dimanche 28 février 2010
Meatball machine
Fiche du film :
Réalisateurs : Yamaguchi Yûdai et Yamamoto Jun'ichi
Année : 2005
Genres : Science-fiction / Drame
Acteurs principaux : Takahashi Issei, Kawai Aoba
Résumé : Yoji est le pire loser qu'on puisse imaginer, mais un soir après s'être fait agressé par un travesti, l'inespéré se produit : il sauve du viol la femme sur laquelle il fantasme, Sachiko. Mais alors que les choses semblent s'arranger, un monstre mécanique l'attaque et la transforme en cyborg.
Avis sur le film :
Remake d'un film de 1999 resté dans l'ombre, si cela veut dire quelque chose avec les oeuvres obscures sorties du Japon ces dernières années, Meatball machine est l'un des instigateurs de la série de folies filmiques qui a déferlé sur le pays du soleil levant récemment.
L'introduction du film nous donne un avant-goût de la bizzarerie qui se trouve à la place centrale : des cyborgs, des armes farfelues et du gore ; mais sans en montrer trop pour que l'on reste intrigué. Les éléments de cette recette qui marche se profilent déjà, avec un aperçu du travail du très prolifique Nishimura Yoshihiro, le responsable des costumes, effets spéciaux et maquillages.
S'installe de suite un irrespect total des règles du cinéma traditionnel, le scénario pioche dans le pire de notre réalité pour le réutiliser dans un monde de substitution excessif à souhait, étrange jusque dans son atmosphère modelée par le montage, les cadrages de travers et les couleurs âtres.
Un malaise s'impose avec la superposition de combats entre cyborgs dont l'origine est inconnue, et des scènes s'attardant sur le personnage principal. Sur une musique de comptine pour enfants, on suit ce personnage qui est complètement à l'opposé d'un héros. Les personnages de losers sont souvent représentes au cinéma, les anti-héros sont devenus courants sur nos écrans, mais ici Yoji ne fait même pas partie de ce groupe-là. Il n'est pas attachant le moins du monde, il est même à rejeter, il est détestable ! Et il le devient de plus en plus lorsque l'on suit ses émois amoureux, vite anéantis par l'arrivée dans sa vie de l'élement de science-fiction, qu'il n'essaye même pas de repousser. Les couleurs ternes sont alors remplacées par le rouge sang qui teinte l'écran, dès lors que Sachiko se fait posséder par un alien devant les yeux d'un Yoji impassible.
Contrairement à la plupart des films du même courant, Meatball machine ne se sert pas de ses créatures et idées fantasques au service de l'humour, les monstres qui nous sont montrés restent immondes, le film veut nous dégoûter.
Mais une fois le trouble subit à cause de Yoji passé, il est choisi d'essayer de nous faire nous apitoyer sur son sort, alors que tous les éléments étaient réunis pour qu'on le haïsse juste avant. L'idée de créer un loser qu'il serait impossible d'apprécier était bonne dans son concept, tout comme celle de montrer les cyborgs tiraillés entre leurs sentiments humains et le contrôle alien dont ils sont victimes, mais les deux combinés donnent un résultat désastreux.
Dans la dernière partie du film néanmoins, l'attention se tourne vers les combats entre les cyborgs, c'est alors là qu'éclatent véritablement le gore, les effets spéciaux et maquillages abusés. En sortant ces scènes du contexte de l'intrigue qui précédait, les tribulations de l'esprit terriblement malade mais inventif des scénaristes se laisse apprécier.
Meatball machine aurait pu et aurait du être meilleur, mais n'a pas été correctement maîtrisé.
Bande-annonce VF :
vendredi 26 février 2010
Sars war
Fiche du film :
Réalisateur : Taweewat Wantha
Année : 2004
Genres : Fantastique / Action / Comédie
Acteurs principaux : Kitsuwon Supakorn, Tunphairao Phintusuda, Po-ngam Suthep
Résumé : Un homme riche fait appel à maître Thep et son disciple Khun Krabii pour retrouver sa fille enlevée par un groupe de ravisseurs. Tandis que Khun inspecte l'immeuble où Liu est détenue, une horde de zombies infectés par le virus sars envahit le bâtiment.
Avis sur le film :
Dans le sillon des comédies avec des zombies tracé par Shaun of the dead mais à la sauce asiatique, tout en s'inscrivant également dans le courant des folies furieuses sorties ces dernières années en orient, Sars war met les bouchées doubles avec tous les moyens à sa disposition.
Nous sommes immédiatement entraînés dans le délire filmique effreiné avec une séquence d'animation sur fond musical rythmé dont les paroles sont à l'honneur du héros Khun Krabii. Le film expérimente et s'essaye à tout ce qui ajoute encore plus d'originalité ; de l'anime on passe au film avec des acteurs réels, pour repasser plus tard à une séquence animée lors d'un flashback. La réalisation est largement inspirée des codes du manga qui sont replacés ici dans un contexte réel, ce qui rend les situations décalées. C'est expressément ridicule et crétin, mais reste drôle dans sa pleine assumation et permet les plus grands excès.
Les scénaristes se jouent de tout, prennent des élements de pleins de médias divers et détournent les règles du cinéma. Les personnages font parfois allusion aux faits qu'ils se trouvent dans un film, et eux-même dans leurs caractéristiques sont portés au delà des limites habituelles, dépassant les éxagérations usuelles des films plus conformistes, tous genres confondus, y compris les films d'actions Hollywoodiens avec un héros invincible. Les acteurs sont tous à la hauteur du délire ambiant auquel ils participent, ils jouent bien leurs rôles déjantés dans lesquels pour la plupart il est peu aisé d'entrer ; que ce soit le gangster idiot, le héros et son maître tous deux pervers, la scientifique sexy ou les travestis. La palette des personnages hauts en couleurs est permise grâce l'interprétation des acteurs, plus décomplexés et enclins au délire que dans des productions occidentales.
Sars war est peuplé de bizzareries qui piochent dans tous les moyens cinématographiques possibles : le son, le montage, les cadrages, les travellings, et bien sûr les effets spéciaux. Comme dans la plupart des films modernes, il y a un mélange d'effets classiques avec effusions généreuses de sang bien réel, et des images de synthèse. Dans ce dernier cas, ils ne sont pas tous très bons, on remarque facilement le vrai du faux, mais c'est l'intention qui compte quand c'est au service d'un ovni pareil : on ne peut s'attendre à de trop grands moyens pour un scénario aussi fou.
L'univers dans lequel se place l'histoire est déjà bien azimuté, mais en plus de cela il y a les zombies, autour desquels tourne tout de même l'intrigue. Ils ajoutent une bonne grosse couche de gore et font que le rythme ne faiblit jamais. Il se passe toujours quelque chose dans l'univers de Sars wars, et quand ce n'est pas les bandits ou les zombies, ce sont des bombes, la drogue ou un serpent géant, le tout accompagné de temps en temps d'allusions sexuelles farfelues.
Les seuls points faibles du film sont l'introduction d'éléments dramatiques qui tombent à l'eau, et la façon bâclée par laquelle on y remédie. Mais ces légers défauts sont vite ensevelis sous le délire virevoltant autour, auquel ils laissent la place.
Sars war est une specimen unique qui promet de beaux jours devant nous quant à l'avancée de ce genre de production, qu'il faut surveiller de l'autre côté du globe. A surveiller également, le réalisateur Taweewat Wantha et ses deux films suivants aux titres très évocateurs : The sperm et Fireball.
Bande-annonce VOST :
Libellés :
zombie
jeudi 25 février 2010
Dickie Roberts, ex enfant star
Fiche du film :
Réalisateur : Sam Weisman
Année : 2003
Genre : Comédie
Acteurs principaux : David Spade, Mary McCormack, Scott Terra, Jenna Boyd, Jon Lovitz
Résumé : Dans les années 70, Dickie Roberts était la jeune star de la série The glimmer gang, il séduisit les spectateurs avec son sourire et sa phrase récurrente "This is nucking futs !". Mais aujourd'hui, la célébrité de Dickie s'est effacée, il travaille en tant que valet de parking, dans l'espoir de trouver un jour un rôle qui va relancer sa carrière.
Avis sur le film :
Les deux scénarites Fred Wolf et David Spade avaient à l'origine écrit une sketch pour l'émission Saturday night live qui aurait été une parodie du Silence des agneaux avec la présence de Macaulay Culkin, l'enfant star de Maman j'ai raté l'avion. Leur projet n'ayant pas abouti, ils reprirent l'idée de baser l'histoire sur un ex-enfant star, mais élargirent leur sujet. C'est ainsi que le script devint Dickie Roberts ex enfant star, le premier film à se pencher sur la question de savoir ce que ces anciennes idoles sont devenues.
L'introduction sous forme de retrospective documentaire sur la série fictive The glimmer gang apporte nostalgie concernant cette époque bien particulière des TV shows des années 70; et sert de présentation à Dickie, au travers d'extraits de sa série et de témoignages. La transition avec la suite de l'histoire se fait lorsque l'on découvre le Dickie Roberts trentenaire et désabusé, que l'on retrouve juste après dans un match de catch contre Emmanuel Lewis de la série Webster.
Les références sont dès lors lancées, mais les scénaristes se sont trop rapidement orienté vers des blagues faciles et déjà vues, qui ne sont pas forcément en rapport avec l'univers concerné alors que le sujet des ex enfants stars pouvait être beaucoup mieux exploité.
Les caméos de stars has-been sont très nombreux et ça fait plaisir à voir, il y de bonnes références aux séries correspondantes à chaque personnalité, dont certaines obscures pour le public Français, mais les gags tournent tous autour de l'apparition de ces ex-stars et restent plutôt légers. Il en est de même pour les apparitions de Rob Reiner et Brendan Fraser, elles ne sont pas forcément utiles si ce n'est pour voir une tête connue, et leurs rôles dans l'intrigue restent légers.
Même si l'histoire se tourne parfois vers la mise en application des réponses concernant ce que sont devenues ces acteurs et actrices une fois la célébrité passée, avec quelques répliques qui donnent l'impression que cela puisse correspondre à leur situation réelle, le film ne peut tenir entièrement sur ce sujet et c'est ainsi que l'intrigue prend un tournant pour le moins étrange : Dickie cherche à revivre une enfance normale, afin d'obtenir un rôle dans un film.
C'est alors le jeu de David Spade qui est mis en avant, qui reste déconcertant la plupart du temps et auquel il faut s'habituer. L'acteur ne cesse de cabotiner et est malheureusement plus souvent horripilant que drôle.
La trame de l'histoire par la suite réserve trop peu d'agréables surprise et reste très prévisible, ce jusqu'au happy ending.
Le film se termine tout de même sur une bonne note : une chanson interprétée par un grand nombre d'anciennes stars du petit écran. En dehors de la satisfaction de revoir ces comédiens, la chanson en elle-même a un bon rythme et reste facilement en tête.
Dickie Roberts n'est pas un mauvais film, même s'il n'est pas réellement bon pour autant. Le sujet de base est original et attrayant, il est dommage que le développement ne soit pas à la hauteur.
Bande-annonce VO :
Libellés :
Alyssa Milano,
Brendan Fraser,
Corey Feldman,
Corey Haim,
Gary Coleman,
Rob Reiner
lundi 22 février 2010
Opération espadon
Fiche du film :
Réalisateur : Dominic Sena
Année : 2001
Genre : Action
Acteurs principaux : Hugh Jackman, Halle Berry, John Travolta
Résumé : Stanley Jobson est l'un des meilleurs hackers du monde, mais ne touche plus à un ordinateur depuis qu'il a été emprisonné... Jusqu'au jour où on lui propose une grosse somme d'argent pour pirater un site du gouvernement.
Avis sur le film :
Réalisé par Dominic Sena, le réalisateur du remake de La grande casse aka Gone in 60 seconds, et scénarisé par Skip Woods, Opération espadon se veut résoliment cinéphile. Le titre reprend le mot-de-passe dans Plumes de cheval des Marx Brothers, et les premières répliques de John Travolta évoquent l'archétype du film Hollywoodien où les gentils gagnent toujours. C'était un bon départ qui attirait de suite l'attention du spectateur par une mise en abîme à base de référence : l'histoire du braquage d'Un après-midi de chien citée durant un braquage, et ce juste avant la surprise qu'est la découverte de la situation dans laquelle se trouvent les personnages, à l'intérieur d'une banque et entourés par les forces de l'ordre.
Mais tout est gâché lorsque le film fonce en plein dans ce qui était critiqué dans les paroles d'ouverture.
Gabriel Shear, le personnage de Travolta, critique le manque de réalisme au cinéma, et ce juste avant que la crédibilité d'Opération espadon se perde à tout jamais, sacrifiée sur l'autel du "j'en met plein la vue" et tant pis pour le réalisme. Après la scène d'explosion du début qui usait des effets spéciaux les plus complexes dans l'histoire de la Warner Bros, pour impressionner mais sans faire attention à la logique de base, on nous présente le héros joué par Hugh Jackman. Il s'agit d'un des meilleurs hackers au monde et, choix largement contestable, ce nerd est joué par l'interprète de Wolverine dans X-men. Arrive par la suite Halle Berry, John Travolta et des personnages secondaires tous estampillés par l'image de beauté parfaite à la sauce Hollywood.
Mais ce n'est pas la peine de chercher le sérieux dans ce film où la vulgarité totalement gratuite agrémentée de métaphores grivoises s'échappe de la bouche d'un sénateur ; le scénariste semble avoir laissé s'échapper ses fantasmes au milieu d'un scénario bidon qui cherche à nous perdre au milieu d'un jargon informatique complexe.
L'histoire ainsi que ses personnages pas crédible la moindre seconde traversent des énormités de sottise. L'un des points forts reste la scène durant laquelle Stan doit, en 60 secondes, pirater un site gouvernemental que les meilleurs hackers n'arrivent à pirater qu'en 60 minutes, et ce tandis qu'un homme de main le braque et qu'une femme lui fait une fellation !
L'homme pour qui il fait cela est décrit comme un surhomme pour qui rien n'est impossible, sans que l'on ne sache jamais qui il est vraiment. C'est l'occasion pour déballer à l'écran de la débauche et de la nudité gratuite, ainsi que de l'action écervelée avec un John Travolta indestructible qui peut se permettre de tuer à la mitrailleuse en pleine rue tandis qu'il conduit.
Le film ne cherche qu'à impressionner sans se soucier du reste, c'est ce qui fait que ça en devient grotesque, et particulièrement dans la scène finale où le n'importe quoi est total, parachevé par un twist ending ridicule. Les 20 dernières minutes sont à l'image de ce film, prétentieux et stupide. Ce dernier fait ironiquement partie des "merdes d'Hollywood" dont Travolta parlait au départ.
Bande-annonce VOST :
Libellés :
Halle Berry,
Hugh Jackman,
John Travolta
dimanche 21 février 2010
Borat
Fiche du film :
Réalisateur : Larry Charles
Année : 2006
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Sacha Baron Cohen, Ken Davitian
Résumé : Un reporter Kazakh, Borat Sagdiyev, parcourt les Etats-Unis avec son producteur pour filmer un documentaire sur le pays, au profit du Kazakhstan qui a rêve de copier le mode de vie américain.
Avis sur le film :
Le personnage de Borat fut créé en 2000 par Sacha Baron Cohen dans son Ali G show, mais le personnage ne devint réellement connu qu'en 2006 avec le film à son nom, réalisé de façon originale puisque l'inculture de Borat est confrontée au peuple américain, dans un faux documentaire qui combine des scènes prises sur le vif et d'autres ayant nécessité des acteurs.
Sacha Baron Cohen déclarait vouloir prendre à contre-courant la mauvaise image attribuée aux pays du tiers-monde tel que le Kazakhstan. Cela commence par la vue du village de Borat avec des habitants biens réels qui ne savaient pas dans quel genre de film ils tournaient, ainsi que des mises en scène de l'équipe du film. Mais sous prétexte de vouloir dénoncer des idées toute faites, Sacha Baron Cohen en profite pour se moquer, en incarnant à lui seul une compilation de tous les pires préjugés imaginables, même les plus idiots et infondés, exagérés au plus haut point.
Mais le jeu de Cohen est excellent, ce qui lui a d'ailleurs valu un Golden globe. Il a le visage et prend l'accent qu'il faut pour rentrer dans son personnage, d'où il ne sort à aucun moment. Il n'a pas le droit à l'erreur au risque de gâcher toute une séquence, mais il arrive à se souvenir de tout : la voix, l'attitude, les fautes d'anglais, les phrases en hébreu ou polonais, et les noms les plus compliqués de ses personnages.
Le jeu de Cohen et des éventuels acteurs qui l'entourent rend l'incertitude d'autant plus forte quant à savoir ce qui est vrai ou faux, c'est ce qui donne encore plus d'intérêt au film. L'acteur ne recule devant rien, on assiste à des situations de folie dans lesquelles le rire précède immédiatement l'étonnement.
Même si ce qui est véridique ou non parmi les scènes du film est gardé secret par la production, et en dépit de certains plans qui n'ont pu être filmés en une seule fois, des procès envers le film et des recherches montrent qu'il y a une partie de vérité. Les scène les plus drôles sont bien sûr celles spontanées et imprévues (ou celles qui semblent l'être) parmi les idées les plus osées mises à l'image. Mais derrière cela se cache toute une préparation de la part de Cohen, afin que tout se passe de la façon la plus comique possible.
Même si la critique semble n'être qu'un prétexte à faire le plus d'extravagances possible face à la caméra, Borat réussit à capturer quelques réactions racistes ou antisémites de la part de quelques personnes, ou encore des non-réactions par rapport aux propos loufoques de l'acteur principal. C'est sûrement le plus étonnant de la part du film, que ces propos choquants soient disposés là comme s'ils étaient normaux, tout comme d'autres facettes de la folie d'une part de la population des Etats-unis.
Borat réussit tout de même en partie ce qui était recherché selon Cohen, d'après ses dires, et cela grâce à son personnage impoli, pervers, raciste, mysogine et dégradant. Il a tout ce qu'il faut pour être détestable, et pourtant il est à hurler de rire. Borat est à voir comme une comédie d'un genre nouveau, un plaisir coupable dérangeant mais hilarant.
Bande-annonce VO :
Libellés :
Sacha Baron Cohen
vendredi 19 février 2010
Forrest Gump
Fiche du film :
Réalisateur : Robert Zemeckis
Année : 1994
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Tom Hanks, Robin Wright, Gary Sinise, Mykelti Williamson, Sally Field
Résumé : Assis en attendant le bus, Forrest Gump raconte aux gens assis à côté de lui sa vie mouvementée et rythmée par les grands évènements historiques auxquels il a assisté. Il a survécu à la guerre du Vietnam, est devenu riche en pêchant des crevettes, mais la femme qu'il aime lui échappe toujours.
Avis sur le film :
C'est le scénariste Eric Roth qui adapta le roman de Winston Groom, s'éloignant largement du support original, Tom Hanks n'acceptait d'ailleurs de jouer que si les évènements relatés correspondaient à la réalité.
La réalisation est attribuée à Robert Zemeckis, qui par coïncidence avait déjà réalisé Qui veut la peau de Roger Rabbit, une autre adaptation connue d'un livre méconnu.
Le film se situe à des années lumières du livre, les similarités sont minces et les différences innombrables, et heureusement :
Nous sommes bercés par une musique calme et apaisante qui ouvre le film, l'image de la plume entraînée par le vent évoque d'autant plus la légereté, juste avant que l'on nous présente Forrest Gump, assis sur son banc, l'innocence incarnée. Sa candeur contraste avec les autres personnes sur assies avec lui selon la façon dont ils réagissent au récit de sa vie. La manière d'introduire cette narration qui accompagne tout le film et ses retours en arrière est le premier grand choix scénaristique, et c'est la voix de Tom Hanks qui nous accompagne et rythme les 2h20 de pellicule.
Il est difficile d'imaginer que l'on puisse faire tout un film basé sur un idiot racontant sa vie à des inconnus, mais Forrest Gump est bien plus que ça.
L'interprétation de Tom Hanks est de suite marquante, il arrive à jouer le faible d'esprit mais sans trop insister dessus, juste assez pour donner de l'importance à ses paroles sans les rendre ridicules. Ses répliques sont également bien choisies, les répétitions de ses phrases et son attachement marqué pour sa mère lui donnent une personnalité très crédible, le personnage est bien exploré mais en finesse.
La musique et les flashbacks de Forrest sont très émouvants et nous sommes pris dans l'histoire. L'innocence du personnage s'oppose à la dureté du monde qui l'entoure, ce qui rend son histoire plus dramatique encore. Il est emporté et surtout dépassé par les évènements de sa vie, avec une grande part d'évènements historiques dans lesquels il est introduit. La naïveté de Forrest apporte sans qu'il le veuille une critique de la futilité de la guerre du Vietnam ou encore du monde politique.
La bande-son constituée de titres phares nous transporte dans le temps et nous ramènent les années 80, durant lequelles le héros intervient bien malgré lui, au travers de petites allusions, dans l'histoire de l'Amérique. Cela donne lieu le plus souvent à un comique de situation, mais l'équilibre entre les rires et les larmes est très bien calibré. On rit beaucoup quand le film se veut drôle et des larmes nous échappent dans les moments dramatiques. Le jeu de Tom Hanks ne se résume pas à imiter un idiot, il est particulièrement touchant lorsqu'il le faut. Les répliques écrites par Eric Roth sont parfaitement interprétées, avec investissement et émotions comprises, ne pouvant pas nous laisser de marbre.
Forrest Gump nous donne une leçon au cours du récit de ce faible d'esprit : c'est en effet grâce à sa gentilesse à toutes épreuves qu'il réussit, devient riche (bien que cela n'importe pas réellement pour lui) et se fait ses amis qui voient un être sincère au delà de son handicap. Forrest est en marge de la société grâce à sa déficience mentale, il est en quelque sorte d'une grande lucidité en contradiction avec un monde qui cherche à tout compliquer. Sans s'en rendre compte, il prend le temps de s'attarder sur des choses simples qu'on oublie trop facilement, et devient très riche de tout ce qu'il a vécu au cours de sa vie.
Forrest Gump a été récompensé par 6 oscars, et c'est aisément compréhensible en voyant tout le talent exposé dans ce long-métrage. Eric Roth a su transformer le roman de Winston Groom en de l'or pur, pour en faire ce film miraculeux, qui reste toujours aussi poignant.
Réplique culte :
"La vie, c'est comme une boîte de chocolats" - Forrest Gump
Bande-annonce VO :
Libellés :
Gary Sinise,
Robert Zemeckis,
Robin Wright,
Tom Hanks
mardi 16 février 2010
Forrest Gump [Autour du cinéma]
Fiche du livre :
Auteur : Winston Groom
Année : 1986
Résumé : Forrest Gump a beau n'avoir que 70 de QI, il se rend bien compte qu'il n'est pas très malin, mais il va pourtant être malgré lui l'acteur de grands évènements historiques et mener une vie bien remplie aux quatre coins du globe.
Avis sur le livre :
Winston Groom reste un auteur tout aussi méconnu que la plupart de ses ouvrages, mais en 1986 est publié Forrest Gump, un récit inspiré d'éléments de sa vie, mais mettant en scène un faible d'esprit. Son roman devient un best-seller grâce à la sortie du film en 1994. Qu'est-ce qui fait que Forrest Gump se différencie des autres livres de l'auteur, pour la plupart tournant aussi autour de la guerre du Vietnam, pour qu'un scénariste Hollywoodien se soit penché dessus et en ait fait une adaptation cinématographique oscarisée ?
Le livre nous place dans la peau de Forrest lui-même puisque c'est lui qui nous conte son histoire en écrivant à la première personne. Autant dire que l'écriture est simpliste, le langage utilisé est familier, il y a une absence quasi-totale de dialogues, remplacés par des paraphrases. La narration est proéminente mais reste réduite à son strict minimum, sans aucune figure de style et très peu de description. Cela montre à quel point Forrest est extérieur au monde qui l'entoure, isolé par sa déficience mentale mais rend difficile l'attachement au personnage. Toutefois son innocence est quelque peu touchante, et surtout la drôlerie des situations dans lesquelles il se trouve nous pousse à la compassion envers cet idiot totalement dépassé par les évènements.
Son côté candide le mène incroyablement loin, et grâce à sa force alliée à ses capacités dignes de Rain Man, il se retrouve dans une équipe de foot, au Vietnam, dans l'espace, dans des matchs de catch, un film, la jungle, des tournois d'échec, des élections, ... Winston Groom cherche la plupart du temps à critiquer la société Américaine bien que ce soit exagéré, et souvent beaucoup trop.
L'histoire part rapidement dans tous les sens, il arrive des choses biens étranges à Forrest. Les scènes les plus insolites, comme Forrest en route pour devenir sénateur avec le slogan "j'ai envie de faire pipi" ou encore le personnage éponyme qui se retrouve avec une Raquel Welch à moitié nue, laissent le lecteur consterné et on se demande sincèrement où l'auteur veut en venir. On a très souvent l'impression qu'il s'est laissé aller à retranscrire sur papier ses délires les plus fous.
L'inconscience de Forrest lui apporte tout de même des bonnes choses, et malgré tout ce qu'il a subi c'est sur une note plutôt positive que se termine le roman. Forrest réussit grâce à la diversité de ce qu'il a vécu et les gens qu'il a connus, et nous offre une leçon de vie que l'on pourrait voir comme un carpe diem.
Il est dommage que cela soit amené si maladroitement, on ne sait pas trop où se place le roman, hésitant entre quelques bonnes doses de rire à travers un humour pas forcément fin et d'autres moments plus dramatiques mais pas autant réussis.
Le livre Forrest Gump n'a en réalité rien d'extraordinaire, et n'aurait pas eu le même succès sans le film de Robert Zemeckis.
dimanche 14 février 2010
Maléfique
Fiche du film :
Réalisateur : Eric Valette
Année : 2002
Genre : Fantastique / Horreur
Acteurs principaux : Gérald Laroche, Philippe Laudenbach, Clovis Cornillac, Dimitri Rataud
Résumé : Dans une cellule de prison, quatre détenus trouvent par hasard le journal d'un prisonnier du début du siècle dernier, qui aurait réussi à s'évader grâce à ses maléfices.
Avis sur le film :
En 2001 fut créé Bee movies, une société de production censée promouvoir des films français sortant du cadre traditionnel. C'est ainsi que sont nés Samouraïs et Bloody Mallory, des essais qui ont échoué à satisfaire le public. Par contre, cela a aussi permis de financer Maléfique, film beaucoup plus réussi réalisé par Eric Valette, qui avait déjà fait ses preuves avec ses courts-métrages Samedi, dimanche et aussi lundi et Il est difficile de tuer quelqu'un, même un lundi.
Nous nous retrouvons quasi-immédiatement dans la cellule avec les co-détenus, le monde extérieur n'est montré que très peu, volontairement. Une fois enfermé dans ce lieu, tout ce que l'on apprend sur les personnages se fait par leurs dires, nous n'apprenons que ce qu'ils veulent bien dévoiler, sans savoir ce qui est vrai ou non. La raison pour laquelle Carrère, le personnage principal, s'est retrouvé ici reste assez floue. Le film prend tout de même le temps de poser le décor et de présenter les personnages au fil des informations égrainées.
En dehors de Carrère, les prisonniers sont très atypiques : le fou, le transsexuel dont les opérations n'ont pas été terminées, et le littéraire meurtrier. Malgré ce que l'on sait d'eux, ils restent en apparence relativement paisibles, ce qui laisse l'inquiétude planer quant à savoir ce dont ils sont capables de faire à tout moment.
Le casting dans l'ensemble est bon, et à l'exception de Picus qui arrive vers la fin de l'histoire et dont l'interprétation remarquable est la seule touche comique, tous les autres acteurs arrivent à créer une atmosphère tendue.
Placer une histoire d'1h30 dans un seul lieu clos c'est un tour de force, mais ici ça tourne à l'avantage car la présence de ces personnages obligés d'être ensemble dans ce lieu clos rend l'ambiance de plus en plus oppressante, surtout après l'arrivée de l'élément fantastique.
Les effets spéciaux sont utilisés pour mettre en image des morts originales, très douloureuses et particulièrement sadiques. Les scénaristes et le réalisateur mettent en image des idées complètement malades, en n'ayant pas peur de risquer de dégoûter le public par des éléments bien trashs comme le patchwork du fou (voyez le film pour découvrir de quoi il est constitué) qui se met à parler à l'un des prisonniers.
Le spectateur est transporté par cette histoire des détenus qui tentent de s'évader à leur tour, sans savoir où cela nous (mal)mène. Ce qui est sûr, c'est que cette histoire très mystérieuse nous mène en bâteau, les rebondissements arrivant en fin de récit renversent la situation et bousculent ce que l'on pensait établi comme des faits dans cet univers obscur.
Maléfique est doté d'un scénario très astucieux et d'une bonne réalisation alliée à des effets spéciaux à la hauteur, ce qui en fait un huis clos horrifique épatant. Eric Valette pourrait bien être le futur du cinéma d'horreur français, affaire à suivre.
Bande-annonce :
Court-métrage "Samedi, dimanche et aussi lundi" :
Libellés :
Clovis Cornillac
samedi 13 février 2010
La horde
Fiche du film :
Réalisateurs : Yannick Dahan et Benjamin Rocher
Année : 2009
Genre : Horreur
Acteurs principaux : Jean-Pierre Martins, Eriq Ebouaney, Claude Perron
Résumé : Un groupe de policiers vient faire une descente dans un immeuble de banlieue pour venger leur collègue tué par un gang. La situation dégénère très vite, et des zombies commencent à envahir le bâtiment.
Avis sur le film :
La France n'a jamais été bien gâtée en matière de films d'horreur, et encore moins en films de zombies dont Le lac des morts-vivants, La revanche des mortes-vivantes ou Trepanator comptent parmi les rares figures du genre. L'horreur a connu un léger regain ces dernières années, mais même si quelques bijoux sortent du lot comme Maléfique, la plupart stagne dans la médiocrité.
Bien qu'on leur ait dit qu'il était impossible de faire un film français de zombies de grande envergure, Yannick Dahan, cinéphile et présentateur sur les chaînes Ciné Cinéma, s'allie à Benjamin Rocher et réunissent un budget suffisant ainsi que plusieurs centaines de zombies recrutés sur Myspace pour mettre à bien ce qui est rapidement devenu le nouvel espoir de l'horreur à la Française : La horde.
Les amateurs de ce genre de spectacle attendaient l'aboutissement du projet, c'est même le cas d'un des deux réalisateurs d'Humains, navet à tous les égards. Tous ces espoirs reposaient donc sur ce projet, qu'en est-il finalement ?
Les réalisateurs ont essayé de reprendre légèrement le principe d'Une nuit en enfer, c'est à dire débuter le film dans un genre policier traité de façon sérieuse, pour ensuite virer à l'horreur. L'évènement pertubateur initial est introduit assez succintement, pour passer rapidement à la descente puis l'arrivée des zombies. Une chose est sûre, La horde ne repose pas sur son scénario qui est très simpliste, ce n'est qu'un prétexte pour l'affrontement entre policiers et gangsters du début.
Avant de passer à la violence physique, les joutes verbales sont courantes et les répliques musclées mais complètement saugrenues fusent de partout. Les dialogues constituent la plupart du temps un festival de phrases badass prononcées par des méchants avec de gros calibres, dans le pur style des films d'actions Américains comme Predator, mais avec ici une volonté de s'en éloigner quand même en incluant des éléments bien patriotiques : "On va leur apprendre la Marseillaise" déclare l'un des personnages avant la descente. Même si c'est prononcé avec sérieux, c'est à prendre au second degré, bien entendu.
Certains dialogues paraissent vouloir introduire une critique sociale façon George Romero, avec un habitant se plaignant du quartier, mais cela n'est qu'un détail parmi les dialogues et il faut plutôt penser que ces répliques sont le résultat de l'emplacement géographique, et non l'inverse. L'idée de placer l'histoire dans un quartier sensible est par contre dûe au besoin d'introduire un affrontement autre que celui avec les zombies, pour ajouter de la tension.
Ce qui est recherché par les réalisateurs, c'est de miser tout sur l'action et la boucherie qui s'ensuit, pour en mettre plein la vue aux spectateurs. La cause de la venue des morts-vivants reste d'ailleurs inconnue, mais le monde apocalyptique est clairement dépeint, grâce à quelques bons effets spéciaux numériques nous montrant le cataclysme aux alentours de la tour de béton où se trouvent les personnages.
Quoiqu'il en soit, le jeu des acteurs accompagné de la musique fait monter la pression au sein du groupe de survivants, et à partir du moment où les zombies sont lâchés, ça explose et ne laisse plus aucun répit avant le générique de fin.
De ce côté là, il y a de quoi ravir les fans de tripaille et de morts-vivants, on n'a pas le temps de s'ennuyer, le parcours du combattant des héros rempli de mangeurs de chair humaine. Les zombies sortent de partout et sont cuisinés à toutes les sauces : tirs de pistolet, de fusil à pompe, de mitrailleuse, coups de machette, de hâche, explosion de grenade, ... Les gangsters qui font partie du groupe bénéficient d'un grand nombre d'armes, et quand y en a plus y en a encore grâce à un fou qui cherche à se défouler avec sa hâche et ses bombes de fabrication maison.
On a même droit au combat à mains nues, et encore là il y a de quoi avoir mal pour ces pauvres cadavres ambulants qui s'en prennent plein la figure.
La horde a ce mérite de nous offrir un spectacle ultra-violent et varié grâce aux situations et armes différentes, et même si les films de zombies sont très nombreux et qu'il y a deux cinéphiles derrière la caméra, le scénario ne reprend à pas ce qui a été fait auparavant, si ce n'est un ou deux éléments que l'on pourrait interpréter comme des références à Zombie.
Yannick Dahan disait lui-même à propos de Zombie, porte-étendard du film de morts-vivants du maître George Romero, que ce qui intéressait ce n'était pas la critique sociale, mais les zombies !
Le but de son film était uniquement de faire plaisir au spectateur grâce à une pelletée de non-morts dont le sang gicle de partout, et pour ça on est servi grâce à un mélange d'effets réels et numériques utilisés à bon essien.
Malgré les nombreuses critiques négatives, La horde a su tenir ses promesses et peut se voir comme un bon film, à condition de savoir à quoi s'attendre.
Bande-annonce :
Libellés :
zombie
vendredi 12 février 2010
99 francs
Fiche du film :
Réalisateur : Jan Kounen
Année : 2007
Genre : Comédie
Acteurs principaux : Jean Dujardin, Jocelyn Quivrin, Vahina Giocante, Patrick Mille
Résumé : Au cours de sa chute suicidaire du haut de l'immeuble de la société Rosserys & Witchcraft, Octave se remémore les évènements récents de sa vie correspondants à son plan pour dénoncer ses employeurs et le monde de la publicité.
Avis sur le film :
Jan Kounen, déjà responsable de quelques films bien azimutés dans le genre de Vibroboy et Dobermann, s'allie à l'auteur licencieux Frédéric Beigbeder pour écrire l'adaptation de son roman best-seller 99 francs. Dans le rôle principal, Jean Dujardin, un des seuls acteurs français qui pouvait correspondre à ce rôle déjanté, bien que le choix de départ qui s'était tournée vers Edouard Baer aurait très bien convenu.
Le suicide d'Octave compose la scène d'ouverture qui nous permet de revenir sur les faits grâce à une succession de flashbacks qui composent le film, c'est de cette façon qu'est substituée l'histoire de l'écriture du livre dans le support d'origine, le stratagème mis en place par Octave diffère aussi suite à cette modification dans le récit, de même que l'impact en est alors changé.
Cette première scène nous met dans le bain en nous éblouissant de quelques plans qui mettent déjà en place le décor d'un univers décalé, qui retranscrit certainement les frasques littéraires de l'ouvrage original. Le premier retour en arrière nous introduit dans le monde décadent et vulgaire d'Octave Parango, rempli de sexe et de drogue, à l'instar de la vie de Beigbeder et l'image qu'il présente du domaine publicitaire. La passe de flambeau entre l'auteur et Dujardin qui incarne son personnage se fait d'ailleurs par l'inclusion du premier lors d'hallucinations causées par la coke.
De nombreux éléments du livre sont repris, notamment le chapitrage par les pronoms personnels amenés de façon originale et caractérisant aussi l'invasion de la pub dans le film, plusieurs phrases fortes se retrouvent dans les répliques, et pourtant le film 99 francs s'éloigne beaucoup de son inspiration.
Le personnage d'Octave devient un véritable salaud tout comme son patron Marc Marronnier, et l'esprit grand gamin est plus appuyé. Même si de très bonnes réflexions de Beigbeder sont reprises, on ne retrouve pas le révolutionnaire voulant sauver le monde qu'est l'Octave Parango de papier. Il est en tout cas effacé par d'autres traits de son caractère, car ce qui est conservé c'est l'aspect provocation lorsqu'il se prend pour un élu. Dans ce cas là, le budget permet de partir dans quelques délires reflétant ceux qui nous traversent tous l'esprit à un moment on un autre. Malheureusement, le message anti-pub qui devait être central se perd parmi les blagues, et il y a plus de comique que de critique.
Jean Dujardin est bon acteur, même dans les scènes qui ne cherchent pas à être drôles, mais c'est bien évidemment son humour qui est mis à profit. Son interprétation est juste, et sa complicité avec l'acteur Jocelyn Quivrin se retrouve à l'écran, offrant de bons moments de comédie.
Grâce à des effets spéciaux tels qu'on n'en a jamais vu en France, les plus grosses extravagances sont mises en image, surtout lors des trips d'Octave. L'influence de Fight club se fait ressentir mais sans relever de la copie non plus, des effets nouveaux sont testés, le mélange entre dessin animé, CGI impressionnants et le jeu d'un Jean Dujardin surexcité donnent des scènes mémorables et hilarantes.
L'aliénation d'Octave due à ses excès et ses problèmes est bien amenée, mais encore une fois ça ne ressemble pas à un blâme de la pub, mais plutôt de la drogue, car tel est le vrai problème du personnage.
Le twist ending final est assez surprenant et amusant, et c'est tout de même sur une note critique envers la publicité que ça se termine. Le message ironique "Bienvenue dans le meilleur des mondes" qui ouvrait le film le conclut également, avant qu'un message nous annonce le budget dépensé chaque année pour financer les publicités. Cette information arrive comme un cheveu sur la soupe, puisque cette idée de message anti-pub avait été oubliée durant le film lui-même au profit de la comédie. Et même si le sujet avait été traité différemment, le message n'aurait pas pu marcher, en voyant qu'un budget de plus de 12 millions d'euros a été mis à contribution pour ce projet.
99 francs est néanmoins une très bonne comédie dont on ne peut qu'admirer les effets visuels, mais pour l'apprécier il ne faut pas voir le film comme un brûlot contre la publicité, ce qu'il essaye d'être mais sans succès.
Bande-annonce :
Libellés :
Frédéric Beigbeder,
Jan Kounen,
Jean Dujardin
dimanche 7 février 2010
99 francs [Autour du cinéma]
Fiche du livre :
Auteur : Frédéric Beigbeder
Année : 2000
Résumé : Octave, publicitaire de 33 ans, en a assez de son travail qui l'enrichit tandis qu'il fabrique un monde d'illusions aux dépends des consommateurs. C'est pourquoi il écrit un livre dans lequel il dénonce ses employeurs et collègues, dans l'espoir de pouvoir se racheter.
Avis sur le livre :
Ce livre est celui d'Octave, ou plutôt celui de Beigbeder derrière le personnage d'Octave. Employé à l'agence de publicité Young & Rubicam, il démolit l'image de rêve des publicités dans son roman 99 francs, entre fiction et réalité, en affichant les magouilles de la société Rosserys & Witchcraft, ce qui vaut à l'auteur son licenciement la même année.
C'est d'ailleurs le projet du personnage d'Octave : se faire licencier, quitter son boulot tout en touchant des indemnités.
Beigbeder annonce la couleur dès les premières pages, il joue la carte de la provocation et le déclare ouvertement lorsqu'il s'adresse directement au lecteur. Le personnage antipathique n'est pas trop aggressif non plus, il arrive à trouver le juste équilibre pour nous secouer tout en nous faisant rire de notre situation actuelle contre laquelle on ne peut rien faire. C'est d'ailleurs sûrement la meilleure façon d'atteindre sa cible, avec l'aide de constatations qu'on ne peut nier et dont on ne peut que rire faute de pouvoir changer ce qui est accepté comme étant normal par la société de consommation.
L'auteur ne cherche pas de toute façon à faire changer les choses, il annonce dès le départ qu'il ne fait que décrire. Sa motivation, ou celle d'Octave, est son licenciement, en attente duquel son excuse est qu'il se révolte de l'intérieur du système.
Pour ce faire, Beigbeder pousse la provocation très loin, avec de nombreuses reprises des allusions religieuses, rendues encore plus immorales par le fait qu'il dise vouloir se confesser ; les comparaisons avec le nazisme se trouvent aussi très régulièrement.
L'écrivain n'a pas peur non plus de citer ceux qu'il attaque, en s'appuyant par moments sur des exemples ahurissants de faits bien réels placés dans les dialogues.
Au travers du personnage d'Octave et son univers, Beigbeder se lâche dans la vulgarité la plus crue, mais mêlée à une grande culture littéraire. Les sources et citations sont nombreuses et variées, d'Hitler à Blaise Pascal en passant par la Bible ou Gorbatchev qui côtoient par la même occasion des références faisant plus appel à la culture populaire et menant pourtant à de grandes réflexions métaphoriques, comme l'illustre la comparaison entre la série Le prisonnier et la situation de salarié d'Octave.
A certaines occasions, Beigbeder innove dans le domaine littéraire en incluant un vocabulaire de publicitaires dans un univers décalé avec jeux de mots à foison, l'auteur ne fait pas que jouer avec les mots, il s'amuse véritablement avec, prouvant souvent son habileté à les manier. L'originalité vient aussi de la structure du roman, dans lequel sont intercalées quelques publicités et dont les chapitres sont des pronoms. Le récit commence par "Je", symbole de l'égocentrisme d'Octave, pour ensuite progresser jusqu'à "Ils" tandis que le personnage pert peu à peu sa personnalité à cause de ce monde de pubs le manipulant et le sortant de son être.
Beigbeder s'éloigne légèrement de son histoire au milieu de l'ouvrage pour nous marteler de réflexions et messages anti-publicitaires, mais ce n'est pas pour nous déplaîre. Nous retrouvons Octave, ce grand enfant irresponsable, vers la fin essentiellement.
Seule la conclusion du roman est trop chaotique, retranscrivant à l'écrit la folie du (des ?) personnage(s) sans aucun indice pour discerner la réalité du cauchemar. Mais en dehors de ça, le livre en lui-même est très prenant, rapide à lire, arrive à divertir, faire rire et réagir.
Libellés :
Frédéric Beigbeder
samedi 6 février 2010
George Lucas in love [Court-métrage]
Fiche du film :
Réalisateur : Joe Nussbaum
Année : 1999
Genre : Comédie / Court-métrage
Acteurs principaux : Martin Hynes, Lisa Jakub
Résumé : Le jeune George Lucas doit rendre dans peu de temps son script final, ou il n'obtiendra pas son diplôme.
Avis sur le film :
A partir de l'idée d'un groupe d'étudiants consistant à réaliser une parodie à l'image de Troops, c'est un thème connu de tous qui fut choisi : Star wars. Le fameux film de George Lucas fut couplé avec Shakespeare in love sorti un an plus tôt, et c'est ainsi qu'est né ce George Lucas in love.
Se situant entre parodie et hommage, le court-métrage a ainsi la possibilité de faire rire tout public, en se basant déjà sur une saga que l'on peut aimer on non mais dont on ne peut ignorer l'existence.
Tous s'y reconnaîtront, les adeptes de la Force ne risquent pas d'être déçu grâce à un scénario bien élaboré, et mis en scène avec des acteurs bien séléctionnés, collant bien à leur rôle ou plutôt à celui d'un personnage de la guerre des étoiles, qui est ici imité.
La durée film est très courte mais se révèle être un avantage puisque les références très nombreuses se retrouvent concentrées en très peu de temps, ce qui donne un dynamisme sans temps mort.
Les références sont omniprésentes, placées pour la plupart de façon évidente mais relevant aussi du détail, comme le numéro de la chambre de George Lucas qui est 1138. Le pastiche de l'oeuvre originale va même jusqu'aux transitions, le générique ou la musique. Par leur emplacement et leur interprétation, chaque petite allusion que l'on reconnaît réussit à faire rire.
Le film bénéficie même d'un léger twist ending, surprenant et toujours aussi drôle puisqu'il est encore une fois axé vers la parodie.
George Lucas in love est un très bon court-métrage, considéré par certains fans comme la meilleure parodie de Star wars. Il est même parvenu auprès de George Lucas en personne, qui avoue lui-même l'avoir aimé.
L'équipe technique du film était d'ailleurs promise à un avenir brillant, c'est pourquoi il est à déplorer qu'aucun d'eux n'ait vu sa carrière vraiment décoller et que le réalisateur se soit attelé à deux des derniers American pie.
Le film en VOST :
Libellés :
George Lucas,
Star wars
vendredi 5 février 2010
En direct sur EDtv
Fiche du film :
Réalisateur : Ron Howard
Année : 1999
Genre : Comédie dramatique
Acteurs principaux : Matthew McConaughey, Jenna Elfman, Woody Harrelson
Résumé : La chaîne True TV lance un nouveau programme de télévision qui consiste à suivre toute la journée un homme normal, et cette homme c'est Ed Pekurny, trentenaire et simple employé de vidéoclub. Ed y voit un moyen de se faire de l'argent facilement et en s'amusant, mais l'expérience tourne au cauchemar pour lui et ses proches.
Avis sur le film :
Seulement un an après le brillant The Truman show, Ron Howard a assez d'audace pour sortir un film à l'histoire similaire dès le premier abord : EDtv, scénarisé par Lowell Ganz et Babaloo Mandel, d'après un film français de 1994 : Louis 19, roi des ondes.
Qu'est-ce qui différence alors EDtv des autres, quelle est l'originalité qui en ressort ?
Si les grandes lignes font inévitablement penser à The Truman show, quelques différences s'affichent à partir du début du film. Les règles appliquées par l'émission sont quelques peu différentes, Ed est conscient qu'il est filmé et est même volontaire. Il est clair dès l'audition qu'il passe que les producteurs de l'émission ne sont pas aussi chaleureux qu'Ed, qui parle avec honnêteté face à la caméra, une manière d'en savoir déjà plus sur lui.
Notre introduction à sa famille dysfonctionnelle provoque quelques rires, mais l'intérêt reste moindre, et c'en est de même lorsque l'émission commence. Il n'y a rien de bien captivant à voir Ed se couper les ongles de pied, que ce soit pour les spectateurs du film ou le public de l'émission, et pourtant ces derniers restent les yeux rivés sur leur téléviseur, ce qui reflète malheureusement la réalité d'une tranche de la société actuelle.
Ed quant à lui s'amuse, mais la critique se poursuit quand l'émission est furtivement présentée comme un fléau pour les relations sociales des spectateurs, ce qui est souligné par des interventions télévisées telle que celle de Michael Moore.
Mais là où cela devient véritablement intéressant, c'est lorsque de multiples problèmes débarquent dans la vie d'Ed. L'émission déborde sur sa vie privée, il est incapable alors de vivre une relation sentimentale ou d'avoir des secrets pour les millions de gens qui l'observent.
Ed sait conserver un excellent sens de l'humour en toutes situations, ce qui nous vaut de belles répliques, mais EDtv n'est pas une simple comédie comme on pouvait le présager. Avec tout un lot de rebondissements et de révélations tragiques plus surprenantes les unes que les autres, le film attire pleinement notre attention et arrive à nous frapper d'une certaine tristesse éprouvée avec compassion envers des personnages fragiles et attachants comme Hank, le beau-père d'Ed.
Le fait que l'intérêt du spectateur soit suscité par notre immersion dans la vie privée de cette famille nous montre que nous sommes emportés par le même voyeurisme que le public de ce genre d'émissions, et même si tout sentiment de culpabilité est absent car nous ne faisons que voir des acteurs jouant leur rôle, le message passe comme une lettre à la poste.
En plus de ses problèmes personnels, Ed est harcelé par ceux voulant s'approprier une part de sa célébrité, la cruauté du public se retourne contre lui et il devient leur esclave, placé sous le poids de leurs décisions sur sa vie.
Pour se sortir du piège dans lequel il est tombé, Ed doit à son tour piéger les créateurs de son émission. Pour se sortir de ce mauvais pas, il réussit à se servir de l'égoïsme de ses spectateurs qui ne pensent en réalité qu'à leur propre intérêt, sans se soucier de ce qu'il peut arriver à Ed lui-même, leur source de divertissement.
Avec une idée pourtant déjà usée, EDtv réussit à se différencier de ses prédécesseurs grâce à quelques petites dinstinctions qui font toute l'originalité du film, et de nouveaux messages touchant leur cible de façon différente mais efficace. La pâle copie à laquelle on pouvait s'attendre devient une agréable surprise.
Bande-annonce VO :
Libellés :
Dennis Hopper,
Elizabeth Hurley,
Matthew McConaughey,
Rob Reiner,
Ron Howard,
Woody Harrelson
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