Samedi 14 mai - Jour 1 (suite) :
J'ai enchaîné avec un documentaire sur Michel Petrucciani, qui a pris du retard. Dans la file d'attente, un type m'a parlé de films Iraniens en me postillonant dessus.
Une fois dans la salle, je me rends compte que ce qu'a dit un chroniqueur sur le blog de Chronic'art dédié au festival était vrai. On m'avait fait lire son avis sur un des premiers jours, où il parlait de l'envie d'une douche durant chaque jour du festival, et incluait ça dans ses critiques, décrivant Sleeping beauty comme une douche glaciale.
Eh bien pendant le documentaire sur Petrucciani, j'ai vraiment eu l'impression que j'avais besoin d'une bonne douche, en effet, et ce indépendamment de la qualité de l'oeuvre en elle-même.
La salle était certes confortable, comme me l'a dit le postillonneur, mais vraiment mal construite : l'écran est trop proche des sièges et les personnes placées sur les côtés voient l'image aplatie.
Michel Petrucciani, body and soul
L'affiche était aussi au festival. Elle n'est pas sur le net. |
Année : 2011
Genre : Documentaire
Avis sur le film :
J'ai du choisir entre voir A bronx tale et attendre des heures, ou voir d'autres films. J'ai choisi déjà Porfirio, qui m'intéressait assez, et puis après celui-là, dans les projections m'attirant un minimum, il y avait Michel Petrucciani, que je suis allé voir sans être trop motivé, vaguement intéressé, en tout cas plus que pour aller à une autre séance, et ce parce qu'on m'avait lu la veille que ça parlait d'un musicien nain.
Apparemment très célèbre, il m'était totalement inconnu, et ce documentaire allait être l'occasion pour moi de le découvrir totalement.
Les premières scènes laissent croire à de mauvaises reconstitutions des évènements placées entre les images d'archives, mais en réalité, si la différence de grain est marquée entre les deux, ce n'est pas à cause d'une tentative de reconstitution cheap, mais l'intercalement de vidéos récentes de personnes ayant côtoyé Michel de son vivant. Les intervenants n'étant nullement annoncés par un texte nous indiquant qui ils sont, cela crée une confusion au premier abord, et pour certaines personnes on ne fait que deviner que bien tard qui elles sont.
Il y a cependant à d'autres moments de réelles images de reconstitution pour illustrer de brèves actions, trop visiblement factices pour ne pas gêner. Mais leur usage est-il contestable finalement ? Les réaliser de sorte à ce qu'elles ressemblent davantage à des images d'archives aurait moins dérangé visuellement, mais n'aurait-ce pas été malhonnête de faire croire qu'elles étaient vraies ? L'importance de leur place dans le film tout simplement peut être remise en doute, mais elles servent quelque peu à varier le récit, pour qu'il n'y ait pas à l'image que des témoignages.
Du reste, les vraies images d'archives sont correctement intégrées au film aux côtés des interviews récentes, le lien entre eux se fait par des paroles se rejoignant, une musique du passé illustrant les images et propos du présent, et dans ce cas-là le montage se fait parfois très astucieux et précis.
Fait suffisamment rare pour être signalé : dans ce documentaire, il y a beaucoup de contradictions, et le réalisateur joue là-dessus. C'est lié à la personne de Petrucciani, mythomane qui invente sans cesse des histoires (il dit avoir joué toute la nuit avec un futur collaborateur avec qui il s'est de suite entendu), il ment tout simplement quand il dit ne jamais avoir pris de drogues - et à ce moment il y a comme détail amusant le fait que deux vidéos successives soient liées par le grattement de nez de deux personnes - ou bien il suffit des propos des autres qui lui attribuent eux-même une histoire à caractère prophétique, puisqu'une des personnes avec qui Michel allait travailler a lu des écrits évoquant un homme aux os cassés qui allait venir de l'autre côté de la mer pour le sauver. Il arrive aussi qu'on invente à sa place, à moins que les conteurs se trompent simplement en pensant que Michel a fait ses débuts par hasard en improvisant une démonstration de ses talents devant un musicien star, alors que d'autres affirment qu'il était déjà prévu qu'il joue.
Contrairement à ce qu'on aurait pu penser en allant voir un documentaire sur un musicien nain et victime de la maladie des os de verre, le film n'est pas triste et ne cherche pas à nous accabler. C'est là aussi lié au personnage de Michel Petrucciani, boute-en-train perpétuel chargé d'énergie, d'humour, d'envie de vivre et de persévérance.
Ce que je retiens facilement du documentaire, c'est aussi le fait que contre toutes attentes, c'était un homme à femmes. Il pouvait en quitter une sans problèmes et en trouver une nouvelle en une semaine. Alors qu'il a abandonné certaines de ses compagnes sans laisser un mot ni répondre à leurs appels, nombre d'entre elles acceptent de répondre face à la caméra, revenant sans rancune et parlant de Michel en de bons termes, alors que la plupart racontent avoir eu le coeur brisé par la séparation, comme si tout indiquait que leur amour se poursuivait encore.
Ce documentaire m'a permis de connaître un personnage atypique qui m'était totalement inconnu, mais en dehors de la connaissance de son histoire, rien que de le voir jouer frénétiquement du piano à s'en briser les os est impressionnant.
Le film n'en reste toutefois pas là, très bien structuré et organisé entre les diverses vidéos à sa disposition, alors même qu'il suit globalement une simple progression chronologique.
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To be continued…
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