jeudi 20 mai 2010

Street trash


Fiche du film :
Réalisateur : Jim Muro
Année : 1987
Genres : Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto, Jane Arakawa
Résumé : Les aventures d'une bande de sans-abris traînant près d'une décharge, et dont le quotidien déplorable est chamboulé par l'apparition d'un alcool qui a d'étranges effets secondaires sur ceux qui le boivent.

Avis sur le film :
Baigné dans une culture gore née pour lui avec I drink your blood, Jim Muro s'inspire de la décadence de l'Amérique de son époque pour créer avec son ami Roy Frumkes un véritable ovni à faibles moyens mais de grandes ambitions, suivant la voie tracée par Sam Raimi en reprenant de son Evil dead les mouvements de caméras brusques. Mais avec Street trash, le duo veut s'éloigner d'avantage des conventions tout ce qu'il y a de plus correctes, et pour ce faire ils s'attaquent rapidement au bon goût grâce à un arsenal d'immondices, de pets, de sexe et d'eau de feu qui liquéfie les buveurs ; le tout dans un décor crade au naturel composé de rues malfamées autour d'une décharge publique, dont la laideur n'est atténuée par aucun artifice.


Au contraire, les personnages sont tous des vagabonds que l'on suit tour à tour s'adonner à leurs vices divers tel que le vol, le viol ou le meurtre. Il est à croire que seuls les personnes à l'air le plus misérable possible aient été séléctionnées pour figurer au générique, et leur gueuserie est soulignée par des blagues déplacées à leur sujet faites de phrases types sorties de leur contexte pour effectuer un décalage supplémentaire avec la normalité.
Néanmoins leur physique peu commun est accompagné d'un investissement particulier de leur part. Certains sont des habitués de séries Z, comme Pat Ryan issu de films de la Troma, pour d'autres Street trash restera leur premier et dernier film, le temps d'une prestation hors-norme avant qu'ils ne ressombrent dans l'oubli. Les rôles sont peu aisés mais les interprétations de déséquilibrés mentaux sont à saluer, et c'est d'autant plus le cas pour les rôles féminins plus difficiles et ingrats, les actrices étant à chaque fois vouées à être souillées.


Bien qu'il soit question de cette boisson nommée Viper qui transforme ses consommateurs en bouillie, ce n'est qu'une partie de l'histoire, qui est essentiellement composée de sketchs qui ont un vague lien entre eux de par les personnages, même si on ne revoit plus la plupart dans la suite du film.
Les scènes gores réalisées avec les moyens du bord restent surprenantes par leur vive originalité dont le traitement coloré est à la hauteur de l'imagination, mais restent trop disséminées pour former à elles toutes un auguste florilège d'entrailles éparpillées.
Quant à la musique et le montage confus, parsemés d'effets bizarres, il en émane un sentiment de malaise entre plaisir et dégoût ; mais à ne rien vouloir faire dans les règles, des défauts sautent aux yeux avec en première ligne le son dont le décalage avec l'image est terrible, et le montage maladroit qui décrédibilise certaines scènes.


Street trash a pourtant réussi à braver l'épreuve du temps, car se plaît dans son immoralité la plus complète, les différentes formes du vice exposées recouvrant les traces d'humanité qui restent.
Il est certain qu'il ne s'agit pas là d'un film à mettre entres toutes les mains, et qui dispose de plus d'éléments qui tendraient à déplaire plutôt que plaire, ce dernier cas nécessitant d'avoir un mauvais goût développé.
Ce qui est à regretter, c'est que Jim Muro n'ait pas décidé de continuer dans la même lignée que ce premier long-métrage, ayant au contraire renié sa production qu'il attribue à l'oeuvre du démon ; lui en qui l'on voyait "l'enfant prodigue du cinéma gore" aurait probablement pu avoir un destin à l'image de ses confrères Sam Raimi, Peter Jackson ou Frank Henenlotter.

Bande-annonce VO :

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