La seule affiche existante pour le moment, le film n'étant à ce jour sorti en salles qu'en France |
Fiche du film :
Réalisateur et scénariste : Gregg Araki
Année : 2010
Genres : Comédie / Fantastique
Acteurs principaux : Thomas Dekker, Juno Temple, Haley Bennett
Résumé : Sur un campus, un groupe de jeunes gens se retrouve au milieu d'une histoire de complots où élèves aux pouvoirs paranormaux et hommes aux masques d'animaux semblent être liés à la disparition d'une étudiante.
Avis sur le film :
A la suite de son bouleversant Mysterious skin, Gregg Araki revient à la comédie avec Smiley face et plus récemment Kaboom, et bien que les scripts de ses deux derniers films n'aient pas été ses créations originales, il y avait toujours ce grand fil directeur mené par de jeunes protagonistes. Néanmoins avec Kaboom il cherche à proprement revenir à ses racines, encouragé par John Waters qui voulait revoir du Araki de la première heure, en faisant un film tout aussi débridé et fou qui suit toujours des jeunes dans leurs expériences multiples et questionnements durant la vie à la fac.
Dans un environnement étudiant où l'on oublie les cours pour se concentrer sur la distraction, nous retrouvons un monde d'ados auquel Araki est tant attaché, mais résolument plus axé vers la comédie. Le travail porté sur l'esthétique offre un regard autre où des illuminations fluos qui éclairent les visages façonnent les traits de personnages variés -rendus uniques par leurs caractéristiques aposées de surnoms ou de noms atypiques comme seul on en donne à ses enfants aux USA- tous hauts en couleur et à la limite du teen-movie, ayant parfois un pied en plein dedans par le biais de blagues grivoises peu subtiles. L'asexualité du héros qui ne peut choisir entre être gay ou hétéro est un outil de plus pour apporter des situations cocasses accumulées, mais la diversité et la cadence à laquelle les blagues et scènes indécentes s'enchaînent doit tout à une narration dynamisée par le montage, sans que ce ne soit caricatural, contrairement à The faculty où tous les clichés étaient réunis en un même plan-séquence.
Les fêtes arrosées et les discussions obscènes se suivent donc sans être trop nombreuses ni sortir du réel pour atteindre quelques pics de rire en étant ornées d'expressions hilarantes lancées anodinement comme dans un Juno en plus vulgaire.
Ce qui différencie cependant Kaboom d'un American pie, c'est le style particulier d'Araki qui fait attention à ce qu'il fait lorsqu'il filme ses acteurs, toujours prêts à donner de leur personne, et qui pour une fois se renouvelle, voulant se rapprocher de ses débuts sans se répéter, en ajoutant l'élément fantastique.
La comédie pour adolescents pourrait mal se marier avec l'arrivée de complots et de sorcières, mais les deux facettes du film alternent d'abord selon les scènes, reliées par une mise en scène qui reste toujours aussi décalée grâce à un suréclairage de l'image, une manière de tourner qui met en avant l'expression des visages, une bande-son pop bien choisie qui ne faiblit qu'à cause d'une musique d'ambiance qui se prolonge de trop, des effets spéciaux peu communs qui insistent sur de petites choses devenues surréalistes, et des transitions dignes d'un montage de Windows Movie Maker qui arrivent tout de même, étonnament, à être utilisées correctement.
Le fantastique, présent dès la scène d'introduction entre rêve et réalité rappellant Donnie Darko en plus scabreux, envahit de plus en plus le film par des flashbacks où la préfiguration symbolique antérieure des évènements à venir est mise en lien avec ce qui arrive sur le moment. La comédie ne perd alors sa place qu'en seconde partie, où la première réaction de spectateur est de penser que l'amusement est passé pour nous entraîner avec les personnages bien malgré nous dans une intrigue énigmatique où il faut enquêter.
La prise de pouvoir du paranormal arrive sans être prise directement au sérieux, mais conserve la première place dans l'intrigue si bien que le spectateur doit ingérer le surplus d'informations arrivant tout d'un coup, comme un retard rattrapé dans les dernières minutes.
Poussant finalement les choses encore plus loin, l'arrivée d'une mère de famille dans la partie dépasse les bornes et fait apparaître un rapport avec un scénario de film érotique qui jusque là ne transparaissait pas, de même que la victoire d'un otage ligoté sur ses ravisseurs a aussi de quoi hausser les sourcils par inquiétude de voir Kaboom prendre un mauvais tournant.
La fin cependant, d'une facilité telle qu'on ne croirait jamais la voir utilisée ainsi tellement sa ressemblance avec des réflexes d'écriture d'un enfant paresseux est saisissante, est d'une audace estomaquante qui fait comprendre que Gregg Araki ne tient pas plus à la logique de la fin de son histoire qu'à la manière de procéder dans la narration habituelle.
Cela peut plaire tout comme fortement déplaire à certains qui y verront une fin amère, "bitter end" comme le dit la chanson du générique judicieusement placée ; mais le culot est tel qu'on n'aurait pas pu croire qu'une telle façon d'agir ait pu être possible au cinéma mainstream, aussi bien dans l'ensemble du film qui n'a pas honte d'être cru, que dans son achèvement qui donne sens à tout ce qui précédait par un personnage aux airs divins, probablement la représentation humaine de Gregg Araki qui fixe ses propres règles sur son monde.
Réplique culte :
"(...) nuttier than squirrel shit" - Stella
Bande-annonce VOST :
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