jeudi 26 mai 2011

Festival de Cannes 2011 (Compte-rendu 6)


Lundi 16 mai - Jour 3 (suite) :
Dans l'impossibilité de rentrer pour Tree of life, car il n'y avait absolument aucune place suppémentaire pour l'accès de dernière minute, je me rends à un autre cinéma pour The devil's double, que mes comparses m'ont proposé d'aller voir. Il ne reste qu'une place après que la presse soit passée, et elle est donnée à une femme plus âgée. Mon groupe est allé voir le documentaire sur Michel Petrucciani à la place.
Je décide de tenter un film d'horreur, Birthday, qui passe au même hôtel-ciné que Red state plus tard.
Le même ouvreur que la veille m'indique à quelle femme m'adresser pour avoir une invitation : une dame d'un certain âge à la voix effacée, qui contrastait à mes yeux avec le film dont elle s'occupait.

Birthday

(absolument aucune image n'est disponible sur internet)

Fiche du film :
Réalisateur : Alex McCall
Scénariste : Robert Beedham
Année : 2011
Genres : Horreur / Fantastique
Acteurs principaux : Shian Denovan, Patrick Bergin, Robert Cavanah
Résumé : Chaque année, une jeune femme est hantée par sa mère défunte, le jour de son anniversaire.

Avis sur le film :
Si j'avais vu Birthday autrement, à savoir d'une autre façon que gratuitement au Marché du film, j'en aurais écarté mon regard de suite. J'avais effectivement envie de quitter la salle dès le début, comme certains des acheteurs l'ont fait sans se gêner dès une dizaine de minutes voire moins, malgré la présence de membres de la compagnie s'en occupant au Festival, mais je n'avais rien à faire d'autre en attendant Red state qui serait projeté deux heures plus tard.
Ce qui dérange immédiatement dans le film, et qui marquera clairement de sa trace indélébile tout le reste du long-métrage, c'est ce caractère abusif qui entache la bobine. Un abus visuel déjà, avec ce ciel bleu d'une artificielle laideur et censé créer une atmosphère plombante de film d'angoisse, et de très nombreux abus concernant les actions présentes dans le scénario dont le grotesque est souligné par la mise en scène, notamment avec cette femme surprise par son portable et qui se verse du vin rouge sang sur sa robe, ou cette voix caverneuse de fantôme qui ne fait pas dans la dentelle en prononçant des "die bitch" bien directs.

Il y a bien, vers le début, un ou deux effets de styles acceptables, avec par exemple cette façon de poser le décor dans un musée qui consiste à faire apparaître des masques anciens par flashs, mais cela s'inscrit déjà dans l'excès caractéristique du film, qui se fait encore plus prononcé par la suite, surtout avec ces zooms et cette musique tonitruante horripilants par le fait qu'ils essayent de nous remplir le crâne avec des clichés de film d'horreur poussés au delà des limites, pour s'assurer qu'on saisisse dans quel genre se place le spectacle auquel nous assistons, à défaut de pouvoir faire peur.
Le scénariste a aussi pour intention de faire légèrement dans le trash, puisque l'héroïne s'urine dessus et vomit à un moment, les deux en même temps.

Je dois avouer que là encore, je me suis endormi dans le film, mais sciemment, ce qui doit être une première me concernant, dans une salle de cinéma du moins. Il faut dire que Birthday s'y prêtait bien : on ne pouvait me reprocher de rester, même en roupillant, alors que nombreux sont ceux qui sont partis, et d'ailleurs je me suis demandé comment d'autres que moi et l'équipe du film avaient pu rester, surtout qu'ils étaient au moins une dizaine quand je me suis retourné, n'ayant plus grand monde devant moi.
Quoiqu'il en soit, je ne comprenais pas plus après mon sommeil qu'avant, et je précise que ce n'était pas à cause de l'accent anglais des acteurs.
Le film s'inscrit soit dans une temporalité qui m'a échappé, soit il n'est pas tellement porteur de sens. L'introduction est un assemblage de scènes en vrac, comme un clip si on se base sur la chanson qui se fait entendre en même temps, mais il s'agit en réalité, tel qu'on le découvre après, d'images du film éparpillées. Ni preview du film, ni résumé, ni foreshadowing, ce n'est qu'un mélange confus de vidéos jusque là incompréhensibles, une mauvaise idée pour ouvrir son long-métrage.
Même plus tard, avec les vidéos dans le bon ordre et accompagnées de paroles, des questions restent sans réponses. Qui est cette femme blonde qui apparaît soudainement quand le méchant jette un sort, et qui se retrouve aux côtés de l'héroïne plus tard comme si sa présence était normale ? Pourquoi est-ce que Victor prétend depuis le départ être le gardien de la demeure alors qu'il en est le propriétaire ? De plus, les scènes et lieux qu'elles présentent paraissent être raccordés sans se suivre.

La présence de cette femme à l'air innocent qui m'a donné une invitation m'a tout de même rappelé le côté humain de l'industrie du cinéma, qu'on oublie trop souvent afin de démolir une création. Quand aux effets de style du début, ils m'ont fait me rendre compte que derrière ce film il y a un réalisateur qui a eu des intentions de mise en scènes et qui a tenté de les mettre en application.
Pourtant les acteurs ne sont pas mauvais, et finalement il y a trop d'erreurs qui ne peuvent être attribuées qu'au réalisateur, au scénariste, et au monteur (une scène démarre tandis qu'on voit que l'actrice attend avant de fermer le coffre de sa voiture ; la facticité est ici visible alors qu'une coupe arrivant plus tard n'aurait rien laissé remarquer).

Clip vidéo :


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A la sortie de Birthday, je m'asseois pour prendre des notes, et à un certain moment je vois l'ouvreur arriver et dire à une femme "T'as vu la file pour Red State ?". Je me précipite : une quarantaine de personnes attendent. En sachant qu'il n'y a que 45 places. Je retourne voir l'ouvreur, qui me dit de ne pas compter essayer d'avoir des invitations, et je reviens vers la file, à laquelle quelqu'un d'autre s'est ajouté.

Il faut savoir que tous les gens présents n'étaient pas acheteurs mais des gens avec simplement leur badge. J'ai attendu 15 à 20 minutes, les acheteurs entraient les uns après les autres grâce à leur badge bleu à rayure mauve.
Un homme discutait avec la femme de IM global aux billets dans la main, essayant de négocier, voir s'il y aurait d'autres séances.
Il ne restait plus que deux places à un moment, je me souviens qu'on nous l'a signalé. Pleins de gens sont dès lors partis, même celui que j'avais entendu dire "je l'ai suivi depuis mon enfance", sûrement en parlant de Smith, alors même que d'autres arrivaient encore.
Les gens sont partis au fur et à mesure, et je me suis dit que j'attendrais encore, au cas où un acheteur sortirait rapidement, comme pour Birthday ou Yakuza weapon, et une nouvelle file s'est formée pour ceux souhaitant récupérer leurs places.
Je me donnais 15mn, j'en ai attendu 37 environ, je me suis retrouvé en tête de la nouvelle queue, deux personnes derrière moi, un groupe ayant tenu longtemps parti quelques instants plus tôt, et me demandant à quoi servait encore ma détermination.
C'est fou, au bout d'une dizaine de minutes un autre acheteur arrivait : il peut se permettre d'arriver en retard en pensant pouvoir entrer, ce qui doit être possible pour lui dans d'autres cas, alors que d'autres doivent attendre à la porte.
Un acheteur sort, mais fausse alerte : il revient.

Nous n'étions plus que deux à la fin, deux places se libèrent justement, mais deux acheteurs me passent devant : mon badge ne donne pas accès à la salle, et je n'ai pas d'invitation.
L'autre homme demande pourquoi les deux acheteurs sont passés, et l'ouvreuse répond qu'ils avaient un badge à rayure mauve.
Elle me demande si je ne savais pas que mon badge ne pouvait fonctionner ici, je dis que je n'ai pas demandé d'invitation à la femme qui tenait tous ces tickets, désormais partie avec les autres employées de sa société, car à ce moment là j'étais encore dans la foule, à quoi bon lui en réclamer ?
Je ne peux entrer.
Je tourne les talons et pars sans mot dire, en espérant que l'ouvreuse comprenait, non pas tant en colère, car même dans l'incertitude de pouvoir entrer en salle je n'arrivais pas à me fâcher, mais un peu dégoûté. Dégoûté surtout d'avoir vu un film d'horreur misérable ayant baissé la qualité moyenne des films vus à Cannes, à la place de Red state. Et si j'avais su, je serais allé voir The greatest movie ever sold, de Morgan Spurlock, à la place.

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