Fiche du film :
Réalisateur : Jan Kounen
Année : 2007
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Jean Dujardin, Jocelyn Quivrin, Vahina Giocante, Patrick Mille
Résumé : Au cours de sa chute suicidaire du haut de l'immeuble de la société Rosserys & Witchcraft, Octave se remémore les évènements récents de sa vie correspondants à son plan pour dénoncer ses employeurs et le monde de la publicité.
Avis sur le film :
Jan Kounen, déjà responsable de quelques films bien azimutés dans le genre de Vibroboy et Dobermann, s'allie à l'auteur licencieux Frédéric Beigbeder pour écrire l'adaptation de son roman best-seller 99 francs. Dans le rôle principal, Jean Dujardin, un des seuls acteurs français qui pouvait correspondre à ce rôle déjanté, bien que le choix de départ qui s'était tournée vers Edouard Baer aurait très bien convenu.
Le suicide d'Octave compose la scène d'ouverture qui nous permet de revenir sur les faits grâce à une succession de flashbacks qui composent le film, c'est de cette façon qu'est substituée l'histoire de l'écriture du livre dans le support d'origine, le stratagème mis en place par Octave diffère aussi suite à cette modification dans le récit, de même que l'impact en est alors changé.
Cette première scène nous met dans le bain en nous éblouissant de quelques plans qui mettent déjà en place le décor d'un univers décalé, qui retranscrit certainement les frasques littéraires de l'ouvrage original. Le premier retour en arrière nous introduit dans le monde décadent et vulgaire d'Octave Parango, rempli de sexe et de drogue, à l'instar de la vie de Beigbeder et l'image qu'il présente du domaine publicitaire. La passe de flambeau entre l'auteur et Dujardin qui incarne son personnage se fait d'ailleurs par l'inclusion du premier lors d'hallucinations causées par la coke.
De nombreux éléments du livre sont repris, notamment le chapitrage par les pronoms personnels amenés de façon originale et caractérisant aussi l'invasion de la pub dans le film, plusieurs phrases fortes se retrouvent dans les répliques, et pourtant le film 99 francs s'éloigne beaucoup de son inspiration.
Le personnage d'Octave devient un véritable salaud tout comme son patron Marc Marronnier, et l'esprit grand gamin est plus appuyé. Même si de très bonnes réflexions de Beigbeder sont reprises, on ne retrouve pas le révolutionnaire voulant sauver le monde qu'est l'Octave Parango de papier. Il est en tout cas effacé par d'autres traits de son caractère, car ce qui est conservé c'est l'aspect provocation lorsqu'il se prend pour un élu. Dans ce cas là, le budget permet de partir dans quelques délires reflétant ceux qui nous traversent tous l'esprit à un moment on un autre. Malheureusement, le message anti-pub qui devait être central se perd parmi les blagues, et il y a plus de comique que de critique.
Jean Dujardin est bon acteur, même dans les scènes qui ne cherchent pas à être drôles, mais c'est bien évidemment son humour qui est mis à profit. Son interprétation est juste, et sa complicité avec l'acteur Jocelyn Quivrin se retrouve à l'écran, offrant de bons moments de comédie.
Grâce à des effets spéciaux tels qu'on n'en a jamais vu en France, les plus grosses extravagances sont mises en image, surtout lors des trips d'Octave. L'influence de Fight club se fait ressentir mais sans relever de la copie non plus, des effets nouveaux sont testés, le mélange entre dessin animé, CGI impressionnants et le jeu d'un Jean Dujardin surexcité donnent des scènes mémorables et hilarantes.
L'aliénation d'Octave due à ses excès et ses problèmes est bien amenée, mais encore une fois ça ne ressemble pas à un blâme de la pub, mais plutôt de la drogue, car tel est le vrai problème du personnage.
Le twist ending final est assez surprenant et amusant, et c'est tout de même sur une note critique envers la publicité que ça se termine. Le message ironique "Bienvenue dans le meilleur des mondes" qui ouvrait le film le conclut également, avant qu'un message nous annonce le budget dépensé chaque année pour financer les publicités. Cette information arrive comme un cheveu sur la soupe, puisque cette idée de message anti-pub avait été oubliée durant le film lui-même au profit de la comédie. Et même si le sujet avait été traité différemment, le message n'aurait pas pu marcher, en voyant qu'un budget de plus de 12 millions d'euros a été mis à contribution pour ce projet.
99 francs est néanmoins une très bonne comédie dont on ne peut qu'admirer les effets visuels, mais pour l'apprécier il ne faut pas voir le film comme un brûlot contre la publicité, ce qu'il essaye d'être mais sans succès.
Bande-annonce :
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