mardi 31 mai 2011

Festival de Cannes 2011 (Compte-rendu 7)


Mardi 17 mai - Jour 4 :
Avant le séance pour Snowtown, petit tour dans le Palais en passant par "L'entrée des artistes", que je n'avais pas vu jusque là. Nous comptions prendre un café, puis aller dans la salle où des dizaines de journalistes se réunissent pour écrire leurs articles sur le net, mais il était trop tôt et la salle était vide.
Peu avant, un de mes comparses me lisait sur son iPhone un article évoquant la malédiction des micro-endormissements propres à ceux vivant le festival, et ce introduit dans une critique d'Hors Satan.
Car en effet, à Cannes, on ne fait que deux choses : voir des films, et attendre de voir des films, souvent infructueusement dans le dernier cas. C'est en tout cas ce qui, malgré mes efforts, m'a empêché de voir trois films par jour, ayant conservé une moyenne stable de deux au cours de mon séjour. En tout cas, c'est dans l'incertitude de pouvoir voir ce qu'on veut qu'on se rend dans la file d'attente d'une séance, arrivant parfois très tôt pour avoir plus de chances d'avoir une place alors que la veille il a fallu veiller tard à programmer le lendemain et prendre des notes sur les films vus, et n'oublions pas d'ajouter à cela les heures passées à marcher d'une salle à une autre ou à rester debout dans une file d'attente.

Pour ma part, l'endormissement contre mon gré, je l'avais déjà subi dès le premier jour avec Porfirio, mais je sentais que ça allait me revenir avec Snowtown, étant donné le peu d'heures de sommeil que j'avais eu la nuit précédente.
C'est effectivement ce qui s'est passé, bien que cette fois-ci j'ai lutté, et j'ai ainsi vécu un phénomène étrange qui m'a situé entre rêve et réalité, les deux se brouillant encore plus curieusement que dans un film avec Freddy Krueger.


Snowtown


Fiche du film :
Réalisateur : Justin Kurzel
Scénaristes : Justin Kurzel et Shaun Grant
Année : 2011
Genre : Drame
Acteurs principaux : Lucas Pittaway, Daniel Henshall
Résumé du programme du Marché du film : When 16-year-old Jamie is introduced to a charismatic man, a friendship begins. However as the relationship grows so do Jamie's suspicions, until he finds his world threatened by both his loyalty for, and fear of, his newfound father figure, John Bunting : Australia's most notorious serial killer.

Avis sur le film :
J'aurais préféré The beaver mais il ne passait pas si tôt. Nous avons donc opté pour Snowtown, qui avait déjà attiré mon attention quand j'ai regardé les projections dans la file d'attente pour Porfirio, grâce à l'histoire du serial killer auquel le héros se lie d'amitié. Je m'imaginais tout de même que ça pouvait se révéler être un film d'auteur qui insiste sur la lenteur, comme ce Hors satan dont j'ai eu des échos, qui cite le diable dans son résumé mais qui serait d'un ennui terrible par un grand manque de quelconques actions ou paroles.
En réalité le résumé ici aussi est mensonger, il laisse à penser que l'adolescent rencontre John quand il est déjà serial killer, alors qu'il ne le devient qu'après... et "Australia's most notorious serial killer", si le personnage est caractérisé ainsi, c'est parce que ça ne correspond qu'à 11 victimes ; on est loin des USA.


Snowtown, comme je m'en doutais, est empreint de lenteur, mais à intervalles. Le long-métrage alterne lenteur, crudité, lenteur, brutalité, lenteur, etc...
Cela correspondait assez bien à l'état de somnolence dans lequel je me trouvais, m'asoupissant pour me réveiller quand quelque chose de plus dynamique se déroulait.
L'idée qui ressort du film serait celle d'un environnement calme, celle de n'importe quel quartier banal que l'on connaît, duquel surgit la violence sans qu'on la voie venir, tout comme pour ce personnage de John, charmant en apparence et tout d'un coup très brusque, et d'autres fois obscène.
Cela correspond aussi à ce monde où la violence repose sous une fine couche qui n'est que surface, en attente d'être révélée, car finalement omniprésente, en témoigne le serpent comme animal de compagnie qu'on nourrit avec des souris, ou l'enfant qui dit "je t'ai tué" lors d'une partie de jeu vidéo.


Le film accumule les scènes assez dénuées d'intérêt afin de mieux surprendre ensuite, que ce soit par une sodomie entre frères assez incongrue ou de la torture. Il y a eu à un moment une scène visiblement insoutenable pour une dizaine de personnes parties carrément en courant ; je ne l'ai pas trouvée si horrible, mais en tout cas assez bien réalisée, jouant sur la durée pour faire partager le caractère insupportable du moment entre le spectateur et le personnage de Jamie, qui finit par mettre fin à ce supplice en achevant la victime.
Snowtown soulève ainsi des questions pertinentes sur les limites de la culpabilité, la contamination de la violence, et plus simplement sur la morale, avec une idéologie questionnable de la part des personnages qui font preuve eux-même de la même inhumanité que ceux qu'ils punissent.


Deux ou trois beaux plans, des effets ingénieux pour représenter l'ébriété ou la crudité d'une séance photo chez un pédophile (par le procédé du flash, très bruyant et froid), le film est assez astucieux par rapport à son sujet mais, et c'est en lien avec le système mis en place pour nous marquer, parfois trop ennuyeux. La musique atonale instaurant le trouble, omniprésente dans la dernière partie du long-métrage, finit par lasser aussi. Du côté de la fin toujours, l'incompréhension concerne trop de scènes, peu explicites et énigmatiques.
De bons éléments régulièrement, mais un film qu'on ne peut totalement apprécier.
Bande-annonce VOST :


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Drôle encore une fois : le fait que pleins de gens soient sortis de la salle ; j'ai vu ça incroyablement souvent à Cannes, ce qui peut s'expliquer par la gratuité des séances, mais qui fait que certains ont du attendre longtemps pour finalement quitter le film.
Je n'imagine pas ce qu'a du donner la projection de A Serbian film l'an dernier, en dehors de la personne qui se serait cassé le nez.

A défaut d'aller voir The beaver, mon droogie et moi retournons au Marché où nous prenons des cartes de visite au stand Asylum, qui nous permettront sans doute d'avoir accès à n'importe quelle soirée hype, nous revoyons pleins de bêtises et nous tombons sur un stand qui est celui des détenteurs d'un film dont on avait vu le poster, marquant, précédemment, de Zenitram, qui parlerait apparemment d'un super-héros Argentin agissant dans les toilettes. Il y avait aussi Little blue pill à côté, une comédie sur des pillules du genre viagra, et un plagiat très clair d'Alien, tout cela sur un présentoir à prospectus.

Mon comparse avait déjà récupéré des goodies au Marché, dont des badges "Anarchie" et un autre se référant aux films de la Lithuanie au stand de ce même pays, mais cette fois il récupéra un porte-clé-lampe-laser et un porte-clé en forme de caméra ailleurs, puis nous nous sommes rendus aux stands couverts, comme des petits cabanons, dans une sorte de village international à côté du Palais. Nous y avons pris des bonbons-nounours à l'Allemagne (pas assez mous), du Ricola en Suisse, un stylo en Italie, un badge représentant une bobine à dents de scie au Québec (à défaut d'avoir les sacs vus le samedi, désormais épuisés), un crayon je ne sais plus où.

Durant le trajet de retour, j'apprends que DSK aurait violé quelqu'un. Au festival, j'étais comme coupé du reste du monde, m'étant équipé d'oeillères cinématographiques.

J'aurais tant aimé rester plus longtemps, pouvoir continuer à mener ce train de vie qui ne laisse pas respirer, divisé en deux temps qui sont le court repos la nuit et l'enchaînement des films le jour, et poursuivre le rituel qui consiste à montrer son badge pour entrer dans certaines zones comme si ce simple objet donnait de l'importance à son propriétaire.
Ce que je regrette également, c'est qu'on n'ait pas pu prendre le temps d'aller consommer dans un établissement quelconque, dans lequel on aurait éventuellement pu voir des têtes connues. On n'a pas vu tant de films pourtant, mais comme dit précédemment, tous les déplacements, les attentes, et les consultations du programme entre les séances nous ont occupés.

Bonus :
J'ai trouvé ce qu'est Fred the movie. Voici la bande-annonce. Il serait difficile de trouver plus insupportable que ça.


Des nouvelles de Samy :
http://www.parismatch.com/People-Match/Cinema/Actu/Samy-Naceri.-Deux-interpellations-a-Cannes-295043/

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