vendredi 7 janvier 2011

Faites le mur


Fiche du film :
Réalisateur : Banksy
Année : 2010
Genre : Documentaire
Acteurs principaux : Banksy, Thierry Guetta, Rhys Ifans, Space invader
Résumé : Tout a commencé lorsque le Français Thierry Guetta, son caméscope en permanence fixé à la main, s'est intéressé au street art et a décidé d'en faire un documentaire. Il suivit de nombreux graffeurs, mais son but était de rencontrer le plus connu d'entre eux, son idole : Banksy. Une fois cela fait, c'est vers Thierry que la caméra se tourne, celui-ci jugé par l'artiste comme étant un sujet beaucoup plus intéressant.

Avis sur le film :
Vers le début des années 90 sont apparus sur les murs de Bristol des tags signés Banksy, un artiste urbain qui se démarque par son style particulier mêlant originalité graphique et pertinence du propos représenté seulement visuellement. Ses oeuvres exposées temporairement aux yeux de tous dépassent les limites fixées par la loi, tout comme son audace vient s'afficher au delà des frontières, et depuis le graffeur Britannique a fait parler de lui sur les télévisions du monde entier.
Resté anonyme durant tout ce temps, cela ne l'a pas empêché de participer à un épisode des Simpson, de publier des ouvrages compilant ses oeuvres, ou plus récemment de sortir le film Faites le mur qu'il signe en tant que réalisateur.


Bien qu'il soit le nom qui fasse vendre ce film, Banksy n'en est pas le sujet principal. Lui-même nous renvoie dès le début vers "Thierry Guetta", soit-disant le vrai sujet, alternant néanmoins avec ce que les deux cinéastes amateurs souhaitaient faire au départ, à savoir filmer le street art.
Tel que le dit Banksy, nous n'assistons pas à Autant en emporte le vent, puisque le long-métrage s'assimile à une feuille portée par le vent, avançant sans destination précise. Il ne progresse qu'au gré de ce qu'il se passe dans la vie nocturnes de ces graffeurs, dont nous obtenons des témoignages et dont nous voyons les tags au fil du temps, en tombant de temps à autres sur certains passages amusants.
Les rencontres sont dès lors intéressantes, notamment celle avec une figure emblématique qu'est le créateur du poster "Obey" ; mais "document" serait un terme plus adéquat que "documentaire" pour désigner Faites le mur, qui ne fait que montrer ce qu'a capté l'objectif sans réelle construction si ce n'est celle chronologique, et sans nous en apprendre tellement sur l'art de la rue.


Il ne reste qu'à admirer l'originalité des oeuvres présentées, comme s'il s'agissait d'un reportage projeté au cinéma, ce qui se laisse faire agréablement ; et pourtant ensuite le film prend un nouveau tournant une fois que l'on s'intéresse réellement à Thierry Guetta, renommé "Mr Brainwash" du jour au lendemain. En ne s'appuyant que sur ses contacts et son culot pour se faire connaître, il monte une exposition et se prend pour le nouveau Warhol alors qu'il ne fait que donner des ordres à des employés ou rajouter un coup de peinture sur la Joconde pour la vendre à 12000$.
Ce personnage créé de toutes pièces intrigue, car est en totale opposition à ce que Banksy disait faire et ce qu'il voulait faire savoir concernant les motivations des street artists. Et c'est cela qui, après quelques sourires au cours du visionnage du film, continue de faire vivre ce dernier au delà de la sortie de la salle de cinéma.
Mr Brainwash éclaire sur tout le reste du long-métrage, qui n'était en réalité jusqu'alors qu'une présentation des plus simples du monde des graffeurs, pour ensuite se diriger vers une parodie du commerce de l'art de nos jours par le biais d'un énorme canular.


Banksy nie que son film est un coup monté, mais ne fait par cela que réagir de la même façon que comme lorsqu'il a par le passé ironisé sur les spéculations concernant son identité. Encore une fois Banksy se moque de ceux qui n'ont toujours pas compris ses motivations, et ce peu importe que l'on ait saisi ou non la raillerie. Avec Faites le mur il fait d'une pierre trois coups : dire de quoi il est vraiment question dans le street art, se mettre en avant sans en avoir l'air, et se moquer de l'avilissement contemporain de tout ce qu'on peut désigner comme étant de l' "art" uniquement pour les profits que l'on peut en tirer.
Si au moment du visionnage le film n'est que moyennement divertissant, l'essentiel se trouve dans la réflexion après-coup ; cette oeuvre fait partie de celles utiles où le spectateur fait la moitié, afin d'être plus en profondeur marqué par le message.

Bande-annonce :

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