vendredi 3 septembre 2010

Evil Ed


Fiche du film :
Réalisateur : Anders Jacobsson
Scénaristes : Anders Jacobsson, Göran Lundström et Christer Ohlsson
Année : 1995
Genres : Horreur / Comédie
Acteurs principaux : Johan Rudebeck, Olof Rhodin, Per Löfberg
Résumé : Employé dans une section de montage cinématographique, l'inoffensif Edward qui s'occupait jusque là du département culturel est transféré vers celui de "Membres amputés". Exposé à des horreurs qu'il n'aurait pu imaginer jusque là, le faux sang sur pellicule lui monte à la tête et le gentil père de famille qu'il était devient un psychopathe.

Avis sur le film :
Prévu tout d'abord comme un court-métrage, Evil Ed s'étendit en durée au fur et à mesure, les fausses bandes-annonces et faux extraits de films tournés en premier devenant partie intégrante du scénario final, toujours couvé par Anders Jacobsson qui s'occupa de nombreux départements en dehors de l'écriture et de la réalisation pour faire aboutir ce long-métrage qui mit cinq ans avant d'être terminé.
Il n'est pas aisé de percer dans le cinéma d'horreur, surtout pour une première création, qui plus est issue de Suède, mais le trio derrière le projet joua avant tout la carte des références, semées dans tout le film jusqu'à son titre et même le nom de sa boîte de production.


Des affiches de films fantastiques sont placardées un peu partout, les références à Evil dead ne s'arrêtent pas aux noms des personnages mais affectent aussi le style et la façon de filmer ; néanmoins il s'agit plus d'hommages à tout ce qu'aiment les géniteurs d'Evil Ed plutôt que de l'exploitation de la création d'autrui, contrairement à ce que fait le distributeur avec son slogan hasardeux qui cite également Braindead au passage.
Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à un divertissement de la même trempe, car ce n'est pas ce qui est recherché. Cette production Suédoise est un film gore auto-parodique, ses scénaristes s'y moquent des "splatter movies" en y accroissant l'idiotie des démembrements insensés, mais se font plaisir en détournant un genre qu'il est clair qu'ils aiment, avec du gore réjouissant qui est par ailleurs permis grâce à une offensive contre la censure qui, paradoxalement, pousse Edward vers la folie meurtrière. La tentative peut paraître confuse, puisque la prise de position inverse serait plus logique, mais cette caricature de critique de la société n'est qu'un clin d'oeil aux amateurs d'hémoglobine et un pied de nez à leurs opposants, et son seul but est d'amuser.


Les scènes saignantes sont d'abord placées dans le montage côte à côte avec la "réalité", de sorte à surprendre et se mêler avec le tangible tout comme dans la tête d'Ed. Ce dernier finit par ne plus faire la différence, voit des démons autour de lui, et prend le relais avec tout ce qui lui tombe sous la main.
Bien qu'un groupe de proies comprenant des cambrioleurs et la famille du personnage principal soient apportées sur un plateau, la violence n'est pas encore trop prononcée et le suspens est favorisé, avec tout de même déjà de bons moments où l'on peut noter une utilisation ingénieuse de l'espace pour des poursuites qui se finissent par des mises à mort plaisantes.
Ce n'est pourtant qu'un échauffement pour mieux préparer le final à l'hôpital, avec quelques personnages hauts en couleur aidant à perpétrer le carnage qui s'achève en apothéose par le décès magnifiquement brutal et original du héros éponyme devenu le monstre lui-même.


Evil Ed est un film de fans d'horreur qui ont réussi à être à la hauteur de leurs modèles, non pas forcément par le talent, mais par le plaisir procuré au public. Le résultat arrive à dissimuler des origines difficiles par son application, sans toutefois se prendre au sérieux, grâce notamment à des moyens correctement mis en place pour donner vie à quelques divagations de l'imagination qui permettent de franchir les frontières rationnelles du scénario tout en gardant un pied dans le réel, et étaler à l'écran tout ce qu'il y a de bon à tirer de ces deux mondes.

Réplique culte :
"Don't you fucking look at me !" - Edward

Bande-annonce VO :

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