dimanche 22 août 2010

A Serbian film


Fiche du film :
Réalisateur : Srdjan Spasojevic
Scénaristes : Srdjan Spasojevic et Aleksandar Radivojevic
Année : 2010
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Srdjan Todorovic, Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic
Résumé : Milos, ancien acteur porno, se voit offrir un rôle dans un film dont il ne sait rien mais qui lui rapportera assez pour ne plus jamais s'inquiéter des problèmes financiers. C'est à contrecoeur qu'il accepte pour sa famille, sans savoir dans quel cauchemar il s'embarque.

Avis sur le film :
Essentiellement destiné aux salles obscures étrangères à son pays d'origine, Srpski film a fait le tour des festivals du monde entier précédé d'un avertissement pour les âmes sensibles, car cette production Serbe a déjà été considérée avec précipitation comme l'oeuvre la plus choquante qu'il existe après que des personnes se soient évanoui ou aient vomi durant des projections.
Le peuple Serbe, montré du doigt depuis les conflits avec la Croatie dans les années 90, ne cherche pas à redorer son blason à travers ce film financé par l'Etat, bien au contraire car, derrière ce titre qui enfonce le clou en donnant un air de banalité au produit qu'il désigne, se cachent un scénariste et un critique de films d'horreur qui se sont associé pour salir autant que possible la pellicule à leur disposition.


Mêlant les deux extrêmes du snuff movie, A Serbian film ne prend pas des gants et débute en fanfare dans l'immoralité, pour poursuivre dans la dépravation avec des scènes qui ne se détachent jamais d'un rapport quelconque avec le sexe, qui passe par les costumes, les décors, les dialogues, et même les échanges entre père et fils ; et cela avant-même que ne démarre le tournage de Milos. Le réalisateur Vukmir est certainement celui dont les répliques sont les plus ahurissantes, fournissant des anecdotes qui vont jusqu'à évoquer l'usage du sperme de bouc ; on peut dès lors choisir d'en rire, jusqu'à ce que le mystère qui entoure le personnage ne disparaisse et que Milos soit confronté aux sévices que le spectateur voyait venir.
Cela démarre par de la débauche traditionnelle où à peu près tout est exploité, et qui se tourne vers l'innovation ensuite, notamment avec de la pédophilie poussée à un point où l'on ne peut plus aller plus loin.
Dès son arrivée le premier jour de tournage, Milos est filmée, un homme se tenant au plus près avec une caméra amateur à la main. En même temps que le piège se referme sur l'acteur, il est de suite sondé en profondeur, ce qui forme le début du processus qui s'appliquera aussi au fur et à mesure au spectateur.


Bien évidemment, l'acteur Milos veut quitter la production, problème auquel les scénaristes ont trouvé la solution en le droguant pour qu'il arrive au bout des 104mn de dépravations qui vont crescendo.
La seconde partie du film n'apparaît que comme une succession de scénettes trash noyées dans le sang. Certes, c'est violent, mais il est facile de se distancer par rapport à ce film à l'histoire inexistante, ou du moins ensevelie sous un tas d'obscénités qui la dissimule. Les scènes, qui ne sont pas même révolutionnaires concernant la quantité d'hémoglobine déversée, ne font du trash que pour du trash, et restent sans signification ni importance car ne sont pas justifiées, et ne sont soutenue par aucune toile de fond qui créerait de la compassion pour les victimes. Les acteurs sont pourtant bons et impliqués dans ce qu'ils jouent, mais ce qui aurait du être un point culminant de la torture psychologique manque d'imprévisibilité, de crédibilité et d'humanité pour faire de ce long-métrage un film-choc.


La signification proposée par les scénaristes est que leur oeuvre est une métaphore sur ce que les gouvernements sont capables de faire pour contrôler les citoyens, et plus précisément l'Etat Serbe qui a restreint son industrie du cinéma de sorte que les réalisateurs se sentent comme des acteurs pornos obligés de faire ce qu'ils ne veulent pas. On ne retrouve pas cela dans A Serbian film qui ne cherche manifestement qu'à écoeurer avec gratuité, ce qui ne peut fonctionner que sur ceux inhabitués à ce genre de spectacle.
[Mise à jour du 2/04/2011 et 07/05/2011] Là où Serbian film se montre plus perturbant, de manière vicieuse, c'est qu'il fait appel à nos instincts les plus bas. Comme pour le snuff, il vise directement notre côté animal refoulé, là où, sous les traits de l'homme civilisé, se trouve le barbare qui se plaît à voir des images si crues. En intégrant un certain ridicule à côté de la scène la plus immorale, celle de pédophilie, le film retire de façon très vicieuse la prise au sérieux, et au lieu de lui nuire cela crée une de ses forces, puisque le spectateur peut se surprendre à s'en amuser, ou, lors d'autres passages moins poussés dans le scandaleux et alliant les thèmes plus classiques du sexe et du gore mais transposés dans des extrême, peut prendre un sale plaisir en même temps que la raison rappelle que tout cela est amené avec une gratuité malsaine.

Bande-annonce VOST :

1 commentaire:

  1. C'est clair que j'ai eu du mal avec certaines scènes du film qui sont difficiles à supporter.

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