samedi 30 janvier 2010

The Truman show


Fiche du film :
Réalisateur : Peter Weir
Année : 1998
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Jim Carrey, Laura Linney, Noah Emmerich, Natascha McElhone, Ed Harris
Résumé : Il ne le sait pas, mais depuis sa naissance Truman Burbank est le héros de la plus grande émission de télé réalité jamais produite. Tout ce qui l'entoure est un décor, ses proches sont des acteurs, et ce n'est que lorsqu'un incident survient dans sa trentième année que Truman commence à avoir des doutes.

Avis sur le film :
En 1997, Andrew Niccol signait le scénario de Bienvenue à Gattaca dans lequel il critiquait un monde utopique, et grâce auquel il reçut de nombreuses récompenses, dont le prix du jury du festival de Gerardmer.
Un an plus tard sort The Truman show, autre film écrit par Niccol, visant cette fois la télé réalité. Ce phénomène ne connut un déploiement que dans les années 2000, ce qui fait que le film est plus que jamais d'actualité aujourd'hui, mais il se profilait déjà dans les années 90 avec des émissions comme COPS mais surtout The real world.


Habitué à jouer dans des comédies, Jim Carrey a cette fois l'occasion de jouer dans un film plus sérieux en incarnant Truman Burbank. Le personnage nous est de suite sympathique de par sa bonhommie et bonne humeur permanente, quelque peu exagérative avec les mimiques de Carrey, mais on s'attache tout de même à lui en suivant son quotidien.
Et pourtant, Truman n'est pas heureux. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il s'efforce d'en avoir l'air, étant gentil avec tout le monde quelle que soit la situation. En avançant dans l'histoire, nous découvrons peu à peu les coulisses du show et les manoeuvres mises en places afin de refermer sur Truman un piège dont il ne peut s'échapper, manipulé par les créateurs de cette émission néfaste et par les acteurs prétendant être ses amis.
Les caméras sont cachées partout dans les décors, les détails permettent aux spectateurs de les remarquer, nous comprenons que Truman en est entouré quoi qu'il fasse et ne peut aucunement s'en libérer.


De plus, l'histoire d'amour perdu de Truman rajoute du drame à l'histoire, et nous fait nous attacher encore plus au personnage, surtout en voyant sa détermination pour retrouver la fille pour qui il a eu le coup de foudre. Comme il est dit par Christof, créateur de l'émission, seul Truman est vrai, et est naturellement gentil. Il est bien déterminé à retrouver celle qu'il aime même si, sans le savoir, tout ce qui lui a été dit à son sujet est basé sur le mensonge. Le spectateur ne peut alors éprouver que de la compassion envers cet homme purement bon mais maudit par les circonstances.
Tout comme dans Bienvenue à Gattaca, on retrouve cette critique d'une société utopique qui refuse même les SDF, où tout est trop parfait et d'où Truman veut fuir pour sa quête de l'être aimé.
Alors qu'il décèle de plus en plus les failles du système dans lequel il vit, la tension monte entre lui et ses proches. Le sourire crispé se trouvant toujours sur le visage de sa femme montre bien qu'elle n'est pas heureuse non plus, et cela empire quand Truman vire vers la démence. Poussé par la folie des créateurs de l'émission, la folie des acteurs qui se sont embarqués là-dedans, la folie de tout ce petit monde encouragé par le voyeurisme des téléspectateurs.


C'est finalement grâce à sa volonté à toutes épreuves que Truman réussit à s'échapper du show dans un final qui déchaîne vents et tempêtes. Il est suivi dans son aventure par tous les spectateurs l'observant dans le monde entier, vibrant avec lui à chaque instant de son dangereux périple.
Après s'être adressé au créateur de l'émission, clairement assimilé à un fou se prenant pour Le créateur, Truman s'échappe de son show, son monde.
Et le dernier mot est laissé à deux de ses spectateurs, montrés de façon négative pour marquer le coup final, puisqu'ils changent de scène comme si de rien n'était, simplement à la recherche d'une quelconque façon de se divertir.


Avec un sujet visionnaire, prévoyant le blâme de la TV réalité avant l'heure même de son développement excessif, The Truman show arrive dans un même temps à être drôle et touchant, avec un Jim Carrey prouvant qu'il peut tenir un rôle dramatique.

Bande-annonce VF :

vendredi 29 janvier 2010

The Mask


Fiche du film :
Réalisateur : Chuck Russel
Année : 1994
Genre : Comédie / Fantastique
Acteurs principaux : Jim Carrey, Cameron Diaz, Peter Greene, Richard Jeni
Résumé : Stanley Ipkiss, employé de banque et éternel loser, voit sa vie changée lorsqu'il découvre un masque lui donnant des pouvoirs dignes d'un personnage de cartoon.

Avis sur le film :
A la fin des années 80, la société Dark Horse lance une série de comic nommée The mask, racontant comment un masque ancien passe de mains en mains et transforme en être invincible quiconque le porte.
En 1994, le comic est adapté en film sous la direction de Chuck Russel. Le côté sombre est quelque peu effacé, et ce qui devait être un film d'horreur devient une comédie, tout en reprenant l'intrigue générale des premiers numéros avec le personnage de Stanley Ipkiss.


L'introduction au film est accompagnée d'une musique qui présage un film à de grandes proportions. Nous avons par la suite un aperçu de la ville d'Edge city, montrée astucieusement par bribes durant tout le film comme le pire endroit où habiter.
Après l'exhumation du fameux masque, nous faisons connaissance avec le personnage principal : Stanley Ipkiss, qui dès la première scène où il est vu, est montré comme le loser type. Ce sera de plus en plus confirmé par la suite, Ipkiss accumulant les maladresses exagérées. Il se trouve dans un monde ingrat qui le dépasse et le rejette, représenté par d'autres figures comiques comme les réparateurs automobiles, mais Stanley n'essaye néanmoins même pas d'échapper de sa position de tocard ultime.
Jim Carrey arrive à assurer son rôle d'idiot mais en n'en faisant pas trop contrairement à d'autres rôles comme dans Ace Ventura ou Batman forever, il l'incarne avec une certaine légèreté qui rend son personnage crédible, et conserve le ton qu'il faut pour faire rire, sans virer dans la lourdeur.
Au travers du personnage de Stanley, fan de cartoons, les références aux dessins animés cultes de Tex Avery sont nombreuses, et préparent la suite de l'histoire.


Stanley ne cesse de s'enfoncer, quoi qu'il fasse, dans la situation désastreuse dans laquelle il se trouve déjà, jusqu'à sa découverte du masque. Doté de pouvoirs lui permettant de se libérer de l'emprise de sa condition actuelle, il règle ses problèmes personnels et corrige les criminels au passage, dans un festival d'hommages aux gags classiques de Tex Avery retranscrits dans le monde réel, cela étant permis grâce à des effets spéciaux en 3D révolutionnaires qui n'ont pas vieilli depuis 16 ans et sont toujours aussi spectaculaires.
L'interprétation de Jim Carrey, qui est tout aussi bon quand il incarne avec démesure le Mask, mêlé avec le délire scénaristique et visuel, donne un tout détonant et à se tordre de rire. Tout est poussé très loin dans le surréalisme mais reste au service du comique sans les débordements sanglants du comic book, et même les forces de l'ordre et les voyous du film sont emportés par la tornade d'humour déferlant sur eux.

Avec toutes les très bonnes idées mises en images et le talent de Jim Carrey pour nous faire rire, ces ingrédients font de The mask un bijou de comédie intemporel rempli de clins d'oeil qui raviront les fans de cartoons et de comics, mais sans pour autant laisser de côté le grand public auprès duquel le film a eu un large succès amplement mérité.

Bande-annonce VO :

jeudi 28 janvier 2010

Watchmen, les gardiens


Fiche du film :
Réalisateur : Zack Snyder
Année : 2009
Genre : Fantastique / Thriller / Action
Acteurs principaux : Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Malin Akerman, Billy Crudup, Jeffrey Dean Morgan, Matthew Goode
Résumé : En 1985 dans un monde alternatif, alors que les tensions entre les USA et l'URSS sont à leur comble, le Comédien, célèbre justicier masqué américain, est assassiné. Son ancien collègue Rorscach, un Watchman, soupçonne un "tueur de masques".

Avis sur le film :
Depuis 1986 cette adaptation du comic-book de Moore et Gibbons avait été prévue, avec plusieurs scripts par Sam Hamm et des réécritures de Charles McKeown, mais le budget nécessaire était encore loin d'être obtenu pour réaliser une adaptation fidèle d'une histoire réclamant tant de moyens.
En 2006, Zack Snyder réalise 300, adaptation d'un comic de Frank Miller, et a impressionné le studio Warner Bros qui le choisit pour mettre en images Watchmen, avec un scénario ré-écrit par David Hayter et Alex Tse.


L'univers incroyablement riche des Watchmen a été dillué en 3h de pellicule, il y avait bien sûr des choses à modifier voire retirer, mais l'esprit du comic book est bien présent.
Le film s'avère être incroyablement fidèle, que ce soit concernant l'histoire, les décors, personnages et répliques. Une grande attention est portée aux moindres détails, ceux présents dans le comic comme les enseignes du Gunga Diner ou la publicité pour le parfum de Veidt, mais également quelques petites allusions comme la présence de l'ouvrage de Moore et Gibbons dans la maison du Hibou.
La fidélité a de quoi satisfaire les fans les plus acharnés du comic et impressionner ceux ne l'ayant pas lu, mais dans les deux cas l'adaptation comporte quelques touches d'originalités non négligeables grâce à quelques idées géniales qui apportent un plus à ce qui est repris du support d'origine.


Ce qui ne pouvait pas être retranscrit en image et qui se trouvait dans le comic se retrouve tout de même dans le film grâce à quelques astuces scénaristiques.
L'idée de l'horloge, séparant les chapitres et symbolisant l'arrivée du cataclysme, est introduite dans l'histoire du film où elle représente l'imminence de la guerre atomique telle que la considèrent les dirigeants.
Pour ce qui est des documents écrits qui explorent en profondeur l'univers et l'esprit des Watchmen, leurs informations essentielles sont conservées et replacées dans le film par bribes dans les conversations ou bien se trouvent dans le générique de début.
Le spectateur pour qui le comic est inconnu arrive tout de même à s'y retrouver, grâce à une situation temporelle clarifiée, le conflit USA/URSS étant évoqué et en quelque sorte résumé dans un discours politique diffusé au début du métrage. Quant aux évènements ayant chamboulé la vie des personnages, ils sont concentrés dans le magnifique générique de début, qui imprime sur nos rétines des images et de toute beauté sur fond de musique nostalgique, tout en insistant bien sur l'idée de l'univers parallèle au travers d'images d'évènements symboliques, modifiées pour y intégrer les héros masqués.


Ce qui diffère par contre dans le film, c'est sa visée. Le scénario reste structurellement le même, toujours aussi bon, tel qu'Alan Moore l'a fait, mais cette adaptation est destinée à un nouveau public et s'adapte donc aux attentes de notre époque.
La musique reste très ancrée dans les années 80, en reprenant des classiques qui, pour certains, étaient déjà référencés dans le comic. Les choix sont très judicieux, nous rappellant cette époque avec nostalgie tout en correspondant au ton de chaque scène.
Mais les costumes eux ont été modifiés pour mieux correspondre aux standards de notre époque, et à l'intrigue très intelligente s'ajoute un spectacle visuel inoubliable, on nous en met plein la vue.
Watchmen est graphiquement irréprochable, chaque image sublime nous subjugue.
La mise en scène moderne aussi fait tout pour nous impressionner, avec des combats très spectaculaire et d'une violence impressionnante. Zack Snyder innove en nous surprenant, même avec tout ce qui a déjà été fait en matière de combats. L'irréalisme de l'univers de ces super-héros va jusqu'au bout, avec des bras et jambes brisés d'un coup de poing, des membres éclatés, ... Le simple impact d'un coup de pistolet est même ré-inventé.


Les acteurs correspondent très bien à leurs rôles, donnant vie avec exactitude à leurs alter-ego de papier, et ce spectacle unique qu'est Watchmen est rythmé par la voix-off d'un Rorschach sombre à souhait.
Alors qu'elle était considérée comme "infilmable", cette adaptation par Zack Snyder et son équipe donne un nouveau souffle à ces héros masqués, en nous offrant un film qui a de quoi satisfaire pleinement, dans le plus grand respect du comic original.

Bande-annonce :

mercredi 27 janvier 2010

Les Simpson, le film


Fiche du film :
Réalisateur : David Silverman
Année : 2007
Genre : Animation / Comédie
Acteurs principaux : Dan Castellaneta, Julie Kavner, Nancy Cartwright, Yeardley Smith, Hank Azaria, Harry Shearer
Résumé : Le taux de pollution du lac de Springfield a atteint ses limites, et l'ajout de déchets supplémentaires serait catastrophiques. La ville entière prend la bonne résolution de ne plus rien y jeter, à l'exception d'Homer Simpson. Son acte provoque par la suite la mise sous dome de toute la ville.

Avis sur le film :
La série Les Simpson, sûrement l'une des plus populaires ayant jamais existé, a été créée en 1989, et bien qu'un premier script pour une éventuelle adaptation cinématographique ait été écrite à partir de 2003, il a fallu attendre 2007 pour que les aventures de ces êtres jaunes apparaissent sur grand écran par les onze scénaristes de la série.


Avec des moyens supérieurs à ce qui est fait habituellement dans la série : un plus gros budget, de la musique en plus grand nombre, des effets visuels 3D novateurs, ainsi que la participation de tous les scénaristes dont le créateur Matt Groening, Les Simpson le film avait de quoi satisfaire les fans en marquant un aboutissement dans le monde de la famille jaune.
La recette traditionnelle des épisodes était conservée : une histoire introductive qui mène ensuite à l'intrigue principale, avec également une intrigue secondaire, sauf qu'ici c'est allongé de façon à avoir la durée d'un long-métrage.
La première scène introduit plus que correctement le film, avec un petit clin d'oeil à ce passage du petit au grand écran, et par la suite nous sommes gratifiés de bons gags, sans pour autant que cela atteigne des sommets qui ont été gravis par le passé, mais c'est ensuite que les choses dégénèrent.


Si il y a quelques effets comiques qui tombent à l'eau, comme la chanson de Spider-cochon au le succès incompréhensible qui la rend de fait insupportable, le pire est à venir lorsque le film va trop loin dans le stupide, le simpliste, et même le vulgaire.
Bien que l'on retrouve par moments ce qui a fait le succès de la série, c'est la mauvaise influence de la déchéance des dernières saisons qui l'emporte. Ce qui n'aurait jamais été toléré, ce qui aurait été inimaginable il y a quelques années, se retrouve présent dans le film. Les fans de la première heure ne peuvent qu'être heurtés en voyant l'innocence qui résidait dans la série, malgré un humour toutefois ravageur, voler en éclats quand Homer fait des doigts d'honneur ou se touche l'entrejambe. C'est exactement le genre de vision qui n'aurait jamais été toléré auparavant, qui n'aurait jamais du l'être, et qu'il est maintenant presque irréel de voir ici.
L'humour vire même au pitoyable tant cela va loin dans la bassesse ; pour exemple citons la scène où Homer est accroché à une boule de démolition suspendue on ne sait où, et se frappe simultanément contre un rocher et un saloon. Même si certains peuvent en rire en se contentant de peu, ce n'est pas digne de ce qu'est réellement l'humour des Simpson.


Le gros problème du film est qu'il est visé à un grand public, à ces personnes pour qui le nom des Simpson est évocateur, mais sans vraiment avoir une connaissance de ce qu'était autrefois la qualité de cette série. C'est malheureusement pour ces gens qu'a été fait le film, au détriment des fans qui sont délaissés, voire trahis. Les références à la série sont moindres, l'esprit en lui-même n'est plus présent, et la déception se prolonge pendant 1h30 où ce qui était autrefois un dessin animé de renom se vautre lui-même et de son plein gré dans la boue.
Bande-annonce VF :

samedi 23 janvier 2010

Watchmen [Autour du cinéma]


Fiche du comic book :
Scénariste : Alan Moore
Illustrateur : Dave Gibbons
Années : 1986-1987
Résumé : Le Comédien, célèbre héros masqué, est assassiné. Rorschach, un de ses anciens collègues, enquête et soupçonne un complot contre l'ancien groupe de justiciers connu sous le nom de Watchmen.
Avis sur le comic :
Au milieu des années 80, alors que DC connaît déjà un fort succès grâce au boost effectué sur Batman, le scénariste Alan Moore, déjà responsable du phénomène The killing joke quelques années plus tôt, a l'idée d'un comic qui montrerait un aspect différent et beaucoup moins glorieux du monde des super-héros. Après quelques changements, comme l'obligation de créer des personnages originaux, l'histoire de Watchmen se met en place.


L'idée de départ était de montrer des héros désabusés et en dehors de l'image idéalisée que l'on s'en fait, en affichant leur vraie vie faite de vices. Watchmen arrive à traiter de ce sujet de façon sérieuse et dramatique.
Grâce aux changements de personnage principal selon les étapes de l'histoire, nous avons le temps de nous mettre dans la peau de chacun d'eux afin de les connaître et d'avoir leur point de vue sur chaque situation, accompagné de réflexions parfois très poussées qui nous font explorer leur personnalité en même temps.
Le problème de départ qui est que ces personnages sont inconnus du lecteur est vite dépassé grâce aux informations très nombreuses fournies sur les héros, grâce à des flashbacks ou des documents à leur sujet.
Les chapitres sont entrecoupés à chaque fois d'écrits qui vont de l'extrait autobiographique à l'article de presse en passant par le dossier médical, il y a une grande variété de domaines littéraires explorés. La plupart de ces textes, pourtant tous fictifs, sont écrits avec une telle précision que l'on croit vraiment aux propos que l'on lit, en oubliant que tout cela n'est qu'inventé. Le travail d'écriture de Moore est immense, et il ne s'arrête pas qu'à la trame principale, mais aussi aux articles plus secondaires dont la non-négligence donne une véritable histoire aux personnages.


Mais en plus de ça, Moore n'en reste pas qu'à l'histoire des super-héros, l'univers de Watchmen s'étend au delà des limites des héros éponymes pour s'intéresser à plusieurs intrigues secondaires, qui se recoupent aussi avec la principale concernant les super-héros. Nous suivons de temps à autre le psychologue s'occupant du héros bien dérangé Rorschach, ou bien le vendeur de journaux du coin ; tous sont confrontés à leurs problèmes à l'aube d'une probable 3ème guerre mondiale, Moore ne leur épargne donc pas une vie aussi pessimiste que les personnages principaux, et c'est le cataclysme final qui mettra un terme à leurs problèmes, dans un flot de lumière anéantissant leurs vies brisées.
Watchmen dispose comme toile de fond une réalité alternative dans laquelle la guerre froide est maintenue grâce au Docteur Manhattan, un surhomme insensible au service des USA. La vision de la guerre froide dans ce monde différent est déjà intéressante, et son implication dans l'intrigue déjà pleine de suspense et de mystères ajoute à la richesse du récit.


Mais le génie qui se cache derrière le comic ne s'arrête pas là, d'autres nombreux procédés d'illustration et de mise en page élèvent Watchmen encore plus haut au dessus des comics traditionnels.
La structure narrative avec ses mises en abîmes et alternances entre les intrigues s'allie à la disposition des vignettes qui relie les images entre la fin d'une scène et le début d'une autre, pour effectuer une transition cinématographique. Le comic dans son intégralité même est construit de façon à être symétrique du début à la fin, avec l'agencement de quelques détails qui se retrouvent régulièrement entre les pages, comme le fameux smiley tâché de sang.
Les illustrations de Dave Gibbons, avec les couleurs de John Higgins, sont d'une grande originalité et sont une révolution, le travail dans son ensemble, écriture et illustrations, est phénoménal surtout vu la longueur totale du récit, et Watchmen brise les limites du comic pour mériter plus que tout autre le terme de "roman graphique".
Encore aujourd'hui Watchmen a gardé le même impact, et l'admiration devant un travail aussi titanesque reste intacte. Cette oeuvre est considérée comme étant l'un des meilleurs comics de tous les temps, et il n'y a pas à remettre ces paroles en doute.

dimanche 17 janvier 2010

Misfits [Série]


Fiche de la série :
Réalisateurs : China Moo-Yung, Tom Green, Tom Harper
Année : 2009
Genre : Fantastique
Acteurs principaux : Robert Sheehan, Lauren Socha, Nathan Stewart-Jarrett, Antonia Thomas, Iwan Rheon
Résumé : Cinq jeunes en train d'effectuer leurs travaux d'intérêt général sont frappés par la foudre, et découvrent peu à peu qu'il ont chacun développé un super-pouvoir. En revanche leur directeur, qui a lui aussi été foudroyé, est saisi d'envies meurtrières et le groupe se voit obligé de le tuer.

Avis sur la série :
En cette époque où les super-héros sont à l'honneur grâce une recrudescence depuis quelques années d'adaptations cinématographiques de héros de comics, la chaîne britannique E4 nous offre une série sortant des sentiers battus grâce à une nouvelle vision du mythe.


Les protagonistes ne sont déjà pas des êtres ayant une morale à toute épreuve qui leur permettra de peser le bien et le mal afin d'affronter le crime. Ce n'est pas de cela que parle Misfits puisque les héros sont des délinquants en train d'effectuer leur devoir envers la communauté. C'est une approche moins idéaliste mais plus réaliste, puisque les portraits brossés rappellent forcément des personnes existant réellement.
Ce réalisme est maintenu même après que le groupe ait obtenu ses pouvoirs, leurs réactions et utilisations de leurs nouvelles facultés est proche de ce que ce genre de personne ferait réellement.
Les pouvoirs en eux-même ne sont pas tous arrangeants, il y a un personnage pouvant remonter le temps et un autre ayant le don de lire dans les pensées, mais une des filles du groupe a la capacité rapidement dérangeante de déchaîner la libido des hommes qu'elle touche.
Même ceux qui semblent bénéfiques ont leurs défauts, le garçon timide qui peut devenir invisible tombe dans le voyeurisme, même si cela ne va pas trop loin.


En décalage avec les figures emblématiques citées comme Spider-man, Misfits casse l'image du super-héros en n'ayant aucun tabou, abordant les thèmes du sexe et de la drogue grâce aux cinq délinquants qui sont les personnages principaux. Les sujets de l'histoire sont en adéquation avec la génération qui nous est présentée, prônant les excès et les interdits dans le 6ème épisode où Nathan, le personnage le plus amoral du groupe, nous fait un discours pseudo-moraliste comme quoi les jeunes comme lui sont faits pour faire la fête ; et tout cela est adressé à l'encontre d'une jeune fille qui s'est servi de son pouvoir afin de remettre son entourage dans un droit chemin bien conformiste.
Vu les thèmes abordés et mis en images dans la série, il fallait des interprètes n'ayant pas peur de donner de leur personne, et pour cela les acteurs principaux sont tous très bons. Même si l'attitude adhère à cette nouvelle génération, les rôles ne sont pas toujours faciles, comme celui de Simon, l'adolescent retiré et brimé par les autres, joué comme il le faut par Iwan Rheon.


La série arrive à alterner avec habileté entre comédie et suspense, les deux genres fonctionnant bien chacun de leur côté. Certaines scènes plus angoissantes ont même de quoi faire penser à un thriller, mais sans jamais tomber dans le surplus comme l'ont fait d'autres séries comme Prison break où l'excès de rebondissements a fini par gâcher ce qui avait été établi.
Misfits arrive aussi à sortir du lot de la réalisation basique grâce à quelques effets visuels et plans innovants, que l'on n'aurait pas penser trouver dans une série telle que celle-là.
C'est une série à suivre, il y a de quoi attendre la seconde saison après six épisodes de 45mn passés finalement trop vite, car la série est accrocheuse et a bon potentiel qui sera probablement plus amplement exploité.

jeudi 14 janvier 2010

Batman : The killing joke [Autour du cinéma]


Fiche du comic-book :
Auteur : Alan Moore
Dessinateur : Brian Bolland
Année : 1988
Résumé : Alors que Batman se rend à l'asile d'Arkham afin de mettre les points sur les i avec le Joker, il se rend compte que ce dernier a réussi à s'échapper. A partir de ce moment là, le célèbre tueur tente de manipuler le comissaire Gordon, afin de prouver que tout ce qu'il suffit pour qu'un homme sombre dans la folie, c'est une mauvaise journée.

Avis sur le comic-book :
A la fin des années 80, la série des Batman a été renouvelée grâce à quelques romans graphiques qui ont connu un grand succès, en ayant exploré plus en profondeur cet univers : son passé avec Batman année un en 1986, son futur avec Dark knight returns la même année, et en 1988 c'est sur le Joker qu'on en apprend d'avantage, au travers de The killing joke.


C'est Alan Moore, auteur de Watchmen, qui décide de se lancer dans le projet audacieux de scénariser ce comic. Non seulement c'est le Joker qui est au centre de l'histoire, mais de plus on découvre enfin ses origines, ou en tout cas une version qui pourrait provenir de son esprit malade. Cela se fait au travers de flash-backs qui réapparaissent pour torturer ce fou en cavale, après qu'il se soit évadé de l'asile d'Arkham.
Ces retours en arrières sont interposés entre l'intrigue principale, et les deux histoires mêlées l'une à l'autre se confondent très bien, ajoutant du suspense à chaque fois lorsque l'on attend de voir ce qu'il va se passer avant que le récit ne soit coupé pour passer d'une histoire à une autre.
Le passé du Joker n'est pas tout rose, et c'est encore moins le cas pour ses actions dans le présen, son plan étant de faire passer Gordon de la raison à la folie, en lui faisant subir les pires atrocités. Le comic book s'avère alors beaucoup plus sévère et dérangeant que ce que l'on a vu sur tout autre support, c'en est presque trash au point que l'on ne pourrait jamais voir un récit pareil transposé à l'écran. Les destins de personnages comme Gordon et sa fille Barbara sont scellés à cause de la dépravation dans laquelle ils sont entraînés par un Joker au sourire machiavelique et crispé.


Les dessins de Brian Bolland et ses couleurs pour la ré-édition du comic rendent plus limpide cette descente en enfer, aussi bien pour le Joker que pour Gordon.
Les illustrations sont pleines de détails et accompagnent fluidement n'importe quelles scènes de l'album, mais insistent surtout sur les aspects dramatiques quand il le faut, avec le dessin du visage du Joker faisant transparaître sa folie et sa cruauté, et les visages de ses victimes figés par l'horreur de leur situation.
Les transitions entre passé et présent sont du plus bel effet et sont traitées de façon quasi cinématographique, on ne peut qu'admirer le travail fait à ce niveau là.
Quant aux couleurs, le talent se remarque surtout dans les flash-backs, où les éléments sont effacés et ternes, à l'exception de quelques détails de couleur rose tournant peu à peu au rouge, jusqu'à ce que cela devienne le rouge du sang, le rouge du costume de Red hood, déterminant la transformation du Joker.


Le comic débutait par un questionnement de la part de Batman, et il se termine par une blague de la part du Joker, en guise de réponse. Celle-ci résume sous forme de métaphore toute la situation de rapports entre les deux personnages, et la blague suivie de son fou rire nous fait comprendre que le conflit ne se terminera jamais, si ce n'est par la mort de l'un des deux.
Avec The killing joke, Moore et Bolland ont réussi le pari risqué de pouvoir nous rendre leur version des origines du Joker, et ils ont réussi à tel point que ce comic est considéré comme l'un des meilleurs, et a été la source d'inspiration de nombreux autres récits sur différents supports, comme Batman de Tim Burton ou The dark knight de Christopher Nolan.

dimanche 10 janvier 2010

Batman le défi


Fiche du film :
Réalisateur : Tim Burton
Année : 1992
Genre : Action / Fantastique
Acteurs principaux : Michael Keaton, Michelle Pfeiffer, Danny DeVito, Christopher Walken
Résumé : Batman doit protéger Gotham contre une nouvelle menace : l'homme d'affaire Max Shreck dominant la ville s'allie au Pingouin, un homme difforme venu des égoûts, qui veut postuler pour le poste de maire de Gotham. Dans un même temps apparaît Catwoman, une secrétaire revenue d'entre les morts après avoir été tuée par son patron, Max Shreck.

Avis sur le film :
Avec le succès de Batman, Warner bros envisage une suite, en conservant Tim Burton à la réalisation et Michael Keaton comme acteur principal. Des modifications ont ainsi été apportées au script pour satisfaire Burton. Ce dernier n'aimant pas réaliser de suites, l'histoire de ce second opus s'éloigne du premier, avec l'absence de Vicki Vale et d'une quelconque mention sur le Joker, et l'apparition de personnages totalement nouveaux que sont Max Shreck, Catwoman et le Pingouin.


Le début est dans la continuité du premier film : un univers sombre, surréaliste et décalé dès l'apparition du Pingouin étant bébé. La musique qui suit la scène d'ouverture, toujours composée par Danny Elfman, donne un air de fable moderne et sinistre, cela rappelle la plupart des Burton et place parfaitement l'ambiance générale du film qui suit.
L'installation de cet univers se poursuit après grâce à l'imagination de Burton et celle des scénaristes, transformant ce qui est commun en quelque chose de redoutable et inquiétant. La première scène d'action où Batman affronte un groupe de vilains costumés en personnages de cirque est assez inouïe et riche en imagination.
Batman est plus sombre qu'auparavant, n'hésitant plus à tuer ses ennemis de diverses façons grâce à tous les accessoires mis à sa disposition. Son nouveau costume, ses nouvelles armes et les nouvelles fonction de sa Batmobile font déjà poindre les possibilités offertes par un budget plus important.


Cette fois, Batman est confronté à deux ennemis, et un personnage plus ambigu.
Le premier est Max Shreck, dont le nom provient du célèbre acteur principal de Nosferatu, confirmant l'amour de Burton pour le cinéma gothique, déjà exprimé par le choix de l'acteur Michael Cough, habitué des films de la Hammer, pour jouer Alfred.
Concernant Shreck lui-même, il est assez retiré et laisse plus la place aux autres personnages, mais l'interprétation de Christopher Walken, bien que restant austère, est judicieuse et convient à son personnage.
Le grand méchant de ce Batman le défi, c'est le Pingouin, qui est en quelque sorte la succession du Joker dans Batman, dont il se rapproche le plus grâce à sa folie et son apparence monstrueuse. En dehors de son apparence, ce personnage tente de se faire passer pour quelqu'un de bon, renforçant ainsi le danger qu'il représente, et son allure hideuse renforce la caractère mauvais du personnage lorsqu'il tombe dans le vice, comme lorsque se manifeste sa libido. L'interprétation de Danny DeVito est très bonne, il incarne très bien la cruauté de ce personnage immonde, qui l'est rendu encore plus grâce au maquillage. Il porte aussi en lui une bonne partie du potentiel comique du film, grâce à ses tours et ses nombreux parapluies, qui servent plusieurs fois et qui reviennent plus tard pour un rebondissement dans l'intrigue.


Pour ce qui est de Selina Kyle alias Catwoman, sa personnalité est moins aisée à cerner.
Elle est d'abord présentée comme une secrétaire timide et perdue, sa transformation est donc plus compliquée à mettre en place que dans le comic.
La resurrection de Selina est plus qu'étrange et reste inexpliquée, mais son glissement d'un personnage à un autre se fait peu à peu et de façon structurée, grâce à des éléments qui la poussent à la folie. Elle perd alors l'innocence qu'elle avait lorsqu'elle était accompagnée de sa sottise, et devient Catwoman, femme fatale envoûtant ses opposants, sans réelle distinction entre le bien et le mal.
Batman trouve alors une ennemie à sa hauteur, Catwoman l'affrontant la nuit, et elle est séduite par Bruce Wayne le jour. Cette dualité entre les personnages qui se confrontent donne lieu à de bonnes idées scénaristiques, jusqu'à ce qu'ils découvrent leur identité respective.
La relation entre Bruce et Selina remplace celle avec Vicki Vale dans Batman, mais se finit inévitablement mal, leur union étant impossible.


L'introduction du personnage de Catwoman est accompagnée de (trop ?) nombreuses allusions sexuelles assez déroutantes qui entâchent quelque peu la vision du film, mais le final est tout simplement grandiose et incroyable, ce qui laisse le spectateur sur une dernière bonne note.
Ce Batman le défi marque la fin d'une époque dans la filmographie du chevalier noire, une très bonne époque sombre au possible, marquée par une superbe ésthétique et le talent de Tim Burton.

Bande-annonce VF :

vendredi 8 janvier 2010

Batman


Fiche du film :
Réalisateur : Tim Burton
Année : 1989
Genre : Action / Fantastique
Acteurs principaux : Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Robert Wuhl, Michael Gough
Résumé : A Gotham City, ville rongée par le crime et la corruption, un être non-identifié à l'apparence d'une chauve-souris géante terrorise les malfrats. Il s'agit de Batman, l'alter ego du milliardaire Bruce Wayne. Un soir, lors d'une descente de police visant à capturer le criminel Jack Napier, Batman le fait accidentellement tomber dans une cuve de produits chimiques. Jack Napier est mort, le Joker est né, le nouveau grand fléau de Gotham.

Avis sur le film :
Tim Burton est connu pour ses films aux univers très sombres, et de plus le premier des comics qu'il ait aimé est The killing joke, le roman graphique le plus populaire parmi ceux dépeignant le personnage du Joker, qui a lui aussi marqué le réalisateur. Il est donc presque logique que ce soit à lui qu'ait été confié le script de Batman, écrit par Sam Hamm et Warren Skaaren.


Le métrage nous place dans l'ambiance adéquate dès le générique de début où l'on parcourt le célèbre logo de la chauve-souris, sur la musique de Danny Elfman. Le compositeur a créé de nombreuses musiques de films prestigieuses, Batman en fait partie grâce à son thème principal mémorable, qui semble dès le départ esquisser les contours du Chevalier noir et son univers, et qui annonce une aventure de grande envergure.
Le début du film confirme déjà que le milieu dépravé et menaçant de Gotham est respecté, son essence étant concentrée dans les premières minutes.
Apparaît ensuite peu à peu le personnage éponyme, qui reste très mystérieux et imperceptible au premier abord, étant pris pour un monstre géant aux pouvoirs surhumains.
Le personnage de Bruce Wayne est interprété par Michael Keaton, acteur qui avait été très contesté pour le rôle par les fans du comic. Keaton rentre pourtant très bien dans le rôle, remplissant comme il faut chacune des deux personnalités de son personnage. Il arrive à jouer l'étrange playboy milliardaire ainsi que le héros masqué semant la peur dans le coeur de ses ennemis.
Le caractère du personnage de Wayne se dévoile notamment au travers de sa relation avec la journaliste Vicki Vale, qui nous en apprend plus sur lui en dehors de sa façade habituelle de milliardaire ou de justicier et nous montre ses problèmes humains. Les relations et les personnalités sont développées de cette façon, avec quelques autres dialogues donnant une contenance et une histoire crédible aux personnages. L'attachement entre Bruce et son majordome Alfred se fait aussi ressentir par la même occasion.


Mais de tous les personnages, celui qui se détache du lot est le Joker, interprété par Jack Nicholson. Plutôt que d'en faire un comédien raté comme dans le comic, il a été choisi d'en faire un meurtrier, ayant déjà un pied dans le vice. Il chute donc de moins haut dans la folie criminelle, mais son passage d'un homme normal au Joker se fait de façon appropriée : d'abord sa transformation physique, puis son passage peu à peu dans le délire après avoir vu le résultat de sa défiguration. Et dès le premier rire tonitruant poussé par sa nouvelle identité, le Joker va aller de plus en plus loin dans la démence.
C'est sûrement le méchant le plus connu parmi les comics de Batman, d'où ce choix là, qui s'avère très bon pour ce premier opus. Le personnage en lui-même est déjà la folie incarnée, son pouvoir vient de sa puissance alliée à sa folie pure qui le rend hallucinant et hystériquement drôle. Nicholson est au sommet de son art dans ce personnage de plus en plus colossal et dingue, qui lui semble être taillé sur mesure tellement il l'incarne parfaitement bien, trouvant la gestuelle et le ton des répliques qu'il faut pour pousser le délire jusqu'à son paroxysme.
Le Joker en vient même à éclipser le personnage de Batman. En toutes occasions du début à la fin il est pris par, et même personnifie, la folie furieuse, et ce même après sa fin, puisque son rire se fait encore entendre en quelque sorte après sa mort. Cela atteste parfaitement de la puissance du Joker et de son humour ravageur, dont la démence outrepasse la mort.


Batman est une très bonne adaptation du comic book destinée à un plus grand public, mais surtout un film spectaculaire mêlant atmosphère sombre, excellent humour noir et des scènes d'action impressionnantes.

Bande-annonce VF :

lundi 4 janvier 2010

Jay & silent Bob do Degrassi



Fiche des épisodes :
Réalisateurs : Philip Earnshaw, Graeme Campbell
Année : 2005
Genre : Dramatique
Résumé : Kevin Smith tourne son prochain film au Canada, et plus précisément au lycée de Degrassi dans lequel ses personnages de Jay et silent Bob vont étudier.

Avis sur les épisodes :
Kevin Smith ne le cache pas, il est fan de Degrassi junior high aka Les années collèges. Ce depuis qu'il regardait cette série lorsqu'il travaillait au Quick stop, le lieu de tournage de Clerks, et a fait par la suite des références fréquentes à la série dans ses autres films. Aussi, il accepta de tourner avec son ami Jason Mewes dans quelques épisodes de la nouvelle série Degrassi the next generation dans son propre rôle et celui ce son alter-ego Silent Bob, accompagné de Jay joué par Mewes.



Si Smith est fan de Degrassi et y apparaît de son plein gré, le spectateur a de quoi se questionner dès le début du premier épisode quant à la connaissance du View Askewniverse par les scénaristes de la série. Bien que dans la toute première scène figurent Alanis Morisette (apparue dans Dogma et Jay & Bob contre-attaquent) ainsi que les deux dealers, ce qui suit n'a rien à voir avec l'univers de Kevin Smith. Le fait que toute profanité soit supprimée est compréhensible, mais il est par contre révoltant de voir que Bob parle -face à la caméra de plus- dès le départ ! Le fan de Smith est d'ores et déjà abasourdi par son incompréhension totale, et n'en a pas fini puisque c'en est ainsi durant tous les épisodes.
A la suite de cette première scène-choc, l'histoire se focalise sur les personnages principaux de la série et leurs histoires sentimentales dont l'intérêt est réduit, surtout pour ceux ayant été attirés uniquement par l'évocation des noms de Jay et Bob. Malheureusement, Kevin Smith lui même a été entraîné dans ce flot de mièvrerie ambiante puisque lui aussi a une histoire romantique avec un des personnages. Cela se finit assez abruptement puisqu'immédiatement après qu'elle ait embrassé le réalisateur, la femme en question demande son petit ami en mariage.



Mais même lorsque l'on en revient aux apparitions de Smith et de Mewes, c'est la même chose : leur univers propre n'est présent qu'en apparence, mais est substitué par un ersatz de scénario façon Kevin Smith, qui est en réalité complètement dépossédé de ce qui fait son caractère et est remplacé par une niaiserie propre à la série.
Même si Smith a réécrit ses répliques pour qu'elles lui ressemblent, tout ce qui se trouve autour gâche l'ensemble. Le film fictif qu'il réalise n'a rien de "Kevin Smith" en lui, car malgré les quelques efforts comme la référence à Star wars ou une blague presque grivoise qui consiste à se mettre des tampons périodiques dans le nez, le reste est complètement absurde et ne correspond pas du tout à la filmographie de Smith. A aucun moment il n'est expliqué pourquoi les deux dealers trentenaires se retrouvent au lycée, ni pourquoi certains éléments de leur vie fictive ont été effacés, ni pourquoi Smith engage des élèves incompétents pour jouer et composer la bande-son de son film.
Cela va parfois même plus loin que la contradiction, puisque l'on frôle presque l'irrespect dans le comportement de certains personnages par rapport à Smith et ses films.
Mais au grand désespoir des fans, le sommet du n'importe quoi est atteint dans une scène de bal réunissant toutes les invraisemblances qui étaient déjà présentes : l'univers de Smith massacré, des improbabilités quant à la réalisation, une histoire d'amour bancale, et comme cerise sur le gâteau l'arrivée de ninjas canadiens ; le tout interrompu à cause d'une histoire secondaire dans l'épisode qui nous plonge d'avantage dans le ridicule.



Les épisodes ont sûrement de quoi satisfaire les spectateurs de Degrassi ; mais pour les fondus de Jay et Bob, le mélange de crétinerie et de saccage d'un univers qui leur est cher devient très rapidement indigeste.
Jay & silent Bob do Degrassi est donc à éviter car, que les deux dealers du View Askewniverse soient présents ou non, c'est une déception nauséeuse sur toute la ligne.