dimanche 24 octobre 2010
Brocéliande
Fiche du film :
Réalisateur : Doug Headline
Scénaristes : Doug Headline et Benoit Lestang
Année : 2002
Genre : Fantastique
Acteurs principaux : Elsa Kikoïne, Mathieu Simonet, Alice Taglioni
Résumé : Sur un chantier de fouille, l'entrée de la forêt de Brocéliande a été retrouvée. Sa découverte est suivie d'une série de meurtres, perpétrés par des fanatiques voulant revenir à l'ère des druides.
Avis sur le film :
Autrefois rédacteur en chef du magazine de cinéma d'horreur Starfix, Doug Headline eut l'envie, après des carrières à la radio et dans l'édition de comic books, de passer à la réalisation de fiction, et non plus de documentaires comme il en avait fait pour Canal+, en voyant Crying Freeman de son ancien collègue directeur de publication Christophe Gans.
Son projet de départ qui était d'adapter La princesse de sang, roman de son père Jean-Patrick Manchette, est remplacé par Brocéliande, qui lui est proposé par le producteur Eric Névé, et qu'il scénarise en compagnie de Benoît Lestang, célèbre maquilleur et créateur d'effets spéciaux Français, pour qui il s'agit d'un premier travail d'écriture.
Egalement ancien auteur de livre-jeux aux thèmes d'héroïc-fantasy, Doug Headline place l'action de nos jours mais fait parvenir jusqu'à notre époque des croyances celtiques d'autrefois, passant par un chantier de fouille où travaillent des étudiants. De la terre sont ainsi exhumés sans précautions des objets antiques, d'autres seront aperçus lors de meurtres, et servent, avec les cours d'histoire que suivent les personnages, à en savoir juste assez sur les druides pour placer le spectateur dans le bain et pour bâtir l'intrigue par l'embriquement des quelques infos apprises. Ce n'est pas toutefois suffisant pour avoir tous les détails ni comprendre les motivations des tueurs ou ce qu'ils entendent par "l'ère des druides" à laquelle ils veulent revenir, qui n'a en apparence pas de rapport avec la transformation d'un des fanatiques en démon.
Malgré un scénario qui s'embrouille et qui permet d'assassiner des professeurs en extérieur sans attirer les forces de l'ordre comme s'il s'agissait d'un monde chimérique, Brocéliande tient encore en équilibre grâce à des interprétations correctes et de plaisantes références rappellant le passé chargé en culture geek d'Headline par l'apparition d'un numéro d'Elvifrance ou une mise en scène imitant directement Dario Argento ; ce en tout cas jusqu'à la seconde moitié du film.
Tous ces mauvais éléments éparpillés s'associent lors du regroupement d'informations qui résolvent une branche de l'enquète et convergent vers une seconde partie où la révélation de l'identité des meurtriers marque le franchissement du point de non-retour au delà duquel tout s'effondre. La répartition déjà incorrectement calculée des deux sections du film fait que les courses-poursuites dans les catacombes se prolongent, et pour meubler des scènes se répètent en usant d'un subterfuge déjà de trop la première fois lorsqu'à trois reprises les tueurs sont arrêtés alors qu'ils s'apprêtent à décapiter une victime. L'horreur ne semble ne jamais vouloir vraiment pointer son nez, si bien que lorsque cette tête tranchée arrivera, c'est avec une heureuse surprise due à l'idée que ce genre de scène serait totalement absente, même si est utilisé un piètre effet numérique.
Il ne reste qu'à se contenter des scènes de combats, qui restent aussi peu crédibles puisque deux étudiantes armées de serpes se battent contre un mutant né du croisement entre Predator et Phantom of the Paradise, mais qui ont au moins le mérite d'être suffisamment bien orchestrées et montées pour donner une illusion de vraisemblance.
Brocéliande n'est globalement pas ennuyeux, mais est à ranger dans la catégorie des films de genre Français qui, sans encore les comparer avec les productions Américaines à concurrencer, n'ont pas même réussi à atteindre un seuil de qualité acceptable. Doug Headline et Benoît Lestang confirment qu'il ne suffit pas d'être amateur de film d'horreur pour réussir à en faire un soi-même tant que ce qui fait la qualité d'une telle oeuvre n'est pas assimilée, et au contraire ce sont beaucoup trop de déjà-vus qu'ils ressortent pour peupler leur vision de la forêt légendaire.
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