Réalisateur : Chris Smith
Année : 1999
Genre : Documentaire
Intervenants principaux : Mark Borchardt, Mike Schank, Bill Borchardt
Avis sur le film :
Avant d'être quelque peu plus connu et reconnu grâce à son film sur les Yes men, Chris Smith a tourné un documentaire sur de parfaits inconnus, et plus particulièrement sur Mark Borchardt.
Il s'agit d'un trentenaire Américain qui a jusque là principalement travaillé en tant que livreur de journaux, et qui tient à tous prix à mettre en scène le film dont il rêve depuis des années : The Northwesterner.
C'est donc cet homme sans expérience -qui raconte qu'il lui arrive d'appeller le Maroc à 2h du matin quand il est saoul, et qui réalise ses films en noir et blanc comme il peut, avec l'aide de ses amis- que l'on suit dans ce documentaire. C'était un pari risqué que de se baser sur un tel sujet, les chances de succès du tournage de Mark Borchardt étant minces, et c'est pour cela que ce n'est au bout de 3 ans que le documentaire sort enfin. Il passe tout de même par le début de la production, puis les désillusions et les tentatives ratées, pour finalement arriver à la réalisation d'un projet, qui n'était pas tout à fait celui de départ.
Pendant ces 3 années, nous suivons le quotidien et plus ou moins le travail effectué par Mark, souvent aidé par son ami d'enfance Mike Schank.
Nous nous retrouvons dans leur intimité, Chris Smith filmant aussi bien les bons moments que ceux, plus fréquents, qui s'avèrent peu glorieux. Mais c'est la réalité dans son entièreté qui est montré, les sujets sont au naturels, aussi peu distingués qu'ils soient.
Mark et Mike n'ont pas de quoi être pris au sérieux, ayant l'air perdus et sortant respectivement d'une addiction à l'alcool et la drogue, et répétant "man" ou "you know" à tout bout de champ. Mais pourtant on ne peut que ressentir de la compassion pour ces personnes.
Mark est animé d'une grande passion pour le cinéma et n'est jamais découragé, malgré l'incompétence inconsciente de ceux qui l'entourent, qui ne sont pas aussi motivés qu'il l'est.
L'entourage et les collaborateurs de Mark sont là pour témoigner aussi, en sa faveur ou non, mais sont tous sincères. Même si cette immersion dans la vie de ces inconnus s'avère quelque fois dénuée d'intérêt, comme lorsque l'on voit la famille à Thanksgiving ou devant la TV à regarder le Superbowl ; la plupart du temps c'est du réel des situations exposées qu'est issu un humour involontaire, les protagonistes ne se rendant sans doute pas compte du potentiel comique de ce qu'ils disent.
En dehors des histoires loufoques de Mark et Mike, nous pouvons compter sur "Oncle Bill" Borchardt, qui incarne pleinement le mélange entre comique et tragique que l'on ressent parfois à la vision du film. C'est un homme farfelu, drôle sans le vouloir, et pourtant inévitablement dramatique, il donne l'impression d'être quelqu'un de fragile mais est poussé par sa sympathie à aider son neveu. Il s'attire ainsi la compassion du public, qui s'intensifie jusqu'à ce que l'on apprenne son décès après que ses paroles aient clos le documentaire.
Chris Smith a eu la chance de tomber sur la bonne personne pour le sujet de son documentaire à petit budget. La musique a été créée par Mike Schank lui-même et le montage a quelque défauts, mais son sujet et la façon dont il est traité a fait la qualité du film, celui-ci ayant été récompensé par le grand prix du jury au festival du film de Sundance en 1999.
Même si c'est Mark Borchardt qui a eu la chance de figurer dans American movie, il y a beaucoup de gens tels que lui qui tentent de réaliser leur rêve et de vivre de leur passion, et c'est à eux que l'on peut s'imaginer que ce documentaire est dédié.
La vision d'American movie donne en tout cas l'envie de voir ces gens réussir tant bien que mal, et d'en savoir d'avantage sur la carrière et les films de Mark.
Bande-annonce VO :
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