vendredi 25 février 2011

Student bodies


Fiche du film :
Réalisateurs : Mickey Rose et Michael Ritchie
Scénariste : Mickey Rose
Année : 1981
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Kristen Riter, Matthew Goldsby, Jerry Belson, The Stick
Résumé : Un tueur qui se fait appeler "The breather" à cause de son asthme menace les élèves d'un lycée en assassinant tous ceux ayant des relations sexuelles.

Avis sur le film :
A l'orée des années 80, alors que les slashers se développaient en grand nombre, les premières parodies du genre commencèrent à poindre elles aussi leur nez. L'une des premières fut Student bodies en 1981, produite par Paramount, qui peut figurer comme le croisement entre les routes de deux films de la même maison de production sortis un an auparavant : la comédie Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, et le premier opus de ce qui devint une grande saga d'horreur, Vendredi 13. Cependant, si la société a financé cette réalisaiton de Michael Ritchie, c'est dans des conditions spéciales, cherchant avant tout à sortir beaucoup de films qui ne soient pas liés à la Writer's guild of America tandis que des scénaristes étaient en grève, ce qui poussa le réalisateur à dissimuler son nom au générique pour ne pas s'attirer les foudres du syndicat.


Aujourd'hui la référence dans le genre de la parodie reste le trio formé par Jim Abrahams et les frères Zucker, souvent imités sans qu'aucun n'ait pu égaler les bases posées avec Hamburger film sandwich mais surtout Y a-t-il un pilote dans l'avion ?. Avec ce dernier film, bien qu'en 1981 il soit trop tôt pour y voir une influence, Student bodies a pour point commun involontaire un début difficilement comique. Ce qui le différencie, c'est qu'il ne tend pas à provoquer l'hilarité par la suite.
Il y a beaucoup à dire et à critiquer concernant le cinéma d'horreur, le scénariste Mickey Rose semble l'avoir compris, mais ce qui aurait pu être pertinent est entravé par une envie de placer autant de bouffonneries que possible, à tout instant. N'importe quelle occasion est bonne à saisir, et avant même le début du récit les blagues poussives pleuvent déjà par des titres à l'écran qui sur-exploitent un même gag à la base lui-même faible comme si, ne pouvant choisir la date de début entre "Halloween", "L'anniversaire de Jamie Lee Curtis" ou "Vendredi 13" quel est le plus -dans une certaine limite- amusant, il a été choisi de tout mettre à la fois.
Rares sont les passages qui décrochent un sourire, mais ils sont aussi entrecoupés de plaisanteries forcées qui non seulement ne sont pas drôles, mais amènent peu à peu l'agacement. Le scénario cède rapidement aux facilités les plus piteusement basiques, par l'usage classique du pet, que ce soit sur un chien ou un cadavre. Et encore, il y a ces moments tout autant dénués de sens que d'humour, telle cette scène déconcertante du bout de poulet ramassé, rattaché au pilon auquel il appartient par un élastique, puis remis dans le réfrigérateur.


La parodie, par définition, fait dans l'excès, mais très souvent les films qui s'y rapportent tombent dans la lourdeur, et c'est le cas de Student bodies. Il y a de bonnes idées au niveau de la musique et du montage pour s'acharner exagérément sur une montée d'escalier interminable afin que la ponctuation dramatique devienne humoristique, ou pour un meurtre dont le découpage des plans est prolongé au delà de la logique. Mais dans ce dernier cas le film a du mal à se positionner assez clairement dans la dérision et, ici, une plus grande insistance aurait été nécessaire pour ne pas tant faire hésiter entre l'impression d'un mauvais travail de post-production et un défaut voulu, surtout que les deux sont difficiles à démêler à cause de la bizarrerie inquiétante de ce qui a précédé dans le long-métrage.
Quand le film attaque le slasher de façon justifiée par rapport aux clichés du genre, c'est en tournant principalement autour du principe de "sex kills", que l'on peut tirer de sagas comme Vendredi 13 ou Halloween, ou en pastichant la figure du tueur suivi en vue subjective et à la respiration trop appuyée pour appartenir à quelqu'un qui ne soit pas détraqué psychologiquement. Ce dernier point s'appuye sur une réalité mais occupe trop de place dans le long-métrage alors que cet effet grandement appuyé est agaçant dès le début.
Arrivé à un certain point, il faut sortir du film en lui-même, notamment par l'introduction d'un censeur expliquant comment être classifié "R" pour attirer un plus large public, afin de faire rire. C'est aussi le cas de la fin, très étrange et visiblement juste une façon de conclure lorsque le film de plus en plus tiré par les cheveux se retrouve dans une impasse, mais assez agréable par le simple fait qu'elle change du reste.


Student bodies ne parvient pas à se dépêtrer de gags lourds, qui camouflent l'histoire avant qu'elle n'apparaisse clairement vingt minutes avant le générique, lorsque l'on tente de nous faire nous soucier des personnages alors qu'il est trop tard, n'ayant jusque là pas remarqué qu'ils avaient une fonction autre que d'amener des sottises qui s'enchaînent beaucoup trop pour être de qualité.
Cet essai dans la caricature du slasher est tout de même loin des horreurs que nous servent de nos jours des personnes telles que Friedberg et Seltzer, mais malgré sa place dans l'histoire de la parodie il n'a pas de quoi marquer les esprits, que ce soit en bien ou en mal, si ce n'est par la présence du mystérieux "The Stick". Ce comédien aux membres élastiques n'est apparu nulle part ailleurs au cinéma ; ici dans son rôle de Melvin le concierge il est une curiosité suffisante pour avoir inscrit le seul film de sa carrière dans la mémoire du public et, pour certains, est leur seule raison pour avoir terminé de regarder Student bodies. En dehors de son nom de scène, son identité est restée inconnue des années durant, jusqu'à ce qu'en 2010 il semblerait avoir été reconnu comme étant Patrick Varnell, décédé depuis une quinzaine d'années.

Bande-annonce VO :

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