrespect total, à travers les personnages des criminels, envers les enfants, les personnes âgées, les homosexuels, les obèses et les handicapés.


Drôle, insensé, et à l'air aussi benêt que son personnage principal, Toxic avenger est un film sur la notion de justice qui n'est pas toujours bien rendue par les institutions, mais avant tout sur la tolérance. Lloyd Kaufman présente au monde un héros auquel quiconque peut se fier, redresseur de tords issu des strates les plus basses de la société mais qui a su arriver au sommet grâce à sa bonté, et qui porte bien haut des valeurs justes avec une finesse assimilable à une voiture roulant sur la tête d'un enfant innocent.
Immoral derrière son air de défense des bonnes causes, le film détourne surtout les enjeux des grosses productions américaines des 80's avec ses vaillants héros. Cependant, entre description d'un monde défaillant et héros moralement discutable qui jaillit de cette saleté pour faire le ménage, ce film Troma ne se place finalement nulle part et, par une série de discordances par rapport à des modèles bien trop propres sur eux, ne cherche tout simplement qu'à faire rire.

Bande-annonce VO :


Bande-annonce VF :

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