dimanche 20 février 2011

Le discours d'un roi


Fiche du film :
Réalisateur : Tom Hooper
Scénariste : David Seidler
Année : 2010
Genre : Drame
Acteurs principaux : Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter
Résumé : Incapable de déclamer un discours sans bégayer, le duc de York, Albert Frederick Arthur George, ne se voit pas accepter la couronne royale à la succession de son père et avec elle le sort d'une Angleterre à la veille de la crise. Tous les médecins anoblis ont été consultés pour remédier à son défaut d'élocution, sans résultats. En dernier recours, sa femme fait appel à un orthophoniste aux méthodes moins conventionnelles.

Avis sur le film :
Si l'on retient généralement de la seconde guerre mondiale Hitler, le général De Gaulle dans l'héxagone, et Churchill éventuellement de l'autre côté de la Manche, le scénariste de Tucker, David Seidler, s'est lui intéressé au roi Georges VI, beaucoup moins connu. Lui-même souffrant de bégaiement lors de son enfance, il se passionna pour ce souverain qui réussit à surmonter son problème et qui put donner des discours radio-diffusés, et ce fut même le premier sujet sur lequel il voulut écrire un script. Cela explique que l'on fasse un film de deux heures, qui débouche sur un discours qui n'a pas même marqué l'Histoire, un évènement mineur parmi tant d'autres qui n'auraient pas nécessairement besoin que l'on s'attarde dessus, s'il n'y avait pas la fascination particulière d'un auteur pour en faire un sujet digne d'intérêt.


Ce simple discours qui a demandé tant d'efforts insoupçonnés à une seule personne peut en définitive, dans le contexte de conflit international, représenter l'un de ces évènements relativement insignifiants, comme une goutte d'encre sur l'infini parchemin narrant l'Histoire de l'humanité, un petit rien parmi d'autres mais qui participe à un grand tout d'une importance capitale qui dans le cas présent serait l'annonce de la guerre. Quoi qu'il en soit, le traitement cinématographique suffit à donner du poids à ce fameux discours et au problème de bégaiement qui le précède. Le travail de recherche en profondeur de David Seidler se ressent, puisqu'à partir du thème du défaut d'élocution la caractérisation du personnage principal et de son souci se fait avec une précision croissante et avec subtilité, lors d'analyses sous-jacentes entre l'orthophoniste et son patient au cours de dialogues très bien élaborés quant à leur enchaînement et leur progression scénaristique qui les fait paraître naturels. Sans jamais plonger au coeur du problème de prononciation pour y remédier définitivement, ce qui n'arrivera pas même à la fin du récit, Le discours d'un roi distribue ce qu'il faut d'informations au public en même temps qu'il fait passer des émotions qui peuvent varier au cours d'un unique échange verbal ; régulièrement du rire mais la plupart du temps de l'attristement et de l'inquiétude quant au sort du personnage principal.


Voir ce roi devoir réciter ses discours alors qu'il n'y arrive pas, pas même capable de discuter sans être bloqué ou de raconter une histoire à ses filles correctement -ce qui fait par ailleurs partie des moments de parfaite caractérisation du personnage- rien que cela suffit à nous placer dans le même malaise que lui. Chaque raclement de gorge, chaque mot saccadé durant une déclaration officielle est amplifié par le micro ; mais heureusement pour le spectateur son calvaire se termine quand le montage coupe, alors qu'il ne s'agit pour le roi que le début de son cauchemar. Cet inconfort se poursuit néanmoins tout au long du film, et crée du stress à voir le personnage ne pas progresser. De plus la mise en scène insiste beaucoup sur l'oppression, empêchant au début une tranquilité par le cadre serrant le Duc de York entre le coin de l'image et celui du fauteuil où il est installé. Ce choix de plan est très insistant, mais ne peut que déranger par son étrangeté visuelle et par la clareté de ses intentions.
Le film brille par sa construction narrative et quelques bonnes idées de montage dont alternance au cours d'une scène entre les exercices du médecin et une allocution devant le peuple, mais est aussi porteur d'un sous-texte invitant au questionnement.
Même s'il omet en apparence les torts de la royauté durant la seconde guerre mondiale, Le discours d'un roi semble remettre en cause tout un système mais de façon moins appuyée.


Le roi George VI doit son titre à ses liens de sang et non ses compétences, celles-là même qui manquaient à son frère qui fut démis de ses fonctions, et après tout que fait-il si ce n'est lire les discours rédigés pour lui ? Son seul devoir présenté dans ce long-métrage est de les réciter aussi correctement qu'il le peut, suite à quoi ses subordonnés hypocrites le congratulent puis tout son peuple l'acclame.
On y questionne également le pouboir symbolique d'un discours, dressant une superbe parallèle entre celui donnant le titre du film et celui prononcé par Hitler dans une vidéo d'actualités lors d'une scène où le roi avoue à sa fille ne pas savoir ce que dit le Fürher mais qu'il le dit bien.
L'admiration que peut porter David Seidler pour le roi George VI se traduit par un script de qualité, accompagné d'une bonne réalisation, mais elle n'empêche pas de placer dans Le discours d'un roi un message qui expose avec finesse le ridicule d'un constat sur la royauté.

Bande-annonce VOST :

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