mercredi 13 avril 2011
Scream 3
Fiche du film :
Réalisateur : Wes Craven
Scénariste : Ehren Kruger
Année : 2000
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox
Résumé : "Stab 3" s'apprête à être réalisé, il s'agit de la nouvelle suite du film inspiré des meurtres de Woodsboro, mais le tournage est interrompu par de nouvelles manifestations d'un tueur en série. Non seulement il s'en prend aux survivants des massacres antérieurs, mais il s'attaque aussi aux acteurs de la version cinématographique.
Avis sur le film :
Scream 2 avait obtenu un plus gros budget que le 1, et avait rapporté un peu moins, mais le bénéfice était suffisamment gros pour qu'un épisode trois soit réalisé, déjà prévu alors même que Kevin Williamson écrivait le second film. Pour cette autre suite, il était aussi prévu pour l'écriture, mais fut remplacé par un autre.
De quoi placer le second retour de Ghostface sous de mauvaises auspices, puisque Wes Craven a failli ne pas être de la partie non plus, mais accepta de revenir au poste de réalisateur lorsque le studio Miramax accepta de lui laisser les commandes pour la comédie dramatique La musique de mon coeur, un de ses seuls films à ne pas être liés à l'épouvante.
Contraitrement aux slashers des 80's où les protagonistes changeaient sans cesse car leur durée de vie était très limitée, la trilogie Scream a ses figures récurrentes, et la plupart du temps ce sont les nouveaux venus qui meurent ; cela permet déjà d'intéresser rien qu'en montrant au public ce que sont devenus les héros. Avec ce troisième épisode, la saga étend son univers propre en même temps qu'elle y fait allusion, se basant sur ce qu'avaient bâti les précédents films, ce qui fonctionne comme des clins d'oeil aux spectateurs fidèles qui comprennent de suite les indices habilement placés dans le scénario concernant ce qui est arrivé à un protagoniste depuis la dernière fois. Cotton a réalisé son rêve de célébrité, Sidney est enfin traitée comme une personne traumatisée qui est sûrement dégoûtée du reste du monde et de l'idée d'avoir un petit-ami, bien qu'elle ait trouvé un moyen de ne pas totalement se couper du monde, et Dewey travaille sur le tournage de "Stab 3". Par contre, Gale n'a pas progressé mais régressé, la voilà aussi égoïste qu'avant, visiblement pour que le troisième film présente de nouveau une évolution positive en elle, sans quoi il y aurait eu un enjeu en moins. Globalement, les personnages principaux sont fidèles à ce qu'ils étaient , et ce n'est pas là que le changement de scénariste se remarque.
Ehren Kruger fait ce qu'il peut pour imiter Kevin Williamson, et reprend les caractéristiques que ce dernier avait attribué aux deux premiers films, comme le fait que l'introduction rentre directement dans le vif du sujet. Elle n'est pas aussi forte qu'auparavant, mais a le mérite de présenter un plan machiavélique du tueur, et de surprendre en assassinant d'emblée un personnage important, le retirant immédiatement de la liste des suspects dont il faisait partie depuis l'épisode 1.
Si Scream 3 s'appuye beaucoup sur ce qui avait été établi par ses deux prédécesseurs, il en subit aussi les choix scénaristiques qui rendent difficile la création d'une autre suite. Comme l'évoquent les acteurs de "Stab 3", la mort de l'un des personnages cruciaux dans "Stab 2", Randy, a mécontenté les fans, et en plus de cela il était celui amenant la plupart des réflexions pertinentes sur le cinéma d'épouvante, c'est à dire la base même de la saga. Le film trouve une autre solution pour nous plonger dans le même milieu : donner une place plus importante dans l'intrigue au tournage des "Stab", dont le premier épisode était déjà apparu dans Scream 2. Cette fois nous nous intéressons à la critique du cinéma d'horreur de série B, car c'est clairement dans cette catégorie que se place "Stab 3", depuis l'intérieur, avec le point de vue des cinéastes et des acteurs. Il y a des plaintes de leur part concernant la traditionnelle scène de douche injustifiée, concernant les personnages accessoires destinés à mourir, ou les trop nombreuses modifications du script ; mais aussi l'introduction dans l'intrigue des problèmes survenus durant les tournages de Scream 1 et 2, voire même du 3. Le réalisateur fictif se plaint d'avoir à faire de l'horreur avant de pouvoir s'occuper de sa comédie romantique, et les différentes versions du scénario de son slasher, écrites afin que, comme dans la réalité, la fin ne soit pas dévoilée sur le net, trouvent dans le récit une fonction servant au suspense.
Randy ressurgit néanmoins, le scénariste voulant sans aucun doute réparer l'erreur du second opus qui l'a mis dans l'impasse, mais le moyen de faire réapparaître cet ancien protagoniste est grotesque, invoquant le personnage de la soeur que l'on n'a jamais vu avant et qui vient apporter une cassette que son frère cinéphile a enregistrée avant sa mort, en prévision d'une troisième attaque de Ghostface. La scène échoue à être émotionnelle par le ridicule du dispositif pour faire revenir de l'au-delà un défunt, et ce dernier ne livre même pas de bonnes remarques sur les épisodes trois conclusifs, certaines des règles qu'il cite pouvant s'appliquer tout simplement à certaines sagas d'horreur entières telles que Vendredi 13 ou Les griffes de la nuit.
Scream 3 n'a plus tellement à dire sur le slasher, surtout que tout ce qui pouvait être évoqué se trouve dans l'original et sa suite, l'un et l'autre se complétant, et au delà d'un épisode deux il n'y a plus réellement de règles à dégager, quoiqu'en dise ce film de Wes Craven.
Le propos a toujours été l'essentiel dans cette saga, car du côté du traitement plus classique du film d'horreur, la série n'est pas connue pour ses frayeurs ou pour son gore, le sang ayant même diminué au fil des années. Ce nouvel épisode s'abaisse même à tenter d'effrayer par des procédés si faciles qu'ils en sont depuis longtemps devenus honteux : l'utilisation du cauchemar, et de personnages apparaissant sans prévenir à l'écran.
Pendant un moment, le film divertit par la confrontation des héros à leur doubles de cinéma, quelques décès cruellement inventifs, et des caméos, dont celui de Carrie Fisher et de Jay et Silent Bob, faisant suite au jeu de réponses entre Kevin Smith et Craven, l'un ayant placé Clerks dans Scream, l'autre ayant fait jouer son collègue dans une de ses réalisations se déroulant aussi, en partie, dans les studios de Miramax. Ces apparitions sont placées trop gratuitement, bien qu'elles fassent forcément plaisir à voir, mais pendant ce temps le scénario se dégrade au fur et à mesure que l'intrigue se développe pour dévoiler où on veut en venir.
Comme pour tout nouvel ajout non prévu, Scream 3 essaye désespérément de se lier à ses prédécesseurs, mais n'y parvient pas correctement. Ce qui était affirmé dans le premier épisode est remis en question, et des faits antérieurs sont inventés afin d'explorer ce qui jusque là n'était nullement porteur de mystère, et pas même évoqué ; en cela le film reprend un principe vu ailleurs, comme dans certaines suites d'Halloween, mais n'a pas assez de recul et prend au sérieux, et non plus avec ironie, cette histoire de passé trouble dissimulé dans la famille de Sidney.
Le besoin de trouver un tueur, quel que soit les moyens employés, se ressent encore plus dans ce Scream 3. Malgré des bonnes idées toujours présentes et des références toujours plaisantes au cinéma, cet épisode est celui de trop, n'ayant plus que peu à offrir par rapport au principe qui était la base de la saga, et le faisant tout de même, en dépit des incohérences qu'entraîne le scénario qui sert à disposer ces quelques trouvailles.
Bande-annonce VF :
Libellés :
Jason Mewes,
Jay et Silent Bob,
Kevin Smith,
Wes Craven
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