vendredi 29 octobre 2010
Planète terreur [Grindhouse]
Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Robert Rodriguez
Année : 2007
Genres : Horreur / Action
Acteurs principaux : Rose McGowan, Freddy Rodriguez, Marley Shelton, Josh Brolin
Résumé : Dans un patelin contaminé par un gaz transformant en zombies, la survie réside en l'action d'un groupe de survivants parmi lesquels se trouvent un criminel, une infirmière et une go-go danseuse unijambiste.
Introduction :
Ce qui devait devenir le projet Grindhouse trouva ses origines dans l'esprit de Robert Rodriguez avant qu'il ne réalise Sin city, à partir d'idées autour d'un film de zombies qui, une fois assemblées, ne pouvaient que constituer un moyen-métrage d'une heure, et éventuellement un double-programme où se succèderait une autre histoire. Cette idée laissée de côté refit surface lorsque, de visite chez son collègue et ami Quentin Tarantino, Rodriguez remarqua que tous deux possédaient le même poster pour la projection en duo de Dragstrip girl et Rock all night, ce qui fit réémerger en eux des souvenirs de cette époque où le cinéma d'exploitation envahissait les salles de quartiers par ses pellicules abîmées et ses bandes-annonces pour des productions aussi grotesques les unes que les autres.
C'est ainsi que naquit Grindhouse, bannière portant le nom de ces salles de cinéma disparues et sous laquelle se réunirent un groupe de compagnons cinéastes comprenant également Eli Roth, Edgar Wright et Rob Zombie qui participèrent aux bandes-annonces de l'entracte, pour livrer au public l'ambiance Grindhouse au delà des séances privées que Tarantino se fait avec ses amis, jusqu'aux grandes salles de cinéma qui, le temps d'une séance, régressent sciemment vers des temps plus modestes mais à l'ambiance unique. Si ce n'est que, pour l'occasion, Tarantino et Rodriguez cherchèrent à ce que la programmation soit à la hauteur de la folie des affiches et des bandes-annonces qui la promouvait.
Avis sur le film :
C'est à l'époque du tournage de The faculty, en discussion avec Elijah Wood et Josh Hartnett, que Robert Rodriguez leur présenta le début d'une trentaine de pages de son projet de film de zombies, un genre à l'époque inactif qu'il voyait revenir en force. Passant ensuite à d'autres réalisations, alors qu'entretemps les zombies envahirent de nouveau les écrans grâce à Shaun of the dead, Rodriguez remarqua son erreur de ne pas avoir poursuivi son ébauche. Même sans les jeunes acteurs sus-mentionnés, qu'il dirigea pourtant de nouveau dans Sin city, c'est avec le projet Grindhouse qu'a l'occasion de voir le jour son hommage aux films de morts-vivants.
S'il a grandi avec la même culture que Quentin Tarantino, et si à son comparse il emprunte une partie de son univers en faisant apparaître des cigarettes "Red apple" et en prolongeant l'histoire de personnages anciens tel qu'Earl McGraw existant depuis Une nuit en enfer ou récents tel que Dakota Block, faisant à la fois allusion au fait que se croisaient de même acteurs dans les deux films d'un double-feature grindhouse, Robert Rodriguez préfère aux longs discours un divertissement plus direct.
Il se sert lui aussi de l'altération de l'image, avec un montage aux transitions amusantes, mais s'axe par la suite vers d'autres aspects du cinéma d'exploitation à détourner.
Le scénario est d'une bêtise écrasante, prétexte simple pour des poussées de délires d'un mauvait goût prononcé et assumé, souligné par des dialogues scabreux ou à l'air volontairement idiot à hurler de rire, mais plus élaborés qu'il n'y paraît derrière une traduction Française impossible, parfois venant de personnages ridiculement pas crédibles comme celui de Fergie. La chanteuse paraît totalement irréelle par ses paroles, comme si le réalisateur cherchait à donner de la profondeur en décalage complet avec un personnage uniquement présent pour exposer ses attributs mammaires et se faire tuer.
Ce ne sont pas des idées plagiées mais un esprit, basé sur ce qu'on imaginerait qui aurait pu germer dans des esprits malades des 70's et serait tombé à plat faute de budget qui aurait rendu les choses encore plus grotesques, que Robert Rodriguez adopte et rend euphoriquement bon sans prise au sérieux mais sans non plus la nécessité d'un recours au 37ème degré. C'est cette réussite authentique avec usage appliqué de ce qui serait théoriquement incorrect et raté que le réalisateur peut s'autoriser de dépasser les limites.
Pour accomplir son délire cinématographique, Rodriguez a su s'entourer d'acteurs ouverts à cette sorte de bizarrerie et prêts à accepter la gratuité décomplexée des images, comme le concepteur légendaire d'effets spéciaux Tom Savini qui se voit attribuer plus de présence à l'écran que dans Une nuit en enfer, et Rose McGowan qui confirme après Scream et Phantoms qu'elle s'attache à l'épouvante.
Souvent oubliée dans le cinéma d'horreur où l'on nous habitue à des souffrances et des décès dépersonnalisés, la douleur réaliste et cruelle des pauvres personnages est ici mise en scène pour le malin plaisir du réalisateur, même s'il retient essentiellement l'action spectaculaire à laquelle il avait habitué son public dès Desperado.
La musique d'ambiance déjà contrôlée alterne avec une bande-son d'enfer qui rentre dans le crâne du spectateur et l'emporte dans des massacres aux effets spéciaux exagérés à l'extrême : un coup de feu provoque une surenchère de sang gluant qui éclate en ayant abandonné toute logique, mais Rodriguez peut se permettre de pareils traitements à ses zombies, devenus contaminés en suivant la voie de Danny Boyle, et de leur coller des têtes disproportionnées d'Elephant man ou des membres pendants de The Thing, en prolongement de la démesure de Desperado 2 devenue complètement acceptable dans ce contexte où les plus grandes divagations imaginables sont automatiquement justifiées.
En gardant le meilleur en réserve, l'explosion finale va encore un peu plus loin dans tout ce qui fait le caractère unique de Grindhouse, son apparente stupidité intelligemment constituée et sa violence excessive qui fait couler la chair et jaillir le sang comme une fontaine.
Ces dernières années ont vu naître de nombreux films de zombies, mais même en arrivant en retard Robert Rodriguez fait bien mieux que la plupart, car une fois les règles posées il trouve un point où le mauvais goût peut devenir pur plaisir sans complexes.
Bande-annonce Planet terror VOST :
Bande-annonce alternative Grindhouse VO :
Fausses bandes-annonces VO :
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