mardi 24 mai 2011

Festival de Cannes 2011 (Compte-rendu 5)

Un sosie de Spielberg membre de Rael, distribuant des prospectus "ET cherche producteur"



Lundi 16 mai - Jour 3 :
En apprenant le jour d'avant qu'il faut apparemment des invitations pour assister aux projections du marché du film, même quand le programme n'indique pas "invitation only" ou "buyers only", je me suis rendu compte que je devais en prendre une pour Red state, le dernier film de Kevin Smith à l'histoire tourmentée.

Retour au Marché du film donc, afin de trouver le stand de IM Global qui s'occupe de Red state durant le festival. La carte "Cinetel" récupérée par un de mes acolytes en poche, me préparant en retenant les informations inscrites dessus, je me rend au stand et une fois arrivé je fais mine de feuilleter le programme des projections. Je parle de celle qui m'intéresse à un responsable, qui me demande rapidement si j'ai ma carte de visite. L'hésitation survient quant à m'engager dans un mensonge qui pouvait m'entraîner trop loin, et je ne me suis donc pas trop avancé en disant ne pas avoir la mienne mais celle du vice-président de Cinetel films, sous-entendant que je travaillais pour lui. Hésitation de nouveau quand on me demande si je suis stagiaire, je réponds sans trop savoir si je m'embrouillais ou si j'embrouillais l'autre, un peu des deux, en disant que je suis français et que je dois voir le film (comprendre : le voir pour Cinetel, du moins c'est ce que je voulais dire).
En demandant à voir mon badge, la personne me signale que les places sont limitées, qu'il ne pouvait m'en donner, mais si je me présentais à la salle avec mon accrédication je pourrais peut être entrer. La projection se faisait dans le même hôtel que Yakuza weapon, je voyais donc de quoi il s'agissait.
Le représentant de IM global ne savait pas combien de tickets restaient. Dix, peut être, d'après son estimation.

A défaut d'avoir pu me procurer une invitation, j'ai poursuivi ma visite du marché du film, cherchant le stand de The Asylum, ayant vu la compagnie dans la liste des exposants aussi, en cherchant celui de Red state, et n'ayant pas vu leur stand précédemment.
La femme au bureau d'Asylum avait l'air maussade, mécontente d'être là. Elle s'est penchée pour se dissimuler quand j'ai fièrement pris en photo ce lieu où exposaient les géniteurs de Titanic 2 et Megashark vs Giant octopus ; je me doute qu'elle n'aime pas qu'on vole son âme, mais l'idée qu'elle puisse avoir honte d'être là est plus amusante.

J'ai hésité entre Hors Satan, Snowtown et L'Apollonide pour la suite des évènements, et j'ai choisi ce dernier en sortant, essayant ce que j'avais appris la veille, à savoir avoir des places de dernières minutes. Ce fut moins difficile que pour The artist, puisqu'il y avait moins de monde cette fois.
Quelqu'un proposait des invitations, je ne savais pas s'il les vendait ou les donnait, en tout cas comme j'avançais dans la file nous nous sommes dit que ce n'était pas la peine. Il aurait du les donner plutôt à une de ces personnes attendant des heures devant le Palais des festivals, surtout que le matin même je voyais des pancartes de gens cherchant à voir ce film précisément.
Cette fois, pour ne pas avoir à jeter ma boisson et mes produits alimentaires, je les ai dissimulés pour ne pas qu'ils soient récupérées par les vigiles lors de leur fouille. A l'accueil du Palais cependant, mes produits ont été découverts et... j'ai dû les mettre au vestiaire. Illogique, mais tant mieux pour moi.


L'Apollonide : Souvenirs de la maison close


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Bertrand Bonello
Année : 2011
Genre : Drame
Actrices principales : Adèle Haenel, Hafsia Herzi, Jasmine Trinca
Avis sur le film :
Visuellement, L'Apollonide nous plonge dans une ambiance qui se veut assez inquiétante si ce n'est malsaine, un environnement crasseux malgré ses décorations chics d'un autre siècle, mais c'est là le premier défaut qui saute aux yeux : ce jaune pisseux entouré de zones sombres, cliché de la modification colorimétrique censée créer le malaise, trop visible pour fonctionner en finesse.
Il y a toutefois, en dehors de ces modifications des tons, une esthétique appliquée qui n'a rien à envier à certains tableaux, par le travail en clair-obscur, les jeux d'ombres, ou tout simplement le thème de la femme de joie observée et peinte en toute simplicité.
A des images qui font penser à des œuvres picturales classiques s'ajoute pourtant une stylisation purement cinématographique, qui sert à présenter la vie au bordel en simultanée grâce à des split-screen, ou les sensations des personnages grâce à la création d'une ambiance s'appuyant sur un grand travail du son et de l'image qui produit un ralentissement, une certaine paisibilité similaire à celle des personnages endormis par l'alcool et l'opium.
Par contre il y a parfois trop d'artificialité, comme lorsque nous suivons des personnages différents quand une scène se répète, ce qui ne sert à rien dans ce film-ci.

  
Malgré les tentatives pour faire penser qu'il y a des avancées scénaristiques, de par l'arrivée d'une nouvelle fille, l'augmentation du loyer, ou la mutilation d'une des prostituées, ce dernier incident servant comme base pour le résumé du programme du Marché du film, ces évènements ne servent qu'à entrecouper les scènes de simple représentation de la vie à la maison close, et font même partie des situations qui participent à cette description.
Beaucoup de gens sont partis de la salle de cinéma, et ça peut se comprendre, mais selon les situations j'étais plus ou moins d'accord avec cette attitude.
Le film donne régulièrement l'impression de vouloir choquer de façon assez gratuite, que ce soit par la présence d'enfants dans le bordel ou des propos de clients parmi les plus fous. Le spectateur doit parfois supporter les sornettes que ces "freaks" sortent, l'un d'eux nous dit que les hommes devraient regarder plus souvent dans le sexe des femmes, et on sombre ainsi assez facilement dans la déviance au fil du film, avec une soirée libertine assez tordue et des fantasmes bizarres dont l'un incluant une femme-poupée aux membres comme difficilement articulables.
Ce qui est amusant, c'est que des personnes ont quitté la séance après les paroles du fou qui dénonce le fait que l'on délaisse trop souvent l'intérieur du vagin, comme s'il se posait en connaisseur qui ose aller plus loin que les autres, et ainsi le seul départ de certains spectateurs les désigne tacitement comme des frustrés sexuels.


L'Apollonide est un film dérangé et dérangeant, cette scène avec les "larmes" d'une des femmes prend visuellement au pied de la lettre une imagerie poétiqe pleine de souillures parcourant le film ; ça m'a éberlué, ne m'imaginant pas que c'était possible d'oser faire ça.
Il y a également ce jeu pervers avec le couteau dans la bouche, qui s'amuse avec les nerfs et les craintes du public.
Pour parler rapidement de la fin : je ne vois pas où Bonello veut en venir, est-ce qu'il dit que la misère des prostituées n'est pas inhérente à une époque mais simplement à leur métier ?
Film tantôt facile, tantôt très travaillé, assez osé et décidément troublant, L'Apollonide peut s'apprécier ou rebuter, ça ne dépend pas seulement des personnes mais aussi des éléments très divers qui tissent le film et qui provoquent des réactions très variées.

Teaser VF :

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