vendredi 1 octobre 2010

Des hommes et des dieux


Fiche du film :
Réalisateur : Xavier Beauvois
Scénaristes : Xavier Beauvois et Etienne Comar
Année : 2010
Genre : Drame
Acteurs principaux : Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach
Résumé : A la fin des années 90, un groupe de moines retirés dans le Maghreb aident les habitants du village voisin dans leur vie quotidienne, mais se retrouvent menacés par des extrémistes commettant des massacres à quelques kilomètres de là. Se sachant en danger, ces religieux ne peuvent se décider à rester ou à rentrer en France.

Avis sur le film :
C'est à partir d'un incident réel qui s'est produit en 1996 en Algérie, où des moines ont été enlevés puis tués, qu'a été réalisé le documentaire Le testament de Tibhirine, qui a lui-même inspiré au producteur Etienne Comar l'idée de dédier un film à ces hommes qui ont été executés. Pour son premier scénario, Comar s'associe à Xavier Beauvois à qui il propose de s'occuper de la réalisation.
Une part de l'inspiration vint des écrits de deux des moines défunts, et une étroite collaboration se fit avec l'Abbaye Notre-Dame de Tamié, qui a accueilli les acteurs du film, ainsi qu'avec Henry Quinson, auteur d'ouvrages sur les moines de Tibhirine. C'est ainsi que s'est déroulé une pré-production appliquée et dont la précision des choix artistiques soutenue par un regard issu du milieu concerné explique certainement l'attribution du Prix du jury oeucuménique au festival de Cannes.


Ce qui peut interpeller en premier lieu est le casting où prennent place Lambert Wilson, l'ancien Mérovingien de Matrix reloaded, et Philippe Laudenbach qui jouait Lassalle dans Maléfique, mais rapidement les anciens rôles s'oublient tellement ces acteurs qui ont vieilli collent à leurs nouveaux personnages dans la peau desquels ils rentrent avec une sérénité qui nous guide tout au long de l'histoire. Il n'y a pas même besoin de connaître les faits ni le contexte pour se laisser porter, celui-ci n'étant pas même indiqué, donnant alors à l'intrigue une intemporalité voulue au message des religieux mais également à l'horreur en face d'eux qui malheureusement est toujours d'actualité dans cette région qui, comme le remarque un responsable politique fictif, reste bloquée dans le passé.
Seulement, contrairement à ce que nous pouvons voir rapporté et expédié à la télévision, Des hommes et des dieux ne nous expose pas seulement les faits mais replace au premier plan l'aspect humain souvent oublié.


Nous suivons essentiellement la vie monastique au cours des travaux agricoles et des prières, le calme s'impose par les messes qui évitent d'amener à l'ennui de Le grand silence en n'étant vue que par bribes qui procurent un apaisement sans trop s'attarder. Le relais est pris par des moments de vie toujours sereins où les moines aident leurs prochains sans qu'il n'y ait plus d'animation, mais l'importance de ces scènes réside dans le symbolisme qui pose un constat de la situation et prépare la suite des évènements.
La paisibilité de ces hommes de paix rend plus violentes les attaques des extrémistes, le montage joue souvent sur ce contraste en interrompant un silence par un bruit violent, mais ce procédé est utilisé à quatre reprises si bien qu'il finit par ne plus surprendre. On ne sait tout de même à aucun moment quand la pression qui monte va éclater et le danger surgir, le public se laisse berner plusieurs fois, car le sang a peu coulé mais suffit à angoisser dans ce film où le sujet est traité avec sérieux.


Des hommes et des dieux se finit inévitablement comme cela s'est passé dans la réalité, mais fait comprendre ce qu'il s'est passé au delà du simple rapport de faits. Le point de vue n'est pas manichéen puisque la majorité des Maghrebins regrettent ce qu'il se passe au pas de leur porte, mais nous assimilons aussi la vie des moines et leurs motivations admirables, que l'on adhère ou non à la religion. Le choix de la fin fait que les moines quittent le monde et l'écran l'âme en paix, et en ayant saisi la décision de ces hommes, le spectateur peut sortir de la salle sans accablement.

Bande-annonce VF :

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