dimanche 7 novembre 2010

Détour


Fiche du film :
Réalisateur : Edgar G. Ulmer
Scénariste : Martin Goldsmith
Année : 1945
Genre : Drame
Acteurs principaux : Tom Neal, Ann Savage
Résumé : Al Roberts voyage léger quand il part en direction de Los Angeles pour rejoindre sa fiancée. Comptant sur les conducteurs pour être pris en stop, la dernière personne à accepter de l'emmener décède en plein trajet. Pour ne pas être accusé de meurtre, Al est bien obligé de faire disparaître le corps et de repartir en voiture, mais les ennuis ne font que commencer.

Avis sur le film :
Tourné en une semaine d'après une rumeur lancée par le réalisateur Edgar Ulmer, Détour a en réalité été filmé en 28 jours, mais tout de même avec un budget limité pour l'époque de seulement 20000$.
Il fallut avoir recours à peu de décors, et même utiliser le véhicule du réalisateur lui-même, malgré la présence en tête d'affiche de deux acteurs populaires qui facilitèrent la promotion du long-métrage.


La courte durée du film dépassant à peine une heure laisse tout de même suffisamment de place à l'histoire pour se développer, et a l'avantage de concentrer sans temps morts les différents obstacles sur lesquels bute le personnage principal, aussi bien qu'un condensé de tout ce qui fait le film noir.
Habillé d'un manteau et d'un chapeau tels que le requérait la mode de l'époque, Al a l'allure d'un héros de Casablanca tout en étant suffisamment négligé pour correspondre au désespoir auquel le mènent les malheurs qui vont s'acharner sur lui. Ce sont par des évènements d'apparence communs au cinéma que les drames surviennent, passant du meurtre accidentel au vol de voiture, mais ce qui insiste ici sur le désespoir d'un noir profond c'est la façon cohérente d'amener chacun de ces actes irraisonnés, présentés dans l'urgence au spectateur forcé d'admettre qu'il n'y avait pas d'autre issue possible.
Toujours dans le but d'emprisonner dans le désolation, les prouesses de mise en scène avec son éclairage en noir et blanc isolent le protagoniste, et l'horreur graduelle que présentent les mouvements de caméra qui ne sont pas sans rappeller ceux d'Hitchcock rapprochent le spectateur de la solitude d'un personnage accablé par l'acharnement du mauvais sort. Les légères touches d'humour présentant une vision pessimiste du monde ne sont elles aussi présentes que pour insister sur le caractère tragique écrasant qui l'emporte quoiqu'il arrive.


Bien que la dernière scène ait résulté de la censure des années 40 qui ne souhaitait pas voir des criminels s'en sortir, Détour est marqué du début à la fin par une forte détresse. D'une injustice inflexible et extrêmement sombre pour l'époque, c'est pour avoir réuni les éléments typiques du film noir avec une sévérité particulièrement appuyée que cette réalisation d'Ulmer vaut le détour.

Extrait :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire