mercredi 4 août 2010

Jeu d'enfant


Fiche du film :
Réalisateur : Tom Holland
Scénaristes : Don Mancini, John Lafia et Tom Holland
Année : 1988
Genres : Fantastique / Horreur
Acteurs principaux : Alex Vincent, Brad Dourif, Catherine Hicks, Chris Sarandon
Résumé : Le jeune Andy reçoit pour son anniversaire la poupée dont il rêvait, un de ces "Brave gars" dont il a vu la publicité à la télévision. Seulement, son jouet n'est pas comme les autres, puisqu'il abrite l'esprit de Charles Lee Ray, un tueur qui a pu se réincarner en la poupée Chucky avant de mourir.

Avis sur le film :
Réalisateur de Vampire, vous avez dit vampire, Tom Holland collabore avec Don Mancini, dont il s'agit là du second script après un film d'horreur désormais tombé dans l'oubli, pour faire remonter à la surface une vieille peur d'enfant qu'a même connu Kevin Yagher, concepteur de Chucky, qu'est la peur des poupées.
A partir de là se façonne un thriller semant le doute quant à savoir si le jouet d'Andy est vivant ou si le garçon commet des meurtres sous l'influence de la schyzophrénie, avant que le scénario ne se tourne vers un simple film d'horreur dont la source est le fantastique, et qui instaure pour la première fois à l'écran la fameuse poupée tueuse.


Si ce n'est pas un thriller, Jeu d'enfant y ressemble pourtant au début, si l'on excepte la séance vaudou improvisée, de par le soin appliqué d'abord à la scène de poursuite entre policier et criminel, puis à l'élaboration de la relation mère/fils, bien que le comportement d'Andy soit curieux pour un garçon de 6 ans. Cette application pour dépeindre des moments de vie qui auraient très bien eu leur place dans un autre long-métrage change en tout cas des prémices habituelles du genre, puisque l'introduction dans le quotidien familial n'est pas ajustée selon la suite des évènements qui relèvent de l'horreur.
Le glissement pour en arriver pleinement dans le genre dominant le film se fait avec prudence, laissant tout de même planer un doute sur l'identité du tueur, du moins à l'époque de la sortie au cinéma, la notoriété de l'oeuvre faisant passer le spectateur contemporain à côté de ce suspense. Toutefois, le film reste toujours angoissant car tout est mis en place pour ça, avec une utilisation nouvelle de la poupée pour en faire un assassin inattrapable et insoupçonnable, dont les frappes sont précédées d'une musique inquiétante laissant planer la menace. La réalisation arrive à bâtir un stress où l'attachement aux personnages paralyse dans l'attente de les voir triompher de l'adversité, qu'il s'agisse d'une poupée maléfique ou d'un médecin astreignant.


Même s'il reste passif comme une marionnette la moitié du temps, Chucky est au centre de l'histoire, et avec ce film s'érige un nouveau boogeyman.
Il y a déjà un très bon travail dans le design du jouet inspiré des "Cabbage patch kids", mais rendu légèrement plus suspect pour pouvoir injecter en temps voulu une once de mal dans ce visage d'angelot aux cheveux roux.
Il n'est pas plus grand qu'un bambin mais n'en est pas moins un ennemi de taille déjà cruel de son vivant et qui, une fois mort, fait preuve de toute sa force en tournant ses handicaps en avantages puisqu'il peut désormais s'échapper et se faufiler aisément, se servir de l'irrationnalité de son existence pour échapper à la suspicion, et se cacher impunément derrière un enfant innocent. Chucky s'avère être d'autant plus diabolique, ce qu'il ne laisse voir qu'une fois entièrement à découvert, déchaînant sa rage.
Auparavant, le personnage ne bougeait que comme un automate avec des phrases pré-enregistrées, puis ne laissait entrevoir que ses membres, avant de se dévoiler entièrement, suivant la progression du film lui-même du réel au fantastique. Contrairement à ce que l'on pourrait penser que l'on veut nous masquer durant ce jeu de cache-cache, une fois révélée, l'animation est merveilleusement bien réalisée. La liberté de mouvements qu'elle offre à Chucky lui permet de faire passer de sales moments de traque et des dernières minutes tenaces, avant une mort à sa hauteur.


Le fantastique s'ajoute aux bribes restantes de thriller sans les décrédibiliser, mais créant des moments d'une anxiété dont les deux genres à son origine sont parfaitement étalonnés par un tueur peu ordinaire, charismatique et acharné ; voilà ce qui fait de Jeu d'enfant un film d'horreur malin et hors du commun.

Réplique culte :
"Hi, I'm Chucky, wanna play ?" - Chucky

Bande-annonce VO :

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