jeudi 7 avril 2011
Scream
Fiche du film :
Réalisateur : Wes Craven
Scénariste : Kevin Williamson
Année : 1996
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Neve Campbel, Courteney Cox, David Arquette, Rose McGowan
Résumé : A Woodsboro, une lycéenne et son petit ami on été assassinés, près d'un an après une autre affaire de meurtre. Les élèves de la ville et le corps étudiant composent la liste des principaux suspects, mais personne n'est en sécurité. Cela n'empêche pas que certains des jeunes ne s'en inquiètent pas, et le tueur va profiter de leur insouciance pour faire de nouvelles victimes.
Avis sur le film :
Bien qu'il n'ait presque jamais quitté le fantastique au cours de sa carrière, avec son film précédent, Un vampire à Brooklyn, Wes Craven s'éloignait de l'horreur pour une oeuvre plus ouverte au grand public. Lui qui avait pourtant réalisé Les griffes de la nuit et Shocker, refusa tout d'abord de s'occuper de Scream, le jugeant trop violent, avant de se résigner à l'accepter pour satisfaire ses fans parmi lesquels La colline a des yeux est souvent considéré comme son meilleur film.
Malgré la présence d'un réalisateur reconnu aux commandes, le succès était inattendu, de plus que l'histoire est signée par Kevin Williamson, qui n'avait jusque là rien écrit pour le cinéma. Le film s'inscrit dans les années 90, l'âge d'or du slasher étant passée, mais justement l'inspiration du scénariste est venue au cours d'une discussion où il apprit de son interlocuteur que de nos jours le nom de Jason Voorhees était évocateur sans que le film d'où il est issu ait été vu, ou du moins connu correctement, puisque la vraie identité du tueur dans le premier épisode a été oubliée. Ce cas particulier est le signe d'un phénomène couvrant un plus grand nombre de personnes qui ont délaissé une part du passé cinématographique formant la culture populaire actuelle, un large public contemporain noyé par les suites et nourri au ouï-dire plutôt qu'à l'objet fondateur en lui-même.
Scream est comme une revanche des cinéphiles sur le reste du monde, et nous présente un tueur amateur de films d'épouvante qui règle son compte à la fille jouée par Drew Barrymore, fabuleuse dans la scène d'introduction, qui a certainement d'autres préoccupations que le cinéma et ne connaît pas assez bien ses classiques pour ne pas mourir, rapportant un film de Jason à la saga qui l'englobe ou plaçant toutes les suites de Les griffes de la nuit sous la même valeur. Par la même occasion, Williamson s'adresse à ceux dans la salle qui étaient dans l'erreur, signalant une faute que la plupart devaient ignorer, comme pour ces innombrables personnes à croire que Tim Burton est le réalisateur de L'étrange Noël de Mr Jack, en rétablissant la vérité concernant le premier Vendredi 13. En tant que fan d'horreur frustré par la méconnaissance d'autrui des oeuvres qu'il doit porter dans son coeur, se heurtant certainement à ceux qui pensent connaître toute une saga en ayant vu Freddy vs Jason, d'ailleurs représentés dans Scream par un personnage confondant Wes Craven et John Carpenter, le scénariste indique à un certain groupe auquel il appartient lui-même qu'il l'a compris.
Cependant il ne s'agit pas d'un film de fan borné qui ne reste que sur cette même idée de rendre justice avec un tas de références à un cinéma quelque peu négligé pour délaisser tout autre plaisir, car le scénariste montre aussi qu'il a compris le slasher et est capable d'en dégager des règles jamais enoncées comme telles mais justes, et parvient à s'en servir pour l'intrigue.
Kevin Williamson montre déjà une certaine connaissance de la télévision et du cinéma dont il a assimilé le fonctionnement, et qu'il replace sous forme d'allusions ou de métaphores comiques dans ses répliques. Les personnages ne sont pas naturels, à travers chacun d'eux se reconnaît le mordu d'audiovisuel qui voit le septième art partout, mais il est très drôle d'avoir ses comparaisons entre la vraie vie et la censure ou les genres de films au cours de dialogues entre un couple d'adolescents.
Seul le personnage de Randy, employé de vidéo-club, correspond tout à fait à cette image du monde donnée par Williamson, incarnant certainement son double fictif. Il est probablement le plus drôle et le plus attachant des protagonistes, et aussi celui qui permet le plus librement d'évoquer le cinéma sans détours. Si c'est l'occasion de faire quelques clins d'oeil à d'autres films cultes tel que Clerks, c'est évidemment l'horreur qui est mise en avant, Randy s'inspirant du contexte des meurtres dans sa ville de Woodsboro pour tracer des parallèles avec Le bal de l'horreur ou autres fictions qui lui donnent l'impression d'avoir appris à comprendre les tueurs mieux que la police.
En dehors du tueur, il a vu suffisamment de fois Halloween pour avoir remarqué des règles qui régissent le slasher et qu'il fait partager avec son public ; mais derrière lui le scénariste ne fait pas que les formuler, il s'en sert pour tourner en dérision le genre auquel il rend hommage, ou au contraire fait remarquer à ses personnages ce qu'il faut éviter dans ces films-ci pour ne pas se faire tuer alors même qu'ils tombent dans le panneau peu après, dans la panique, inconsciemment, ou simplement parce qu'ils n'y croient pas.
Ainsi sont repris des éléments vus si souvent qu'ils sont devenus des clichés, mais par le procédé prouvant qu'il est conscient des défauts du genre auquel il appartient, Scream évite le ridicule. Il joue sur ce principe constamment, les victimes potentielles comparent les faits avec ce qui arriverait dans un film, que ce soit pour l'identité du tueur, ses moments d'arrivée ou les gens qui vont mourir, et brouille les pistes en ne laissant pas savoir si l'intrigue va suivre un schéma classique de slasher ou s'en détacher.
Les morceaux de la bande-son sont très bien sélectionnés, évoquant selon les cas une jeune génération désinvolte ou l'angoisse ; Scream est une oeuvre à plusieurs facettes qui, peut être involontairement, peut plaîre à divers publics. Les fans d'horreur sont sans cesse visés, mais l'énorme succès du film peut s'expliquer par le fait qu'il est aussi accessible aux néophytes, pour qui des règles à leurs yeux nouvelles sont expliquées en détail, et qui peuvent comme tout le monde être pris par une maîtrise du suspense, même si celle-ci est à son sommet dans la scène d'introduction à la fois intrigante et malsaine par le sujet du jeu qui tourne mal.
Le principal défaut du film est sa fin, trop excessive, qui fait éclater le cabotinage de Matthew Lillard jusque là amusant. A part quelques incohérences, cette collaboration entre Craven et Williamson est extrêmement intelligente par rapport au sujet choisi, et pas dénuée de surprises non plus puisque l'intrigue n'en reste pas au recul pris par rapport au slasher mais a aussi sa part d'originalité qui maintient l'attention jusqu'au bout.
Bande-annonce VF :
Libellés :
Drew Barrymore,
Rose McGowan,
Wes Craven
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