jeudi 13 mai 2010

Film geek


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : James Westby
Année : 2005
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Melik Malkasian, Tyler Gannon
Résumé : Scotty Pelk travaille dans un vidéoclub. Il aime les films, il pense film, il parle film, il vit film. Mais le jour où il est viré, il n'arrive plus à s'y retrouver dans sa vie.

Avis sur le film :
Pour son quatrième long-métrage, James Westby reprend un sujet qu'il avait déjà abordé dans Subculture en s'inspirant partiellement de sa vie. Film geek parle de films, et d'un fou de films, comme Westby lui-même. Par son histoire, Film geek se rapproche d'un Clerks mais du point de vue de l'employé de vidéo-club, mais où celui-ci est honnête, mobilise ses connaissances encyclopédiques pour aider, et finalement se rapproche plus d'un Rain Man qu'autre chose.


Les premières images dépeignent un quotidien qui a l'air tout ce qu'il y a de plus ordinaire, si ce n'est que l'attitude de Scotty est légèrement exagérée, quoiqu'il est certain que de telles personnes existent. C'est de sa "geekitude" poussée à son paroxysme et qui, pourtant, rappelle tellement la réalité, que l'on rit. On rit de cette réalité presque coutumière pour les geeks de film mais qui, une fois posée sur l'écran pour offrir un regard extérieur, devient ridiculement risible.
C'est bien Scotty qui a raison pourtant, en face des clients incultes louant des films en 4/3 et non en 16/9ème. Mais Westby dissimule pourtant les points positifs d'un vie pareille, quels qu'ils soient, pour se concentrer sur les désagréments d'un tel don doublé d'une malédiction. Quand Scotty est viré, on découvre l'enfant qu'il est au fond de lui, l'incompétent, mais c'est dans son malheur qu'on le connaît vraiment et que l'on s'en approche. Ce qui lui arrive nous importe, le spectateur voudrait le voir réussir à trouver un job en lien avec sa passion, ou même le voir trouver le courage de parler à cette fille dans le métro qui lit un ouvrage sur Cronenberg.


Dans une autre scène, cette même fille prénommée Niko pose la question parfaite : pourquoi Scotty, et nous en général, aimons les films ?
L'occasion rêvée pour s'interroger, et l'explication de Scotty qui s'ensuit nous donne des titres à consulter plutôt qu'une analyse de la fascination pour le cinéma, comme lors de ces passages où les listes des films préférés du héros s'affichent. Néanmoins le point de vue de Scotty, qui voit les métrages comme un moyen d'être quelqu'un d'autre en un lieu différent, s'oppose à Film geek qui nous confronte à la réalité telle qu'elle est de par ses airs de documentaire et ses environnements à l'aspect authentique, où Scotty est bien obligé de se rendre à l'évidence qu'en dehors du cinéma il ne connaît rien.
C'est ça qui fait que Film geek est fabuleux, le réalisateur n'a pas cédé à l'embellissement du happy end, et même s'il paraît y en avoir un, c'est pour mieux nous frapper juste après en nous assénant une scène finale qui ramène Scotty plus bas que terre d'une manière plus cruelle que l'on n'aurait pu l'imaginer.


Film geek c'est 70 minutes durant lesquelles on ne s'ennuie pas, il y a toujours quelque chose qui se passe grâce à de très bons scénario et montage qui prouvent que le budget est secondaire. Il y a du drôle, du triste également, justement parce que l'on remarque avec affection ou effroi que le film est d'une grande justesse sans se bercer d'illusions, aucune. Et pourtant même si tout semble pointer vers une connotation négative en exposant avec fidélité une misère humaine bien visible, Film geek remet en question mais rappelle pourquoi les films plaisent, et conforte dans ce même état d'esprit.
Le principal défaut de ce long-métrage est qu'il est limité par le petit groupe de spectateurs visé en dehors duquel ce film n'aurait absolument aucun succès. Mais c'est aussi sa principale qualité, étant adoré par ce même groupe qui comprend et se sent compris, l'expérience nécessitant de pouvoir vivre le film, ceci étant une occasion dès lors facile à saisir pour les geeks de films, le réalisateur faisant partager sa propre vie mise en avant sur l'écran telle une offrande à ses comparses.

Bande-annonce VO :

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