dimanche 30 mai 2010

Les griffes de la nuit


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Wes Craven
Année : 1984
Genres : Fantastique / Horreur
Acteurs principaux : Heather Langenkamp, Robert Englund, Johnny Depp, John Saxon
Résumé : Nancy et ses amis ont tous fait le même rêve étrange où ils sont poursuivis par un homme défiguré, habillé d'un hideux pull rouge et vert, et qui possède des griffes à sa main droite gantée. Ce qui semblait n'être qu'un cauchemar devient réalité lorsqu'il s'avère que ce tueur n'est pas le simple fruit de leur imagination.

Avis sur le film :
La fin des années 70 et le début des années 80 est une époque qui a vu poindre un grand nombre de "slashers", ces films où un tueur décime un groupe de personnages, le plus souvent des adolescents peu malins. La plupart de ces films n'ont été destinés qu'à un succès éphémère le temps d'un passage sur le grand écran, mais d'autres ont atteint une côte de popularité qui les a inscrit, eux et leur tueur, dans l'histoire du cinéma et la culture populaire ; c'est le cas d'Halloween en 1978 et Vendredi 13 en 1980, qui sont les figures de proue du genre.
Wes Craven, réalisateur surtout connu pour La colline a des yeux et La dernière maison sur la gauche, se lance lui aussi en 1984 dans le courant en faisant un slasher fantastique inspiré d'une série de faits divers qu'il avait lus, à propos d'un jeune homme qui refusait de dormir, jusqu'à ce qu'il soit retrouvé mort en plein milieu d'un cauchemar.


Cette idée de départ est essentielle, même si la seule originalité de Les griffes de la nuit n'est pas seulement l'apport du fantastique, car du côté du slasher habituel, les traits caractéristiques sont déjà plus recherchés que la moyenne des autres films du même genre. Les jeunes gens présentés eux-mêmes ne sont pas que voués à être des victimes, les situations qui les mettent en scène et les dialogues font preuve d'une imagination salutaire au lieu d'en rester aux discussions et blagues ineptes.
Néanmoins la force la plus remarquable du film se trouve face à eux, il s'agit bien sûr de Freddy Krueger, et tout ce qui fait sa spécificité de croque-mitaine : son origine, ses pouvoirs, son apparence, son attitude et son humoir noir.


Ce tueur agit dans les rêves, là où tout peut arriver contre notre gré, il les contrôle et s'y trouve dans une position de toute-puissance qui lui permet de résister aux blessures alors qu'il peut tuer ses proies. Avec son apparence de grand brûlé aux cicatrices encore sanglantes, son gant qui constitue une arme novatrice et sadique ; c'est la conjonction de tous ces éléments qui nous mettent à sa merci et le rendent terrifiant, et cette monstruosité est soulignée par un humour vicieux qui fait appel au malsain, Freddy allant jusqu'à se mutiler pour pouvoir rire aux dépends de ses victimes appeurées. L'interprétation de Robert Englund donne bien l'impression d'un tueur qui prend un plaisir pervers à tourmenter ses cibles, ce qui fait peur tout en provoquant un rire déplacé de par ce plaisir partagé.


Evoluant dans un univers obscur qui joue sur quelques effets de lumières qui, avec une musique envoûtante, rappelle un songe, interrompu seulement lors des soubresauts des poursuites sur fond de musique électronique inhabituelle mais d'un bon effet dynamique, Freddy est mis en valeur par des effets spéciaux impressionnants qui n'ont que très peu vieilli et dont on s'étonne toujours en se demandant encore, 26 ans après, comment ils ont été effectués.
Les griffes de la nuit est un film qui a réussi à surpasser ses homologues lors de sa sortie grâce à son scénario, sa réalisation et ses originalités, et qui est toujours aussi agréable à voir aujourd'hui pour ces mêmes raisons.

Réplique culte :
"This is god !" - Freddy Krueger

Bande-annonce VO :

lundi 24 mai 2010

The Found Footage Festival


Fiche sur le festival :
Créé et présenté par : Joe Pickett et Nick Prueher
Année de création : 2004
Résumé : Le Found Footage Festival est une célébration du mauvais goût à travers la projection de vidéos amateures ou autres cassettes diverses et variées trouvées au hasard des vide-greniers, mais qui ont tous en commun un côté ridicule involontaire qui les caractérise.
Parmi les Festivals présentés à travers les Etats-Unis, quatre ont été enregistrés pour être mis sur DVD.

Avis sur le festival :
Se présentant d'abord comme un show où deux amis d'enfance dévoilent à un public leurs trouvailles tout en les commentant en cours de route, le FFF n'a au premier abord que peu d'intérêt.
Mais une fois la projection lancée, l'aspect amateur et potentiellement ennuyeux de l'ensemble est vite effacé par la singularité de ce qui se présente sous nos yeux. Même en étant habitué aux nanars, il y a toujours de quoi être surpris, et désormais le potentiel comique de ces vidéos laissées à l'abandon apparaît comme une évidence à laquelle personne n'avait pourtant pensé.


Le Found footage festival c'est un voyage dans un monde insoupçonné, et pourtant inhérent au notre, où le consternant devient drôle, où l'on explore les idées les plus tordues jamais enregistrées sur VHS, parmi lesquelles se cachent de véritables trésors de bizarrerie.
Il y a de tout : du drôle, de l'absurde, de l'incompréhensible, et du dégoûtant en quantité ; mais quelle que soit la provenance ou le thème des vidéos, ou ce qui fait leur ridicule, elles provoquent généralement des éclats de rires empêtrés dans de la stupéfaction néanmoins gratifiante. Ce qui plaît c'est que ces vidéos réalisées avec une certaine bonne volonté apparente qui faillit quant à atteindre son but, ou bien filmées dans le seul but de garder une souvenir dans le cadre familial hors duquel l'allégresse deviendrait honte en éclatant au grand jour ; toutes ces vidéos sont montrées en public avec le recul que cela implique, et le ridicule sous-jacent devient d'une limpidité éclatante.


Il y a des animateurs surexcités, des cascades ratées, des effets spéciaux laids, des hommes à moustache, de la drague par hypnose, des vidéos éducatives douteuses, du harcèlement sexuel, des méthodes d'exercice grotesques... Les surprises sont nombreuses, il arrive même de croiser des célébrités dans leurs jeunes années qui se ridiculisent d'une façon ou d'une autre, parfois en vendant leur nom à des causes qui leur semblaient bonnes, comme expliquer aux enfants ce qu'est un joint ou comment faire du breakdance de façon utile.
Avec cela s'ajoutent les commentaires des deux présentateurs qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ne sont pas dérangeant pendant la vision des vidéos. Ils apportent des blagues et réflexions pleines d'imagination pour tourner en dérision les images qui défilent, avec parfois leurs propres créations pour souligner le ridicule des situations, et font passer une bonne humeur communicative parmi les spectateurs.


Pour savoir ce qu'est "Mac C", découvrir comment fonctionnent les toilettes pour fantômes androgynes, ou comment se muscler la bouche, il vous faut voir les quatre opus du Found footage festival. Totalement inutiles mais à la fois indispensables pour franchir les limites de l'entendement et passer de bons moments emplis de fous rires.

Bande-annonce du volume 4 :


Extrait :

vendredi 21 mai 2010

Soyez sympas, rembobinez


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Michel Gondry
Année : 2008
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Mos Def, Jack Black, Danny Glover, Melonia Diaz
Résumé : Pendant que le propriétaire leur confie son vidéoclub, deux amis effacent par inadvertance la bande magnétique de chaque cassette, les rendant ainsi illisibles. Pour se rattrapper, ils décident de tourner leurs propres versions "suédées", avec leurs propres moyens.

Avis sur le film :
Michel Gondry eut l'idée pour ce film lorsqu'il tournait Block party, en voyant cette communauté au sein du quartier, et c'est ainsi qu'il a tourné Soyez sympas, rembobinez avec de vrais habitants de la ville de Paissac, soulignant la solidarité qui peut naître parmi un tel groupe de personnes.
Le thème de départ est engageant, il fait appel à notre corde cinéphile et dispose d'un nombre incalculable de possibilités, avec tous les films à "suéder".
Pour en arriver là, Gondry place les personnages dans une situation problématique à laquelle il faut remédier par le suédage, mais c'est là que les choses commencent à clocher.


L'environnement n'est pas crédible, il est question d'un vidéoclub avec un propriétaire et un employé, où l'on loue des vidéos à un dollar bien que l'ère du DVD soit déjà instaurée ; et traînant autour de ce commerce improbable se trouve Jack Black dont l'humour poussif ne parvient pas à nous faire tirer le moindre sourire.
Pour en venir à l'effacement des VHS s'ensuit une partie relevant de la science-fiction, qui n'a aucunement sa place ici où elle rend l'histoire encore plus abracadabrante, et ce procédé est évacué de façon tout aussi invraisemblable une fois que l'on n'en a plus besoin pour servir l'histoire.
Soyez sympas, rembobinez reste borné dans son illogisme agaçant pour continuer, puisque les personnages réalisent des suédages en seulement quelques heures tout en ayant un montage cohérent pour enfin les mettre en VHS, toujours dans ce laps de temps. Sur VHS en effet, car le film affiche un refus catégorique de céder à la domination du vidéo-disque sans raison apparente, alors que c'est pourtant là que réside le secret pour sauver le magasin menacé de démolition. Il est à se demander pourquoi donc avoir placé l'histoire à notre époque, le choix du passé aurait été à la fois plus logique et plus pratique pour convenir avec le scénario.


Le reste est du même tonneau puisqu'on évolue dans une bêtise incroyable qui va crescendo, et dans laquelle le groupe d'amis et leurs clients se plaisent toutefois, au milieu de ce travestissement de la vie réelle où l'on trouve ses acteurs et costumes au coin de la rue, où l'on parle spontanément du Roi lion avec des inconnus, et où l'on est d'accord pour payer vingt dollars afin de louer la casette vidéo d'un film refait illégalement, bâclé, et raccourci jusqu'à ne plus durer que vingt minutes.
Le scénario se concentre d'ailleurs sur l'histoire caricaturale tournant autour des suédeurs au lieu de nous montrer leurs créations qui, bien qu'étant médiocres, présentent déjà plus d'intérêt.
Le long-métrage se termine par un mensonge éhonté gros comme un camion impliquant tout un quartier, qui fait décoller le taux de mièvrerie en passant à côté de toute forme d'éthique alors qu'on essaye de nous faire gober que la créativité calomnieuse qui nous est présentée fait partie de la morale du film.


Soyez sympas, rembobinez partait d'une idée originale qui aurait pu donner un film très divertissant, mais est gâché par un gros n'importe quoi où même les fans de cinéma ne se reconnaissent pas, à cause d'une absence de pertinence et de ressemblance par rapport au matériel original dans les suédages présentés.
Cette production de Michel Gondry a néanmoins eu une bonne influence en créant une vague de films refaits de façon amateure que l'on peut retrouver sur la toile, et qui sont beaucoup plus drôles que le long-métrage qui les as inspirés puisqu'ils ont été, eux, véritablement réalisés avec un manque de moyen mais avec cette "âme" évoquée dans le film dont il est question ici. Soyez sympas, remboursez.

Bande-annonce VOST :

jeudi 20 mai 2010

Street trash


Fiche du film :
Réalisateur : Jim Muro
Année : 1987
Genres : Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Mike Lackey, Bill Chepil, Vic Noto, Jane Arakawa
Résumé : Les aventures d'une bande de sans-abris traînant près d'une décharge, et dont le quotidien déplorable est chamboulé par l'apparition d'un alcool qui a d'étranges effets secondaires sur ceux qui le boivent.

Avis sur le film :
Baigné dans une culture gore née pour lui avec I drink your blood, Jim Muro s'inspire de la décadence de l'Amérique de son époque pour créer avec son ami Roy Frumkes un véritable ovni à faibles moyens mais de grandes ambitions, suivant la voie tracée par Sam Raimi en reprenant de son Evil dead les mouvements de caméras brusques. Mais avec Street trash, le duo veut s'éloigner d'avantage des conventions tout ce qu'il y a de plus correctes, et pour ce faire ils s'attaquent rapidement au bon goût grâce à un arsenal d'immondices, de pets, de sexe et d'eau de feu qui liquéfie les buveurs ; le tout dans un décor crade au naturel composé de rues malfamées autour d'une décharge publique, dont la laideur n'est atténuée par aucun artifice.


Au contraire, les personnages sont tous des vagabonds que l'on suit tour à tour s'adonner à leurs vices divers tel que le vol, le viol ou le meurtre. Il est à croire que seuls les personnes à l'air le plus misérable possible aient été séléctionnées pour figurer au générique, et leur gueuserie est soulignée par des blagues déplacées à leur sujet faites de phrases types sorties de leur contexte pour effectuer un décalage supplémentaire avec la normalité.
Néanmoins leur physique peu commun est accompagné d'un investissement particulier de leur part. Certains sont des habitués de séries Z, comme Pat Ryan issu de films de la Troma, pour d'autres Street trash restera leur premier et dernier film, le temps d'une prestation hors-norme avant qu'ils ne ressombrent dans l'oubli. Les rôles sont peu aisés mais les interprétations de déséquilibrés mentaux sont à saluer, et c'est d'autant plus le cas pour les rôles féminins plus difficiles et ingrats, les actrices étant à chaque fois vouées à être souillées.


Bien qu'il soit question de cette boisson nommée Viper qui transforme ses consommateurs en bouillie, ce n'est qu'une partie de l'histoire, qui est essentiellement composée de sketchs qui ont un vague lien entre eux de par les personnages, même si on ne revoit plus la plupart dans la suite du film.
Les scènes gores réalisées avec les moyens du bord restent surprenantes par leur vive originalité dont le traitement coloré est à la hauteur de l'imagination, mais restent trop disséminées pour former à elles toutes un auguste florilège d'entrailles éparpillées.
Quant à la musique et le montage confus, parsemés d'effets bizarres, il en émane un sentiment de malaise entre plaisir et dégoût ; mais à ne rien vouloir faire dans les règles, des défauts sautent aux yeux avec en première ligne le son dont le décalage avec l'image est terrible, et le montage maladroit qui décrédibilise certaines scènes.


Street trash a pourtant réussi à braver l'épreuve du temps, car se plaît dans son immoralité la plus complète, les différentes formes du vice exposées recouvrant les traces d'humanité qui restent.
Il est certain qu'il ne s'agit pas là d'un film à mettre entres toutes les mains, et qui dispose de plus d'éléments qui tendraient à déplaire plutôt que plaire, ce dernier cas nécessitant d'avoir un mauvais goût développé.
Ce qui est à regretter, c'est que Jim Muro n'ait pas décidé de continuer dans la même lignée que ce premier long-métrage, ayant au contraire renié sa production qu'il attribue à l'oeuvre du démon ; lui en qui l'on voyait "l'enfant prodigue du cinéma gore" aurait probablement pu avoir un destin à l'image de ses confrères Sam Raimi, Peter Jackson ou Frank Henenlotter.

Bande-annonce VO :

dimanche 16 mai 2010

Bubba Ho-Tep


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Don Coscarelli
Année : 2002
Genres : Fantastique / Comédie
Acteurs principaux : Bruce Campbell, Ossie Davis, Bob Ivy
Résumé : Elvis n'est pas mort, il se trouve en réalité dans une maison de retraite où il va bientôt devoir affronter une momie revenue à la vie, avec l'aide de son ami Kennedy.

Avis sur le film :
Après en avoir fini avec sa saga Phantasm dont le dernier épisode date de 1998, Don Coscarelli revient avec l'adaptation d'une nouvelle de Joe R. Lansdale, surpris de voir une de ses histoires portée pour la première fois à l'écran. Bruce Campbell, connu comme étant "Ash" dans les Evil dead, interprète Elvis dans cette histoire insolite dont le faible budget n'est qu'une faiblesse bien dissimulée, avec des maquillages payés au coût du matériel et une absence de toute musique d'Elvis Presley, sans que cela n'handicappe le moins du monde le film qui n'en a en définitive nullement besoin, et ne dispose pas moins d'une excellente bande-son.


Les premières minutes en disent déjà long sur ce à quoi il faut s'attendre, le second degré et la vulgarité fusent tout en procurant un plaisir dont la culpabilité est apaisée par le contexte original et surprenant, et par l'interprétation des acteurs.
La musique nous prépare à la lenteur du rythme des évènements mais correspond à l'environnement, et nous ne sommes de toute manière pas pressés vu ce qu'il se passe en la présence d'Elvis et son ami JFK teint en noir. Bruce Campbell, n'ayant pas réussi à calquer son jeu sur un imitateur professionnel d'Elvis, offre sa propre version de la star avec une attitude de "King" à laquelle il adjoint sa voix et y ajoute de curieux mouvements de combat.
Avec Kennedy, le duo improbable ainsi formé, à l'humour dédoublé une fois réunis, avance dans un milieu tout aussi étrange qu'eux où de vieux fous se font des coups bas, et dont la bizarrerie est accentuée par un montage intriguant.


C'est seulement après que ce petit monde farfelu nous ait été présenté que l'histoire vire vraiment dans le fantastique insensé, avec l'arrivée de "Bubba" Ho-Tep, la momie égyptienne habillée en cow-boy.
Les deux héros singuliers faisant équipe et découvrant à quoi ils ont affaire, avec un humour plutôt potache et des répliques cherchées bien loin, donnent lieu à de grands moments de franche rigolade ; et pourtant ils savent aussi se rendre émouvants. La musique qui évoque la nostalgie de la jeunesse perdue accompagne les pensées pleines de regrets du personnage principal qui, une fois n'est pas coutume, est un retraité coincé la plupart du temps dans son lit à faire part de ses états d'âme et ses constats sur sa situation de roi déchu.
On ne saura finalement jamais s'il s'agit du vrai Elvis ou si ses flashbacks sont simplement issus de son imagination, mais là n'est pas la question car ce n'est pas là que réside le message du film. Après avoir déambulé sur un fond musical réussi leur donnant une certaine grandeur, les deux hommes se rachètent en étant suffisamment fous pour sauver leurs compagnons d'une momie égyptienne, qu'ils attaquent dans les limites de leurs capacités.


Bubba Ho-Tep a déjà un synopsis attrayant par son excentricité, mais il s'avère qu'il devient encore plus surprenant en allant au delà de ce qu'il a établi dans son histoire de départ, en nous offrant du rire mais aussi, de façon plus surprenante, de l'émotion.
Ce long-métrage de Don Coscarelli brille par ses acteurs et son mélange harmonieux des genres qui donne un résultat hybride des plus réussis, avec une dose de folie bien ajustée.

Bande-annonce VOST :

jeudi 13 mai 2010

Film geek


Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : James Westby
Année : 2005
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Melik Malkasian, Tyler Gannon
Résumé : Scotty Pelk travaille dans un vidéoclub. Il aime les films, il pense film, il parle film, il vit film. Mais le jour où il est viré, il n'arrive plus à s'y retrouver dans sa vie.

Avis sur le film :
Pour son quatrième long-métrage, James Westby reprend un sujet qu'il avait déjà abordé dans Subculture en s'inspirant partiellement de sa vie. Film geek parle de films, et d'un fou de films, comme Westby lui-même. Par son histoire, Film geek se rapproche d'un Clerks mais du point de vue de l'employé de vidéo-club, mais où celui-ci est honnête, mobilise ses connaissances encyclopédiques pour aider, et finalement se rapproche plus d'un Rain Man qu'autre chose.


Les premières images dépeignent un quotidien qui a l'air tout ce qu'il y a de plus ordinaire, si ce n'est que l'attitude de Scotty est légèrement exagérée, quoiqu'il est certain que de telles personnes existent. C'est de sa "geekitude" poussée à son paroxysme et qui, pourtant, rappelle tellement la réalité, que l'on rit. On rit de cette réalité presque coutumière pour les geeks de film mais qui, une fois posée sur l'écran pour offrir un regard extérieur, devient ridiculement risible.
C'est bien Scotty qui a raison pourtant, en face des clients incultes louant des films en 4/3 et non en 16/9ème. Mais Westby dissimule pourtant les points positifs d'un vie pareille, quels qu'ils soient, pour se concentrer sur les désagréments d'un tel don doublé d'une malédiction. Quand Scotty est viré, on découvre l'enfant qu'il est au fond de lui, l'incompétent, mais c'est dans son malheur qu'on le connaît vraiment et que l'on s'en approche. Ce qui lui arrive nous importe, le spectateur voudrait le voir réussir à trouver un job en lien avec sa passion, ou même le voir trouver le courage de parler à cette fille dans le métro qui lit un ouvrage sur Cronenberg.


Dans une autre scène, cette même fille prénommée Niko pose la question parfaite : pourquoi Scotty, et nous en général, aimons les films ?
L'occasion rêvée pour s'interroger, et l'explication de Scotty qui s'ensuit nous donne des titres à consulter plutôt qu'une analyse de la fascination pour le cinéma, comme lors de ces passages où les listes des films préférés du héros s'affichent. Néanmoins le point de vue de Scotty, qui voit les métrages comme un moyen d'être quelqu'un d'autre en un lieu différent, s'oppose à Film geek qui nous confronte à la réalité telle qu'elle est de par ses airs de documentaire et ses environnements à l'aspect authentique, où Scotty est bien obligé de se rendre à l'évidence qu'en dehors du cinéma il ne connaît rien.
C'est ça qui fait que Film geek est fabuleux, le réalisateur n'a pas cédé à l'embellissement du happy end, et même s'il paraît y en avoir un, c'est pour mieux nous frapper juste après en nous assénant une scène finale qui ramène Scotty plus bas que terre d'une manière plus cruelle que l'on n'aurait pu l'imaginer.


Film geek c'est 70 minutes durant lesquelles on ne s'ennuie pas, il y a toujours quelque chose qui se passe grâce à de très bons scénario et montage qui prouvent que le budget est secondaire. Il y a du drôle, du triste également, justement parce que l'on remarque avec affection ou effroi que le film est d'une grande justesse sans se bercer d'illusions, aucune. Et pourtant même si tout semble pointer vers une connotation négative en exposant avec fidélité une misère humaine bien visible, Film geek remet en question mais rappelle pourquoi les films plaisent, et conforte dans ce même état d'esprit.
Le principal défaut de ce long-métrage est qu'il est limité par le petit groupe de spectateurs visé en dehors duquel ce film n'aurait absolument aucun succès. Mais c'est aussi sa principale qualité, étant adoré par ce même groupe qui comprend et se sent compris, l'expérience nécessitant de pouvoir vivre le film, ceci étant une occasion dès lors facile à saisir pour les geeks de films, le réalisateur faisant partager sa propre vie mise en avant sur l'écran telle une offrande à ses comparses.

Bande-annonce VO :

dimanche 9 mai 2010

Le club des monstres


Fiche du film :
Réalisateur : Roy Ward Baker
Scénaristes : Edward Abraham et Valerie Abraham
Année : 1980
Genres : Comédie / Horreur
Acteurs principaux : John Carradine, Vincent Price, Roger Sloman, Anthony Steel
Résumé : Un écrivain de nouvelles horrifiques est invité par un vampire au club des monstres, où il découvre un univers fantastique totalement nouveau, et où les histoires qui lui sont contées pourront l'inspirer pour ses futurs ouvrages.

Avis sur le film :
Dans les années 60 à 80, la maison de production Amicus réalisait de nombreuses productions d'horreur, notamment dans le genre des films à sketchs, avec un succès qui n'arrivait néanmoins pas à détrôner Hammer films, qui dominait le marché. En 1980, Amicus arrive à réunir trois grandes figures cultes du cinéma fantastique habituées de la firme Hammer que sont Vincent Price, Donald Pleasence et John Carradine, dans Le club des monstres qui s'avèrera être le dernier film de la société.


Le scénario reprend un livre éponyme de R.Chetwynd-Hayes, auteur d'histoires d'horreur, qui est lui-même présent à l'écran en étant interprété par John Carradine. Avec le regard que l'on a aujourd'hui, le film baigne complètement dans une atmosphère rétro qui le rend plus amusant qu'effrayant ; même s'il est certain qu'une légère dose d'humour est voulue, le potentiel kitsch s'est accru avec les années. Le club est un lieu où s'effectue un curieux mélange des genres, peuplé de monstres aux visages en papier mâché qui se dandinent sur une musique pop-rock bien rythmée typique des années 80 et dédiée au film. C'est l'apparition de l'auteur dans ce monde occulte qui fait que l'on y raconte des histoires qui forment les trois sketchs du film.
Le ton change radicalement une fois que le spectateur pénètre au coeur de ces récits, les thèmes de l'horreur y sont traités d'un air grave, menant parfois même au tragique. Même si ces histoires ne sont pas véritablement terrorisantes, elles ont en elles quelque chose de pronfondément horrible qui nous remue les tripes en faisant appel à nos sentiments, pour nous sentir proches des monstres ou pour ressentir l'impression d'être condamné.


De façon étrange, l'alchimie fonctionne entre l'amusement et l'horreur, les sketchs et les pauses entres elles conduites par les blagues de Vincent Price et la musique mémorable des groupes nous donne envie de retenir la nuit pour que cette fête étrange dure plus longtemps.
Il est indéniable que Le club des monstres a vieilli, il était sûrement déjà dépassé à l'époque rien qu'à cause des maquillages des créatures, mais il reste tout aussi peu commun et a gagné avec le temps une amplification de la richesse de sa singularité. Sa vision est un agréable voyage dans le passé, des films pareils ne se feraient plus de nos jours.

Bande-annonce VO :

vendredi 7 mai 2010

Le fils du Mask


Fiche du film :
Réalisateur : Lawrence Guterman
Scénariste : Lance Khazei
Année : 2005
Acteurs principaux : Jamie Kennedy, Alan Cumming, Traylor Howard
Résumé : Tim Avery est un employé d'une société d'animation de dessins animés, mais il n'arrive pas à avoir une promotion pour devenir lui-même dessinateur, jusqu'à ce qu'il se fasse remarquer par son patron lorsqu'il devient le détenteur du masque du dieu Loki.

Avis sur le film :
Avec le succès de The Mask, une suité était déjà prévue avec Jim Carrey reprenant le rôle de Stanley Ipkiss, mais l'idée fut abandonnée. Ce n'est que 10 ans plus tard que le projet est repris, mais cette fois Carrey refuse de s'y impliquer, et de cette façon il en fut de même pour le réalisateur Chuck Russell.
Le seul acteur qui revienne est Ben Stein, toujours dans un petit rôle, et ainsi l'on tente désespérément de rattacher ce Le fils du Mask au film précédent, mais cet essai faillit et même contredit l'histoire de The Mask.


Lance Khazei n'a en réalité rien compris du film auquel il a écrit une suite, il n'a pas assimilé les éléments qui font que The Mask ait si bien marché ; et le budget quatre fois plus gros mis à disposition est parti dans des éléments du décor inutiles, des effets spéciaux qui n'apportent rien à l'histoire ou quoique ce soit de comique.
Certes il n'y a plus Jim Carrey, ni Mike Werb en tant que scénariste, mais au lieu d'essayer de se placer dans la lignée du prédécesseur, on lui substitue un humour qui, sans même être comparé à celui du film de 1994, est déplorable jusqu'à l'atterrement.
Et lorsque Le fils du Mask entreprends de calquer sur son précurseur, c'est pour restituer une pâle imitation dont la démarche de modernisation gâche tout le charme. Le talent est absent lui aussi, et l'enjeu de ces mêmes scènes selon leur place dans l'histoire de The Mask n'a pas été saisi non plus.


Les références à Tex Avery ou autres cartoons donnent une impression qu'elles ont été placées de manière forcée, comme par exemple pour le nom de "Tim Avery" qui n'a pas été cherché bien loin ; d'autres fois il s'agit juste de reprendre ce qui avait été fait dans le premier film, il n'est donc plus question de rendre hommage mais tout simplement de copier machinalement des références sans les avoir forcément comprises.
Par la suite lorsque les innovations et idées nouvelles surviennent, le vulgaire s'ajoute au ridicule pour notre déplaisir. Les scènes, lorsqu'il se passe quelque chose, ne constituent qu'une succession de gags de bas étage qui reposent dans leur quasi-intégralité sur des effets spéciaux pitoyables à en faire peur ; en dépit de l'argent et de l'avancement technnologique après 11 ans, c'est The Mask qui donne l'impression d'avoir les images générées par ordinateur les plus modernes.


Le fils du Mask commence mal et ne fait qu'empirer, ce n'est qu'un enchaînement de débilités ornées d'une débauche d'effets visuels ratés, autour de blagues destinées au moins de 5 ans mises à bout selon un scénario digne d'un mauvais épisode de Tom & Jerry.

Bande-annonce VF :

mercredi 5 mai 2010

[Autour du cinéma] The Mask


Fiche du comic :
Auteur : John Arcudi
Dessinateur : Doug Mahnke
Année de création : 1989
Résumé : Chez un antiquaire, le timide Stanley Ipkiss achète un masque ancien pour sa petite amie. Il le porte à son visage une fois rentré chez lui, devenant alors un personnage de cartoon invincible et au visage vert, qui sème la terreur en ville. Après sa mort, le fameux masque passe de mains en mains pour servir le bien comme le mal.

Avis sur le comic :
Dark Horse comics, habitué à des publications plus "sérieuses" comme Sin city de Frank Miller, voit apparaître parmi ses pages une personnage qui obtient bientôt son propre comic en son honneur : The Mask, surnommé à ses débuts "Big Head".
Un ton sérieux est tout de même adopté lors d'une majeure partie du récit ; en donnant une histoire aux personnages, en nous affichant leurs pensées, leur regard sur leur situation, ... Il est d'abord question d'affaires graves dans une ville dominée par le crime, accompagnées par des dessins beaux et soignés.
Et une fois arrivé le délire du déchaînement engendré par le Mask, le dessin de Doug Mahnke reste le même mais convient parfaitement à la distorsion des situations du réel.


L'hommage aux cartoons du célèbre Tex Avery se fait par la transpositions de ses règles dans le monde du comic book, les dessins adoptant ce genre basé sur l'outrance pour le greffer aux pouvoirs du Mask, en y ajoutant des débordements gores qui avaient été ommis dans les dessins animés pour enfants. Le comic correspond dès lors à un univers qui, s'il n'est pas mature, est du moins plus adulte en se permettant de toucher à quelques points sensibles ; et il est en un sens plus réaliste vis à vis de la démesure des actions cartoonesques, où l'on se met des coups sans qu'il n'y ait habituellement aucune goutte de sang.
Ce mix s'adapte très bien à ce personnage tout nouveau qu'est le Mask, et en devient l'essence même, lui qui affiche un sourire aussi grand que son crâne alors qu'il s'agit d'un fou dangereux tuant ceux qui se mettent en travers de son chemin, que ce soit au nom de la justice ou son propre intérêt, mais toujours pour servir l'humour noir.
Dans la veine de son humour meurtrier, le Mask se sert d'un sarcasme permanent et souvent absurde à chacune de ses paroles qui frôlent le morbide lorsqu'il lie ses blagues à ses actes criminels, mais qui rendent chacune de ses apparitions, pas trop fréquentes, réjouissantes à voir.


Ses intentions, fondamentalement mauvaises ou non, varient selon les porteurs mais mènent régulièrement au chaos. Après avoir assisté à l'origine du masque et d'avoir fait du porteur une femme dans The Mask returns, The Mask strikes back explore plus en profondeur les particularités de l'artefact en question en lui attribuant plusieurs propriétaires à caractères variés, et dont l'un d'eux nous dévoile comment le monde est perçu une fois la transformation en "Big Head" effectuée.
La série continue par la suite à se diversifier avec des auteurs différents à partir d'Evan Dorkin, auteur de Milk and Cheese, dont l'histoire très référencée n'est pas mauvaise en soi malgré une trop grande présence du Mask qui fait qu'il ne contraste plus avec l'autre moitié du récit ; mais le dessin change lui aussi pour devenir trop enfantin et confus dans sa disposition des cases et de leur contenu.


Comme pour toute franchise, les différents auteurs et dessinateurs qui y participent apportent des épisodes de plus ou moins bonne qualité, bien que dans le cas de The Mask ils restent tous relativement bons, même si la fougue des premières aventures permise par l'excellente adéquation de l'histoire et du dessin ne se retrouve pas par la suite. Néanmoins, avec un personnage pareil les combinaisons et possibilités qui en découlent sont infinies, comme le démontrent les spin-offs et crossovers comme le très amusant Joker Mask, il est ainsi dommage que The Mask n'ait pas compté plus de numéros.

samedi 1 mai 2010

Phone game


Fiche du film :
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Larry Cohen
Année : 2002
Genre : Thriller
Acteurs principaux : Colin Farrell, Kiefer Sutherland, Forest Whitaker, Radha Mitchell, Katie Holmes
Résumé : Stu Shepard est un jeune attaché de presse ambitieux qui sait jongler très rapidement entre les affaires de ses clients pour grimper les échelons de la société. Mais aujourd'hui, en entrant dans la cabine téléphonique où il se rend tous les jours, il est pris au piège par un tueur le tenant dans sa ligne de mire et en profite pour débuter un jeu sadique.

Avis sur le film :
Larry Cohen, scénariste et réalisateur prolifique de films d'horreur, revient à la fin des années 90 sur un scénario qu'il avait déjà en tête sans réussir à le boucler. Il trouve alors sa raison pour laquelle un tueur prendrait pour cible un homme dans une cabine téléphonique, donnant au film un côté moraliste issu d'un esprit tordu.
Cohen choisit comme décor New York, ville qui selon lui est à même d'exprimer la frénésie du scénario. Car après une brève mais bien rédigée introduction sur la place du téléphone dans notre vie de tous les jours, nous passons immédiatement à la grande vitesse du stress New-Yorkais qui fait partie du quotidien de Stu, le héros, qui véhicule lui-même à toute allure l'image de la ville que l'on veut nous vendre : ses habitants pressés et prétentieux, sont inhumanité ; puis le relais est pris par les prostitués quand Stu se fige, pris par le piège dans lequel il est tombé.


Le rythme effrené des premières minutes se brise par ce changement de situation car, excepté quelques effets d'accélération qui prolongent les phases de stress du personnage, la cadence devient normale pour s'etendre sur toute la longueur du film. Même avec un ralentissement, la pression reste bien présente de par la situation et le poids des paroles de Stu et celles du tueur au bout du fil.
Les plans sur Colin Farrell se resserent, le spectateur se sent coincé avec lui ; Phone game accomplit l'exploit de placer pratiquement toute son action dans un seul endroit restreint avec une idée de départ déjà attrayante, mais qui risquait de s'essoufler assez vite. C'est en réalité le spectateur qui retient son souffle dans l'attente des mots sortant du combiné, dont il faut savoir maîtriser les réponses.


Le développement va très loin en apportant de nouveaux éléments perturbateurs, cela commence par les escortes voulant téléphoner jusqu'à ce que la police s'en mêle, bloquant tous le quartier, et qui s'ajoutent aux paroles du piégeur qu'on ne peut raisonner face aux justifications confuses de Stu.
Les problèmes s'additionnent grâce à la performance des acteurs et un montage rusé qui, quand l'accumulation est la plus grande, font monter les pics de stress. Chaque instant devient éprouvant, Stu étant obligé de dire la vérité, de provoquer ceux qui tentent de l'aider, au risque de se faire tuer qu'il accepte ou qu'il refuse.
Entre ces passages difficiles, la voix du tueur est une torture supplémentaire car, bien qu'on ne le voit pas, son intonation marque son assurance, étant totalement en position de supériorité sur un homme qu'il veut juger si ce n'est réctifier ; et son rire tonitruant ajoute de la gravité à la situation qui semble sans issue.


Aidé par des acteurs talentueux dont Colin Farrell au sommet qui finit dans les larmes, le scénario brillant de Larry Cohen nous transporte dans de grands moments d'angoisse qui sont tels qu'ils nous font oublier l'exagération du début.

Bande-annonce VF :